FRANCHIR LES LIGNES
99 pages
Français

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FRANCHIR LES LIGNES , livre ebook

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Description

La question de la scolarité reste problématique chez les Gitans. Quoique sédentaires, beaucoup sont illettrés. Ils n'ont d'autres ressources que de vivoter entre eux avec l'aide des services sociaux.
Analphabète, H* prend conscience à 19 ans d'avoir raté l'école. Un challenge terrible et inquiétant s'impose à lui : il décide de venir chaque jour chez un Payo apprendre à lire pour s'assumer comme un Gitan moderne. Il ose franchir les lignes.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 22 décembre 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9782806123701
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Transitions sociales et résistances
Sous la direction de Xavier Briké
En dépassant les clivages des disciplines, les ouvrages cherchent à saisir les enjeux contemporains qui traversent les champs du social. Ils visibilisent des réalités méconnues en élaborant des savoirs transversaux et des pistes concrètes d’actions pour le travail social et psycho-social. Alors que le pouvoir étatique de redistribution et de soutien solidaire se fragilise et que les inégalités croissent, apparaissent de nouveaux pouvoirs d’agir et des perspectives de faire commun, dans des mondes en profonde transition. Dans les marges se déploient des pratiques innovantes pour les métiers du soin et de l’accompagnement. Les experts de vécus en sont les témoins privilégiés. À partir de recherches ethnographiques rigoureuses, leurs récits donnent à appréhender les modes d’existence de l’exclusion, des inégalités, des conditions d’exil et de pauvreté comme les rapports de dominations qui y sont inhérents. Des mouvements citoyens aux logiques institutionnelles jusqu’aux mondes virtuels, les méthodes de recherche qui soutendent ces études rendent compte de pratiques de résistance et de mobilisation jusqu’alors inédites. Au-delà de la simple dénonciation, la production de savoirs qui émane de cette approche interdisciplaire des pratiques de soin et d’accompagnement, éclaire les contestations sociales tout en rediscutant les options du politique et les pratiques institutionnelles.
Comité scientifique
Jean-Luc Brackelaire (UNamur – UCLouvain), René Beaulieu (HELHA), Xavier Briké (UCLouvain – HELHA – SSM Le Méridien), Marc Chambeau (HELHA – FMJ), Sonia de Clerck , Émilie Duvivier (ISL/IU2S – Université catholique de Lille), Jean-François Gaspar (HELHA – HENALLUX – CÉRIAS – CESSP Paris), Véronique Georis (AMOS – Le Grain), Manuel Goncalves (SSM Le Méridien – LBFSM), Julie Hermesse (UCLouvain), Jacinthe Mazzocchetti (UCLouvain), Silvia Mesturini (ERC-CNRS, Paris), Jean-Claude Métraux (UNIL, Lausanne), Emmanuel Nicolas (HELHA), Laura Odasso (IMC, Collège de France, Paris), Marie-Caroline Saglio-Yatzimirsky (INALCO – CESSMA, Paris), Olivier Servais (UCLouvain), Sophie Tortolano (SSM LLN – Saint-Gilles), Martin Wagener (UCLouvain).
Déjà paru dans la collection :
Justine Masseaux, Une matenité impensée. Devenir mère suite à un déni de grossesse , 2019. Mauro Almeida Cabral, (L) armes d’errance. Habiter la rue au féminin , 2020.
Titre


Franchir les lignes

Gitans/Payos, même combat

Première saison
Copyright



















D/2020/4910/67
EAN Epub : 978-2-806-12370-1

© Academia – L’Harmattan s.a.
Grand’Place, 29
B-1348 Louvain-la-Neuve

Tous droits de reproduction, d’adaptation ou de traduction, par quelque procédé que ce soit, réservés pour tous pays sans l’autorisation de l’éditeur ou de ses ayants droit.
www.editions-academia.be
Exergue


« Mon principe est : s’il existe la moindre chance, aussi infime soit-elle, de pouvoir contribuer à quelque chose en intervenant dans cette situation épouvantable dans laquelle nous nous sommes mis, alors il faut le faire. »
Günther Anders, Et si je suis désespéré, que voulez-vous que j’y fasse ?, Paris, Allia, 2001
Préface
Habituellement, quand j’écris sur les Gitans, les Gens de la route, les Roms, j’appelle une série de chercheurs 1 dont j’apprécie les capacités d’entrer dans les mondes tsiganes : pour certains, voyeurs respectueux d’une frontière qu’ils ont préalablement identifiée, pour d’autres courageux anthropologues engagés dans des interactions avec tel collectif circulant et/ou sédentaire, avec telle personne attachante et souvent au destin tragique et encore, c’est plutôt mon cas, attentif aux instants où les interactions gitanes incluent des « Payos », des « non-Tsiganes », topiques de fragilisation des frontières, portes d’entrée entrebâillées sur les mondes tsiganes : par exemple des Gitans catalans de Perpignan, quartier Saint-Jacques, réparant des meubles du XVIII e siècle pour de prestigieux antiquaires du quartier historique centre urbain d’« als banyes » de Barcelone, ou encore effectuant de vastes tournées villageoises transfrontalières pour acheter, comme brocanteurs, de vieux meubles et tableaux qu’ils soumettent aux mêmes antiquaires, et encore des tournées de Perpignan à Strasbourg et Lille pour revendre des napperons achetés à « l’entrepôt chinois » du port de Valencia et imitant les mêmes dentelles très coûteuses des Flandres, et encore, et encore… toutes sortes de situations d’échanges marchands entre Gitans et Payos, qui ont comme caractéristique d’engager des relations de confiance, parfois affectives et durables. Tel le célèbre Miquelet, revendeur de tapis iraniens, choisis à Tabriz et à Ispahan, revendus trois fois le prix d’acquisition, mais deux fois moins cher que celui du « marché officiel » européen. Ces dernières transactions se développent depuis des années et des liens d’amitiés se sont noués entre la famille de Miquelet, ses fournisseurs et ses clients, médecins, cadres supérieurs, etc. les enfants et petits-enfants du Gitan perpignanais, et ceux de familles gitanes liées, ont suivi leurs cursus secondaires puis universitaires dans les meilleurs établissements barcelonais. Et encore, et encore… Néné, jeune pasteur évangélique, m’ouvrant les portes de son « espace social » dédié aux jeunes Gitans de Saint-Jacques coutumiers de l’héroïne dès les années 1990, confiance qui dure encore. Et Rose Gimenez, « la Gall » et son mari « Mouri », Gitane perpignanaise m’accordant sa confiance pour rédiger le bulletin de l’association « Renouveau Gitan » qu’elle avait créé pour combattre le clientélisme municipal. Et encore, et encore…
Cette longue énumération je ne la propose pas pour faire état d’aventures exceptionnelles, mais tout simplement de rapports intenses et durables bâtis sur des interactions d’échanges ET marchands ET indissociablement affectifs qui durablement permettent des passages de « frontières ». Toujours vers les mondes Tsiganes.
Philippe Fayeton, homme de lettres, quatorze ouvrages publiés, décidant, sa retraite prise, de se consacrer à l’action sociale associative, prend « en charge » le 26 mars 2019 un jeune Gitan de dix-neuf ans : « H* comme Héros », ainsi le désigne-t-il. Ce jeune analphabète de la communauté des Gitans catalans de Narbonne n’a pas bénéficié de l’attention que Jean-Paul Carrère, Stéphane Henry, Bob Gimenez, etc. ont développé à Perpignan à partir du service municipal de la jeunesse, dès les années 1990, en formant de jeunes mères de la communauté gitane perpignanaise à des fonctions d’accompagnement scolaire de premier cycle. Il a vécu en marge, puis en dehors de l’école publique. Et le voici, jeune majeur, qui veut conduire une voiture et, pourquoi pas, chercher un travail : la culture des Payos, ignorée pendant l’enfance et l’adolescence surgit et impose la maîtrise de la lecture et de l’écriture.
Philippe Fayeton reçoit et accepte la demande : sans jouer des jeux affectifs de fausse proximité durant les séances quotidiennes d’apprentissage, il exige, jour après jour, mois après mois que H* franchisse ce barrage sans cesse activé par un rituel « chez nous c’est comme ça ! » .
On ne prend pas aux Payos, rappelle aussitôt Philippe Fayeton, (une technique qui permettrait aux Gitans d’en tirer tel ou tel avantage) sans entrer un tant soit peu dans leur univers culturel et social. H* apprend, vite et bien, sans jamais fléchir la volonté de Philippe de l’exigence de franchissement du barrage Gitans/Payos.
Le 15 novembre, à 23 : 28, H* écrit une lettre d’une page riche de qualité orthographique, et stupéfiante de maturité sociale et d’humanisme. Philippe a-t-il « gagné » ? Il n’en dit rien et exige encore et encore le franchissement non seulement symbolique, c’est fait, mais encore factuel de la frontière du « chez nous » . Et l’interaction se poursuit, s’amplifie des mois, jusqu’en juillet. En n’entrant jamais dans le « chez nous » de H*, mais en renouvelant jour après jour son invitation à le rejoindre : Philippe Fayeton a maîtrisé l’interaction. Maître d’un appren

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