Freud et le Moïse de Michel Ange
303 pages
Français

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Freud et le Moïse de Michel Ange , livre ebook

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Description

"Le Moïse de Michel Ange" de Freud est un exemple sans précédent dans son oeuvre. La profondeur de son analyse est telle qu'il refuse d'en signer l'expression. Michel Maurille revient sur cet article de Freud où ce dernier s'intéresse moins à l'artiste où à l'oeuvre qu'à l'impact qu'elle a sur lui en tant que spectateur, le conduisant à exprimer toute sa douloureuse émotion.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2009
Nombre de lectures 250
EAN13 9782336263465
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1200€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’oeuvre et la psyché
Collection dirigée par Alain Brun

L’œuvre et la psyché accueille la recherche d’un spécialiste (psychanalyste, philosophe, sérnioiogue...) qui jette sur l’art et l’oeuvre un regard oblique. Il y révèle ainsi la place active de la Psyché.
Jean-Pierre BRUNEAU, L’artiste et ses rencontres. Une lecture lacanienne, 2008.
Mariane PERRUCHE, J.-B. PONTALIS. Une œuvre, trois rencontres : Sartre, Lacan, Perec, 2008.
C. DESPRATS-PEQUIGNOT et C. MASSON (Sous la dir.), Métamorphoses contemporaines : enjeux psychiques de la création , 2008.
Philippe WILLEMART, Critique génétique: pratiques et théories, 2007.
Roseline HURION, Petites histoires de la pensée, 2006.
Michel DAVID, Amélie Nothomb, le symptôme graphomane, 2006.
Jean LE GUENNEC, La grande affaire du Petit Chose, 2006.
Manuel DOS SANTOS JORGE, Fernando PESSOA, être pluriel. Les hétéronymes , 2005.
Luc-Christophe GUILLERM, Jules Verne et la Psyché, 2005
Michel DAVID, Le ravissement de Marguerite Duras, 2005.
Orlando CRUXÊN, Léonard de Vinci avec le Caravage. Hommage à la sublimation et à la création, 2005.
Monique SASSIER, Ordres et désordres des sens. Entre langue et discours, 2004.
Maïté MONCHAL, Homotextualité : Création et sexualité chez Jean Cocteau, 2004.
Kostas NASSIKAS (sous la dir.), Le trauma entre création et destruction, 2004.
Soraya TLATLI, La folie lyrique : Essai sur le surréalisme et la psychiatrie, 2004.
Candice VETROFF-MULLER, Robert Schumann: l’homme (étude psychanalytique), 2003
CRESPO Luis Fernando, Identification projective dans les psychoses, 2003.
LE GUENNEC Jean, Raison et déraison dans le récit fantastique au XIXème siècle, 2003.
Freud et le Moïse de Michel Ange

Michel Maurille
Sommaire
L’oeuvre et la psyché Page de titre Page de Copyright Introduction Première partie - L’Esthétique
Chapitre I - Freud fasciné Chapitre II - Le labyrinthe des identifications
Chapitre III - Michel-Ange : Un Moïse de l’art
LE ROMAN DES ORIGINES LOI DE LA CREATION — CREATION DE LA LOI CHÂTIMENT ET CRÉATION
Deuxième partie - De l’esthétique à l’éthique
Chapitre IV - Éthique de la faute Chapitre V - Éthique de la lettre Chapitre VI - L’éthique du pouvoir Chapitre VII - Résistance et sexualité Chapitre VIII - Un pouvoir disputé Chapitre IX - Un pouvoir tranché
Épilogue Notes
© L’Harmattan, 2009 5-7, rue de l’Ecole polytcchniquc ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com harmattan1@wanadoo.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr
9782296066687
EAN : 9782296066687
Introduction
Dans sa présentation du texte de Freud « Le Moïse de Michel-Ange » (1914) 1 , Jones écrit : « Cet essai ne manquera pas d’intéresser particulièrement ceux qui étudient la personnalité de Freud. « Plus que toute autre, l’œuvre d’art en question provoquait chez Freud une profonde émotion et ce fait suffirait seul à conférer à son essai une importance particulière. » 2 Notons que pour Jones l’intérêt de l’essai ne porte pas sur le personnage de Moïse, sur le texte biblique, sur le processus de création ; il ne se focalise ni sur l’œuvre d’art en tant que telle, la statue, ni sur Michel-Ange, l’artiste, mais sur Freud en tant que spectateur, sur l’effet produit, l’émotion ressentie, et par là, la personnalité de Freud. Quand celui-ci interroge l’énigme de ce que Hermann Grimm nomme « le couronnement de la sculpture moderne» 3 , c’est lui-même Freud qui se dévoile, qui donne à voir le mystère qui l’ébranle intensément. A travers cet essai, c’est le statut même de la psychanalyse appliquée aux œuvres de création, qui est interrogé, et dans ce champ-là, la place du « Moïse », non pas comme illustration, mais comme unique exception dans l’histoire de la psychanalyse.
L’année précédant la publication de son essai, Freud avait accepté de répondre à une commande de la revue italienne Scientia, laquelle étudiait les rapports entre les différentes sciences. Il était demandé à Freud de montrer les liens entre la psychanalyse et les autres branches des sciences, d’où le titre « Intérêt de la psychanalyse » 4 . Freud se devait de répondre à un double questionnement : qu’apporte la psychanalyse d’original, de neuf, de fécond, et quel intérêt les autres sciences peuvent-elles trouver à établir des liens avec elle ? En d’autres mots, et le questionnement reste très actuel, quels sont les enjeux du savoir psychanalytique ? Dans sa réponse, Freud pondère l’intérêt de la psychanalyse en distinguant « un massif dominant », constitué par la biologie, et son complément, le point de vue évolutionniste. Deux points sont développés : la culture et la science du langage ; puis moyennement développée la philosophie ; et enfin deux points moins développés : la sociologie et, (ce qui nous intéresse ici) l’esthétique. L’investissement de la biologie est sans conteste beaucoup plus important et central que celui de l’esthétique, mais ce dernier domaine est présenté par Freud comme le plus attrayant. Ce texte (1913) ayant été publié peu avant la rédaction du « Moïse » (1914), mérite pour notre propos une attention particulière. Déjà en évoquant la philosophie, Freud avait dévoilé l’une de ses principales thèses :

« La personnalité intime de l’artiste qui se cache derrière son œuvre, elle permet de la deviner à partir de cette œuvre avec une plus ou moins grande justesse. » 5
Mais le petit passage consacré à « l’intérêt de vue esthétique » y apporte des nuances décisives.
La psychanalyse se déclare incompétente à rendre compte de l’origine de la capacité de création.

« D’où vient à l’artiste la capacité de créer, cela ne relève pas de la psychologie. » 6
Freud maintiendra fermement ce point de vue qui implique un double refus, à savoir celui de rendre compte de l’origine du don artistique, et celui de porter un jugement de valeur sur l’œuvre elle-même. La psychanalyse n’a pas à apprécier la qualité esthétique d’une œuvre d’art, elle n’a pas à se prononcer sur la catégorie du beau. Freud maintiendra cette position, comme en témoigne le Petit abrégé de psychanalyse de 1923 :

« Porter un jugement esthétique sur l’œuvre d’art ou faire la lumière sur le don artistique ne sont certes pas des—tâches que la psychanalyse prend en considération. » 7
Ainsi que cette citation de « Sigmund Freud présenté par lui-même » :

« L’analyse ne peut rien dire qui éclaire le problème du don artistique, de même que la mise à jour des moyens avec lesquels l’artiste travaille, soit de la technique artistique, ne relève pas de sa compétence. » 8
Cette limite étant posée, l’intérêt de la psychanalyse reste entier, tant elle permet à travers les œuvres d’art d’atteindre les « fantasmes de désirs » qui s’y trouvent cristallisés. Le champ à explorer s’avère prometteur :

« La relation entre les impressions psychiques et le cours de la vie de l’artiste et ses œuvres comme réactions à ses excitations appartient aux plus attrayants objets de l’examen psychanalytique. » 9
Deux ans plus tard, Freud parlera de « problèmes fascinants ». 10
Le rapport de la psychanalyse à l’art présente un double aspect contradictoire : en tant que création, elle s’avère réduite au silence, en tant que réaction elle manifeste un attrait exceptionnel. Ce binôme création-réaction rend tout à fait compte de la position de Freud. L’inconscient, tel que l’aborde la psychanalyse, n’est pas créatif, Freud l’a déjà montré dans le travail du rêve ; celui-ci loin d’être créateur s’exprime par ses effets de déformation 11 et c’est ce travail de déformation, de défiguration du contenu manifeste du rêve en contenu latent qui sous-tend le travail d’interprétation, tel que le montre le chapitre IV de la « Science des rêves ». Par contre la psychanalyse a un rôle spécifique, unique, déterminant lorsqu’elle étudie les œuvres d’art comme 

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