Génération cannabis

Description

Avec un groupe de 11 jeunes, ce livre constitue un travail d'expression autour de leur expérience de surconsommation de cannabis.
La première partie est composée de récits de vie des jeunes, et la seconde des réflexions de professionnels autour de ces récits.
Il s'agit de comprendre ce qui se passe pour nos adolescents avec le cannabis, dans la société que nous leur proposons, société de consommation, voire de surconsommation.

Sujets

• Travail social
• Psychiatrie
• Psychologie
• Psychanalyse

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 juillet 2005
• Nombre de lectures: 199
• EAN13: 9782336273013
• Langue: Français

Extrait

© L’Harmattan, 2005
9782747587822
EAN : 9782747587822
Génération cannabis
Paroles de jeunes, Paroles d'experts

Cécile Hayez
Luc Descamps
Educateurs et Préventions Collection dirigée par Pascal LE REST
Les éducateurs travaillent dans l’ombre et contribuent dans le quotidien à la résolution de situations complexes, souvent dramatiques et douloureuses. Ils interviennent dans des internats pour enfants, pour adolescents et pour adultes, dans des institutions pour déficients visuels ou auditifs, en direction des personnes handicapées physiquement ou mentalement. Dans la rue, ils travaillent, sans mandat et dans le respect de l’anonymat, à restaurer des liens affectifs, sociaux, psychologiques. Ils sont missionnés par la justice pour accompagner des enfants en difficultés ou sont présents en milieu carcéral pour aider les détenus à la réinsertion sociale et professionnelle. Tous, avec courage et détermination, luttent à l’aide d’outils spécifiques, de méthodes et de pratiques de terrain élaborées pour améliorer les conditions de vie des usagers et de leurs familles et prévenir des risques de récidive, d’inadaptation, de désaffiliation, de rupture scolaire ou familiale. La collection veut donner la parole aux éducateurs pour mettre en lumière leur finesse d’intervention, les lignes de force qui sous-tendent l’étayage des préventions et transmettre la mémoire des pratiques.
Déjà parus
Philippe GOSSERIES, Guide de formation à la communication avec les médias vers l’opinion, 2005
Paulette BENSADON, De l’écriture aux écrits professionnels, 2005.
Claire PINON, Educatrice auprès des populations défavorisées, 2005.
Pascal LE REST, La Prévention Spécialisée dans tous ses états, 2002.
Christopher BURGER, Pour une convention nationale de la Prévention Spécialisée, 2002.
Gilbert BERLIOZ, La Prévention dans tous ses états. Histoire critique des éducateurs de rue, 2002.
Guillaume BONNET, Regard sur la Prévention Spécialisée. Un cas de relation éducative dans la rue, 2002.
Daniel LECOMPTE, De la complexité en Prévention Spécialisée, 2002.
Pascal LE REST, Paroles d’éducateurs de Prévention Spécialisée, 2002.
Pascal LE REST, L’attraction des drogues, 2002.
Jacques BUDENAERTS, Drogues : substitution et polytoxicomanie, 2002.
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Educateurs et Préventions Collection dirigée par Pascal LE REST PRÉFACE AVANT-PROPOS PREMIÈRE PARTIE : RÉCITS DE VIE
NICOLAS, 18 ANS SÉBASTIEN, 18 ANS VALÉRIE, 18 ANS BERNARD, 18 ANS AURÉLIEN, 18 ANS JONATHAN, 21 ANS FRÉDÉRIC, 18 ANS LUDOVIC, 21 ANS DÉSIRÉ, 18 ANS THOMAS, 18 ANS MIA, 19 ANS
DEUXIÈME PARTIE  : - SURCONSOMMATION ET LIEN SOCIAL
LA PREMIÈRE FOIS ... CANNABIS : PRODUIT DE CONSOMMATION LE CANNABIS : RESPONSABLE DE DÉSOCIALISATION ? LE CANNABIS : OUTIL DE SOCIALISATION ? ARRÊTER, MAÎTRISER, AIDER ? CONCLUSION
TROISIÈME PARTIE : CANNABIS. QUEL VOYAGE ? QUELLES ROUTES ? QUELLES ÉTAPES ? QUELLE ARRIVÉE ?
PREMIÈRES BOUFFÉES. LE TEMPS DE L’ADOLESCENCE VIES SEMÉES DE TROP DE PETCHES. . . ? DERNIÈRES BOUFFÉES ...
QUATRIÈME PARTIE : LA SCIENCE DU CANNABIS
ECRAN DE FUMÉE HISTOIRE DU CANNABIS ET ÉTAT DES LIEUX FONCTIONNEMENT DU CANNABIS SUR L’ORGANISME DEUX QUESTIONS BRÛLANTES LE JOINT : DOUCE EUPHORIE OU POISON SATANIQUE ? LA FUMÉE SE DISSIPE ?
CINQUIÈME PARTIE : LETTRES D’UN PROCUREUR AUX FUMEURS DE JOINTS
SUBSTITUT DU PROCUREUR DU ROI CE QUE DIT LA LOI MON RÔLE DE PROCUREUR DU ROI
L’ARGOT DU CANNABIS. PETIT DICTIONNAIRE BILINGUE ET NON EXHAUSTIF DE LA MARIJUANA BIBLIOGRAPHIE
PRÉFACE
DR. JEAN-PIERRE JACQUES 1
PSYCHANALYSTE
S’engourdir pour se dégourdir. S’engourdir de cannabis pour sortir plus dégourdi de l’adolescence. Tel serait le propos, paradoxal et fort résumé, de ces quelques jeunes qui offrent leur témoignage dans ce livre original, courageux et opportun, en guise de prévention de l’usage abusif de cannabis.
Ce livre est opportun. La consommation de cannabis, mais aussi de boissons alcoolisées et d’autres drogues, est devenue un phénomène de masse chez les adolescents, sans faire pourtant l’objet d’une réflexion ou de recherches proportionnées à ce défi. Il parvient à éviter les deux écueils habituels, celui de la dramatisation abusive, qui angoisse les adultes sans leur offrir de perspective 2 , et celui de la dénégation hypnotisante, dont certains sites internet 3 fournissent le modèle.
Ce livre est aussi courageux. Il propose à la lecture du plus grand nombre, sans censure, des récits de vie qui sont tout sauf consensuels. Rien n’est épargné au lecteur dans la description minutieuse et réaliste de la vie quotidienne du gros fumeur de pétards. Pas de dissimulation dans les textes, revus par les jeunes eux-mêmes, qui sont autant de dépositions contre le discours bienséant, qui prétendrait faire de la prévention sans se salir les mains ou la bouche.
Ce livre, enfin, est original. Peut-être moins par le recours au récit de vie, dont d’autres auteurs, comme M me Pascale Jamoulle 4 , ont déjà tiré un parti exceptionnel, que par la mise en dialogue des différents contributeurs réunis autour du noyau constitué par les témoignages. Or une lecture attentive révélera combien ils peuvent être antagonistes, et c’est là tout l’intérêt du dialogue comme méthode fondée sur la fécondité des désaccords !
Lorsqu’elle préoccupe les adultes, ce qui n’est pas si fréquent, la consommation de cannabis s’apparente à un objet fétiche qui hypnotise leur regard. On observe alors combien les adultes (parents, enseignants, directeurs d’établissements, magistrats...) se font les serfs d’une clinique du regard: inspecter les yeux rouges, contrôler la tenue débraillée ou non, vérifier l’heure du retour d’escapade, bref surveiller (et punir..., pour paraphraser Michel Foucault). Comment glisser d’une telle clinique du regard et du contrôle, vers une clinique de l’écoute, plus encline à rencontrer l’autre dans son expérience subjective ? C’est d’un tel glissement que cet ouvrage est exemplaire. Il m’est souvent apparu, au fil des témoignages, que ces jeunes ont trouvé dans le processus du récit de vie bien davantage que le dépôt narcissique de leur expérience ; en la racontant à un interlocuteur attentif et respectueux, ils l’ont forgée, voire modifiée. Il en résulte un recul, qui leur permet de tirer des leçons, et même d’en dispenser. Cette distance dont ils font preuve est un effet de l’écoute appliquée et singulière à leur « récit », qu’ils ont trouvée chez les collègues de « La Chaloupe » 5 . Ceux-ci font acte de modestie en dissimulant leur rôle dans les parcours, un rôle qui peut être qualifié de thérapeutique. Pascale Jamoulle constatait, avec la même technique du récit de vie, cette réconciliation avec la parole et ses effets thérapeutiques sur les sujets qui s’y sont prêtés. Nous savons combien toute procédure qui rend la parole aimable à ceux qui en avaient été déçus comporte une dimension hautement thérapeutique, notamment pour les sujets qui anesthésient leur détresse ou leurs difficultés grâce aux substances.
Cet objet fétiche, ce cannabis qui captive le regard des adultes et les détourne d’un dialogue qui leur paraît inutile ou impraticable, est en définitive constitué par le discours législatif et par certains effets du discours scientifique sur les « produits ». Ce n’est pas un des moindres mérites de cet ouvrage, et de la contribution du Dr Schepens, que de ramener à de plus justes proportions la responsabilité, somme toute très relative, du produit cannabis dans les dérapages de certains consommateurs, dont l’abus ne s’explique pas du tout par les effets pharmacologiques ou toxicologiques du produit.
Cet abus pourrait-il en revanche s’expliquer, en partie, par le regard, rempli d’angoisse ou de reproche, posé par l’adulte sur l’adolescent qui dérape ? Il est flagrant qu’en phase de surconsommation, le cannabis « apaise » l’angoisse de l’adolescent et décuple celle de l’adulte. Dans ce cercle vicieux, cette angoisse en excès chez l’adulte se déporte sur l’adolescent, et entretient en boucle la nécessité d’une surenchère d’une consommation défensive. Cette hypothèse permet de r