Hypnose et autohypnose
202 pages
Français

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Hypnose et autohypnose , livre ebook

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Description

Longtemps reléguée au silence par la psychanalyse l'hypnose connaît aujourd'hui, sous d'autres noms, un renouveau attesté par le succès de méthodes de relaxation qui en procèdent. Mais de tout temps l'état mental où elle s'enracine a inspiré la recherche d'expériences libératrices. C'est le cas des diverses formes de prières ou de la spiritualité propre au quiétisme et au zen.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2011
Nombre de lectures 153
EAN13 9782296468528
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Hypnose et autohypnose
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-56456-5
EAN : 9782296564565
Michel Larroque
Hypnose et autohypnose
Nouvelle édition revue et augmentée
L’Harmattan
Du même auteur chez L’Harmattan
Hypnose, suggestion et autosuggestion , 1993.
Volonté et Involonté dans la pensée occidentale et orientale , 1994.
Approches occidentales du bouddhisme zen , 2003.
Esquisse d’une philosophie de l’amour , 2006.
La philosophie au lycée , 2007.
À la mémoire de Pierre Janet
Avant-propos
L’hypnose n’est pas un fait singulier relevant d’une explication indépendante. Elle est, au contraire, indissociable des lois générales du psychisme. Sa nature en est déductible comme une conséquence particulière l’est des prémisses qui la fondent. Elle constitue donc un révélateur. L’intérêt d’une réflexion sur l’hypnose est donc d’amorcer une interrogation sur l’essence de la conscience à partir d’un faisceau de données concrètes.
La première d’entre elles est l’induction de l’hypnose. Les procédés mis en œuvre pour la produire doivent en révéler l’essence. Tous ont pour but de promouvoir la passivité du sujet. Il faut donc approfondir la nature de l’activité mentale dont la suspension autorise l’hypnose.
L’effort crée la conscience en instaurant une distance entre le sujet et la durée vécue, forme générale de ses états mentaux. Il en résulte un clivage de l’être, une objectivation de sa vie psychologique, une spatialisation du temps. La passivité hypnotique abolit ces caractères essentiels de la conscience : le sujet hypnotisé est un être unifié, coïncidant avec son vécu, ignorant, faute de recul, sa temporalité.
Si cette hypothèse est exacte, elle doit pouvoir rendre compte des principaux effets de l’hypnose. L’interprétation, dans la perspective ainsi définie, des hallucinations positives ou négatives, des modifications fonctionnelles, des régressions, des créations de personnalités fictives, de l’amnésie post-hypnotique devrait avoir valeur de preuve.
L’hystérie apparaît comme le terrain privilégié de la suggestion à condition de ne pas confondre l’essence de cette dernière avec l’hétérosuggestion. Or, « l’état mental des hystériques » reproduit jusqu’à la caricature les traits caractéristiques du vécu hypnotique. Le névrosé obsessionnel, peu suggestible, accuse les traits opposés. L’examen de ces deux structures névrotiques constitue donc une confirmation de la théorie proposée.
L’hétérosuggestion n’est qu’un moyen commode pour produire le vécu hypnotique. Mais d’autres procédés tels que l’habitude y parviennent également. Le rapport à autrui n’est donc pas essentiel dans les phénomènes de suggestion. Les explications de l’hypnose par les remous affectifs que suscitent la proximité de l’hypnotiseur et de l’hypnotisé en manquent la vraie nature.
L’autohypnose parvient à produire des effets identiques à ceux de l’hypnose classique. Elle a été constamment utilisée au cours des temps, sous des noms divers, comme outil de paix intérieure ; elle constitue actuellement la trame de la plupart des méthodes de relaxation.
Le fond de l’hypnose est un vécu temporel particulier : le sujet coïncide avec la mobilité de la durée au lieu de s’en forger, à distance, une représentation objective. D’autres expériences partagent ce fond commun avec l’hypnose. Bien que différentes, elles s’en rapprochent cependant comme des espèces diverses au sein du même genre.
1. L’induction de l’hypnose
On assiste actuellement à un renouveau de l’hypnose après des décennies d’éclipse. Parfois cette renaissance des vieilles techniques hypnotiques semble honteuse de son ascendance et se masque sous des noms d’emprunt. Mais il n’est pas besoin de gratter beaucoup le vernis de modernité dont elles s’affublent pour retrouver sous les apparences les procédés ancestraux de la vieille hypnose. Ils inspirent l’actuelle sophrologie utilisée dans des domaines très divers allant de l’anesthésie médico-dentaire à la préparation psychologique aux compétitions sportives. Le Training Autogène est une autohypnose ainsi que la Méditation Transcendantale qui en représente une version orientalisée.
Pourtant, si les procédés sont depuis longtemps connus, si leurs effets et leurs limites sont dans l’ensemble bien recensés, la connaissance théorique de l’hypnose n’a guère progressé. Il faut sans doute imputer en partie cette stagnation à l’impérialisme de la psychanalyse sur les recherches psychologiques pendant une longue période. D’une part, en effet, elle a accaparé à son profit, au détriment de l’hypnose, la plupart des investigations sur les processus inconscients. Mais, d’autre part, c’est elle qui a inspiré bon nombre de tentatives d’interprétation des phénomènes de suggestion. Or, verrons-nous, quelle que soit leur fécondité dans d’autres domaines, les catégories freudiennes ne sont pas appropriées pour déterminer l’essence de l’hypnose. Elles peuvent tout au plus en éclairer certaines manifestations marginales.
L’abandon du sujet but des procédés d’induction
Nous nous proposons de partir des faits sans à priori doctrinal. Or, le premier que nous rencontrons est la méthode d’induction de l’hypnose. Les procédés pour la produire ont été codifiés par les premiers expérimentateurs ; ils n’ont guère été modifiés par la suite et, comme le note Chertok « les principes n’ont pas changé depuis quatre-vingts ans ». 1 C’est là un point qui ne semble pas avoir frappé la plupart des théoriciens de l’hypnose. Les explications qu’ils nous proposent du phénomène sont souvent sans lien manifeste avec la technique partout et toujours utilisée pour le produire. Nous voudrions au contraire partir de ces procédés mêmes, et nous poserons en principe que les moyens pour produire l’hypnose ne sauraient être étrangers au résultat qu’ils provoquent. En interrogeant convenablement ces moyens, l’essence de l’hypnose peut nous être révélée.
Le dénominateur commun des techniques utilisées semble être une consigne de renonciation à l’effort, une invitation à l’abandon. Cela est d’abord manifeste dans les indications relatives à la position physique du candidat à l’hypnose. On sait que celui-ci est généralement couché, ou du moins, confortablement installé dans un fauteuil. On lui prescrit de se laisser aller, de se détendre. Cette détente doit être à la fois physique et morale. Le sujet est invité à n’opposer aucune résistance, à faire taire son sens critique, à s’abandonner, bref à dormir. Voici à titre d’exemple les propos que tenait Bernheim à ses patients :
« Regardez-moi bien et ne songez qu’à dormir. Vous allez sentir une lourdeur dans les paupières, une fatigue dans vos yeux ; vos yeux clignotent ; ils vont se mouiller ; la vue devient confuse ; les yeux se ferment. » Quelques sujets ferment les yeux et dorment immédiatement. Chez d’autres, je répète, j’accentue davantage, j’ajoute le geste ; peu importe la nature du geste. Je place deux doigts de la main droite devant les yeux de la personne et je l’invite à les fixer, ou avec les deux mains je passe plusieurs fois de haut en bas devant ses yeux, ou bien encore je l’engage à fixer mes yeux et je tâche en même temps de concentrer toute son attention sur l’idée de sommeil. Je dis :
« Vos paupières se ferment, vous ne pouvez plus les ouvrir. Vous éprouvez une lourdeur dans les bras, dans les jambes; vous ne sentez plus rien, vos mains restent immobiles, vous ne voyez plus rien ; le sommeil vient », et j’ajoute d’un ton impérieux : « Dormez ». Souvent ce mot fait pencher la balance ; les yeux se ferment ; le malade dort.
Si le sujet ne ferme pas les yeux ou ne les garde pas fermés, je ne fais pas longtemps prolonger la fixation de ses regards sur les miens ou sur mes doigts ; car il en est qui maintiennent les yeux indéfiniment écarquillés et qui, au lieu de concevoir ainsi l’idée du sommeil, n’ont que celle de fixer avec rigidité ; l’occlusion des yeux réussit alors mieux. Au bout de deux ou trois minutes, tout au plus, je maintiens les paupières closes, ou bien j’étends les paupières lentement et doucement sur les globes oculaires, les fermant de plus en plus progressivement, imitant ce qui se produit quand le sommeil vient naturellement ; je finis par les maintenir closes, tout en continuant la suggestion :
« Vos paupières sont collées, vous ne pouvez plus les ouvrir ; le besoin de dormir devient de plus en plus profond ; vous ne pouvez plus résister ». Je baisse graduellement la voix, je répète l’injonction : « Dormez &#

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