Impostures interculturelles
140 pages
Français

Impostures interculturelles , livre ebook

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140 pages
Français

Description

Tout le monde parle de l'interculturel, mais personne ne sait plus finalement ce que la notion signifie. Face à la montée des extrémismes, il y a là un danger à régler d'urgence. Fatigué des abus faits à cette notion, l'auteur explore les impostures contenues dans les discours et usages "officiels" de l'interculturel. Il met en évidence comment l'interculturel est récupéré, approprié, détourné, reformulé, et fournit des pistes pour renouveler la notion.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2012
Nombre de lectures 44
EAN13 9782296477971
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Impostures interculturelles
Collection Logiques Sociales Série : Études Culturelles Dirigée par Bruno Péquignot Le champ des pratiques culturelles est devenu un enjeu essentiel de la vie sociale. Depuis de nombreuses années se sont développées des recherches importantes sur les agents sociaux et les institutions, comme sur les politiques qui définissent ce champ. Le monde anglo-saxon utilise pour les désigner l’expressioncultural studies. Cette série publie des recherches et des études réalisées par des praticiens comme par des chercheurs dans l’esprit général de la collection. Raphaële VANÇON,Musicien amateur ou professionnel ? La construction identitaire musicienne, 2011. Yves RAIBAUD,Géographie socioculturelle, 2011. Françoise CARECCHIO,La culture des jeux. Une poétique enfantine, 2010. Steve GADET,La Culture hip hop dans tous ses états, 2010. Marie-Claude ROGERAT,Les biographies d'artistes. Auteurs, personnages, public, 2010. J. de M. PESSOA et M. FELIX,Les voyages des Rois Mages. De l'Orient jusqu'au Brésil, 2010. Irène JONAS,Mort de la photo de famille ? De l'argentique au numérique, 2010. Martine MALEVAL,L’émergence du nouveau cirque. 1968-1998, 2010. Yvonne NEYRAT,Socio-anthropologie culturelle de l’univers étudiants, 2010. Isabelle PAPIEAU, DeStarmania àMozart (« Musical » pop-rock). Les stratégies de la séduction, 2010. Gilles VIEILLE MARCHISET (dir.),Des loisirset des banlieues. Enquête sur l’occupation du temps libre dans les quartiers populaires, 2009. James ARCHIBALD et Stéphanie GALLIGANI (sous la dir.),Langue(s) et immigration(s) : société, école, travail, 2009. Christel TAILLIBERT,Tribulations festivalières. Les festivals de cinéma et audiovisuel en France, 2009. Florine SIGANOS,L’action culturelle en prison. Pour une redéfinition du sens de la peine, 2008. Isabelle PAPIEAU,Le renouveau du merveilleux, 2008.
Fred Dervin Impostures interculturelles L’Harmattan
Du même auteur : Aux Editions L’Harmattan Les identités des couples interculturels. En finir vraiment avec la culture ?,2011. Anthropologie de l’interculturalité,2011. Lingua Francas. La véhicularité linguistique pour vivre, travailler et étudier,2010. Technologies numériques du soi et (co-)constructions identitaires,2009.Le Cameroun au prisme de la littérature africaine à l’ère du pluralisme sociopolitique (1990-2006),2008. Regards sur les mondes hypermobiles. Mythes et réalités,2008.Echanges et mobilités académiques. Quel bilan ?,2008.© L’HARMATTAN, 2011 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-56635-4 EAN : 9782296566354
Au petit Roméo qui, je l’espère, saura faire face à ces impostures…
Je remercie Anne Papart qui a autorisé la reproduction d’une œuvre de son père Max Papart sur la couverture de ce livre.
Sommaire
Introduction p. 9
Première partie : démasquer les impostures Chapitre 1. Quel interculturel ? p. 25 Chapitre 2. L’interculturel dans la didactique des langues p. 37 Chapitre 3. Un exemple de projet européen sur l’interculturel p. 51 Chapitre 4. Discours de recherche : l’exemple des étudiants chinois en mobilité internationale p. 63 Chapitre 5. L’interculturel dans le monde des affaires p. 73 Chapitre 6. Littérature et interculturel p. 91
Deuxième partie : au-delà des impostures Chapitre 7. Critiques de l’interculturel p. 105 Chapitre 8. Etudier l’interculturel p. 113
Conclusion : au-delà des malentendus… p. 123
Bibliographie p. 127
Introduction
Nous sentons bien qu’aucune des catégories de notre pensée, unité, multiplicité, causalité mécanique, finalité intelligente, etc., ne s’applique exactement aux choses de la vie : qui dira où commence et où finit l’individualité, si l’être vivant est un ou plusieurs, si ce sont les cellules qui s’associent en organisme ou si c’est l’organisme qui se dissocie en cellules ? En vain nous poussons le vivant dans tel ou tel de nos cadres. Tous les cadres craquent. Ils sont trop étroits, trop rigides surtout pour ce que nous voudrions y mettre. Bergson (1907).
(…) les sciences sociales sont plus utiles à nos sociétés lorsqu’elles nous aident à les penser que quand elles nous permettent de les juger. Fassin & Rechtman (2007).
Dans cet ouvrage, je m’intéresse à une forme d’imposture largement répandue dans nos sociétés contemporaines que je qualifie d’impostures interculturelles. Réglons dès le début un malentendu potentiel. Ce livre ne dit pas que l’interculturel est une imposture, encore moins que ceux qui participent aux rencontres dites interculturelles le sont. Par exemple, je ne me positionnerai pas dans cet ouvrage sur la question enflammée duvoileet de laBurqaque certains – considèrent comme une « imposture », d’autres non – car elle est trop compliquée pour la réduire à un phénomène qui serait simplement interculturel. De même pour la question de « l’intégration » des immigrés… Il ne s’agira pas non plus de critiquer ceux qui, au quotidien, ont recours aux cultures ou à l’interculturel pour se défendre, survivre mais aussi manipuler, tromper, etc. (« dans ma culture », « ma culture m’interdit de… », « on est différents donc on ne se comprend pas… »). Ce phénomène est à analyser et à penser mais pas à juger (cf. Fassin & Rechtman plus haut).
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Les impostures que je souhaite analyser ici sont liées aux discours et usages « officiels » de l’interculturel dans différents contextes qui s’emparent de la notion : la politique, le monde des affaires, la littérature, l’éducation et… la recherche. Comment est-elle récupérée, appropriée, détournée, reformulée, etc. ? Depuis plus de 10 ans, je lis, j’écoute et j’écris sur la notion. Je suis passé au début de ma carrière de chercheur par une période que j’appellerai « janusienne » dans ce livre, durant laquelle je soulignais, d’une part, la complexité de chaque individu puis je les réduisais, d’une autre, à des « preuves culturelles ». Le parcours a été parfois sinueux et compliqué car je lisais des références qui se contredisaient et qui ne m’apportaient aucune satisfaction (notamment celles issues du domaine appelé «intercultural communication» en anglais). Au demeurant, je rencontre tous les jours des jeunes chercheurs qui font face au même problème. J’ai pu trouver ma propre voie au bout de quelques années et je souhaiterais rendre hommage ici à Martine Abdallah-Pretceille qui par, ses écrits et nos discussions, m’a permis de conceptualiser l’interculturel d’une autre façon. Je n’aime pas parler des origines, encore moins celles des mots car elles servent souvent d’explications un peu trop faciles aux choses. Pourtant, un regard rapide sur l’étymologie du mot imposturedans leTLFI révèle qu’ilapparaît d’abord en 1174-76 sous le termeemposturetromperie » qui signifie « puis en 1534 sous la formeimposture,dérivé du latin classiqueimpoޜnere, « abuser (quelqu’un) ». Ce sont en fait les deux aspects des impostures interculturelles que je souhaite articuler : la tromperie (par autorité scientifique, discursive et/ou politique) et l’abus de l’Autre (au sens moderne du mot). Cet abus est d’ailleurs omniprésent dans nos mondes contemporains et il semble se renforcer depuis la multiplication des crises économiques de ces dernières années. Prenons par exemple les pays du nord de l’Europe – un contexte que je connais bien – qui expérimentent une multiplication inédite des mouvements extrémistes anti-immigrés, anti-réfugiés. Il y a tout d’abord l’exemple insoutenable d’Anders Behring Breivik en Norvège qui a massacré des dizaines de personnes en réaction au multiculturalisme grandissant de la société norvégienne en juillet 2011. En Finlande, le parti d’extrême droite des «Perussuomalaiset», rebaptisésVrais Finlandais » (les «
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