Introduction à l histoire des idées dans le contexte de l oralité.
108 pages
Français

Introduction à l'histoire des idées dans le contexte de l'oralité. , livre ebook

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Description

L'Afrique se propose de lutter de façon efficace pour la réduction de la pauvreté. La pauvreté en Afrique est certainement matérielle, mais elle est aussi spirituelle. Autant elle est dépourvue des moyens de vivre à la mesure de sa population, autant elle semble manquer de ressort spirituel capable de lui permettre d'assumer de façon responsable son destin. La réduction de la pauvreté matérielle passe par la réduction de la pauvreté spirituelle.

Informations

Publié par
Date de parution 08 janvier 2018
Nombre de lectures 26
EAN13 9782806109361
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

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Extrait

L’Afrique se propose de lutter de façon eîcace pour
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africaine. Auteur de plusieurs articles et contributions scientiIques, il a publié
Photo de couverture  : Coucher du soleil sur Ubangi à Kwala (RDC).
www. ediIons-academia.be
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Benoît OKOLO Okonda etJacques NGANGALA Balade Tongamba
INTRODUCTION À
L’HISTOIRE DES IDÉES
DANS LE CONTEXTEDE L’ORALITÉ
Théorie et méthode avec applicationsur l’Afrique traditionnelle
Introduction à l’histoire des idées dans le contexte de l’oralité
Théorie et méthode avec application sur l’Afrique traditionnelle
D/2017/4910/49
©Academia – L’Harmattan s.a.Grand’Place, 29 B-1348 Louvain-la-Neuve
ISBN : 978-2-8061-0365-9
Tous droits de reproduction, d’adaptation ou de traduction, par quelque procédé que ce soit, réservés pour tous pays sans l’autorisation de l’éditeur ou de ses ayants droit.
www.editions-academia.be
Benoît OKOLO Okonda et Jacques NGANGALA Balade Tongamba
Introduction à l’histoire des idées dans le contexte de l’oralité
Théorie et méthode avec application sur l’Afrique traditionnelle
À nos aïeux, À nos enfants et petits-enfants.
Introductionàl’histoiredesidées…
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«La graine est son seul pourvoyeur de semence»
Proverbe tetela
INTRODUCTION L’Afrique se propose de lutter de façon efficace pour la réduction de la pauvreté. La pauvreté en Afrique est certainement matérielle, mais elle est aussi spirituelle. Autant elle est dépourvue des moyens de vivre à la mesure de sa population, autant elle semble manquer de ressort spirituel capable de lui permettre d’assumer de façon responsable son destin. La réduction de la pauvreté matérielle passe par la réduction de la pauvreté spirituelle. Et cette dernière passe par la redécouverte des richesses de l’esprit et de la manière dont ces richesses ont aidé dans le passé et peuvent encore aider dans le présent à prendre en charge le devenir de l’Afrique. Comme aime à le répéter l’historien Ki-Zerbo, l’histoire est condition du développement. Et la Renaissance africainechère à Thabo Mbeki et à beaucoup d’autres Africains ne pourra s’amorcer sans fondement historique, culturel et spirituel en Afrique même. Nous voudrions instaurer et explorer un de ses fondements essentiels : l’histoire des idées dans l’Afrique traditionnelle. Depuis la négation de l’histoire et de la pensée en Afrique du fait d’une soi-disant absence d’écriture, il n’a pas été facile de parler de l’histoire dans le cas de l’Afrique traditionnelle. Les choses semblent cependant évoluer : l’histoire de l’Afrique ancienne a conquis son droit à l’existence, façonne et ajuste ses méthodes et techniques de recherche. Bien mieux, elle fait pro-gresser les sciences de l’histoire en instituant des théories et des méthodes prenant en compte les documents qui encore récemment se trouvaient en dehors du traitement historique : il s’agit des traditions orales. Pourtant, si l’histoire africaine en général a déjà fait du chemin, surtout dans ses aspects politiques, creusant une certaine profondeur qui remonte très loin dans le passé, l’histoire particulière des idées de l’Afrique tradition-nelle n’est pratiquement encore nulle part. Toute tentative, à ce niveau, de-meure encore tributaire des théories ethnologiques et ne tire pas suffisam-ment profit des traditions orales ainsi que des données des sciences auxi-liaires qui les élaborent et les soutiennent. Le philosophe africain semble beaucoup plus s’intéresser aux systématiques que lui offrent l’ethnologie, la sociologie et la linguistique, qu’aux recherches ardues, souvent ingrates, d’historien. Et l’historien, lui, dépassant difficilement la situation de l’écrit dans son traitement des documents oraux, s’ouvre à peine à la dimension spirituelle, institutionnalisée ou non, des Africains. L’histoire des idées traditionnelles est aujourd’hui le parent pauvre aussi bien de l’histoire que de la philosophie africaine. Par histoire des idées, il faudrait entendre l’histoire de la philosophie. Mais il ne faudrait pas réduire le sens du mot philosophie à ce qu’il signifie dans la tradition européenne.
Introduction à l’histoire des idées…
L’on ne devrait rien présager de sa signification dans le contexte de l’Afrique traditionnelle. La notion de philosophie pourrait bien comprendre aussi bien les idées philosophiques, esthétiques, religieuses que politiques ou juridiques, pourvu qu’elles aient été pensées à un certain niveau de profondeur. Pratiquement il est donc question de faire exister une nouvelle discipline scientifique,comprenant deux axes principaux de recherche : l’axe théorico-méthodologique et l’application concrète. L’axe théorico-méthodologique : l’histoire des idées doit se démarquer de l’ethnologie, de l’ethnophilosophie, de la sociologie de la connaissance. Elle doit se définir à l’intérieur de l’his-toire, à côté de l’histoire des littératures, des arts, des religions, des mentali-tés et tirant profit des acquis méthodologiques de l’histoire orale, de l’histoire immédiate... L’axe de l’application concrète : le voisinage des idées philosophiques avec la science et la technique ou ce qu’on appelle les savoirs endogènes, est indéniable en Afrique. Et les idées, les philosophies ont aussi partie liée avec la religion, la politique, le droit et les arts. Il est certain par exemple que l’avènement d’une nouvelle pratique religieuse devait, ici comme ailleurs, provoquer une réflexion fondamentale, capable d’assumer toute la révolution en cours. Les chercheurs doivent suivre de près les recherches à perspective historique sur ces différents domaines et tenter d’appréhender les lieux de l’expression philosophique. À ce niveau, les littératures et les arts possèdent un statut particulier : la philosophie participe généralement avec eux au jeu des formes et des conte-nus dans l’économie spirituelle d’une tradition. Les idées ne font pas seules l’histoire. Elles entretiennent un rapport étroit avec la vie globale des peuples et des hommes. Les idées portent les traces des luttes sociales et politiques et en font partie prenante. On a lu les textes des traditions africaines souvent comme un seul livre. Il est peut-être question de partir des affirmations contradictoires pour donner aux idées soit une profondeur historique, soit une appartenance d’école ou de courant ou même une appartenance d’individu. Le cercle des faits et des idées constitue un instrument de restauration et d’authentification aussi bien des idées que des faits. Enfin, on n’a pas encore accompli l’histoire des idées aussi longtemps qu’on n’a pas traduit le sens du texte ainsi restauré, que l’on n’a pas examiné l’ordre interne d’argumentation. Le point de départ, c’est l’affirmation selon laquelle l’Afrique n’a ni his-1 toire, ni pensée, ni art, ni religion, ni politique, etc. De nombreuses publica-tions ont déjà montré l’existence de l’art, de la religion, de la culture, de la politique, bref de la civilisation en Afrique (Baumann, Westermann, Frobe-nius, etc.). Quant à l’histoire, son existence est attestée grâce à la reconnais-
1 HEGEL,Die Vernunft in der Geschichte, cf.La Raison dans l’histoire.Paris, Plon, 1965.
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Introduction
sance des traditions orales en tant que sources de ladite histoire : J. Vansina, De la tradition orale. Essai de méthode historique, Tervuren, M.R.A.C., 1961 ; D. Laya (éd.),La tradition orale. Problématique et méthodologie des sources de l’histoire africaine,Niamey, 1972. L’affirmation de la pensée en Afrique traditionnelle a été le fait des tra-vaux dits ethnophilosophiques dont les plus connus sont P. Tempels,La Philosophie bantoue, Elisabethville, 1945, Paris, 3e édition, Présence Afri-caine, 1965, A. Kagame, A.,La Philosophie bantu-rwandaise de l’Être, Bruxelles, A.R.S.C., 1956 etLa Philosophie bantu comparée, Paris, Pré-sence Africaine, 1976. On reproche à la pensée ici présentée d’être implicite, unanime et inconsciente et, par-là, incapable d’avoir assumé le destin des Africains, d’être une vision du monde religieuse plutôt qu’une pensée cri-tique. Les critiques les plus sévères proviennent de P.J. Hountondji,Sur la « philosophie africaine », Paris, Maspero, 1976 et M. Towa,Essai sur la problématique philosophique dans l’Afrique actuelle, Yaoundé, Clé, 1971. La sociologie de la connaissance a battu en brèche l’unanimité des visions du monde ethnophilosophiques : les visions du monde sont le fait des groupes sociaux qui généralement s’opposent : les visions du monde sont diverses et souvent contradictoires : G. Gurvitch,Les cadres sociaux de la connaissance, Paris, PUF, 1966. L’évolution interne fait passer la pensée ethnophilosophique de l’implicite à l’explicite : on voudrait lire cette pensée dans les mythes, les légendes, les contes, surtout les proverbes contrairement à Tempels et à Kagame qui partaient soit de simples coutumes, soit des catégories de langue : E. Mujynya,L’homme dans l’univers des bantu, Kinshasa, PUZ, 1984 ; Nk. Gyekye,An Essay on African Philosophical Thought. The Akan conceptual scheme, Cambridge, Cambridge University Press, 1987. L’« inconscient » de la pensée ethnophilosophique réside dans l’ethnologie. Les reconstructions ethnophilosophiques portent les limites idéologiques de l’ethnologie. On ne peut donc pas envisager son dépassement dans le sens de l’histoire des idées sans une critique sévère de ladite ethnologie. En se définissant comme science des peuples sans histoire, l’ethnologie tue dans l’œuf l’histoire des peuples, leur conscience de l’histoire et leur pensée consciente, elle ne peut se dépasser que par une requalification de l’objet, une réorientation méthodologique et une véritable révolution dans le chef du chercheur. Voir à ce sujet : R. Jaulin,La paix blanche, Paris, 10/18, 1970,Gens de soi, gens de l’autre, Paris, 10/18, 1973 ; J. Copans,Critique et politique de l’anthropologie, Paris, Maspero, 1974 et Anthropologie et impérialisme, Paris, Maspero, 1975 ; J.G. Jorgensen, “On ethics of anthropology, Current Anthropology”, 12,3, traduction française in Copans, 1975. L’expression africaine de cette critique, nous la trouvons chez V.Y. Mudimbe,L’Autre face du royaume. Une introduction à la critique des langages en folie, Lausanne, L’Âge d’Homme, 1973 ;The Invention of
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