La lecture à portée de main
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Description
Informations
Publié par | La Boîte à Pandore |
Date de parution | 20 novembre 2014 |
Nombre de lectures | 76 |
EAN13 | 9782390090076 |
Langue | Français |
Informations légales : prix de location à la page 0,0040€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
Il n’y a pas d’âge pour aimer, tout âge porte ses fruits, il faut savoir les cueillir
Edmond Radiquet
Toute femme devrait savoir ce qu’elle est prête à faire ou non… pour l’amour ou autre chose…
Maya Angelou
Merci à Danièle & Christian Stéphane & Christine Marie & Jean Philippe & Martine France & Dominique Etc.
Qui vivent dans le bonheur Depuis qu’ils se sont rencontrés Sur un site de rencontres
I NTRODUCTION
Ce matin-là, comme tous les jours, je débutai ma journée par le survol des fraîches informations quotidiennes. C’est, paraît-il, une spécialité masculine. Seulement, j’ai troqué la version papier du journal (qui n’est jamais livrée avec les croissants) par la version électronique fournie, elle, par Internet. Lire les nouvelles en dégustant mon premier café de la matinée est un moment que je refuse de zapper : c’est seulement ainsi que j’arrive à me réveiller. Après les grands titres, les infos locales, politiques, mondiales, les conflits dans le monde, les calamités naturelles, les grèves diverses et la page people (je zappe d’office celle des sports), j’arrivai à la rubrique « société » : là, plusieurs articles s’articulaient autour du célibat et surtout : du divorce.
– Ok, me dis-je, l’horoscope ce sera pour plus tard : l’Amour, conjugué sous toutes ses formes, est prioritaire.
Très intéressée par le sujet (j’étais séparée de mon futur ex-époux depuis plusieurs mois), je cliquai sur le corps du sujet. En général, quelle que soit l’enquête ayant pour thème les êtres humains et leur mode de fonctionnement, elle débute toujours par des statistiques, comme si les hommes se géraient pareils à des sujets d’économie et que les chiffres avaient un pouvoir de persuasion plus fort que les mots. Ici aussi, l’exception ne confirmait pas la règle et je lus :
Toutes les treize secondes, un couple divorce… les divorcées ont plus de mal à débuter une nouvelle relation que leurs anciens conjoints… Par conséquent, une famille sur quatre est monoparentale et le divorce appauvrit la femme (merci, je l’avais personnellement remarqué !)
Donc, si, un couple sur trois se séparait (un sur deux dans les grandes villes) cela signifiait – logiquement – que la plupart des nouveaux célibataires se trouveraient, un jour, sur le marché du célibat à la recherche d’une nouvelle histoire d’amour. Ou de sexe, s’il fallait rester cruellement réaliste : les hommes affichant davantage de besoins sexuels que les femmes. Bref, entre les nombreux divorcés qui se remettaient sur le marché du cœur à prendre, et la « jeunesse » qui profitait de la vie de célibataire sans trop se poser de questions, « être seul » n’était plus une fatalité, mais simplement une période de no man’s (woman’s) land qu’il convenait d’occuper de la meilleure façon possible : sortir, s’éclater, s’amuser, communiquer sur des sites de rencontres, se faire des amis via Facebook 1 (que je pratiquais depuis un certain temps), s’inscrire à des activités ludiques ou sportives, etc. À bas l’inaction, il faut se bouger afin de ne pas sombrer dans la déprime et la solitude frustrante.
J’étais tout à fait d’accord avec cette première conclusion. Quinqua peut-être, housewive sûrement, mais certainement pas à côté de mes pompes ni dépassée par le numérique. Presque divorcée, mère en congé, négligée par la publicité visant la ménagère de moins de cinquante ans (sauf pour les soins anti-rides, les yaourts visant le transit intestinal et le café Grand-Mère ), je n’étais pas prête à enfiler la robe de bure d’un couvent et parler de moi au passé. Bien au contraire !
Sur une autre page, je lus que de plus en plus d’hommes et de femmes de tous âges cherchaient l’âme sœur (version romantique) ou, tout du moins, une personne sympathique et avenante (version plus triviale) pour passer un bon moment (version pragmatique) ou éventuellement sa vie (version délire), le plus longtemps possible (version optimiste) voire quelques mois (version réaliste) ou quelques semaines (version pessimiste) via les sites de rencontre.
Cela m’interpella. Oui, ces dernières années, les différents concepteurs de sites de « convivialité et de rencontre » avaient compris que le marché de la solitude et de la recherche de l’Amour sous toutes ses forces était un domaine juteux. Depuis, ils surfent allègrement sur la voie du succès mais aussi de la misère affective inhérente et corollaire au statut de solitaire. Profiter des besoins des femmes et des hommes quels qu’ils soient, leur créer des envies, des désirs auxquels ils n’ont pas songé tout seuls est le propre du « progrès »… et de la société de consommation. Mais la solitude peut être un choix de vie qu’il ne faut pas confondre avec « isolement » et « pas d’amis ». Célibat bien vécu oui, claustration et retraite involontaire, non. Pourquoi se forcer à chercher l’Amour si le besoin ne se fait pas sentir ?
À quoi reconnaît-on une femme seule ? Elle possède un chat.
À quoi reconnaît-on une femme qui s’est retranchée de la vie affective ? Elle possède plusieurs chats.
Néanmoins, je trouvai ces articles perturbants. Cela faisait déjà un trimestre que j’essayais de me convaincre que célibataire et heureuse, c’est possible ! (Autre enquête réalisée, mais par un magazine féminin cette fois), qu’il vaut mieux vivre seule que mal accompagnée (tout le monde le prétend, mais peu mettent l’adage en pratique) et qu’il ne faut pas compter sur un autre pour faire son bonheur, il faut le construire soi-même (version new age ). Je rajoutai aisément à la liste : Mieux vaut rater un baiser que baiser avec un raté (conseil de ma grand-mère veuve joyeuse). Et voilà que le fond de l’article tentait de convaincre les futurs lecteurs que l’étape du célibat n’est qu’une fatalité dont on peut se débarrasser comme la grippe H1N1, que l’inscription sur un site de rencontre est LE remède obligatoire, le must pour les cœurs solitaires, le vaccin en un mot et qu’il ne faut pas s’en priver (même s’il n’est pas remboursé par la Sécu).
Une injection de Meetic et le monde nous paraîtrait plus sympathique ?
Bon, je supposai que draguer (enfin, faire des rencontres) n’était pas une activité aussi pénible que d’avaler une cuillère d’huile de ricin ou subir une mammographie seulement, comme pour toute nouvelle action, il fallait trouver le courage de se lancer, se dé-ci-der !
J’approfondis davantage.
D’après l’article, qui se basait sur une enquête du New York Times , (tout le monde sait que les Américains ont une avance sur nous dans un grand nombre de domaines surtout les pires) les sites de rencontre (en général sans S à la fin du mot, ce qui ne signifie pas qu’on trouvera l’Amour du premier coup !), représentent une industrie approchant le milliard de dollars annuel . Un rapide calcul me ramena ce milliard à 700 000 millions d’euros (environ) et là je sifflai d’admiration. Bill Gates avait-il quelque chose à voir là dedans ? Percevait-il un pourcentage ?
Comment réaliser un si gros chiffre sans vendre des t-shirts, des tasses de café, des posters et des objets dérivés ? Rien que de la pub et des inscriptions ? J’étais pantoise.
Plus loin, je lus encore : Les sites attirent des cohortes de gens désireux de réduire les rencontres en ligne, afin de récupérer le plus d’informations possibles à propos de partenaires potentiels (et d’éliminer les indésirables) avant de passer à l’étape de la rencontre réelle explique le NYT. Pour environ 50 dollars (30 euros) par mois, ce qui ne représente même pas le prix d’un resto . (Il est certain qu’après la crise mondiale, on ne peut plus faire un bon repas style apéro, entrée, plat, dessert plus vin dans la moindre brasserie confortable pour trente euros.)
En petit, sous l’article je lus : De nos jours, on ne compte plus sur le hasard pour rencontrer l’âme soeur. La recherche de l’amour parfait est devenue une quête utilisant tous les moyens mis à notre disposition. Les célibataires ne misent plus sur une rencontre fortuite au détour d’une rue, au bar d’un café ou lors de soirées entre amis. Grâce à Internet et aux sites de rencontre, ces cœurs solitaires sélectionnent parmi un fichier la personne la plus susceptible de leur convenir. Mais ces recherches de cœur ont provoqué d’autres besoins et d’autres attentes concernant ces sites. Les sites de rencontre en ligne ont depuis nombre d’années détrôné les agences matrimoniales. La vogue actuelle va vers des sites moins généralistes et plus éclectiques, où les visiteurs peuvent sélectionner leurs rencontres sur des critères préalables d’affinités et de goûts partagés. Les valeurs écologiques peuvent bien évidemment y figurer ainsi que les affinités entre métiers, sexualité, spécialités,