Je lève mon épée de paroles
149 pages
Français

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Je lève mon épée de paroles , livre ebook

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Description

"Toute la paix du monde entoura ma naissance, le 9 mai 1958. Mais trop tôt j'ai compris le sens de la vie". Ainsi commence le récit de Claude, dont l'histoire rivalise en folie avec d'autres qui ont défrayé la chronique. Claude, un enfant dont la vie est brisée, réussit à rassembler, à revivre, des souvenirs étonnants qui pourront provoquer le doute, comme tout ce qui est hors de la vie commune. Comment cela a-t-il pu arriver ? Je lève mon épée de paroles pose des questions sur notre humanité. Le médecin et écrivain Jean Métellus, qui signe la préface, l'affirme : "Voici un livre qui se présente nu". C'est pourquoi ce récit doit être lu. Courageusement. Tel qu'il a été écrit.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2009
Nombre de lectures 306
EAN13 9782296229730
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Je lève mon épée de paroles

Souffrances et espoirs d’un autiste
Collection « Vivre et l’écrire »

dirigée par Pierre de Givenchy

(voir la liste des titres de la collection en fin d’ouvrage)
Claude Guillaume


Je lève mon épée de paroles

Souffrances et espoirs d’un autiste


L’H ARMATTAN
© L’H ARMATTAN, 2009
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-09140-5
EAN : 9782296091405

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Préface L’insoutenable

Voici un livre qui se présente nu, quoi que fruit d’une collaboration entre un fils « autiste » et sa mère.
L’extrême précocité de la mémoire des faits quotidiens et la résurgence de souvenirs in utero, que rien ne permet de valider ou d’infirmer, invitent à la réflexion. Caroline Éliacheff serait certainement intéressée par ce texte.
Ces pages nous montrent en particulier comment l’environnement et la famille peuvent blesser profondément « un petit d’homme », un « infans » selon une expression souvent employée par Pichon.

Tout a commencé par des problèmes au sein de la famille : le petit garçon asthmatique est confié aux grands-parents car son père et sa mère sont tous deux en voyage à l’étranger. Le grand-père maternel tyrannique, tout puissant, se livre à des attouchements sexuels sur son petit-fils, la grand-mère maternelle est un témoin muet de ces scènes. Le grand-père qui déteste sa fille raconte à l’enfant son homosexualité, il lui explique le sens de ce mot et lui fait croire que Jésus-Christ, aussi, était homosexuel puisqu’il n’avait pas d’enfant.
« Au moment où j’étais à la maternelle, une autre catastrophe se produisit dans ma vie. Mon grand-père me força à me laisser pénétrer par lui. » L’enfant souffrait, saignait et se mit à vomir. L’enfant a grandi dans ce milieu où les grands-parents se haïssaient, où le grand-père accusait sa fille d’être une mauvaise mère et son gendre, un mauvais père. Les grands-parents projetaient de tuer la mère de l’enfant en simulant un accident et l’enfant a tout entendu. Il ne parlait toujours pas et le Dr Z consulté répétait sans cesse « ta mère a noué ta gorge avec son indifférence » et « ton père veut te tuer » (p. 28). Les consultations médicales, les tentatives de rééducation furent sans effet.
Et l’enfant passait pour un fou même aux yeux de sa mère, il réalisait ainsi la prédiction de son grand-père, « tu seras fou comme ton grand-père ».
« Tout m’était un superstitieux supplice que je me forgeais, par exemple quand le soleil disparaissait, je m’affirmais à moi-même que j’allais mourir. Mes autosuggestions étaient toutes sinistres. » (p. 31)
« Mon présent était pire que mon passé. Tout bas j’ose dire un terrible secret. Mon grand-père était coprophage et il m’obligeait à l’être aussi… Parfois il m’étouffait presque avec des excréments, les miens ou les siens… Depuis l’âge de deux ans où mon grand-père a commencé à me l’infliger, j’ai toujours un peu mal au cœur, même aujourd’hui… Je veux reconnaître dans les sévices que mon grand-père m’infligeait la cruauté des dictateurs de ce monde, et parfois, oh ! il se moquait de mes nausées. » (p. 32-33)
Entre les viols répétés et la coprophagie régulièrement imposée, l’enfant a-t-il eu le temps de se construire ?
Il fit sa première communion. Un prêtre crut pouvoir chasser le démon qui empêchait l’enfant de parler, en le soumettant à un exorcisme, sans résultat probant ; la séance se termina par un pugilat entre deux prêtres, l’un d’eux accusant le démon de l’enfant d’être à l’origine de cette rixe.
Mais cet enfant qui ne parlait pas n’était pas dénué d’intelligence.
Ses résultats scolaires, à l’écrit, stupéfièrent parents et professeurs (p. 35-36).
À la suite d’une tentative de suicide, il subit des opérations : « Les anesthésies m’ont fait revivre mon passé douloureusement et ont ravivé mes chagrins d’autrefois » (p. 46) Il dit avoir vécu ces interventions comme dans un « tombeau anesthésique ».
Entre temps survint le divorce des parents. Son père, professeur d’université, se remaria avec une femme qui avait trois garçons.
Aucun des trois ne l’accepta vraiment. « Oh, je pleurais beaucoup en pensant à ma mère. Toujours j’allais pleurer dans les W.-C. Personne ne me consolait, ils riaient tous, même mon père. » (p. 55).
Le jeune homme changé souvent d’hébergement a été coupé de sa mère à qui on a interdit un certain temps le droit de visite.
Au cours d’un nouveau changement, il subit une agression sexuelle de la part d’un éducateur, il se défendit de son mieux et un autre éducateur l’assista et le délivra (p. 56).
La mise en doute des qualités maternelles et intellectuelles de sa mère par sa propre famille et l’accusation à peine masquée de « pauvre hère d’autiste » laissaient-elles place à un possible progrès ?
Les agissements du grand-père, l’atmosphère délétère de la famille, l’incompréhension des médecins, tout concourut à ce que la parole de l’enfant se réfugie dans un exil lointain.
« La perte de mon grand-père me libéra beaucoup de bien des choses… À ce moment-là je me mis à composer des poèmes dans ma tête… Toutes mes pensées y étaient employées. Une fontaine jaillissait de moi perpétuellement… Tout fut dicté à ma mère… Tout allait mieux à mes yeux. » (p. 85) Il faut voir dans cette nouvelle préoccupation un début d’amélioration. Mais devenu un peu plus vieux, vers l’âge de dix-sept à dix-huit ans, le sort et les formes des poèmes changèrent et « je sus mieux les contrôler ».
Mais l’adolescent n’était pas pour autant guéri ; il se rappelle encore les exigences du grand-père qui lui demandait de se lever et d’excréter dans sa bouche. « Je m’en sens toujours coupable… Cependant je ne faisais que lui obéir… J’avais six ans tout juste. » Ces conduites excrémentielles l’ont longtemps obsédé.
Et, âgé aujourd’hui de cinquante ans, il n’est toujours pas délivré, quels que soient les pouvoirs de la remémoration et de la verbalisation. « Mon corps à corps avec le passé n’est pas fini.
Le passé revient parfois et je dois le combattre à nouveau comme l’hydre de Lerne dont les têtes coupées renaissent.
Quand je lève mon épée de paroles, elles s’enfuient, mais elles ne s’enfuiront plus désormais. » (p. 102)

L’auteur de ce récit qui nous découvre des violences familiales, psychiques et corporelles aux limites du croyable sait trouver des expressions étonnantes, imagées, pour parler de ce qu’il ressent. Je lui souhaite de poursuivre cet autoportrait.
En outre, un tel témoignage, souvent insoutenable, peut aider des hommes et des femmes de bonne volonté, dans leur travail d’écoute, de décryptage de conduites hors norme et de rééducation.

Docteur Jean Métellus


Jean Métellus, né en 1937 à Jacmel en Haïti, a mené en France (où il s’est marié et a eu trois enfants) une double carrière de médecin et d’écrivain.
Médecin, il est devenu un spécialiste reconnu de neurolinguistique et a produit plusieurs ouvrages dans ce domaine.
Poète (avec, depuis le célèbre Au pipirite chantant , de nombreux recueils), romancier (plusieurs de ses romans ont été publiés chez Gallimard), dramaturge (sa pièce Anacaona a été mise en scène par Antoine Vitez), il est en effet devenu l’un des plus importants écrivains haïtiens et a reçu plusieurs prix littéraires, dont le prix Léopold Sédar Senghor en 2006.

C’est avec son regard et sa voix de médecin et d’écrivain qu’il a lu et qu’il présente ici lR

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