L'art dans la société wè de Côte d'Ivoire

Adack Gilbert Kouassi

Description

Le masque est l'arme du peuple, il est partout présent dans les villages, son autorité est inégalée. Cependant le modernisme s'impose dans les villages en entraînant son corollaire de changement social. Quel type de société ivoirienne veut-on former si les bases d'une culture identitaire et spécifique sont négligées, reléguées en arrière-plan du développement ? Faut-il rappeler que le développement d'un pays se mesure par la capacité de création ?

Sujets

• Études africaines
• The arts
• Esthétique
• Arts
• Civilisation
• Ethnologie
• Anthropologie

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 octobre 2010
• Nombre de lectures: 520
• EAN13: 9782296709386
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 4 Mo

Extrait

L’ART DANS LA SOCIETEWEDE COTE D’IVOIRE

© L’Harmattan, 2010 57, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com [e-mail] [e-mail] ISBN : 9782296130975 EAN : 9782296130975

Adack Gilbert Kouassi

L’ART DANS LA SOCIETEWEDE COTE D’IVOIRE

L’Harmattan

A mon Epouse, Adack, née Kouadio Niamké Claudine A Adack Atta Christian Arthur, Adack Gnamiké Lynda Esther

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1 En pays wè , la pratique du masque (gla) reste une activité permanente nécessaire et spécifique. Cette activité est associée aux besoins de l’homme vivant en société. Le gla permet non seulement de noter et de communiquer les acquis du peuple, mais, aussi de découvrir de nouvelles possibilités favorables pour la compréhension et la maîtrise de l'univers. Il n’est pas exclusivement un moyen de communication mais une institution de synthèse de valeurs culturelles. Le masque à un second degré prend en compte l’idéologie sociale du wè dont le fonctionnement s’apparente au symbolisme. Cela est vrai parce que les éléments constitutifs sont doués de sens qui conduisent à des referens supposés. La vision du wê de l'univers est centrée sur le masque qu’il représente; voilà pourquoi la quête du gla saisie comme bien être de l’homme, constitue pour ce peuple une démarche intégrale. L’apparition du gla intègre le caractère ludique où, chants et prestations scéniques s’entremêlent. Cette séquence englobe un véritable spectacle rythmique ou des rituels permettent à l’homme de prendre conscience de sa place dans l’univers. Cette fonction essentielle consiste à rassurer le peuple des prérogatives de la vie. Le gla reste le gardien de la conscience wè.

1 Wè ou wehion signifie « lacilement », les hommes qui pardonnent fa tradition orale utilise le mot wè pour designer tout l’ensemble des ethnies actuellement appelées guéré et wobé. Le nom wehon signifierait plutôt « ceux qui ont souffert ». En effet, les wehon seraient les descendants d’esclaves de guerre qui auraient acquis la liberté au prix d’une endurance et d’un courage extraordinaire, dans ce cas wehon tire son sens de l a souffrance. Version du père Bertin DOUE né à Diahouin, ordonné en 1967. Il est le deuxième prêtre autochtone du diocèse de Man. Avant son ministère pa storal, il fut porteur d’un gros masque du peuple guéré. Il n’exerce plus ce rôle traditionnel, mais continue d’approfondir ses connaissances dans le domaine de la culture guéré. Entretien réalisé par le père BIHO Honoré, In, Contrib ution à la théologie pastorale de la maladieguerison en milieu wè de Côt e d’Ivoire, Thèse de Doctoral en théologie, Roma, 1993, p.28.

Le gla est une institution ancestrale culturelle pérennisée par peuple wè. A ce titre, il influence la hiérarchie et l’organisation sociale. Il devient un intermédiaire de médiation et de réceptacle. Michel Foucault a pu montrer que nous ne connaissons ce que la structure mentale de notre temps nous permet de 1 concevoir . C’est pour cela que, loin de toute appréciation subjective, nous associons le regard avisé du peuple wè. Ce peuple savant demeure le présumé transmetteur de ces créations significatives qui constituent le fondement de sa culture. Mais, l'art du masque n'est pas un phénomène spécifique au peuple wè. On le retrouve aussi, ailleurs en Afrique et dans d'autres aires culturelles de Côte d’Ivoire (Dan, Gouro, Baoulé, Sénoufo). Chaque peuple dispose de ses créations. L'homme wè se distinguera en réalité par le style dans la création du gla. Le gla wè s’identifie par la composition d’éléments naturels supposés graphiques ou plastiques qui permettent le renouvellement des formes et entraînant une certaine dynamique sociale. Le gla est une création plastique réaliste du peuple wè. L'observateur découvrira que le gla fonctionne à l'intérieur de la société wè, comme un système structuré fictif c'estàdire non visible qui se dévoile par ramification et ayant un lien causal indispensable avec la hiérarchie. Il s’agit d’un mode rationnel de commandement intégré dissimulé entre les porteurs de gla et l'organisation de la structure sociale établie. Le rôle du gla dans le contexte de son apparition dérobe sa fonction. De nos jours, comment fonctionne le gla en pays wè ? Pourquoi diton que les éléments ou les agents plastiques participentils à la dynamique du gla ?

1  Michel Foucault, Les mots et les choses, Paris, Gallimard, 1967 et Georges DIDIHUBERMAN, Devant l’image, Questions posées aux fins d’une Histoire de l’Art, Paris Edition de Minuit, 1990, P. 25

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Le gla représente le résultat d'une création et la matérialisation visuelle d'une idée, sa forme s'oppose à sa fonction (ludique, économique, sociale). La vérité que propose une œuvre, selon les mots de Serge 1 Doubrovsky réside uniquement dans son "sens fonctionnel". Ce travail s'intéressera davantage à ce que signifie le gla pour la société wè (formes et symboles plastiques). Il précisera et produira le sens des objets/éléments plastiques qui ont servi à la création du masque. Il actualisera les causes fondamentales de l'origine du gla, son rapport avec le peuple et proposera une lecture du gla en liaison avec son caractère culturel. Nous relèverons la relation qui existe entre l’homme wè d’aujourd’hui et ses gla. Ensuite nous dégagerons les problèmes qui subsistent. Saisi comme recherche de l’harmonie sociale du wè avant l’ère de la colonisation, le gla constitue un recours insondable, intervenant presque dans toutes les activités du peuple. Pour l’homme wè, la vie est essentiellement une survie, c’est à dire une lutte pour se maintenir dans l’existence, c’est pourquoi, il mettra alors tout en œuvre pour préserver cette vie de tout mal et tout danger. De ce point de vue, le gla contribue à la plénitude. Figuration s'inspirant des mythes, le gla est une création relevant des signes et symboles pour comprendre l'immensité de l’univers. Cette reconnaissance au gla perd aujourd'hui, un peu de son caractère objectif visa vie de la jeune génération, du fait de la succession spatiale et temporelle. Le gla renonce à s’enchaîner à la façon d’un rapport de cause à effet. Notons que notre méthode d’approche est triple ; c’est à dire qu’elle est à la fois, sémantique, symbolique et esthétique. 1 Serge Doubrovski, Critique et existence, In Les chemins actuels de la critique, Op, cit, P. 215

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       1 Les écrivains autochtones guéré, comme Angèle Gnonsoaet 2 Tierou Alphonse relatent dans leurs ouvrages les différents rôles sociaux du gla en pays wè. 3 Alfred Schwartz , faisant allusion aux masques, parlait du rôle de ce dernier dans la vie quotidienne dans la société guéré de Côte d’Ivoire. Nous nous proposons d’étudier le gla en le considérant comme la synthèse de la création plastique ayant une fonction qui réglemente la société wè de Côte d'Ivoire. Mais la raison objective justifiant cette approche du gla réside au niveau du choc culturel. Une curiosité reste à élucider. Nous découvrons pour la première fois une création plastique géante, mobile, composée de divers éléments agencés dans une certaine harmonie, qui a une incidence ou influence évidente dans la vie sociale du peuple wè. Cette vision sociologique du gla à travers les éléments qui le composent, se positionne comme une approche d’immixtion dans l'univers du gla. La compréhension de l’œuvre permet d'élucider la réalité culturelle du peuple wè. Cette étude ouvre la porte à une connaissance nouvelle, celle de la lecture convenable des sculptures africaines. Elle montre les facettes symboliques dans les sociétés créatrices. Ces différentes réalités se combinent et demeurent visibles sur le gla wè, par la manipulation et l’intégration consciente des objets/éléments de la nature, siège de l’incarnation du symbole. Il s’agit de la transformation de la matière brute en produit fini et sa signification. 1 Angèle GNONSOA, le gouvernement dans une société de masque, L’exemple des wè, in Colloque international pluridisciplinaire sur : Etat et société civile en Afrique du 18/07/1998 2 Alphonse TIEROU, Masque d’Afrique noire, Mimes, 1986 3 Alfred SCHWARTZ, la vie quotidienne dans un village guéré, Abidjan, INADES, 1975

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