L autisme et les langues
228 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

L'autisme et les langues , livre ebook

-

228 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

De multiples lieux psy (-chiatriques, -chanalytiques), on entend répéter : l'autiste est "au seuil du langage"... La certitude inquestionnée et autoconfortée de ces positions fonde un savoir et un pouvoir inédits dans l'économie biopolitique. L'auteure ne s'y oppose pas en affirmant le contraire. Mais se tenant en deçà, en faisant le pari que les enfants dits autistes sont, au même titre que tout vivant, pris dans le langage, en laissant vive la morsure de l'interrogation que seul un néologisme peut indiquer : le parlêtre.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2011
Nombre de lectures 105
EAN13 9782296476028
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0950€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’autisme et les langues
Études Psychanalytiques
Collection dirigée par Alain Brun et Joël Bernat

La collection Etudes Psychanalytiques veut proposer un pas de côté et non de plus, en invitant tout ceux que la praxis (théorie et pratique) pousse à écrire, ce, « hors chapelle », « hors école », dans la psychanalyse.

Déjà parus

Paul MARCIANO, L’accession de l’enfant à la connaissance . Compréhension et prise en charge des difficultés scolaires, 2010.
Valérie BLANCO, Dits de divan , 2010.
Dominique KLOPFERT, Inceste maternel, incestuel meurtrier. À corps et sans cris , 2010.
Roseline BONNELLIER, Sous le soleil de Hölderlin : Œdipe e n question , 2010.
Claudine VACHERET, Le groupe, l’affect et le temps , 2010.
Marie-Laure PERETTI, Le transsexualisme, une manière d’être a u monde , 2009.
Jean-Tristan RICHARD, Nouveaux regards sur le handicap , 2009. Philippe CORVAL, Violence, psychopathie et socioculture , 2009.
Stéphane LELONG, L’inceste en question. Secret et signalement , 2009.
Paul DUCROS , Ontologie de la psychanalyse , 2008.
Pierre FOSSION, Mari-Carmen REJAS, Siegi HIRSCH, La Trans - Parentalité. La psychothérapie à l’épreuve des nouvelles familles ,2008.
Bruno de FLORENCE, Musique, sémiotique et pulsion , 2008.
Georges ABRAHAM et Maud STRUCHEN, En quête de soi. U n voyage extraordinaire pour se connaître et se reconnaître , 2008.
Jacques PONNIER, Nietzsche et la question du moi. Pour un e nouvelle approche psychanalytique des instances idéales , 2008.
Guy ROGER, Itinéraires psychanalytiques , 2008.
Jean-Paul MATOT, La construction du sentiment d’exister , 2008.
Marie-Claude THOMAS
L’autisme et les langues
L’Harmattan
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-55878-6
EAN : 9782296558786
D’entrée de jeu, on peut donc [avec le transfert] avancer que l’abord psychanalytique de l’autisme défait en quelque sorte la pureté nosographique du syndrome de Kanner, dans son acception médicale, en désorganisant l’agencement de l’ensemble des symptômes.

Michèle Faisvre-Jussiaux

« Autisme Infantile »

L’Apport Freudien , Bordas, 1992
AVANT-PROPOS
PSYCHOPATHIA AUTISTA
Les psychanalystes doivent-ils y contribuer ?
Cet ensemble de textes dont certains sont inédits, dont les autres ont déjà paru dans des revues de langue française ou de langue espagnole sud américaine, s’organise autour d’un problème, le problème de l’ autisme et des langues : de cette entité psychopathologique, dominante actuellement, et des conceptions du langage, il s’agira de faire le diagnostic, c’est-à¬dire de montrer ce qui est visible mais tellement évident qu’on ne le perçoit plus. Pour cela, il a fallu prendre l’autisme à revers de différentes façons qui se croisent, d’où parfois des répétitions ; il a fallu faire quelques rappels de l’histoire des idées linguistiques 1 .
*
La fin du XIXème siècle a vu se multiplier, en langue allemande, les Psychopathia Sexualis : celle de Kaan en 1844 ; celle de Krafft-Ebing en 1886, dont la quinzaine de rééditions fut augmentée de moitié dans l’édition finale de 1923 par Albert Moll, et traduite en français avec une préface de Pierre Janet en 1931 ; en langue anglaise, celle d’Havelock Ellis. Dans les mêmes années, paraissait en Angleterre un « immense ouvrage […], l’un des plus inconnus des livres » (Foucault), My Secret Life , dans lequel un Anglais racontait au jour le jour ses plaisirs sexuels. Avec cette prolifération d’observations consignées par des psychiatres, avec ces confessions intimes, se construisait ce que Michel Foucault repérait comme étant une « théorie de la sexualité » 2 , théorie dont le cadre princeps fut médico-légal, « à l’usage des médecins et des juristes », sous-titrait Krafft-Ebing.
Lacan, dans son séminaire L’Éthique de la psychanalyse , le 30 mars 1960, avait jugé ces Psychopathia Sexualis : « La prétendue objectivité scientifique qui s’étale dans ces livres qui ne constituent qu’un ramassis à peine critiqué de documents, vous donne bien un de ces exemples vivants de la conjonction d’une certaine foolery [sottise] avec une knavery [friponnerie], une canaillerie fondamentale, dont je faisais la dernière fois la caractéristique d’un certain mode de pensée dit pour l’occasion de gauche, sans préjuger de ce qu’il peut avoir, dans d’autres domaines, de bavures et d’enclaves […] »
Le milieu du XXème siècle voit se collecter des observations d’enfants bizarres par Leo Kanner. Ce sera le début, dans le domaine de la pathologie de l’enfance, d’un phénomène, l’autisme, qui ira en s’amplifiant. S’il n’y a pas d’ouvrages s’intitulant au sens strict Psychopathia Autista 3 , je considère pourtant que la multitude d’études, d’observations, de recherches et de témoignages concernant ce qui est désigné par autisme , construit bien une « psychopathie autistique » – « Autistic Psychopathy » dans la langue qui la domine –, dans un cadre de catégories qui restent morales, médicales ou juridiques, et se nomment aujourd’hui : behaviorisme, neurosciences, handicap. Ces ouvrages ont recours soit à des théories organiques pour faire l’hypothèse de lésions, de déficits neurologiques ou génétiques ; soit à des théories du langage pour suspecter un défaut de la communication ; soit, enfin, à des théories psychologico-psychanalytiques pour évoquer un échec de l’intersubjectivité. Les trois domaines étant parfois regroupés dans ce qui est maintenant nommé : « neuropsychanalyse ».
Est-ce que la psychanalyse, les psychanalystes, doit, doivent contribuer à cette Psychopathia Autista ?
Question que je pose en terminant la citation de Lacan : « […] Bref, si cette lecture [des Psychopathia Sexualis ] peut être recommandable, c’est au seul titre de vous montrer non pas seulement la différence de fruits et de résultats, mais de ton, qui existe entre un certain mode d’investigations futiles et ce que à proprement parler la pensée d’un Freud, et l’expérience qu’il dirige, réintroduit dans ce domaine, de ce qui s’appelle tout simplement la responsabilité. » (version J.L., site de l’ elp ).
Il y a actuellement des « investigations futiles » et des publications irresponsables à propos de l’autisme dont il faudra rendre compte.
*
En effet, aujourd’hui, le nom d’autisme s’impose, dominant, massif et envahissant, signifiant maître de la psychopathologie de l’enfance. Partie des USA où l’on évalue exponentiellement la progression du nombre de « malades », l’ autismépidémie gagne le monde entier. Après avoir cherché du côté des gènes et du cervelet, les autismépidémiologues désignent aussi le temps passé devant les écrans, le mercure, le vaccin de la rougeole, l’hypoperfusion cérébrale… Les livres sur l’autisme se vendent partout, les biographies des « labellisés autistes » (selon l’expression de Temple Grandin) se multiplient, les médias s’en emparent, les associations de parents lobbyisent , les fondations sponsorisent, les laboratoires pharmacologisent, les psys s’emmêlent, les politiques prennent l’affaire en marche et s’affolent.
« Absence de communication » ! martelait Leo Kanner encore en 1973 : « Ces enfants n’ont jamais communiqué. Ils ont commencé leur existence sans les signes universels deréponse infantile ». À cette absence de communication – mais est-ce vraiment cela ? – une réponse fait retour, immédiate : « Communiquons, communiquons ! ». Qu’est-ce que la communication ? Sinon la mise en place d’un langage considéré comme un système d’information, un instrument qui sert àcommuniquer, qui s’apprend. À quoi l’autiste résiste. « En effet, le langage ça s’apprend. Mais qu’est-ce qu’il fait, le langage, en dehors du champ d’apprentissage? 4 ». L’autisme résiste, laissant béant ce qui ne fait pas apprentissage. Par cet acte de résistance à un langage-communication, ne « dit »-il pas de façon impertinente – au lieu même de sa naissance historique : le behaviorisme et la linguistique scientifique – que les technologies d’information, de contrôle et de domination

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents