L ECOLE DE MON VILLAGE : 1936-1958
226 pages
Français

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L'ECOLE DE MON VILLAGE : 1936-1958 , livre ebook

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Description

A travers ses souvenirs d'école dans un village du Burkina Faso, nous découvrons la vie quotidienne d'un jeune Africain de l'époque. Une anthropologie de la vie quotidienne très accessible, imagée et concrète qui nous plonge dans un univers à découvrir et à comprendre.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2003
Nombre de lectures 244
EAN13 9782296764262
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L'ÉCOLE DE MON VILLAGE :
1936-1958.
 
 
 
 
 
UN ÉLÈVE RACONTE.
OUVRAGES PUBLIES
 
MA PREMIÈRE CAMPAGNE ÉLECTORALE
(1979, Imprimerie de la Savane, Bobo-Dioulasso, 79 pp, 2000 exemplaires).
 
LE MÉTIER DE VULGARISATEUR AGRICOLE
(1980, Imprimerie de la Savane, Bobo-Dioulasso, 76 pp, 1500 exemplaires).
 
LA QUESTION DES ONG AU BURKINA FASO: Le Difficile Dialogue entre les Peuples (1988, -publié en Italien-Edition L'Arciere Cuneo, avec le concours du Ministère italien de la Coopération et des Affaires Etrangères).
 
RÉPERTOIRE DES ORGANISATIONS NON GOUVERNEMENTALES EN AFRIQUE. (1992, Lomé, PNUD, 740 pp ; Co-auteur)
 
LE PRESIDENT THOMAS SANKARA
Chef de la Révolution Burkinabé : 1983-1987
Portrait
(L'Harmattan, mars 2001, 171 pp.)
Alfred Yambangba SAWADOGO
 
   
L'ÉCOLE DE MON VILLAGE :
1936-1958.
 
 
UN ÉLÈVE RACONTE
 
 
  L'Harmattan
5-7, rue de l'École-Polytechnique
75005 Paris
France
 
L'Harmattan Hongrie
Hargita u. 3
1026 Budapest
HONGRIE
 
L'Harmattan Italia
Via Bava, 37
10214 Torino
ITALIE
 
© L’Harmattan, 2002
ISBN:2-7475-3673-4
 
Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Les « moutons de Kimsé » arrivent... Ce sobriquet nous blessait profondément. Mais elle, Kimsé, la seule, savait nous réconforter. J'évoque ici sa mémoire pour saluer la femme, la mère, si généreuse, et qui a vaincu l'adversité.
A mes 74 camarades d'école, tous de la promotion d'octobre 1951 : certains, les plus nombreux, sont restés au village ; d'autres ont pu frayer leur chemin dans les villes. D'autres encore sont morts... Ils sont tous présents dans mes pensées.
A nos trois maîtres, aujourd'hui morts. Ils nous ont appris à lire et à écrire, en maniant le fouet et le bâton selon la pédagogie féroce de cette époque-là. Nous comprenons aujourd'hui leur rage à vouloir nous ouvrir les horizons de la connaissance. Je leur exprime toute ma gratitude.
A Germaine, ma femme, dont les émotions à la lecture du manuscrit sont un signe que le sujet mérite d'être porté à l'attention des lecteurs.
A Marie Thérèse Houtain, qui sait aérer mes textes par la correction des syntaxes, qui sait abréger mes si longues phrases, sans jamais altérer le sens premier des mots et des idées.
 
Ouagadougou (Burkina Faso), le 5 novembre 2001
 
Alfred Yambangba SAWADOGO
1- L'Avènement de l'école.
 
Octobre 1951. En ce temps-là, l'école du village à trois classes était bâtie en banco, au bas d'un coteau, à l'emplacement actuel de l'église. L'année de sa construction remonte à 1934 ; de véritables travaux gigantesques, à cette époque, au niveau d'un village. Il avait fallu recourir à la participation populaire obligatoire. Quoi de plus naturel que les populations construisent elles mêmes une école pour leurs enfants. Seulement, nos parents ne nous présentaient pas ainsi cette réalisation. D'autant plus qu'ils avaient été battus sans ménagement pour ériger ce temple d'un nouveau savoir destiné à leur progéniture ; les souvenirs qui leur en restaient gardaient le goût amer des travaux forcés. Et nul n'admire lui-même le monument que sa main a contribué à bâtir sous les coups de cravache : ni la beauté de l'œuvre, ni la pertinence de sa finalité ne peuvent l'émouvoir. Ces sentiments-là, ce sont les autres qui peuvent l'éprouver. Ceux qui arrivent avec leurs yeux grand ouverts pour admirer l'ouvre, sa beauté et son gigantisme, pensent-ils toujours aux bâtisseurs qui y ont perdu la vie ? En évoquant ses propres souvenirs sur l'histoire de la construction de l'école du village, souvenirs qu'il interrompait par de brefs silences comme pour marquer la gravité de ces moments passés, mon père finissait toujours par conclure : « Ceux qui vivront assez longtemps verront de grandes choses » ! Et quand trois décennies plus tard il vit revenir son enfant du collège, fruit de l'école du village, sa « caisse » de voyage pleine de vêtements et de boîtes de sardine, il s'exclama à haute voix : « Souviens-toi ! Je te l'avais dit: ceux qui vivront assez longtemps verront de grandes choses ! Nous, nous avions bâti votre école, la cravache au dos. Nous ne savions rien de son utilité. Et voilà que le même « blanc » est en train de faire de mon enfant son « semblable » ! Que les temps à venir seront étonnants » ! Et il invita son fils à lui raconter tout ce qu'il avait vu là-bas dans la capitale.
A l'époque, en 1958, à la rentrée d'octobre, à l'internat au collège, chaque élève recevait dès le premier jour de son arrivée ses draps de lit, ses tenues (kaki) de classe, une tenue du dimanche dite de sortie, des savons de toilette, des chaussures de semaine et des souliers pour compléter la tenue des jours de fête. Des blanchisseurs veillaient régulièrement à la propreté de tout l'ensemble. Avant de quitter le collège moderne de Ouagadougou (l'actuel Lycée Philippe Zinda Kaboré, Burkina Faso) pour les grandes vacances, l'économe dotait chaque élève d'une certaine quantité de provisions alimentaires selon la longueur et la durée du voyage. A cette époque les moyens de transport n'étaient pas aussi bien développés qu'aujourd'hui. Il n'était pas rare qu'après avoir quitté le collège depuis une semaine, vous ne soyez pas encore rentré chez vous au village en raison de la précarité des moyens de transport et aussi de l'absence de routes. Si une grosse pluie survenait au cours du voyage, une barrière de pluie obligeait les lourds véhicules à s'arrêter souvent pendant quatre ou huit heures selon les cas, le temps que la route en terre détrempée fût jugée praticable à nouveau par le gardien de la barrière, un auxiliaire des Travaux Publics. Il y avait une compagnie interafricaine de bus qui s'appelait la «Transafricaine » ou «Transa ».. Cette compagnie assurait la plupart des liaisons entre Ouagadougou et les chefs-lieux des Cercles. La compagnie se faisait payer au ministère des Finances sur présentation d'une réquisition que chaque élève remettait au contrôleur du bus. Il revenait à chaque commandant de cercle de veiller au transport des élèves de ces chefs-lieux jusque dans les villages. (Le Commandant de Cercle était l'équivalent de Préfet aujourd'hui ; des administrateurs français, remplacés progressivement par des nationaux à l'indépendance du pays en 1960). Cependant, cela n'avait pas un caractère obligatoire. Aussi, certains élèves pouvaient-ils avoir des délais de route de dix jours. Selon les propres estimations des élèves sur leurs délais de route, l'Econome (qu'on appelle maintenant Intendant), dotait chacun de boîtes de sardines, de pilchards, de biscuits, de corned-beef. Un de nos camarades se présenta à l'économat et déclara : «je passe mes vacances à Bouroum-bouroum ! » Et où c'est, Bouroum-bouroum, lui demanda M. Humbert (C'était le nom de l'intendant, qui assumait son devoir jusqu'au bout en venant souvent au réfectoire pour goûter lui-même aux mets préparés par des cuisiniers triés sur le volet. Il s'assurait ainsi de la qualité des repas qui y étaient servis). Notre camarade lui donna force explications où il était question pour lui d'emprunter un chameau pour regagner son village à partir de Gorom-gorom.. Impressionné sans doute par des noms à consonance aussi rude (se rendre à Bouroum-bouroum en passant par Gorom-gorom), le bienveillant économe consulta sa carte qui était muette sur ce nom de Bouroum-bouroum du côté de Gorom-gorom, preuve que cet élève avait vraiment à faire pour regagner son village ! Les petites localités ne figuraient pas sur les cartes de l'époque. Il lui fut servi un carton plein de vivres pour deux semaines de voyage. Evidemment, Bouroum-bouroum ne se situait pas du tout au Nord du pays, vers Gorom-gorom, comme notre camarade le prétendait, mais au sud-ouest, et il était hors de question d'y aller &

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