L épidémie de sida occultée en Afrique centrale pendant la décennie 1980
105 pages
Français

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L'épidémie de sida occultée en Afrique centrale pendant la décennie 1980 , livre ebook

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Description

Dès sa reconnaissance aux Etats-Unis en 1981, l'épidémie de sida est interprétée et désignée comme une maladie « gay ». Or, cette épidémie était déjà en plein essor dans les villes d'Afrique centrale. La reconnaissance de cette épidémie hétérosexuelle va prendre plusieurs années. Ce livre nous raconte cette bataille scientifique peu connue. Les auteurs travaillaient au sein d'un « Projet Sida » dans le principal hôpital de Kigali au Rwanda, une ville où 18% des adultes étaient infectés par le VIH dès 1985. Ils font face à de multiples difficultés et à un grand scepticisme de la communauté scientifique. Près d'une dizaine d'années sont perdues dans la lutte contre le sida. Un passé lointain et inimaginable aujourd'hui ? Ou un scénario toujours d'actualité ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 04 mars 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9782336895222
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0950€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Sciences et Société
Sciences et Société
fondée par Alain Fuchs et Dominique Desjeux et dirigée par Bruno Péquignot
Dernières parutions
Aurélie CHONÉ, Isabel IRIBARREN, Marie PELÉ, Catherine REPUSSARD, Cédric SUEUR, Les études animales sont-elles bonnes à penser ? Repenser les sciences, reconfigurer les disciplines , 2020.
Aurélie CHONÉ, Isabel IRIBARREN, Marie PELÉ, Catherine REPUSSARD, Cédric SUEUR, Repenser la relation homme-animal
Généalogie et perspectives , 2020.
Patrick TRAUBE, Le monde à l’envers, Un autre regard sur le monde et sur nous-mêmes , 2020.
Nicolas TANTI-HARDOUIN, La reproduction sociale de la santé. Inégalités de santé : responsabilité individuelle ou destinée sociale ?, 2019.
Jean-Luc MATHIEU, Prévention : quels enjeux de Santé publique ! Analyse de politiques publiques , 2018.
Jacques JAFFELIN, Théorie de l’information générale ou la « quatrième vexation » , 2018.
Claudine PÉREZ-DIAZ, Sciences et action publique : un mariage fécond. L’exemple de l’alcool au volant , 2017.
Philippe SALIGNAC, Les espaces du travail, Prévention et santé au travail, 2017
Gérard ALLAN, Points de vue thermodynamiques sur notre quotidien, Société et thermodynamique , 2016.
Xavier MOREAU, Vieillissement et vulnérabilité, Comment rendre moins difficile le retour de la vulnérabilité , 2016.
Jacques JAFFELIN, Où va la civilisation ? Ethique pour un monde humain réconcilié avec ce dont il est issu , 2015.
Anne CHATEAU et Odile PIQUEREZ, Le syndrome d’Angelman. Parcours de vie des adultes , 2015.
Anne CHATEAU, Le syndrome d’Angelman. Regard sur une maladie neurogénétique rare , 2013.
Laurence BRIOIS VILMONT, L’imagerie médicale. La fabrique d’un nouveau malade imaginaire , 2013.
Titre
Michel Caraël, Philippe Van de Perre, Etienne Karita
Avec la collaboration de Philippe Lepage






L’épidémie de sida occultée en Afrique centrale pendant la décennie 1980

L’évidence scientifique à l’épreuve de la politique





Préface de Françoise Barré-Sinoussi
Prix Nobel de Médecine 2008
Copyright
Autres publications de Michel Caraël
Peter Piot, Michel Caraël,
L’épidémie de sida et la mondialisation des risques , traduit en espagnol et néerlandais, Éditions Labor, collection Trace (Hugues Lepaige), Loverval, 2005.
Peter Piot, en collaboration avec Michel Caraël, Le sida dans le monde. Entre science et politique , traduit en anglais, Éditions Odile Jacob, Paris, 2011.
Michel Caraël, Judith R Glynn (Eds), HIV, resurgent infections and population change in Africa , International studies in population, Springer, Dordrecht, 2007.














© L’Harmattan, 2020
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.editions-harmattan.fr
EAN Epub : 978-2-336-89522-2
Préface
Fin 1982, je travaillais dans le laboratoire de Jean-Claude Chermann, rattaché à l’unité d’oncologie virale de Luc Montagnier à l’Institut Pasteur de Paris sur les relations entre une famille de virus, les rétrovirus, et le cancer chez l’animal. Deux membres d’un groupe de médecins hospitaliers, Willy Rozenbaum et Françoise Brun-Vézinet, nous ont contactés pour vérifier l’hypothèse qu’un rétrovirus humain pourrait être la cause du nouveau syndrome d’immunodéficience acquise (sida) identifié chez des homosexuels aux États-Unis puis chez quelques patients en France. C’est cette étroite collaboration entre cliniciens et virologues, basée sur des observations épidémiologiques et cliniques, qui fut à l’origine de la découverte de l’agent responsable du sida, appelé plus tard le VIH. Cette découverte, rapportée dès mai 1983 dans la revue Science fut suivie de la caractérisation de la biologie de ce virus, de son mode de réplication et de son matériel génétique. Le début d’une longue aventure scientifique, vécue par des chercheurs et des cliniciens venant de divers horizons, mobilisés pour répondre ensemble au plus vite à l’émergence de cette maladie nouvelle affectant les pays industrialisés. La toute première réponse fut la mise au point de tests de dépistage, suivie, quelques années plus tard, par le développement de traitements antirétroviraux.
Mais, à l’aube de ces années quatre-vingt, nous étions loin d’imaginer ce qui se passait sur le continent africain. En octobre 1985, l’OMS organisa un atelier d’experts à l’Institut Pasteur de Bangui, en République centrafricaine afin d’élaborer une définition clinique du sida utile aux cliniciens africains pour diagnostiquer cette maladie dans leurs pays. J’ai eu la chance de participer à cet atelier avec Françoise Brun-Vézinet, Max Essex, Jonathan Mann, Peter Piot et bien d’autres personnalités, dont plusieurs issues de neuf pays africains. C’est lors de cette mission, par l’intermédiaire d’échanges avec nos collègues africains, mais aussi de visites dans les principaux hôpitaux de Bangui que, comme d’autres, j’ai mesuré toute l’ampleur d’un désastre annoncé en Afrique centrale dans un contexte de grande pauvreté avec des structures sanitaires largement défaillantes. Nous allions avoir à faire face à l’une des épidémies mondiales les plus meurtrières de l’histoire avec le douloureux pressentiment qu’il nous faudrait plusieurs décennies pour la contrôler ! Cette mission fut donc une autre découverte, un choc brutal, tant culturel qu’émotionnel vis-à-vis du contexte socio-économique et de la situation sanitaire des populations de ces pays pauvres.
Les auteurs ont vécu le même choc. Dans un récit sans concession, ils reviennent sur la découverte du sida en Afrique centrale dans les années quatre-vingt. Une histoire aujourd’hui oubliée qui se déroulait à un moment où l’attention de l’Occident était centrée sur les conséquences tragiques de l’épidémie qui le frappait à travers les homosexuels, les usagers de drogues, les hémophiles. Pourtant, dès 1983, de nombreux patients africains atteints du sida affluaient dans les hôpitaux de Paris et de Bruxelles. Les premiers virus (VIH-1 NDK) originaires d’Afrique étaient d’ailleurs isolés et caractérisés à l’Institut Pasteur à Paris, à partir d’un patient zaïrois et de ses partenaires sexuels, tous atteints du sida. La question de l’existence d’une « autre » épidémie de sida, dissimulée au centre de l’Afrique, au Rwanda, en République Démocratique du Congo, en Ouganda, etc. commençait sérieusement à se poser jusqu’à l’appel à l’aide internationale d’un médecin zaïrois, le Dr Bila Kapita, de l’hôpital Mama Yemo à Kinshasa lors de la deuxième conférence internationale sur le Sida à Paris en 1986.
La force de ce livre est de revenir sur ces années critiques, entre science et politique. La recherche fondamentale et translationnelle sur le VIH et le sida avançait très vite grâce à une combinaison de concepts rationnels, de technologies et de collaborations pluridisciplinaires. Et pourtant, il aura fallu cinq ans et demi après la découverte des premiers cas pour que le sida figure à l’agenda de l’OMS.
De 1983 à 1993, au Rwanda, les auteurs furent parmi les premiers scientifiques à contribuer, entre autres, à la description clinique du sida chez l’enfant en Afrique, à la connaissance de la transmission hétérosexuelle du VIH, à la découverte de la transmission par l’allaitement maternel et de la pathogenèse de l’infection, tout en participant activement aux premières campagnes de prévention du VIH. Ils décrivent le long chemin parcouru pour aboutir à la reconnaissance de l’épidémie en Afrique malgré de multiples obstacles : Le silence des institutions internationales comme l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et l’Unicef, le déni des autorités politiques, et l’incrédulité de nombreux scientifiques devant la réalité de la transmission sexuelle du virus de la femme à l’homme, et de la transmission par l’allaitement maternel.
Pour Jorge Luis Borges la mémoire est « une forme de l’imaginaire », une construction sociale qui oscille au fil du temps. Qui se souvient des débuts de l’épidémie du sida en Afrique centrale et à quoi bon s’en souv

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