L héritage impensé des Maltais de Tunisie
290 pages
Français

L'héritage impensé des Maltais de Tunisie , livre ebook

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290 pages
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Description

Au cours du XIXe siècle, Malte, territoire exigu surpeuplé, aux conditions économiques difficiles, connaît une émigration importante, notamment vers la Tunisie. A l'indépendance de celle-ci, la majorité des descendants des premiers immigrés rejoindra la France. Cet ouvrage interroge les processus de transmission générationnelle de ce groupe issu d'une double immigration et pose l'hypothèse d'une transmission en négatif de la culture maltaise due non seulement au colonialisme français mais aussi aux mythes du territoire d'origine du migrant.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2011
Nombre de lectures 31
EAN13 9782296470743
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

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Extrait

L’HÉRITAGE IMPENSÉ DES MALTAIS DE TUNISIE
© L’Harmattan, 2011 5-7, rue de l’École-polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-56398-8 EAN : 9782296563988
Michèle MUSCAT
L’HÉRITAGE IMPENSÉ DES MALTAIS DE TUNISIE
Couverture: Boukhchina Wafa, Professeur Art Plastique Institut Supérieur d’Arts et Métiers de Gabès, Tunisie
À tous les Maltais qui m’ont aidée dans cette recherche et plus particulièrement les descendants de Maltais de ma famille.
Mes remerciements s’adressent en premier, à messieurs les professeurs Simon Mercieca de l’université de Malte et Habib Kazdaghli de l’université de Tunis, La Manouba, pour leurs pré-cieux conseils. Je remercie aussi mon directeur de thèse, M. Ahmed Ben Naoum de l’université de Perpignan, pour le patient suivi de mes travaux de recherche. Enfin, je tiens à exprimer toute mes amitiés à Madame Vérié Cassar ainsi qu’à messieurs Patrice Sanguy et Carmel Sammut du cercle Vassalli pour leur attentif soutien et la très riche documentation qu’ils ont bien voulu me communiquer.
Préfaces
C’est avec plaisir que j’accepte de préfacer le livre de Madame MUS-CAT-PÉTEULL’héritage impensé des Maltais de Tunisie. C’est l’expression d’une amitié qui dure plus de 10 ans à un couple d’amis : Michèle et son époux Joseph Muscat. Les deux sont aujourd’hui citoyen français, mais le couple a toujours affirmé et revendiqué une filiation avec la Tunisie et avec Malte. Ce livre reprend les développements et les résul-tats d’une thèse d’Université, préparée sous la direction de mon ami Ahmed Ben Naoum. Je dois dire que j’ai déjà eu l’occasion et le plaisir de lire ce travail et d’apprécier sa consistance en tant que membre du jury de soutenance en décembre 2008 à l’Université de Perpignan. Le livre est à la fois un rappel historique de ces relations qui ont bien lié trois pays : Malte, La Tunisie et la France contribuant à la naissance d’un tissu de relations entre les femmes et les hommes de ces trois pays, mais aussi une invitation aux jeunes français issus de ce partage référentiel pour décou-vrir les multiples facettes d’une identité riche et plurielle qu’ils portent en eux et qu’ils doivent explorer au-delà des préjugés et des stigmatisations.
L’auteur originaire de Normandie, sociologue de formation, mariée à Joseph Muscat, enseignant natif de Tunisie mais dont les arrières grands parents sont originaires de Malte, a bien connu et fréquenté le milieu objet de son étude. Elle nous propose ici les résultats de sa prospection et sa recherche face à un constat de départ qui s’est traduit par l’absence de transmission de la composante non seulement tunisienne mais aussi mal-taise chez les descendants des Maltais, devenus Français, depuis qu’ils étaient en Tunisie. Il s’agit d’un groupe qui porte la mémoire de plusieurs générations et qui a subi deux exils. Le premier exil remonte au milieu du XIXe siècle lorsque, par vagues successives, des milliers de Maltais, pour des raisons essentiellement économiques, étaient venus s’installer au Maghreb et d’un deuxième exil qui s’est imposé à eux, en tant que « Néo-
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français », puisqu’ils ont dû suivre les retours en métropole (rapatriement) qui ont accompagné les indépendances de la Tunisie et des autres pays du Maghreb. L’impensé dans l’héritage des Français d’origine maltaise ne pouvait se comprendre et devenir un objet d’étude sociologique sans la mobilisation de l’histoire de Malte, de la Tunisie, de la présence coloniale française au Maghreb, de la mémoire et d’un type particulier de transmission généra-tionnelle, comportant une partie constamment vouée à l’oubli et l’occultation plus ou moins consciente dans la mémoire collective du groupe étudié. Cette forte pesanteur socio-historique constitue un passa-ge obligé pour comprendre et expliquer cet oubli qui caractérise la mémoire du groupe ; c’est ce qui a amené Michèle Muscat à donner toute la place qu’elle mérite à la présentation du long parcours d’une mémoire portée, par plusieurs générations, depuis son départ de Malte jusqu’à son arrivée en France et après avoir fait une longue escale en Tunisie. Ce long processus a été bien observé et étudié à travers ce livre pour aboutir à une conclusion présentant les résultats confirmant à la fois l’existence de « temps oubliés » dans l’héritage des originaires de Malte qui vivent aujourd’hui en France et annoncer de nouvelles pistes de recherches. Le livre est une invitation au voyage, il doit suivre l’auteur sur le terrain de sa recherche constitué de trois entités territoriales : Malte, la Tunisie et la France qui ont formé le cadre spatial de cette transmission d’une mémoire collective composée de plusieurs strates se prolongeant dans le temps du milieu du XIXe siècle jusqu’à nos jours. En présentant sa méthodologie de travail basée sur l’approche biographique (Ecole de Chicago), l’auteur fait remarquer qu’elle a dû combiner cette méthode avec les outils de l’approche anthropologique afin « de mettre en relation des éléments qui, dans une première approche, pourraient apparaître épars et de saisir la nature du lien social entre différents groupe constitutifs, de la « mosaïque tunisienne ». Une présentation minutieuse a été faite du contexte du travail de terrain et de la lente et patiente collecte des éléments pouvant composer l’échantillon indicatif au cours des nombreux déplace-ments effectués en Tunisie et à Malte et les recherches opérées parmi le groupe des originaires de Malte installés essentiellement au Sud de la France. Un autre intérêt de ce livre est la présentation du cadre général et des contextes historiques des territoires qui vont produire les « failles de la mémoire ». Michèle Muscat nous décrit avec la précision du géographe le cadre physique, démographique de l’archipel maltais caractérisé par un excédent permanent en population, ce qui a obligé depuis une date lointai-ne les Maltais de rentrer en contact avec la Tunisie, le territoire continen-tal le plus proche. Cet échange permanent va donner lieu à une histoire commune et conflictuelle qui remonte à la préhistoire en passant par la période de la domination « tunisienne » sur l’île, la course en Méditerranée et le rôle joué par les chevaliers de Malte qui s’étaient basés dans l’archipel durant plusieurs siècles. L’occupation anglaise de l’île au
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début du XIX e siècle mettra fin à un nouveau type de rapport obligeant les Maltais à émigrer individuellement, hors des frontières, en dehors des cadres d’un Etat ou un ordre protecteur. Les moments forts de cette histoi-re commune ont été bien décrits par l’auteur, cependant, force est de constater que cette histoire défile en absence du fil d’Ariane montrant les liens possibles entre cette histoire et les oublis dans la transmissions de la mémoire que vont connaître, plusieurs décennies plus tard, les descen-dants de ces émigrés maltais ? Le livre consacre un long développement à l’étude du processus d’identification des Maltais en Tunisie, à la genèse de la naissance d’une « démarcation » par rapport aux autochtones musulmans et le chemine-ment de leur rapprochement historique des Européens par l’entremise de l’Eglise Catholique. Une fine reconstitution est faite par l’auteur pour les différentes communautés maltaises de Tunisie (Djerba, Porto Farina, Sousse, Sfax et enfin Tunis). Mme Muscat, montre bien que malgré la jux-taposition au niveau des conditions sociales entre les Maltais et les Tunisiens, l’intégration à la société majoritaire ne s’est pas faite, elle a eu tendance à se faire du côté du groupe dominant. Elle a eu raison d’insister sur l’importance du facteur religieux qui a servi de « lien cultuel et cultu-rel » entre la colonie française et les Maltais de Tunisie et par conséquent de creuser le fossé entre les Tunisiens musulmans (les Arabes) et les Maltais, même si les deux communautés étaient très proches socialement. Mme Muscat a bien fait de s’attarder sur le rôle de l’Eglise dans la struc-turation identitaire des différentes communautés maltaises. Le livre s’attarde également sur les parcours migratoires en analysant les trajectoires familiales racontées par des témoins ou des descendants de Maltais racontant l’expérience familiale. Partie intéressante, nous avons bien apprécié l’introduction du comparatisme à travers l’exposition des comportements différenciés des Maltais selon les terres d’accueil. De même que l’auteur n’a pas manqué d’ « éveiller » ou de faire ressurgir une catégorie de Maltais qu’on pensait à jamais perdue. Il s’agit d’un groupe d’originaire de Malte qui est resté « coincé » dans la Tunisie indépendan-te. Pour la plupart, ils ont la nationalité française, mais ont choisi de res-ter en Tunisie en tant que Français sans toutefois partir en France. Mme Muscat a pu non seulement retrouver ces témoins « oubliés » mais aussi, elle a interrogé des Tunisiens sur les lieux de mémoire des Maltais et le regard qu’ils portaient sur leur présence en Tunisie, elle finit par les dési-gner sous le vocable de Maltais-tunisiens. Un regret que Mme Muscat, n’ait pas pu, pour des raisons familiales assister au mois de Malte à Tunis organisé pour la première fois en janvier 2007 ; à cette occasion, plusieurs Maltais vivants encore en Tunisie étaient venus s’exprimer publiquement pour la première fois. Leurs témoignages confirment la situation de l’oubli dans laquelle ils s’étaient confinés pendant cinquante ans.
Mme Muscat a également étudié les manifestations de l’absence de la transmission chez les descendants des Maltais qui vivent aujourd’hui en
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France. Avant d’arriver à l’émergence en France d’une « identité » maltai-se reconstruite, elle s’attarde sur l’histoire et revient à la représentation par les Maltais de leur pays d’origine lorsqu’ils étaient encore en Tunisie. Le livre est un effort considérable, méritoire et réussi de familiarisation avec plusieurs univers, la place des Maltais dans la société coloniale, leurs par-cours personnels et collectifs, les identifications des Maltais dans la pre-mière société d’accueil, les formes de transmission de la mémoire ou com-ment s’est fait le travail de mémoire au sein ce groupe, les raisons du silence et de l’oubli des traces des Maltais. S’il est évident que le livre va beaucoup apporter à la connaissance de ces Françaises et Français de « souche maltaise », sa lecture sera éga-lement appréciée par les Tunisiens qui viennent d’accomplir au début de cette année 2011 une révolution qui va les amener à travers les débats, les campagnes électorales pour l’Assemblée nationale constituante à s’interroger, à revisiter leur riche histoire à mieux connaître les compo-santes humaines et les traces de leur patrimoine riche et pluriel. Le Livre de Michèle Muscat apportera aux lecteurs tunisiens des données supplé-mentaires sur les divers apports humains et civilisationnels introduits en Tunisie à la faveur des passages de ces hommes et femmes, parmi lesquels les Maltais occupent une bonne place, qui ont constitué, eux aussi, un des fragments colorés de cette belle mosaïque tunisienne, fière de son passé riche, mais dont l’avenir ne peut être envisagé que dans une ouverture aux rives de la Méditerranée.
Tunis, mars 2011
Habib Kazdaghli, Professeur des Universités en Histoire contemporaine. Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités (Université de Tunis-Manouba)
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