L insistance sur les acteurs sociaux
379 pages
Français

L'insistance sur les acteurs sociaux , livre ebook

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379 pages
Français

Description

Comprendre une théorie, c'est en connaître les concepts fondamentaux et savoir établir entre eux les liens qui les unissent. C'est dans cet esprit que cet ouvrage d'initiation a été développé : pour chacune des théories, énumérer, d'entrée de jeu, les concepts centraux et révéler la signification, montrer comment ils s'articulent les uns les autres. Ce deuxième volume se consacre aux théories qui, au XXe siècle dans le champ des sciences humaines, se sont focalisées sur les individus, sur les acteurs sociaux.

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Informations

Publié par
Date de parution 15 avril 2020
Nombre de lectures 1
EAN13 9782140147319
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Simon Laflamme
L’insistance sur les acteurs sociaux Théories en sciences humaines e au XX siècle II
POUR COMPRENDRE POUR COMPRENDRE
L’insistance sur les acteurs sociaux
Pour ComprendreCollection dirigée par Jean-Paul Chagnollaud L’objectif de cette collectionPour Comprendre est de présenter en un nombre restreint de pages (176 à 192 pages) une question contemporaine qui relève des différents domaines de la vie sociale. L’idée étant de donner une synthèse du sujet tout en offrant au lecteur les moyens d’aller plus loin, notamment par une bibliographie sélectionnée. Cette collection est dirigée par un comité éditorial composé de professeurs d’université de différentes disciplines. Ils ont pour tâche de choisir les thèmes qui feront l’objet de ces publications et de solliciter les spécialistes susceptibles, dans un langage simple et clair, de faire des synthèses. Le comité éditorial est composé de : Maguy Albet, Jean-Paul Chagnollaud, Dominique Château, Jacques Fontanel, Gérard Marcou, Pierre Muller, Bruno Péquignot, Denis Rolland. Dernières parutions Dominique BARRAS,? Des réponses à vosPourquoi la médiation interrogations, 2020. Hervé ROLLAND,Des cultures et des entreprises. Une étude France-Québec,2020. Giscard Kevin DESSINGA,Comment se pose le problème métaphysique aujourd’hui ?, Des origines à la crise postmoderne de la pensée,2020. Nicole PÉRUISSET-FACHE,Sacrifices humains, Une histoire de la prédation sociale, Essai anthropologique, 2019. Barthélemy KABWANA MINANI,Entrer en philosophie antique, 2019. Julien CHAVANNE,L’art comme empreinte,2019. Gilles LÉVÊQUE,A quoi sert la culture ?,2019. Damien GIMENEZ,La question de la liberté, 2018. Patrice VIVANCOS,Économie et cinéma. Leurs liaisons dangereuses décodées au fil des 26 lettres de l’alphabet, 2018. Doh Ludovic FIÉ,La pensée du beau chez Plotin. Une esthétique de la rupture, 2018. Xavier BOLOT,Les illusions d’optique, une introduction à la pensée quantique du quotidien, 2017. Otto Maria CARPEAUX.Histoire de la littérature occidentale de 1920 à 1980. Extraits,2010. Michel PERRIN,1848, Louis Blanc ou la fraternité en République. Un repère pour aujourd’hui, 2017. Elisabeth CHAMORAND,La liste noire,2017 Paul NDA,Sociologie politique, Pour comprendre ce qui se joue, se décide et se passe ici et ailleurs, avec sa géométrie variable,2017 Emmanuel FRAISSE,Les anthologies en France, 2017.
Simon Laflamme L’insistance sur les acteurs sociaux e Théories en sciences humaines auXXsiècle II
Du même auteur Le meurtre du partenaire intime. Relation et émoraison, Sudbury, Prise de parole, coll. « Épistémè », 2018. Avec Mélanie Girard. Pour des modèles de vitalité. Le dynamisme culturel de la francophonie canadienne en milieu minoritaire, Ottawa, CFORP, 2018. Avec Julie Boisonneault, Lianne Pelletier et Roger Gervais. Méthodes statistiques en sciences humaines. Avec des illustrations tirées du logiciel SPSS, Sudbury, Prise de parole, coll. « Cognitio », 2014. Avec Run-Min Zhou. Suites sociologiques, Sudbury, Prise de parole, coll. « Épistémè », 2006. Homogénéité et distinction, Sudbury, Prise de parole, coll. « Ancrages », 2003. Avec Ali Reguigui. Des biens, des idées et des personnes au Canada, 1981-1995, Analyse macrologique relationnelle, Sudbury, Prise de parole / Paris, L’Harmattan, 2000. Deux groupes linguistiques, une communication de masse, Montréal et Paris, L’Harmattan, Logiques sociales, 1997. Avec Ali Reguigui. Humain objet, humain sujet : initiation à quelques notions de philosophie de l’histoire et d’épistémologie des sciences humaines, Série monographique en sciences humaines et Institut franco-ontarien, 1996. Communication et émotion. Essai de microsociologie relationnelle, Paris, L’Harmattan, coll. « Logiques sociales », 1995. Être un être social, Montréal, Guérin, 1994. Avec Christiane Bernier. La société intégrée. De la circulation des biens, des idées et des personnes, Peter Lang, New York, Berne, Worcester Polytechnic Institute, coll. « Studies in Science, Technology and Culture », 1992. L’ambition démesurée : enquête sur les aspirations et les représentations des étudiants et des étudiantes francophones du Nord-Est de l’Ontario, Sudbury, Prise de parole et Institut franco-ontarien, coll. « Collection universitaire », 1990. Avec Donald Dennie. Contribution à la critique de la persuasion politique, Sillery (Québec), Presses de l’Université du Québec, 1987. © L’Harmattan, 2020 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-20137-5 EAN : 9782343201375
Introduction générale (déjà parue dans le volume I) Il y a de nombreuses façons de comprendre un théoricien des sciences humaines. Mais il nous semble y en avoir trois qui soient assez typiques : les manières herméneutique, affectueuse et objectivante. L’herméneutique est une quête de sens. Elle est une tentative de comprendre la signification que l’auteur lui-même a donnée à sa théorie. L’interprétation colle au texte ; elle en est respectueuse. Souvent, elle invoque l’histoire pour situer le propos de l’auteur, pour être certaine que les idées, les mots sont bel et bien entendus d’après ce que l’auteur a réellement pu ou voulu dire à tel moment de l’histoire, dans telle société. Certes – la philosophie herméneutique l’a 1 bien montré –, il n’est pas possible d’accéder avec exactitude à un discours tel qu’il a été produit par un auteur ; une pensée ne peut à ce point être empathique qu’elle élimine les spécificités subjectives, qu’elle constitue un fusionnement des histoires et des sociétés. L’herméneutique ne peut éliminer le fait de l’altérité ou celui de la relativité. Une herméneutique n’est jamais ainsi qu’une approximation. Mais les réserves philosophiques de l’herméneutique n’empêchent pas bon nombre d’esprits curieux de chercher à comprendre ce que révèle telle ou telle théorie dans le respect de son auteur. Toute herméneutique n’est pas exégèse, n’est pas guidée par le projet strict de saisir pour soi ce qu’un autre a déposé dans un discours particulier, n’est pas animée par une inconditionnelle déférence. L’herméneutique peut être critique ; mais, dans la mesure où elle relèvera les contradictions ou les impasses qui ont échappé à l’auteur étudié, elle n’est déjà plus herméneutique puisqu’elle devient analytique, c’est-à-dire qu’elle impose à son objet des catégories qui lui sont extérieures. 1  Hans-Georg Gadamer,Vérité et méthode, Paris, Seuil, [1960] 1996 ; Jacques Derrida,Limited Inc., Paris, Galilée, 1990.
La façon affectueuse est normalement jointe à une herméneutique. Elle est rarement critique. L’herméneutique correspond à une révélation. La compréhension de la théorie est intériorisation d’une vérité. La théorie a tellement de sens pour soi que le soi entretient avec elle une relation identitaire, affectueuse. La critiquer, c’est se remettre soi-même en question. Pour cette raison, la théorie a toujours raison et elle explique tout. Peuvent lui échapper certaines questions, mais jamais de façon fondamentale. Les sentiments qui sont développés à l’égard de la théorie sont souvent projetés sur son auteur, qui est ainsi confondu avec la théorie. Il arrive que l’intelligence de la théorie succède à la découverte de l’auteur ; mais ce mouvement est rarement global. Généralement, ce qui sera appris sur l’auteur donnera accès à de nouvelles découvertes dans un ensemble théorique déjà connu. Mais, à partir du moment où il y a fusion de l’auteur et de la théorie, l’un et l’autre s’expliquent mutuellement. On ne peut pas empêcher que ne se développe une relation d’affection avec une théorie. Cela advient. Pour divers motifs émorationnels, dans un cadre sociohistorique donné. Une telle relation peut être féconde. Elle peut servir l’individu, l’aider à mieux comprendre certains aspects de sa socialité, voire de son existence ; elle peut aider à dépasser des notions théoriques dont l’individu avait l’intuition non exprimable qu’elles étaient inadéquates alors que ces notions étaient vécues intérieurement, et avaient ainsi une dimension idéologique puisqu’elles faisaient corps avec le vécu, puisqu’elles étaient de la théorie existentialisée, empreinte de sentiments. Mais il n’est pire discipline, pire approche que celle qui se construit sur l’affection pour une théorie. Car la science est alors dépourvue de l’une de ses caractéristiques essentielles : la critique, c’est-à-dire l’obligation d’opérationnaliser, de soumettre les théories à l’empirie. C’est ce genre de vision qui fait qu’un paradigme comme celui des théories de l’action, pour lequel l’acteur est fondamentalement rationnel et conscient, perdure alors que chacun fait quotidiennement l’expérience d’actions qui ne sont pas mues rationnellement et consciemment. C’est par cette attitude qu’on ne perçoit pas pour ce qu’elles sont les contradictions d’un auteur, celles, par exemple, fréquentes, où est affirmée la liberté humaine, mais où de nombreux passages rappellent que l’humain est déterminé, ou, inversement, celles où l’humain apparaît comme déterminé (par une loi de l’histoire, par les médias, par les structures sociales…) alors que plusieurs énoncés rappelleront qu’il n’en est pas toujours ainsi. L’affection, ici, fait apprécier
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l’essence de la théorie et permet de répliquer, aux critiques qui dénon-cent ce qui est affirmé, que le reproche ne vaut pas puisque notre au-teur aimé a aussi dit ceci ou cela. Certes l’humain est à la fois libre et déterminé – pour persister dans cet exemple –, mais qu’une théorie ouvre quelque espace à ces deux interprétations ne fait pas qu’elle assume un paradoxe ou qu’elle intègre les éléments d’une contradiction. C’est guidé par cet esprit, encore, que, en sciences humaines, on rejette souvent une démonstration empirique sous prétexte qu’elle n’est pas universelle, car admettre cette démonstration partielle, ce serait reconnaître, par exemple, que le théoricien aimé est fautif. C’est ainsi, par exemple, qu’une preuve que les aspirations d’une population soient peu ou ne soient pas orientées par l’origine familiale n’altère pas la thèse de la détermination par les classes sociales des comportements humains. La manière objectivante n’a pour fin de défendre ni une théorie ni un théoricien. Son objectif est d’établir les liens entre les constituantes d’une théorie. Elle pose des questions du genre : pourquoi est-il affirmé ceci puisque cela a aussi été dit ? la théorie constitue-t-elle un ensemble ? le cas échéant, quel rôle joue telle constituante dans l’ensemble ou pourquoi n’y a-t-il pas d’ensemble ? La théorie peut être aimée, et même son auteur. Mais les réponses aux questions ne dépendent pas de cette affection, elles ne sont pas orientées par elle. Ces réponses ne peuvent trouver que des raisons logiques. La découverte d’une contradiction ou d’une dissociation n’est possible que sur un arrière-fond de logicité. En appréhendant les constituantes d’une théorie et en s’interrogeant sur leur interconnexion, l’analyste en vient à posséder son objet ; il se le rend ouvrable, utilisable dans des travaux de construction intellectuelle, opérationnalisable. Ce travail d’appropriation a ainsi un achèvement, alors que le travail herméneutique est presque infini : on peut toujours retourner au texte à la recherche d’une autre signification ; il faut toujours craindre l’éloignement du texte de peur d’avoir laissé échapper quelque chose, de peur que l’auteur n’ait pas vraiment voulu dire ceci. L’achèvement, c’est l’aptitude à disposer les énoncés les uns par rapport aux autres. Quand on y parvient, les constituantes s’expliquent les unes par rapport aux autres et les marges s’interprètent par rapport au système. La théorie devient une réalité avec laquelle on peut jouer, et plus on possède de théories, plus on peut jouer, librement. De façon créative. Plus, aussi, leurs limites et leurs forces se révèlent à soi, plus, donc, il est possible de fonder les développements sur les forces et de combler
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les lacunes ; plus il est possible de dégager des hypothèses et de soumettre les théories à l’empirie. Pour humaniser ainsi les théories, pour en faire des outils analytiques, plutôt que des objets de culte, il importe de repérer dans leur discours les énoncés, comme on le fait des entretiens dans une analyse classique de données textuelles par exemple, puis de les agencer les uns par rapport aux autres. À nos yeux, quand on a ainsi reconstruit une théorie, on la comprend. Cette compréhension n’est certes pas la seule possible, mais elle en est une ; et elle est certainement la plus utile pour le chercheur dont l’objectif est de savoir faire usage des matériaux théoriques, pour qui la compréhension d’une théorie n’est pas une fin en soi. Notre intention, en offrant ce manuel, est d’illustrer cette démarche en nous attardant sur quelques auteurs majeurs des sciences humaines. Une théorie est toujours une création historiquement située. Les concepts qui la balisent ont toujours des raisons historiques : ils sont le fruit des lectures de l’auteur, des débats auxquels il participe, de l’autonomie relative de la théorie qui se développe à travers lui à un moment donné. C’est pour cette raison que d’innombrables travaux sur les théories ont une approche historique, qu’ils cherchent à expliquer la pensée de tel auteur par référence à tel autre auteur. Tous ces essais explicatifs sont importants et, normalement, ils jettent une lumière éclairante sur une œuvre. Mais ce travail a déjà été fait, et à maintes reprises, pour la plupart des auteurs les plus marquants des sciences humaines. Et, dans bien des cas, il sera refait. Et tout cela est bien, tout cela est souhaitable. Mais ce n’est pas ce que nous voulons faire ici. Sans nier qu’une théorie est forcément inscrite dans l’histoire, que les idées d’un auteur sont nécessairement le fruit des polémiques auxquelles il participe dans une histoire donnée, tout en reconnaissant l’importance des approches historicisantes, nous entendons modeler les théories en en reconstruisant les logiques internes, non pas en les extrayant de leur histoire, mais en privilégiant par-dessus tout l’intelligence de leur fonctionnement. Il nous semble qu’une telle approche est beaucoup moins usuelle, sans doute parce qu’elle peut paraître irrévérencieuse, non portée qu’elle est par l’herméneutique et l’affection. L’approche que nous proposons est nettement abstraite puisqu’elle aborde les théories en elles-mêmes, sans se soucier de tout l’environnement social et historique qui les a générées. Mais il nous semble que c’est là une bonne façon de se les approprier à des fins opérationnelles. Il nous semble que cette appropriation peut ensuite susciter un désir de comprendre les théories
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