L oreille musicale du psychanalyste
186 pages
Français

L'oreille musicale du psychanalyste , livre ebook

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186 pages
Français

Description

Musique et langage n'entreraient pas par la même oreille et ne parviendraient pas au même hémisphère, selon certains neurophysiologistes. Dissocier les deux écoutes, suscite des systèmes de représentations psychiques, celui des mots et des choses, classique, et celui de l'affect, musical. L'affect serait-il structuré comme la musique ? Une structure fondamentalement différente de celle du langage, telle que l'ont bien caractérisée linguistes et lacaniens. Comment l'inconscient joue-t-il entre les mots et la musique des mots ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2009
Nombre de lectures 72
EAN13 9782296213401
Langue Français
Poids de l'ouvrage 6 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L'OREILLE MUSICALE DU PSYCHANALYSTEiÇ) L'Harmattan, 2008
5-7, rue de l'Ecole polytechnique; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion. harmattan@wanadoo.fr
harmattan I@wanadoo.fr
ISBN: 978-2-296-07008-0
EAN : 9782296070080André Brousselle
L'OREILLE MUSICALE DU PSYCHANALYSTE
L'HarmattanOUVRAGES DU MEME AUTEUR
L'œil pinéal ou le destin de la pulsion scopophile vers l'arrière, in ouv.
coll. La curiosité en psychanalyse, Paris, Privat, 1981.
Du contre-transfert à la contre-identité, in ouv. coll. Le psychanalyste et
son patient, Paris, Privat, 1983.
L'originaire contre le fantasme original, in ouv. coll. Les fantasmes
originaires, Paris, Privat, 1986.
Souffrir pour être: le masochisme identitaire. A paraître.INTRODUCTION:
« Et puis ils se mirent à parler, parler,
Parler, parler, parler,
On n'entendait plus la musique
Et tout fut à recommencer. »
« L'orgue de Barbarie»
Paroles de J. Prévert,
Musique des Frères Jacques.
Parole et musique ne vont pas l'une sans l'autre, dit-on. Et pourtant,
nous disent certains neurophysiologistes, paroles et musique n'entreraient
pas par la même oreille et ne rejoindraient pas le même hémisphère
cérébral: à gauche les paroles, à droite la musique.
Ne retenons pour notre propos que la métaphore d'une oreille musicale
de l'analyste qui aurait sa spécificité pour l'écoute de l'affect et
l'entendement de sa structuration musicale, à différencier de l'oreille du
langage - il nous faudra bien ensuite connecter les deux oreilles!
Leur disjonction se fera par leur déroulement dans les deux temps de ce
que j'appelle « écoute-opéra », l'auditeur se concentrant d'abord sur la
musique, puis sur les paroles, comme le font ceux qui n'oublient pas la refusant de se laisser capter par le déf1lement des mots sur le
prompteur au-dessus de la scène lyrique; il est un temps pour la musique et
un temps pour les paroles, dirait l'Ecclésiaste. Nous illustrerons ce type
d'écoute en calquant l'analyse d'une séance sur celle de « La solitude» de
Barbara. On voit que notre démarche est celle du musicien découvrant une
partition ou celle du piéton visitant le cœur de la ville avec attention, plutôt
que celle du touriste d'autoroute; nous aurons toutefois des surprises,
imccomme celle, partant de l'accord de de dominante, de nous retrouver
1
chez les grands visionnaires de l'harmonie universelle!
1
Notre démarche implique une écoute musicale pertinente à partir de la partition,
j'allais dire à partir du matériel de la séance comme en clinique, ce qui pose le problème de
la culture musicale du lecteur-entendeur; la condition nécessaire et suffisante pour suivre
notre propos est d'avoir à l'oreille la séquence élémentaire de dissonance -7consonance,
So17~ Do, (sol si ré fa ~ do mi sol) que tout débutant pianiste ou guitariste peut jouer et
faire écouter sous la forme: ré fa sol si~ do mi sol do. Nous n'éviterons pas de citer des
accords plus compliqués, le lecteur peut alors se contenter d'en retenir que plus la
dénomination est complexe, plus l'accord est dissonant. Quelques remarques plus
techniques seront imprimées en petits caractères, ou reportées en annexe. On entendra lesLe passage par la musique est heuristique pour l'écoute et l'entendement
du psychanalyste. L'écoute de la musique de la séance peut certes rester
innocente, faire confiance à l'émergence « naturelle» des associations
d'idées dans l'illusion de pouvoir ainsi accéder à tout l'inconscient, mais elle
risque de s'appauvrir. Aussi mérite-t-elle de s'afflner, s'aiguiser par la
perception attentive, méthodique puis libre, des fluctuations des hauteurs,
des rythmes, des timbres, des attaques...
L'entendement de la musicologie, dans ses notions les plus basales telles que
dissonances/ consonances, nous amènera déjà à réviser et compléter la
théorie psychanalytique particulièrement aux chapitres d'une topique du Soi
extensive, de la représentation de l'affect, des sources des tensions, de leur
finalité selon Eros et Narcisse, du masochisme... Ce n'est donc pas une
métapsychologie, une psychanalyse appliquée à la musique que je propose
ici, mais la démarche inverse: la musique appliquée à la psychanalyse depuis
son écoute en séance jusqu'à sa compréhension théorique, c'est-à-dire une
« métamusicologie » appliquée à l'analyse.
La jonction qui m'est apparue la plus étroite entre les deux est le point de
vue économique, c'est-à-dire celui de l'énergétique, de l'excitation; plus
particulièrement le jeu tension-détente, dit déplaisir-plaisir,
angoisserésolution de l'angoisse en analyse, dissonance-consonance en musique, soit
la séquence paradigmatique : sol si ré fa 0+ do mi sol do (écrite Sol 7 0+
imeDo, accord de de dominante 0+ accord parfait).
Ce jeu a trouvé un modèle à la fois rigoureux et sensible dans l'harmonie,
modèle que lui envieront et emprunteront pythagoriciens et autres
philosophes, mystiques jusqu'aux délirants, ... alors pourquoi pas les
psychanalystes? Avec l'harmonie, le nombre s'est fait chair dans la structure
musicale.
La chair se rebellera dans un second temps contre le nombre dans la
musicalité, certes qualitative mais non ineffable, bien repérable dans
l'estompage des découpes tonales ~e vibrato, exemplaire), rythmiques... ;
ceci remettra en question une conception trop univoque de l'Ordre
symbolique et du signifiant d'affect et nous contraindra à rechercher une
structure différente de celle du langage, surtout celui du modèle linguistique.
Bien sûr, on pourra trouver quelques analogies, parler métaphoriquement de
langage musical, de signifiant; il me paraît plus heureux de partir de leurs
différences, ou plutôt de l'indifférence de l'un à l'égard de l'autre. La
illustrations musicales de cet ouvrage sur notre site « psychanalyse et musique» hébergé par
« l'Harmattan (http://www.editions-harmattan.fr)>>. Les lecteurs peu familiers des théories
psychanalytiques et musicologiques pourront très bien ne lire le chapitre 3 qu'après les
autres chapitres qui les y auront rendus sensibles.
8question est de comprendre comment l'inconscient va « Jouer» dans les
deux, entre les deux.
Notre souci de thérapeute nous mènera au traitement. Le « traitement»
de l'angoisse et de la dépression par la musique, extrapolé à la musique des
mots, est à entendre ici comme travail, élaboration; au-delà de la
musicothérapie, il intéresse le psychanalyste par la mise en relief de sa
dynamique qui va mener la cure.
Il restera à suivre comment « l'esquisse d'une théorie scientifique»
(Freud) devient l'esquisse d'une esthétique et, pour revenir au divan,
comment le beau pourrait guérir - mais est-ce son projet? Ce n'est pas, on
l'a compris, notre seul intérêt.
9CHAPITRE 1
L'ECOUTE - OPERA
Comme beaucoup d'autres mélomanes, je crois qu'à l'opéra on gâche la
musique et les paroles en les écoutant simultanément, surtout si les paroles
défIlent en sous-titrage sur un prompteur au-dessus de la scène! Il me
semble préférable d'écouter d'abord la musique, puis les paroles, et de
percevoir leur concordance ou, au contraire, l'écart entre les deux. Cet écart
est estompé par la prégnance des paroles et surtout par la grande illusion
unitaire qui ferait croire que tout va ensemble - le mythe du grand Tout,
auquel participe le mythe de l'Opéra comme œuvre totale!
Lors de l'écoute d'une œuvre lyrique et, au cours de la séance d'analyse,
l'écoute-opéraque nous proposons d'appliquer, consiste:
dans un premier temps, à mettre une sourdine aux paroles Ge ne dis pas
d'aller jusqu'à ne pas les entendre !) pour écouter la musique ou la prosodie,
dans un second temps à écouter les paroles,
dans un troisième temps à analyser comment se correspondent, se
renforcent, voire s'opposent paroles et musique.
Nous écouterons ainsi « La solitude» de Barbara.
En musique: « La solitude» de Barbara
La musique
L'écoute peut être spontanée et laisser venir les associations libres et les
émotions.
Elle peut aussi être systématique par l'analyse méthodique des<

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