La Condition sociale des femmes - Études de sociologie
57 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

La Condition sociale des femmes - Études de sociologie , livre ebook

-

57 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

L’ignorance des femmes, de celles surtout auxquelles la fortune ou l’aisance créent des loisirs, a des inconvénients graves. Fénelon en a signalé un dans les paroles suivantes : « Les filles mal instruites ont une imagination toujours errante. Faute d’aliments solides, leur curiosité se tourne tout en ardeur vers des objets vains et dangereux.... Elles se passionnent pour des romans, pour des comédies, pour des récits d’aventures chimériques, où l’amour profane est mêlé ; enfin elles se rendent l’esprit visionnaire en s’accoutumant au langage magnifique des héros de romans.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 7
EAN13 9782346029242
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Ernest Naville
La Condition sociale des femmes
Études de sociologie
AVANT-PROPOS

*
* *
Les idées exprimées dans ce petit volume ont fait la matière de discours prononcés à l’Athénée de Genève, en décembre 1886, au profit d’une institution philanthropique dont les finances se trouvaient en mauvais état 1 . Le contenu de ces discours, qui n’avaient pas été écrits, a été rédigé pour la Bibliothèque universelle qui en à fait trois articles publiés en octobre, novembre et décembre 1887. M. l’éditeur Imer a manifesté le désir de faire une publication à part de ces articles. Je n’ai pas pris l’initiative de cette reproduction de mon travail, mais il n’y avait pas de motifs suffisants pour justifier un refus.
Des circonstances personnelles ne m’ont pas permis de revoir aussi sérieusement que je l’aurais désiré une étude qui présente de considérables lacunes. Une révision rapide a permis cependant que la rédaction primitive fût, sur quelques points, modifiée et, je l’espère, améliorée. Pour cela, j’ai utilisé, dans la mesure où je l’ai pu, quelques documents nouveaux, et les critiques qui sont parvenues à ma connaissance. Les plus importantes de ces critiques sont celles d’un homme qui a exercé sur ma pensée une influence si grande et si salutaire que je dois accorder toujours une attention sérieuse à l’exposé de ses opinions : mon vieil et fidèle ami Charles Secrétan 2 .
Le mot Sociologie, qui figure dans le sous-titre de cet écrit, a été introduit par Auguste Comte. Il est désapprouvé par les personnes qui pensent qu’un mot composé de racines de deux langues différentes est un terme hybride à repousser. Mais ce néologisme, bien qu’il ne figure pas dans le dictionnaire de l’Académie française, a été inséré dans le programme d’un concours ouvert par l’Académie des sciences morales et politiques de l’Institut de France. Il aura vraisemblablement les mêmes destinées que le mot minéralogie, terme hybride aussi, dont l’emploi ne soulève plus aucune réclamation.
Je prie mes lecteurs de ne jamais perdre de vue la différence essentielle de deux idées qui se trouvent parfois confondues dans les discussions contemporaines :
L’amélioration de la condition sociale des femmes ;
L’identification des deux sexes sous le rapport de leur position et de leurs fonctions dans la société.
La première de ces idées est l’expression directe des sentiments de la justice et de la bienveillance. La seconde est un paradoxe étrange qu’on est surpris de rencontrer sous la plume d’un écrivain aussi sérieux que Stuart Mill.
J’ai émis la crainte qu’une bonne cause ne soit compromise par les exagérations de quelques-uns de ses partisans ; mais cette crainte peut être atténuée par la considération que voici : les thèses paradoxales sont celles qui attirent le plus vivement l’attention publique ; et il arrive parfois qu’en demandant un plus impossible à réaliser, parce qu’il est en contradiction avec les lois établies par le Créateur, on contribue à faire obtenir un moins qui demeure dans la limite des choses raisonnables et bonnes.

Genève, juin 1891.
ERNEST NAVILLE.
1 L’Agence gratuite pour le placement des institutrices, gouvernantes et bonnes d’enfants, fondée à Genève sous la direction da M. Gustave Moynier.
2 Ces critiques sont contenues dans l’appendice à la quatrième édition de l’écrit : Le droit de la femme. Lausanne (Benda), Paris (Alcan), 1888.
INTRODUCTION
La condition sociale des femmes est une question à l’ordre du jour. Une opinion qui se répand, et qui prend un grand empire sur un certain nombre d’intelligences, réclame des modifications profondes et vraiment radicales aux lois et aux mœurs, en ce qui concerne la position relative faite aux deux sexes dans l’organisation de la société. Toute grande nouveauté est facilement taxée de folie par les esprits positifs. Il y a, dans tous les ordres de choses, des fous dangereux ; mais il ne faut pas oublier qu’au nombre des hommes qu’une opinion superficielle raille et méprise, il en est qui, ayant été les fous de la veille se trouvent être les génies du lendemain. Rien n’est plus loin de ma pensée que le projet d’introduire dans l’étude de questions sérieuses des préventions créées par le sentiment du ridicule. Alexandre Vinet a écrit : « Une espérance que personne ne partage, un dessein auquel personne ne s’associe, accusent de folie devant la multitude le téméraire qui les a conçus.... On plaindra ces enthousiastes ; on se rira de ces mystiques, jusqu’à ce que la puissance de la vérité ait agi sur les esprits les plus rebelles, ait subjugué le mépris, ait forcé les plus sages à confesser et à bénir cette folie 1 . » Des pensées du môme ordre ont inspiré à Béranger l’une de ses bonnes poésies :

La folie de la vérité, dans les Nouveaux discours sur quelques sujets religieux, p. 4 et 20.

Vieux soldats de plomb que nous sommes, Au cordeau nous alignant tous, Si des rangs sortent quelques hommes, Tous nous crions : « A bas les fous ! » On les persécute, on les tue, Sauf, après un lent examen, A leur dresser une statue Pour la gloire du genre humain.
 
Combien de temps une pensée, Vierge obscure attend son époux ! Les sots la traitent d’insensée, Le sage lui dit : « Cachez-vous. » Mais, la rencontrant loin du monde, Un fou qui croit au lendemain L’épouse ; elle devient féconde Pour le bonheur du genre humain.
 
J’ai vu saint Simon, le prophète, Riche d’abord, puis endetté, Qui des fondements jusqu’au faîte Refaisait la société. Plein de son œuvre commencée, Vieux, pour elle il tendait la main, Sûr qu’il embrassait la pensée Qui doit sauver le genre humain.
 
Fourier nous dit : « Sors de la fange, Peuple en proie aux déceptions. Travaille, groupé par phalange, Dans un cercle d’attractions. » La terre, après tant de désastres, Forme avec le ciel un hymen, Et la loi qui régit les astres Donne la paix au genre humain.
 
Enfantin affranchit la femme, L’appelle à partager nos droits. Fi ! dites-vous ; sous l’épigramme Ces fous rêveurs tombent tous trois. Messieurs, lorsqu’en vain notre sphère, Du bonheur cherche le chemin, Honneur au fou qui ferait faire Un rêve heureux au genre humain !
Les rêves heureux produisent des sentiments agréables ; mais ils ne sont pas sans inconvénients lorsqu’ils suscitent des espérances fallacieuses qui risquent de produire des mécontentements dangereux. Dans les années 1834 à 1840, M. Louis Reybaud, l’écrivain qui a introduit dans la langue française le mot socialisme, consacraune série d’études aux réformateurs contemporains dont il est fait mention dans la chanson de Béranger, en leur adjoignant l’Anglais Robert Owen. Ces études sont écrites avec une bienveillance qui, sans être une adhésion, présente sous un jour relativement favorable les conceptions de hardis novateurs. En 1843, M. Reybaud conçut des inquiétudes au sujet d’idées qui commençaient à fermenter dans un assez grand nombre d’esprits. Ces idées lui parurent moins innocentes que précédemment. Après la révolution de 1848 et les journées de juin, il crut discerner, sous la lutte sanglante de la rue, la funeste influence des passions éveillées par les théoriciens du socialisme ; et, en traitant de nouveau les questions qu’il avait abordées, il changea sensiblement de ton, tellement que le blâme prit souvent la place des encouragements et des éloges. Il pensa que la bienveillance n’était plus de saison et qu’elle devait faire place à la justice 1 . C’est dans un esprit de justice, mais sans exclure la bienveillance pour des hommes animés de sentiments généreux, que je désire aborder le grave problème de la condition des femmes, en cherchant à discerner, dans les études récentes relatives à cette question, la vérité et l’erreur, la part des réclamations justes et celle des utopies

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents