La crise de l Outre-mer français
170 pages
Français

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La crise de l'Outre-mer français , livre ebook

170 pages
Français

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Description

On ne savait rien de la crise sociale, économique, sociétale qui couvait depuis des années à la Guadeloupe, en Guyane, à la Martinique, à la Réunion, comme si les députés et sénateurs n'avaient fait remonter aucun dossier à Paris. La crise de l'Outre-mer a permis à chacun de prendre conscience des inquiétudes dues à la pauvreté, au chômage, aux inégalités sociales, à la dépendance à l'égard de la métropole, et déjà on réfléchit à des solutions nouvelles à partir d'une situation définie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2009
Nombre de lectures 243
EAN13 9782336253138
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sommaire
Page de titre Page de Copyright Suzanne DRACIUS (La Martinique) - OXYMORE ANTILLAIS ET NÉCESSAIRE ANAMNÈSE Jean-François SAMLONG (La Réunion) - LA FRANCE PRISE À SON PROPRE PIÈGE ? Gérard THÉOBALD (La Guadeloupe) - SURSAUT SURVIVANCE ET COLÈRE

La crise de l'Outre-mer français
Guadeloupe, Martinique, Réunion

Suzanne Dracius
Jean-François Samlong
Gérard Théobald
Crédits photos : Gérard Théobald — Karim Mahdjouba
© L’Harmattan, 2009 5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296101517
EAN : 9782296101517
Suzanne DRACIUS (La Martinique)
OXYMORE ANTILLAIS ET NÉCESSAIRE ANAMNÈSE
Née à Fort-de-France, Suzanne Dracius a passé son enfance dans son île natale puis en Ile-de-France : ses souvenirs d’enfance s’augmentèrent de souvenirs d’En-France. Professeur de Lettres Classiques (français, latin, grec) à l’issue de brillantes études au lycée Marie-Curie de Sceaux et à la Sorbonne, Suzanne Dracius a enseigné d’abord en banlieue, puis à Paris, et enfin, de retour au pays natal, à l’Université Antilles-Guyane, et aux USA à l’University of Georgia et à Ohio University. Révélée en 1989 par son premier roman L’autre qui danse publié à Paris chez Seghers (réédité en poche aux éditions du Rocher, Paris, 2007), une plume très appréciée d’Aimé Césaire, à la sensualité volcanique. Auteur de nouvelles, « De sueur, de sucre et de sang » (Le Serpent à plumes, Paris, 1992), Rue Monte au ciel (Desnel, Fort-de-France, 2003), d’un « fabulodrame », Lumina Sophie dite Surprise (Desnel, 2005), et de poèmes ( Exquise déréliction métisse , Desnel, 2008), elle est la coordinatrice d’anthologies d’inédits : Hurricane, cris d’Insulaires (Prix Fètkann, Desnel, 2005) et Prosopopées urbaines précédées d’un entretien avec Aimé Césaire (Desnel, 2006). Elle a également collaboré au collectif Guadeloupe et Martinique en grève générale publié en mars 2009 chez Desnel. Ses œuvres sont traduites en anglais, espagnol, allemand, italien, néerlandais, roumain, malgache etc., et étudiées dans de nombreuses universités européennes, africaines et américaines. En 2003, Suzanne Dracius est nommée Membre Honoraire de l’AATF (Association Américaine des Professeurs de Français), seul écrivain martiniquais à avoir reçu cette distinction, après Aimé Césaire en 1976.
« Kalazaza », Suzanne Dracius revendique ses ancêtres africains, européens, indiens, « à plumes et sans plumes », et son aïeule chinoise. Née en pleine saison cyclonique, écrivaine martiniquaise ou écrivain martiniquais si l’on préfère, ou écrivain tout court, car « l’écriture n’a ni patrie ni genre », Suzanne Dracius entra à l’école à deux ans « à la rue Perrinon » à Fort-de-France car elle réclamait d’apprendre à lire — activité qui lui paraissait « magique comme quimbois et vaudou ». Cultivant sa «féminitude» à l’instar de la négritude contre vents et marées du racisme, du sexisme et autres ostracismes, « préférant les isthmes aux - ismes et les passerelles aux murs », exaltant métissage et marronnage littéraire, Suzanne Dracius danse au son de sa mémoire scandée par les échos de l’Histoire. Son œuvre s’inscrit dans l’interrogation d’une France mul-tiethnique de toutes les solitudes, témoin d’une « souffrance en sous-France ».
Site internet : www.suzannedracius.com

LA CRISE DE L’OUTRE-MER : JAMAIS L’ESPOIR N’A ÉTÉ AUSSI GRAND ! Avec un peu de recul, quel regard portez-vous sur les manifestations sociales et politiques en Martinique ? Pourquoi les événements ont-ils été aussi violents en Martinique ? Comment en sommes-nous arrivés là ? Pourquoi tous ces malentendus ? Existe-t-il des points communs entre la Martinique et les autres DOM ? Des différences fondamentales ? Pourquoi la Martinique, en dépit des efforts financiers consentis par la métropole, n’est-elle pas parvenue à sortir la tête de l’eau ? Depuis plus de trente ans, on dit que la volonté du gouvernement français c’est de lutter contre l’échec scolaire : pourquoi cette volonté a-t-elle abouti à des résultats médiocres ? Pourquoi la République a-t-elle mis tant de temps pour penser à veiller à la transparence de l’économie et de la concurrence ? Pour réduire les inégalités sociales ? Les Martiniquais ont-ils un respect pour les élus locaux, porte-parole du peuple ? Les Martiniquais sont-ils un peuple mineur ou un peuple majeur ? La Martinique a-t-elle les atouts de son propre développement – des atouts qui lui permettront de sortir de sa dépendance à l’égard de la métropole ? Si ces atouts existent, comment les utiliser comme leviers de développement alors que la crise économique mondiale n’épargne aucun pays ? Après les événements, de quelles façons pourriez-vous apporter votre soutien à la Martinique ? Faut-il rechercher en nous les causes d’un malaise social, culturel, existentiel si profond, ou faut-il redéfinir les rapports établis entre la République et l’Outre-mer ? Faut-il faire un lien entre les ressortissants hexagonaux de l’Outre-mer et ceux qui vivent dans les îles pour résoudre la crise ? Que pensez-vous de la notion de « responsabilité partagée » ou « d’interdépendance » entre la métropole et la Martinique ? Peut-on envisager un développement commun pour l’Outre-mer ? La République a-t-elle quelques raisons objectives de garder l’Outre-mer ? Les événements annoncent-ils une ère nouvelle ? Les états généraux sont-ils une réponse à la crise ?
N’étant ni politologue ni politicienne ni économiste ni chroniqueuse professionnelle, mais simplement citoyenne et écrivaine, je livre, telles qu’elles pulsent de mes veines, les réflexions que me suggère ce questionnaire.
Je vis sur un volcan, qui gronde parfois d’autant plus fort que l’incompréhension subsiste. Elle est même attisée par certains… Lors des grèves générales en Guadeloupe et en Martinique, des sondages ont affirmé qu’une large majorité de Français étaient pour l’indépendance des DOM, alors même que ce mot d’ordre n’était pas mis en avant dans les revendications des grévistes ni même celles des deux collectifs, LKP en Guadeloupe et Collectif du 5 février en Martinique. L’avenir proche nous dira à quel point la France tient à ses « vieilles colonies ».
En Martinique, la vox populi affirme que les Français étaient bien contents d’avoir cette bonne vieille Martinique pendant la Seconde guerre mondiale pour y cacher l’or de la Banque de France. Cette légende insulaire des lingots « serrés » au Fort Saint Louis risque fort de faire long feu, comme les antiques canons rouillés qui montent une garde obsolète fantasmatique et aujourd’hui purement pittoresque sur la baie de Fort-de-France. Pour la Guyane, on a tendance à se dire que la France ne voudra pas se défaire de Kourou, où la base spatiale représente des milliards. Mais nous autres, qu’avons-nous pour plaire ? Et qu’aurions-nous pour survivre en dehors de toute dépendance ? Certes l’autarcie est impensable en cette ère de mondialisation. Certes nous avons un passé d’humiliation, nous vivons un présent de tension, mais on peut rêver d’un sursaut anamnésique. Une anamnèse salutaire et féconde pour l’avenir pourrait jaillir de ces mouvements de février-mars 2009. Oui, le contraire de l’amnésie, un compte tenu du passé pour mieux s’ouvrir vers l’avenir. Il serait judicieux, par exemple, de développer l’énergie solaire et autres énergies renouvelables. Nous qui sommes des îles de soleil, pour nous dédommager de ce « Roi Soleil » qui signa le sinistre Code noir à la fin du XVII ème siècle, aujourd’hui, à l’orée du XXI ème siècle, ce que ledit Roi Soleil — Louis XIV — nous a refusé, le solaire écologique et économique peut nous le rendre. Je me suis même laissé dire qu’il y aurait peut-être du pétrole à la Caravelle et que des forages étaient en cours… Mais ça, c’est une vieille énergie ! Nous avons du vent, de la houle, du soleil. Forts de nos alizés, des richesses de nos eaux, de notre énergie solaire, je me prends à rêver que nous pourrions résoudre une bonne partie de nos problèmes. Toute cette énergie perdue !…
Cependant, même en admettant que la majorité des Martiniquais le veuillent, ce qui est loin d’être certain, il paraît difficile, peu réaliste et guère souhaitable de couper tout lien avec Paris du jour au l

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