La dépression

Alain Lamessi

Description

Le présent ouvrage tente de présenter les multiples visages de la dépression. Pour cela, Alain Lamessi retrace la longue histoire de cette maladie qui n'a cessé de se métamorphoser au fil des ans, avant de questionner la problématique de la classification. Passant ensuite en revue les facteurs, corrélats et autres théories, il lève un bout de voile sur la complexité de ce trouble de l'humeur, tout en faisant un détour dans ses spécificités africaines.

Sujets

• Psychiatrie
• Psychanalyse
• Santé
• Psychologie
• Médecine

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 octobre 2015
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9782336391786
• Langue: Français

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre
Alain Lamessi






La dépression

Une pathologie à visage multiple


Préfaces du docteur Thierry Malassiné
et du professeur Michel Dieudonné Vohito
Copyright

© L’Harmattan, 2015
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.harmattan.fr
[e-mail]

EAN Epub : 978-2-336-74189-5
Citation

« De nos jours, la dépression rassure là où la folie fait peur »
F. Ferreri, Ch.-S. Perretti, M. Ferreri (2010)
Dépressions unipolaires ou récurrentes , in M. Goudemand
sous la direction (2010), Les états dépressifs .
Lavoisier, Paris, p.184

« Le patient déprimé est, par sa dépression, assigné à
résidence en lui-même, vidé de tout espoir, envahi d’obsessions
funestes, autocentré sur l’angoisse, l’impuissance et le désespoir »
Dr A. Gérard (2010) Dépression : la maladie du siècle .
Albin Michel, p.214
Dédicace

À Marouane, Névaéh Carole, Elina Patricia et Inès
Pour les rayons de soleil qu’ils nous apportent chaque jour !

Ma profonde gratitude à Micheline pour tant d’amour et de bonté.

Je remercie tout le personnel de la Maison d’Accueil spécialisé Édith Dorner à Riespach (Haut-Rhin) pour son professionnalisme, mais aussi et surtout les résidents, tous les résidents qui donnent sens à notre engagement au quotidien.
PRÉFACE
Dans quelle gageure s’est lancé Alain LAMESSI ?
Car vouloir embrasser les différents champs de pensées, orientations et hypothèses, parfois sources de conf lits quasi idéologiques sur un sujet aussi vaste qu’est la dépression pourrait s’apparenter à une conduite de l’ordre du masochisme !
Là, humblement, le psychiatre que je suis reconnaît qu’il y a pratiquement autant de diagnostics (parfois divergents !) qu’il y a de psychiatres, ce qui doit nous faire relativiser NOTRE savoir, nous faire interroger sur notre pratique et nos convictions, nous amener à nous ouvrir à d’autres abords sans pour autant que nous ayons l’impression de pactiser avec le Diable.
Cet ouvrage, outil de vulgarisation, synthétique et concis, permet d’avoir une ouverture sur les états qui composent la psyché ou influent sur elle pouvant amener à l’état de maladie, la dépression.
Nous sommes tous uniques certes et nous sommes dans un tout qui agit sur notre parcours de vie avec ses aléas. Au vu de ce constat, les composantes psychologiques, psychosociales, psychopathologiques et psychiatriques sont à intégrer dans cet ensemble, cette globalité.
Point de doctrine et de clivage, car cela amènerait à l’obscurantisme !
En cela, la partie de l’ouvrage concernant la dimension ethnopsychiatrique est remarquable : la dépression n’existait pas en Afrique... car l’on appliquait des modèles inadéquats européens ou nord-américains, faisant fi des dimensions, culturelles, environnementales, voire géopolitiques !
J’ose espérer que cet ouvrage permettra d’atteindre un double objectif :
– avoir un regard autre sur la dépression et le déprimé.
– Permettre aux professionnels d’avoir l’ouverture sur d’autres champs épistémologiques sur le postulat que la diversité fait richesse ; le sectarisme induit l’appauvrissement.
Notre mission – professionnels – est de comprendre le psychisme, les manifestations psychopathologiques, accompagner quand la maladie est présente, et ce dans le but ultime, utopique, d’aider le prochain, d’aider celui qui souffre.
Il faut nous interroger sur nos sociétés, toutes nos sociétés, qui peuvent induire un tel mal-être, individuel et sociétal, et de là être un terreau fertile pour l’émergence d’états dépressifs tels que la seule issue, tragique, puisse être… le suicide.
Mal du siècle… lequel ?
Mal d’une société devenue individualiste, focalisée sur l’appropriation des biens matériels, du pouvoir et un égocentrisme déniant l’autre in fine la perte des valeurs fondamentales et humanistes qui font l’Homme.
Nos sociétés acceptent-elles encore le « vivre ensemble », le respect de l’autre dans sa richesse (en tant qu’humain et non en tant que compte en banque !) et la diversité ? Acceptent-elles encore de faire preuve d’empathie et d’étayage à celui qui est en difficulté… ?
Il n’y a malheureusement pas de traitements médicamenteux « miracles » pour les maux de notre société.
Un petit clin d’œil à Alain LAMESSI.
Bien qu’étant effectivement pris par le temps et de manière « contrainte », sommes-nous condamnés à aller très vite, à toujours faire plus, et ce à moyens constants évidemment ? Rassurez-vous : les psychiatres prennent encore le temps de tenter de comprendre, par l’intermédiaire de l’histoire de vie et les éléments y étant associés, ce qui a pu amener le patient à rentrer dans la pression.
Bonne lecture !
Docteur Thierry Malassiné
Psychiatre
PRÉFACE
Le bien-être idéal que recherche l’homme est d’avoir plus de plaisir que de tristesse ou de souffrance. Ces sensations dérivent des rapports qu’il entretient avec son environnement et qui se soldent par des réussites et des gains, mais aussi par des pertes et des échecs. En état d’équilibre psychique, il accueille avec la même sérénité tous les évènements et faits heureux ou pénibles, quelle que soit leur importance.
La dépression est la faillite mentale temporelle d’un sujet qui est terrassé par une nouvelle de perte, d’échec ou de frustration, parfois anodine, à laquelle il ne peut faire face. Il se sent perdu et coupable de ce qui lui arrive au point de risquer de passer à l’acte suicidaire.
Alain LAMESSI expose dans cette excellente étude bibliographique les contours de cette maladie universelle complexe, touchant toutes les couches sociales, tous les âges et sexes.
On ne parle d’accès dépressif que si le sujet présente à la fois une baisse de l’humeur avec tristesse, une inhibition psychomotrice et une douleur morale. À ces trois signes cardinaux s’ajoutent des troubles du sommeil, une fatigabilité et diverses manifestations somatiques.
Depuis l’Antiquité, la dépression ou baisse de l’humeur (thymie) a fait l’objet de nombreux travaux qui ont abouti à d’importantes avancées sur les connaissances nosologiques, étiopathogéniques et même thérapeutiques de cette maladie. Il persiste cependant de nombreuses zones d’ombre qui suscitent encore un grand intérêt en matière de recherches chez les neurobiologistes, pharmacologues, psychologues, psychiatres et autres spécialistes.
Au V e siècle av. J.-C, Empédocle a tenu sur les fonts baptismaux le concept de la maladie dépressive par sa théorie des humeurs distinguant des tableaux cliniques liés aux variations de sang, de bile, de bile noire (atrabile), de flegme (pituite). Il a cependant assimilé la dépression à la conséquence de la perturbation de sécrétion de la bile noire par la rate or, paradoxalement, cet organe ne sécrète pas de bile.
En fait, Empédocle a fait ses projections nosologiques en Grèce où sévit comme dans le reste du bassin méditerranéen la thalassémie. Cette hémoglobinopathie, tout comme la drépanocytose en zone tropicale d’Afrique noire et en Inde, évolue par des crises d’hémolyse aiguë avec hypersplénisme (grosse rate très active dans la destruction des globules rouges). La conséquence est la libération en grande quantité dans le sang d’hémoglobine qui donne la bilirubine que transforme le foie et qui passe dans la bile hépatique. Le malade est prostré, pâle, insomniaque, adynamique et présente aussi un ictère, des extrémités froides, le pouls rapide, des urines et selles foncées. Il gémit de douleurs abdominales ou osseuses liées aux thromboses vasculaires. Il est abattu, son regard est perdu et il semble redouter une mort imminente. En un mot, il sombre dans une dépression symptomatique authentique qui disparaît avec la crise de l’hémolyse. L’intuition d’Empédocle était juste.
Malgré sa complexité étio-pathogénique, la maladie dépressive présente deux tableaux cliniques typiques : la mélancolie et la manie. L’accès mélancolique s’installe spontanément, mais souvent après un choc émotionnel (deuil, perte de travail ou d̵