La drôle de guerre des sexes du cinéma français (1930-1956)
249 pages
Français

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La drôle de guerre des sexes du cinéma français (1930-1956) , livre ebook

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Description

Les représentations dominantes des rapports sociaux et des identités de sexe au cinéma sont marquées par de fortes ruptures, entre les années Trente, l'Occupation et l'après-guerre. On passe d'une relation de domination entre un homme d'âge mûr et une très jeune femme à un nouveau type féminin actif et autonome face à des patriarches défaillants ou indignes. Après la Libération va se déchaîner une violente misogynie qui s'exprime par un type récurrent de garce diabolique qui utilise son intelligence et sa beauté pour détruire les hommes. Puis, en 1956, la bombe BB explose, imposant un nouveau paradigme d'émancipation féminine.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 13 février 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782336864570
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Champs visuels
Champs visuels
Collection dirigée par Pierre-Jean Benghozi, Raphaëlle Moine, Bruno Péquignot et Guillaume Soulez
Une collection d’ouvrages qui traitent de façon interdisciplinaire des images, peinture, photographie, B.D., télévision, cinéma (acteurs, auteurs, marché, metteurs en scène, thèmes, techniques, publics etc.). Cette collection est ouverte à toutes les démarches théoriques et méthodologiques appliquées aux questions spécifiques des usages esthétiques et sociaux des techniques de l’image fixe ou animée, sans craindre la confrontation des idées, mais aussi sans dogmatisme.
Dernières parutions
Franck TOURRET , Alain Resnais, le pari de la forme , 2019.
Florent BARRERE, Cœlacanthe. Une espèce animale à l’épreuve des médias , 2018.
Alexia ROUX et Saad CHAKALI, Humanité restante. Penser l’évènement avec la série The leftovers, 2018.
Guillaume LAVOIE, L’imaginaire du chemin de fer dans le western américain. Essai sur un mythe cinématographique , 2018.
Jean MONTARNAL, La « qualité française ». Un mythe critique ?, 2018.
François MARTIN (dir.), Animer Starewitch , 2018.
Isabel NOGUEIRA, L’image dans le cadre du désir , Transitivité dans la peinture, la photographie et le cinéma, 2018.
Florent BARRERE, Une espèce animale à l’épreuve de l’image. Essai sur le calmar géant. Nouvelle édition revue et augmentée , 2017.
Eric BONNEFILLE, Maurice Tourneur. Une vie au long cours , 2017.
Rémi FOURNIER LANZONI, Rire de plomb. La comédie à l’italienne des années 70 , 2017.
Raphaël ROTH, À l’écoute de Disney. Une sociologie de la réception de la musique au cinéma , 2017.
Hyun Jung CHOI, Origines et prémices du personnage documentaire. La liminalité du personnage documentaire I , 2017.
Hyun Jung CHOI, Émancipation et évolution du personnage documentaire.
La liminalité du personnage documentaire II , 2017.
Jean-Pierre ESQUENAZI, Eléments pour l’analyse des séries , 2017.
Camille GENDRAULT, Voir Naples ? Le cinéma et la ville, Mutations de fin de siècle (1980-1998), 2017.
Michel CONDE, Cinéma et fiction , Essai sur la réception filmique , 2016.
Gabor EROSS, L’Art de l’histoire. Construction sociale de l’authenticité et de la vraisemblance historiques au cinéma , 2016.
Anne BENJAMIN, Cinéma et incitation à l’action, 2016.
Titre

Noël Burch et Geneviève Sellier







LA DRÔLE DE GUERRE DES SEXES
DU CINÉMA FRANÇAIS
(1930-1956)


Édition revue et augmentée

Préface de Michelle Perrot
Copyright

Des mêmes auteurs

Noël Burch, Praxis du cinéma , Paris, Gallimard, 1969.
––, Marcel L’Herbier , Paris, Seghers, 1973.
––, Pour un observateur lointain , Gallimard/Cahiers du cinéma, 1983.
––, La Lucarne de l’infini. Naissance du langage cinématographique , Paris, Nathan, 1991 (Prix Jean Mitry).
(dir.), Revoir Hollywood : la nouvelle critique anglo-américaine , Paris, Nathan, 1993 ; réed. L’Harmattan, 2007.
––, De la beauté des latrines : Pour réhabiliter le sens au cinéma et ailleurs , Paris, L’Harmattan, 2007.
––, L’Amour des femmes puissantes : introduction à la viragophilie, Paris, EPEL, 2015.
––, Eugène Scribe ou le Gynolâtre , Lyon, Symétrie, 2017.
Noël Burch & Geneviève Sellier, Le cinéma au prisme des rapports de sexe , Paris, Vrin, 2009.
Noël Burch & Geneviève Sellier, Ignorée de tous… sauf du public. Quinze ans de fiction télévisée française (1995-2010) , Paris, Ina, 2014.
Geneviève Sellier, Jean Grémillon : le cinéma est à vous , Paris, Klincksieck, 1989 ; réed. 2012.
––, Les Enfants du paradis de Carné et Prévert, étude critique , Paris, éditions Nathan, 1992 ; réed. Armand Colin 2012.
––, La Nouvelle Vague, un cinéma au masculin singulier, Paris, CNRS éditions, 2005.



Première édition © Nathan, 1996.

© L’Harmattan, 2019 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.editions-harmattan.fr
EAN Epub : 978-2-336-86457-0
Préface
Que la guerre et l’Occupation aient profondément marqué le cinéma français, même et surtout quand il tentait de les oublier, on le savait 1 . Mais on connaissait beaucoup moins leur influence sur la représentation des sexes à l’écran. Au vrai, les historiens du cinéma, préoccupés surtout de la tonalité politique des films – pétainistes ? collaborateurs ? résistants ? – s’étaient peu préoccupés de leur contenu sexué. Et puis, les rapports des hommes et des femmes constituent à tel point la matière de cette immense intrigue familiale qu’est le cinéma, qu’il peut paraître vain de les décrypter à l’aune d’une chronologie courte, comme s’ils obéissaient à une autre logique, intemporelle, voire éternelle.
Noël Burch et Geneviève Sellier ont fait, au contraire, l’hypothèse de l’extrême sensibilité politique du privé, du « genre 2 » et de leurs représentations. Leur livre foisonnant déroule pour notre plus grand plaisir la fresque de plus de vingt ans de cinéma français ; des centaines de films, des plus célèbres films-culte à d’autres plus obscurs, qui mériteraient réévaluation. Ce livre donne une envie juvénile de hanter les cinémathèques et de revoir cette production oubliée. Il incite aussi à la voir autrement, à lire différemment Les Visiteurs du soir, Le jour se lève ou La Règle du Jeu, à jeter un regard neuf sur nos acteurs familiers. Fernand Ledoux, Raimu, Jean Gabin, Alain Cuny ou Jean Marais, Ginette Leclerc ou Marie Déa, Edwige Feuillère ou Madeleine Renaud, Maria Casarès ou Arletty… prennent ici un autre relief, les propos qu’ils échangent, les intrigues qu’ils nouent, une autre signification. Ainsi revisité, ce cinéma apparaît comme un théâtre où se joue une autre guerre : celle des sexes, dont les opérations s’inscrivent en contrepoint du front principal, les redoublant ou les inversant, dans une dynamique qu’il faut, pour en saisir les enjeux, appréhender dans une plus longue durée : de l’avant à l’après-guerre, comme le proposent les auteurs.
Dans le cinéma d’avant-guerre, trône ce qu’ils appellent le « couple incestueux », formé d’un homme d’âge mûr et de stature patriarcale, et d’une femme beaucoup plus jeune dont il entend rester le seigneur et maître. Carrures solides et silhouettes épaisses, Raimu, Vanel, Berry, Blanchar… incarnent ces figures de père, bonasse ou brutal, sacrifié ou roublard, impotent ou lubrique, aux prises avec des filles plus ou moins délurées, porteuses d’une dangereuse autonomie qu’il importe de juguler. Garces (Mireille Balin, Ginette Leclerc), ou ingénues, rouées ou naïves, résolument modernes, comme Danielle Darrieux, qui a fasciné tant de jeunes filles d’alors, ces émancipées suscitent une bouffée d’antiféminisme sensible dans les touches de leurs portraits et plus encore dans la manière dont le récit les fouette pour les remettre à la raison. La Femme du boulanger, un des plus grands succès de l’époque, illustre cette thématique. Le retour de l’épouse volage (Ginette Leclerc) dans le giron du bedonnant et pitoyable Raimu, bon comme du bon pain, et comme lui, nourricier, suggère que, toujours un peu putains, les femmes peuvent échanger le plaisir contre la sécurité, préférer un mari avachi, mais confortable à un bel Italien (le classique séducteur) fauché. En même temps que la boulangère regagne sa boulangerie, la chatte enfuie rentre à la maison, métaphore de l’animalité féminine domestiquée. Pour le soulagement de tous (y compris de nombre de spectateurs…), l’ordre patriarcal règne au pétrin et dans le village.
De manière plus subtile et moderne, Jean Gabin, dont c’est l’apogée, représente le héros fort et vulnérable, mâle et tendre, et de ce fait, proie facile pour les perfides sirènes (Balin dans Pépé le Moko, Michèle Morgan parfois, Viviane Romance toujours) qui l’attirent. Gabin séduit par cette virilité fragile et quasi naïve que menace la rouerie de l’Ève éternelle. La plupart des réalisateurs partagent cette vision misogyne, Grémillon excepté, un des rares à esquisser de nouveaux personnages de femmes, aimantes et sincères. Dans Remorques, l’épouse de Jean Gabin (Madeleine Renaud), son amante (Michèle Morgan) connaissent la vibration du désir ; mais sur tous, pèse l’exigence du travail, substitut du sacré et garant de l’ordre. Hommes et femmes sont ici affrontés au même malheur dont les femmes, pour une fois, ne sont pas la cause.
Parmi l

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