La guerre d Algérie
128 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

128 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Ce livre a pour origine une conférence de Nelly Forget consacrée à la création, par Germaine Tillion, du Service des centres sociaux en Algérie, pendant la guerre d'indépendance. Michel Cornaton a proposé d'inscrire le sujet dans le contexte plus large de l'engagement des autres ethnologues français confrontés à la guerre d'Algérie (Lacoste-Dujardin, Servier, Bourdieu, Berque, Favret-Saada). Enfin, la décapitation d'Hervé Gourdel en septembre 2014 a conduit François Marquis à faire le rapprochement avec une tuerie commise en 1956 par l'armée française dans la région de Collo.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 mai 2015
Nombre de lectures 143
EAN13 9782336382029
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Histoire et Perspectives méditerranéennes
Histoire et Perspectives méditerranéennes
Collection dirigée par Jean-Paul Chagnollaud

Dans le cadre de cette collection, créée en 1985, les Éditions L’Harmattan se proposent de publier un ensemble de travaux concernant le monde méditerranéen des origines à nos jours.
Déjà parus
Raymond NART, Histoire intérieure de la rébellion dans les Aurès, Adjoul-Adjoul , 2015.
Fawzi ROUZEIK, Le Groupe d’Oujda revisité par Chérif Belkacem , 2015.
Geneviève GOUSSAUD-FALGAS, Le Consulat de France à Tunis aux XVII e et XVIII e siècles , 2014.
Frédéric HARYMBAT, Les Européens d’Afrique du Nord dans les armées de la libération française (1942-1945), 2014.
Maurizio VALENZI, J’avoue que je me suis amusé, Itinéraires de Tunis à Naples , 2014.
Mustapha BESBES, Jamel CHAHED, Abdelkader HAMDANE (dir.), Sécurité hydrique de la Tunisie. Gérer l’eau en conditions de pénurie , 2014.
Abdelmajid BEDOUI, Grandeurs et misères de la Révolution tunisienne , 2014.
Kamal CHAOUACHI, La culture orale commune à Malte et à la Tunisie,
2014
Abdelaziz RIZIKI MOHAMED, Sociologie de la diplomatie marocaine, 2014.
Ahmed BENNOUNA, Le crédit-bail au Maroc. Un mode de financement original, 2014.
Francesco CORREALE, Le front colonial de la guerre 1914-1918, Trafic d’armes et propagandes dans l’Occident maghrébin , 2014.
Mustapha HOGGA, Théocratie populiste ou séparation des pouvoirs au Maroc ? Histoire et alternative démocratique , 2014.
André-Paul WEBER, Régence d’Alger et Royaume de France (1500-1800). Trois siècles de luttes et d’intérêts partagés, 2014.
Cyril GARCIA, Trois historiens face à la guerre d’Algérie , 2014.
Seghier TAB, Les élus français d’origine maghrébine et la politique représentative, 2013.
Mariam MONJID, L’Islam et la modernité dans le droit de la famille au Maghreb, Etude comparative : Algérie, Maroc et Tunisie , 2013.
Tahar HADDAD, La naissance du mouvement syndical tunisien , 2013.
Titre
Michel Cornaton
Nelly Forget
François Marquis





L A GUERRE D’ A LGERIE
Ethnologues de l’ombre et de la lumière



Germaine Tillion est entrée au Panthéon le 27 mai 2015
Copyright


























© L’Harmattan, 2015
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-73213-8
Dédicace


A ceux qui ont la France et l’Algérie en partage, ce livre inspiré par Germaine Tillion
Notre part d’ombre François Marquis
Le téléphone a sonné, j’ai décroché le combiné, c’était Michel Cornaton. Il a été content de me trouver chez moi… J’aurais dû être en Algérie.
On avait appris le 24 septembre la décapitation d’Hervé Gourdel par un groupe de terroristes dans les montagnes de grande Kabylie, et il était devenu incompréhensible pour beaucoup de mes proches que je m’obstine dans un projet qu’ils jugeaient si peu nécessaire. Constantine et Collo où nous devions aller sont à deux cents kilomètres du Djurjura où avait eu lieu l’enlèvement, et nous aurions sans doute pu suivre le programme que nous avions prévu. Mais l’assassinat d’Hervé Gourdel s’était multiplié sur les écrans dans nos maisons et amplifié du bruit des reportages et des commentaires, au point que le terrorisme semblait présent partout. Le souvenir des attentats commis chez nous depuis des années ressurgissait soudain : ils s’agglutinaient, ils cristallisaient dans les mémoires, maillant tout le territoire et s’insinuant jusqu’à nos portes. La violence même de l’exécution et des images qui en avaient été diffusées nous frappaient de stupeur. On maquillait l’angoisse en renvoyant à la barbarie les auteurs du crime, et cependant on apprenait bientôt leur nom, les Algériens découvraient que l’exécuteur était d’Alger, on savait son âge… C’était un homme comme nous. Les jugements tout faits étaient impuissants à effacer le sentiment d’incompréhension.
Et s’agissant de l’Algérie, l’inquiétude trouvait en nous, Français, de profondes résonances.
Je voudrais comprendre pourquoi m’avait écrit un Algérien quelques mois plus tôt. Une page sur le site du Colliotte raconte brièvement le massacre de sa famille, par un élément de l’armée française, il y a près de soixante ans :
Une tuerie collective sans précédent, a eu lieu à Beni Zid, près du village de Loulouj, le 11 juin 1956. A la tombée de la nuit, vers 21h, l’armée française exécuta 22 personnes d’une même famille.
Après les avoir tués sommairement, les soldats jetèrent les corps dans une étable. Ils reçurent l’ordre de recouvrir les 22 corps de branches sèches et de les arroser d’essence. Ils refermèrent alors la porte de l’étable et mirent le feu à la bâtisse.
Cette tuerie reste aujourd’hui inexpliquée. Il ne semble pas y avoir eu des opérations du FLN précédant l’événement qui justifieraient des représailles de la part de l’armée française. Les troupes responsables de ce massacre étaient commandées par le lieutenant Delaveaux, du 2 ème bureau.
Aujourd’hui, les descendants des victimes cherchent à connaître les motifs de cette hécatombe, de façon à trouver une sérénité dans leur passé douloureux. Toute personne ayant des informations sur cet événement est invitée à témoigner de façon à pouvoir reconstituer les circonstances exactes qui se cachaient derrière ce drame.
Témoignage insolite de cette boucherie, une stèle dont l’accès est clos et difficilement accessible… presque anonyme et tombée dans l’oubli. A la mémoire des victimes, elle rappelle que nous ne devons pas les oublier, faute d’avoir des tombes pour se recueillir et se souvenir de leur passage sur terre 1 .
Seize personnes portent le nom de Boudellioua sur la liste des victimes gravée sur la stèle et c’est à partir de cet indice que je suis entré en relation avec Mohamed Salah. Il est le fils d’un survivant, Rabah Boudellioua, qu’on appelait Zidane dans la vie quotidienne. Né en 1958, deux ans après les faits, il ne se souvient pas de son père, qui a été tué au maquis le 13 février 1962, un mois avant le cessez-le-feu. Mais il a recueilli les récits de sa mère, de son beau-père, de beaucoup d’autres, et en particulier de Fodil Boudellioua qui était sur les lieux, au moment du drame, en 1956. C’est lui, Fodil, qui a fait ériger la stèle sur le lieu du massacre, à la zériba Semach, dans les années 1990, alors qu’il était adjoint au maire d’El Ouloudj. Il a lui-même été tué par un attentat terroriste quelque temps plus tard. Pendant la guerre, les hommes jeunes ne dormaient pas chez eux, par crainte de l’armée française. Ils se cachaient à proximité. C’est ce qu’il avait fait avec Zidane ce jour-là, et voici ce que Mohamed Salah a retenu de son récit :
Il était 20 h 45 environ, le 11 Juin 1956, lorsque le lieutenant Delaveau [sic] avec ses troupes surgit à la zériba Semach. Il frappa à la porte et c’est la femme de mon père qui ouvrit. Elle subit alors une rafale de balles, puis la tuerie continua avec les cris des femmes et des enfants qui s’entendaient dans toute la zériba. Lorsque la tâche fut achevée, le lieutenant demanda de l’essence, puis arrosa les victimes, puis mit le feu.
Après le départ de l’armée, mon père qui n’était pas loin rejoignit l’endroit et trouva sa femme, la seule encore vivante, qui gisait et lui raconta ce qui s’était passé. La scène m’a été décrite par Fodil Boudellioua qui était présent avec mon père lorsqu’il parlait avec sa femme tout en pleurant. Elle mourut avant qu’elle puisse être secourue.
Les 22 personnes étaient en majorité des femmes et des enfants, dont un bébé âgé d’une semaine, et une femme qui n’était que la belle-mère d’un de mes oncles en visite à sa fille. Les restes des victimes ont été enterrés ensemble au cimetière de la zériba à une centaine d

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents