La personne dans les sociétés techniciennes
208 pages
Français

La personne dans les sociétés techniciennes , livre ebook

208 pages
Français

Description

Les progrès considérables des sciences ont donné lieu à d'importantes nouvelles techniques qui ont pour conséquences de modifier nos comportements individuels, nos relations avec les autres et en fin de compte, toute la société. Les technologies ne produisent-elles que des moyens supplémentaires à l'usage de chacun ? Ou bien en modifiant nos façons de penser, ne nous entraînent-elles pas, inconsciemment, vers une transformation de notre être ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2007
Nombre de lectures 55
EAN13 9782296174436
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LA PERSONNE
DANS LES SOCIÉTÉS TECHNICIENNESSciences et Société
fondée par Alain Fuchs et Dominique Desjeux
et dirigée par Bruno Péquignot
Déjà parus
Alain GUILLON, Une mathématique de la personne, 2005.
Marie-Thérèse COUSIN, L'anesthésie-réanimation en France,
des origines à 1965. Tome I: Anesthésie. Tome II:
Réanimation. Les nouveaux professionnels, 2005.
Fernand CRIQUI, Les clefs du nouveau millénaire, 2004.
Karine ALEDO REMILLET, Malades, médecins et épilepsies,
une approche anthropologique, 2004.
Claude DURAND (sous la dir.), Regards sur les
biotechnologies,2003.
Pierre- Yves MOR VAN, Dieu est-il un gaucher qui joue aux
dés ?, 2002.
yJacques ARSAC, a-t-il une vérité hors de la science? Un
scientifique s'aventure en philosophie, 2002.
Jean-Georges HENROTTE, Entre Dieu et Hasard: un
scientifique en quête de l'Esprit, 2001.
René GROUSSARD, Pierre MARSAL, Monde du vivant,
agriculture et société, 1998.
Alessandro MONGILI, La chute de l'U.R.S.S. et la recherche
scientifique, 1998.
Godefroy BEADY ALLET, Un voyage d'exploration en
sciences cognitives, 1996.
Charles HALARY, Les exilés du savoir. Les migrations
scientifiques internationales et leurs mobiles, 1994.Sous la direction de
Régis Mache
LA PERSONNE
DANS LES SOCIÉTÉS TECHNICIENNES
L'Harma ttan@
L'Harmattan, 2007
5-7, rue de l'Ecole polytechnique; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion. harmattan@wanadoo.fr
harmattan 1@wanadoo.fr
ISBN: 978-2-296-03408-2
EAN : 9782296034082INTRODUCTION
On assiste depuis quelques décades à une croissance
quasi exponentielle des découvertes comme en témoigne
l'accroissement en nombre des journaux scientifiques de par le
monde. Pour beaucoup des recherches actuelles en physique,
chimie ou biologie, cette évolution s'accompagne d'un
changement d'échelle des objets étudiés. La physique et la
biologie se développent à l'échelle nanométrique, la première
agissant sur des matériaux et la seconde accédant au niveau
moléculaire du vivant, ouvrant la porte à sa manipulation
atomique ou moléculaire. Ces changements permettent une
maîtrise accrue de la nature d'où émergent un bien plus grand
nombre d'applications que par le passé. On ne doit pas s'étonner
que le temps séparant une découverte scientifique de son
application technologique se soit considérablement raccourci
ces cinquante dernières années. Cette considération sur
l'accélération du temps d'émergence des technologies ne relève
pas d'une simple observation. Elle a des conséquences dont
nous soulignerons quelques traits.
La multiplicité des technologies conduit à une
pénétrance de plus en plus grande de celles-ci dans nos modes
de vie et en particulier dans la nature du travail. Nos sociétés
modernes sont imprégnées de la technique dans plusieurs de
leurs composantes. L'artisan laisse la place à l'entrepreneur et
l'emploi d'outils plus ou moins compliqués construits avec
toutes les ressources de la technologie se substitue au travail
manuel. La force de travail chère à Marx, est remplacée par le
savoir technologique. Selon Hannah Arendt, dans La Condition
de l'Homme moderne, « le monde des machines remplace le8
monde réel» 1. La production des objets ne serait plus la
création d'un artifice ayant un rapport avec l'humain, mais
deviendrait la création d'un monde différent auquel l'homme est
asservi. Ainsi, la société technicienne ôterait au travail son
caractère pénible (il travaille de moins en moins à la sueur de
son front) mais par un renversement inattendu de l'histoire, elle
aliènerait l'homme par son pouvoir d'attraction et de
dépendance. Il est vrai que l'homme ne peut se détacher du
monde et que son travail est un élément important de l'intérêt
qu'il porte à la vie. Ce qu'il produit compte aussi. Mais que
reste-t-il de sa liberté si le monde de la technique l'absorbe en
lui retirant cet espace où se vit l'humanité? L'esclave assurant
les tâches nécessaires de la vie permettait au citoyen de la Grèce
antique de se rendre libre pour la Cité. Le d'aujourd'hui
par l'usage de la raison et l'exercice de sa liberté, produirait un
monde extérieur à lui, lequel deviendrait un maître involontaire,
annihilant la liberté humaine, et faisant à nouveau de l'homme
un esclave. Non plus l'homme dont le travail est la source de
son aliénation par d'autres hommes, acteurs du capitalisme,
mais l'homme aliéné par le produit de son travail dont les fruits
sont des objets appartenant au monde de la technique. Les outils
initialement conçus pour libérer l'homme de la servitude du
travail sont remplacés par des objets complexes, lesquels
acquièrent une forme d'autonomie, et asservissent l'homme.
Cette critique de la société technicienne n'est-elle pas excessive,
unilatérale? Elle conduit déjà à l'expression d'une vision d'un
monde futur faisant l'objet de romans fictions, comme c'est le
cas de «La possibilité d'une île »2 où l'usage de la science
génétique entraîne la disparition de l'humanité. On peut
remarquer que si le point de vue que nous venons d'évoquer est
excessif, à l'opposé se développent des idées sans doute tout
autant excessives. En effet, sous couvert d'un post-modemisme,
la société technicienne peut tendre vers un dépassement de
1
H. Arendt, La condition de ['homme moderne, Calmann-Lévy, 1983, trad.
française, colI. Agora, p. 205.
2M. Houellebecq, La possibilité d'une île, Fayard, 2005.9
l'humain, une continuation de l'évolution biologique, et
répondre ainsi à des fantasmes nourris par le monde de la
technique. Il ne serait plus question d'une domination de
l'homme par la technique mais de l'émergence d'un nouvel
homme. Les questions posées sont multiples. Il s'agit de savoir
si l'intrusion de techniques sophistiquées dans notre monde rend
véritablement possible cette disparition progressive de
l'humanité telle qu'elle s'est construite depuis des siècles. De
savoir si nous allons vers un monde infernal, celui décrit par
Houellebecq, ou bien vers un nouvel homme, prémisse d'un
monde paradisiaque.
Aux formidables avancées technologiques et à
l'accélération dans les connaissances s'opposent la constance de
nos concepts et de leur lente évolution. Si l'environnement
technologique intervient sur les comportements d'une personne
durant sa vie, par contre les transformations de nos concepts
sont bien plus lentes et restent souvent liées au temps de
génération, lequel ne se raccourcit pas, bien au contraire. Il n'est
donc pas étonnant que les changements technologiques
conduisent à des crispations voire des conflits. Au-delà de ces
transformations sociétales la question se pose de la permanence
de notre identité profonde, de ce que nous sommes, de notre
être individuel. Les modifications technologiques sont-elles
seulement superficielles ou nous atteignent-elles en
profondeur? Pour caractériser ce que nous sommes, nous avons
pensé que le concept de personne était le plus approprié. Certes,
ce concept est flou, jamais vraiment définissable, toujours en
question, mais il est attribué uniquement à l'homme et fait partie
de son identité, voire de sa dignité, c'est-à-dire autant de termes
qu'on a peine à définir tellement ils sont complexes.
Néanmoins, ce terme générique de personne est une référence
qui se distingue des simples habitudes ou des modes de vie dont
on s'accordera à dire qu'ils sont profondément façonnés par les
technologies. D'un certain point de vue, la personne
correspondrait à l'être de l'homme qui se construit par la
représentation du monde, en intégrant ce dernier de façon
subjective. La personne n'est pas totalement déterminée par le10
monde mais elle en est le reflet. La question posée plus haut de
façon générale est alors au niveau individuel que devient la
personne dans sa représentation du monde devenu
technologique? Le débat que nous voulons mettre en avant ne
porte pas tant sur l'évolution des représentations du monde de la
nature, englobant les rapports humains, que su

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