La psychothérapie psychanalytique en Algérie
372 pages
Français

La psychothérapie psychanalytique en Algérie , livre ebook

372 pages
Français

Description

Les auteurs racontent leur expérience de psychothérapeutes à Alger où on retrouve des positions similaires à celles de Freud au début de la psychanalyse. L'ouvrage montre que la névrose individuelle se double d'une névrose collective, dans une société marquée par l'interdit et la répression. L'éclosion du désir, de la personne et le règne de la névrose, expliquent la décennie « rouge » du terrorisme. La période actuelle se caractérise par un net recul de la névrose, de la pensée, au profit d'une crispation générale dans un mimétisme religieux. Une réaction défensive et de fuite face à la liberté pouvant advenir. Un confort intérieur retrouvé au dépend de l'authenticité, de la dignité et de la liberté du Moi. Cette histoire faite de détails riches débouche sur l'installation de la psychanalyse en Algérie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2017
Nombre de lectures 32
EAN13 9782140053498
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

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Extrait

la pensée, au proIt d’une crispation générale dans un mimétisme religieux. Une
l’explosion du conLit œdipien, tel qu’on ne pouvait l’imaginer, vient une forme de
Un confort intérieur retrouvé aux dépens de l’authenticité, de la dignité et de la
Une histoire faite de détails riches et intéressants sur la psychothérapie
Abderrahmane SIMOUSSIet Mira OURARISIMOUSSI
LA PSYCHOTHÉRAPIEPSYCHANALYTIQUE EN ALGÉRIE Névrose individuelle et névrose collective
Recueil de textes publiés entre 1993 et 2013
Études psychanalytiques
Préface de Roger Perron
La psychothérapie psychanalytique en Algérie
Études Psychanalytiques Collection dirigée par Alain Brun et Joël Bernat La collectionEtudes Psychanalytiquesveut proposer un pas de côté et non de plus, en invitant tous ceux que la praxis (théorie et pratique) pousse à écrire, ce, « hors chapelle », « hors école », dans la psychanalyse. Dernières parutions ASSOCIATION LA MAISON VERTE,vous avez Prévention, dit prévention ?, 2017. Dominique WINTREBERT, Georges HABERBERG et Élisabeth LECLERC-RAZAVET(dir.),Rencontres avec la castration maternelle, 2017. Guillemette BALSAN,Temps et mélancolie, Après coup l’adolescence, 2017. Franca MADIONI (dir.),Figures du vide. Psychopathologie et hypermodernité, 2017. Vladimir MARINOV,Le démiurge et le funambule. Brancusi & Giacometti,2017. Michelle MORIN,De la création en art et littérature, 2017. Christiane CHARVET-BERNARD,Une voix s’est tue. Parlons. Le déclin d’une civilisation n’est pas une fatalité, 2017. Pierre DELMAS,Wilhelm Reich ou le complexe de Prométhée, 2017. Anne Vernet SEVENIER,Etude d’un Syndrome de relance originaire en cours de coma, 2016. Jacques LIS,L’homme à l’envers, 2016. Christophe SOLIOZ,Paul Parin,Voyage au bout de l’utopie, 2016. Celso GUTFREIND,être mère, être père et autres Narrer, essais sur la parentalité, 2016. Alessandra GALLI,Comment sortir d’une psychose et terminer sa psychanalyse, 2016.Stoïan STOÏANOFF-NENOFF,Quatuor d’hommes de désir. Ludwig Wittgenstein, Sigmund Freud, Alain Badiou et Alain de Libéra,2016. Raymond ARON,Traces du désir, Proximité de l’abîme, 2016.
Abderrahmane SIMOUSSIet Mira OURARI-SIMOUSSILA PSYCHOTHERAPIE PSYCHANALYTIQUEENALGERIENévrose individuelle et névrose collective
Recueil de textes publiés entre 1993 et 2013
Préface de Roger Perron
© L’Harmattan, 2017 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-13553-3
EAN : 9782343135533
A Lounis Etoile de Clair de Lune et de SuperMan«Dix sur lui!» comme on dit dans la famille
Préface de Roger Perron Il devait en être ainsi : qu’un jour, Abder Si Moussi, mon ami, me demande de préfacer un livre, et que j’en sois heureux. Cette histoire a commencé il y a quarante ans, le jour où j’ai vu arriver dans mon bureau un jeune Algérien qui venait me consulter sur la possibilité de la thèse de Doctorat qu’il envisageait. Le sujet ? «Le devenir des garçons qui n’ont pas d’image paternelle». Prudent, j’avais répondu à sa question par une autre question : « pourquoi vous intéressez vous à cela ? » Sa réponse confirma la nécessité de ma prudence : parce qu’il était fils dechahid, d’un combattant mort pendant la guerre d’indépendance (celle que les Français nomment la « guerre d’Algérie »). Il avait été élevé ensuite dans une institution d’Etat qui prenait en charge les orphelins de guerre (une institution, je l’appris plus tard, dont il avait plutôt de bons souvenirs : il y devint bon footballeur et s’y prépara à être professeur à l’Université d’Alger). La demande était chargée d’histoire, l’histoire de la France et celle de l’Algérie, et dans ce cadre son histoire à lui, Abder, et la mienne. Mais aussi l’histoire à venir, celle des quarante ans que je restitue ici en quelques mots. Cette démarche m’avait ému. Les souvenirs de cette guerre étaient encore très présents, et vives les blessures qu’elle avait laissées. Qu’il vînt me demander, à moi, professeur français, de diriger ce travail, d’en êtrele patron(dans « patron », il y a « père »), et précisément sur ce sujet, l’absence de père, cela m’avait en effet touché. J’acceptai, mais après avoir testé la possibilité d’une entente par une remarque liminaire : peut-être, dis-je, « peut-être pourrait-on penser que, si le père est absent physiquement, c’est précisément alors que son image pèse sur le devenir de l’enfant, par tout ce que cette absence implique de désirs, de regrets, de colère, etc. ? ». Sa rapidité à comprendre et à réfléchir à cette idée scella notre accord. Je dirigeai cette thèse, qui fut bonne. Il arriva ensuite ce qui devait arriver : il se forma à la psychologie clinique, en devint praticien dans le temps même où il devenait professeur à l’Université d’Alger, développa des activités de recherche et des publications, créa et anima des institutions de consultation et de prise en charge psychologique (j’en oublie certainement…). Il me demanda souvent mon soutien et mon aide dans le développement de ces activités ; à cet accompagnement je réussis à intéresser et associer quelques-uns de mes collègues, la plupart enseignants et psychanalystes. Convaincu que telle était sa voie, il devint lui aussi psychanalyste, au prix des considérables efforts impliqués par le cursus qu’il choisit de suivre. Il arriva ainsi, disais-je, ce qui devait arriver :mektoub, c’était écrit dans le grand Livre de la destinée. Car cela peut-être dépend du bon vouloir des Parques, lesMoirèdes Grecs (Clotho, la Fileuse qui crée le fil de la vie, Lakhesis, la Répartitrice, qui le déroule, et Atropos, l'Implacable, qui le coupe). D’autres versions de la destinée sont plus proches de nous, celles où tout destin personnel est en faitprédestiné, c'est-à-dire décidé à l’avance par une puissance
supérieure : le Dieu des monothéismes, c'est-à-dire des juifs, des chrétiens et des musulmans, plus ou moins tolérant, plus ou moins implacable selon les variantes de cette conception du destin. On se souvient chez les chrétiens du conflit qui opposa les jansénistes à la rigueur implacable et les jésuites plus conciliants. Mais dans les trois religions du Livre on retrouve partout, au fil des infinis écarts de l’histoire, deux conceptions du destin. D’une part une philosophie, désespérante et peut-être désespérée, selon laquelle vous ne pourrez jamais, malgré tous vos efforts, faire et être autre chose que ce qu’il vous était d’emblée donné d’être. Et d’autre part une philosophie du libre-arbitre qui vous accorde l’espoir d’être, de devenir, le meilleur de vous-même, pour peu que vous vous y attachiez. Pourquoi dis-je tout cela ? Parce que ce que vous allez lire, c’est l’histoire d’un homme qui n’a pas cessé de parier sur la seconde de ces deux conceptions, parce que c’est la plus généreuse, la plus ouverte à la vie, la plus heureuse. Parce que, là ou d’autres peut-être auraient passé leur vie à se plaindre de leur mauvais sort (et même peut-être à s’en venger), il avait parié sur la vie. Cette voie est une voie royale : car c’est en participant assez des souffrances de l’humaine condition qu’on peut tenter d’y porter remède ; c’est en prenant soin d’autrui qu’on prend soin de soi-même. Ce fut donc la voie de la psychologie, de la psychologie clinique, de la psychanalyse. Il faudrait ici dire à quel point l’entreprise était, est, difficile dans l’Algérie d’aujourd’hui. Une pratique de la psychanalyse y est-elle possible, même sous ses formes allégées dites de psychothérapie psychanalytique ? Une pensée psychanalytique y est-elle possible, dans le contexte d’une civilisation et d’une histoire façonnées par treize siècles de religion musulmane et de colonisations arabe, turque, française, dans un pays marqué par la multiplicité des langues et encore traumatisé par deux guerres, la première dite de libération, la seconde pour exorciser des démons internes ? De ces difficultés, tous les textes ici réunis par Abder et Mira Si Moussi témoignent. Ils témoignent aussi de leur foi en la réussite à venir (car il s’agit bien de foi, au sens exact du mot « foi », la confiance en l’homme, le pari sur son meilleur destin). Les problèmes du cadre Il s’agit d’abord, au plus près de la pratique, des problèmes du cadre. Dans un pays et à une époque où le vêtement peut afficher une conviction socio-politique et religieuse, comment le vêtement du thérapeute lui-même répondra-t-il face à un(e) patient(e) qui l’arbore ainsi ? Convient-il qu’il adopte le même vêtement pour tous, ou bien est-il préférable de le nuancer selon la clinique même de chaque cas ? Le thérapeute lui-même s’autorise-t-il ou non ces marques vestimentaires de ses choix personnels ? (il ne peut guère d’ailleurs l’éviter) ; en va-t-il de même pour tous ses patients ou non ?
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Mêmes questions quant aux usages dans le dialogue thérapeutique de la langue, ou plutôt des langues, ainsi qu’il faut dire dans un pays où on en pratique trois ou quatre (l’arabe usuel, l’arabe classique, le tamazight, le français) : arabe familier pour exposer le plus intime, usage « policé » du français, arabe classique pour ce qui est supposé demander un contexte plus noble, etc. ? Le fait même de converser longuement et régulièrement à huis clos avec un homme (thérapeute, certes, mais homme !) sans que quiconque puisse interférer, ni même être autorisé à en connaître quoi que ce soit, constitue un problème majeur pour certaines patientes : il leur faut un très grand courage (surtout face à un entourage réprobateur) pour accepter une telle transgression des règles ordinaires de la décence. Quant au patient homme, il peut lui aussi se sentir très mal à l’aise dans cette situation de huis clos avec une femme qui ne soit ni son épouse ni une prostituée… Les problèmes de techniqueIl faudrait dire aussi les difficultés soulevées par la technique analytique dans un environnement qui semble peu préparé à l’accueillir. Le plus important, même si cela n’apparaît pas d’emblée, c’est peut-être ce qui fonde l’analyse elle-même : la règle de libre association. Le patient est en effet prié de dire « tout ce qui vous vient à l’esprit, sans rien en retenir, sans rien y changer, même si cela vous paraît difficile à dire ». Il n’existe sans doute pas d’autre situation où un échange entre deux personnes soit soumis à une telle règle où la liberté se transforme paradoxalement en obligation (« vous devez dire… ») – sauf sans doute la confession chez les chrétiens qui la pratiquent (mais le but n’est pas alors de libérer la parole et la pensée, il est de juger, de condamner et d’absoudre). Dans cette situation parfaitement asymétrique prévaut un contrat dont les clauses ont été édictées par l’analyste et acceptées par le patient (un contrat « léonin » dit-on), et où pèseront ensuite lourdement les pièges de l’autorité, de la soumission et de la séduction. Une asymétrie soulignée par la réserve de l’analyste qui ne dit rien de lui-même alors que le patient, lui, doit tout dire. Ces règles sont justifiées par l’expérience d’un siècle de pratique analytique, elles n’en sont pas moins difficiles à accepter par des patients habitués aux relations d’autorité. La butée la plus explicite concerne cependant la sexualité. Dans le grand public peu informé, le cabinet du psychanalyste est un lieu où on pourra – on devra !- tout exprimer, tout dire, et pire tout éprouver, concernant la sexualité, y compris dans ce qu’elle peut avoir de plus séduisant, de plus effrayant, de plus honteux. Le patient qui s’engage dans une analyse constatera peu à peu qu’il en va très différemment, et qu’on y parle beaucoup moins de sexualité qu’il ne le croyait au début (et que d’ailleurs, la psycho-sexualité qu’on y découvre est bien autre chose que la sexualité…). Mais s’il vit dans une société où la sexualité est frappée de très lourds interdits, où de ce fait même la transgression est à peu près inévitable et où la culpabilité écrase la vie psychique, il faut que les conflits du désir et de l’interdit relatifs à la sexualité aient pris beaucoup d’acuité pour
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