La question de Dieu en psychanalyse
132 pages
Français

La question de Dieu en psychanalyse , livre ebook

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132 pages
Français

Description

Qu'est-ce que la psychanalyse peut bien avoir à faire avec l'énigme de Dieu ? Mais surtout la question de sa mort ? D'où vient l'idée de Dieu ? Quels sont ses différents noms ? La religion n'est-elle qu'une simple névrose ? Et enfin, Dieu est-il mort ? Telles sont les questions que tente d'éclaircir l'auteur de cet essai, au croisement de la théologie, de la philosophie et de la psychanalyse.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2015
Nombre de lectures 78
EAN13 9782336382616
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Et enfin,
Peggy DAVAINBERGEOT
LA QUESTION DE DIEUEN PSYCHANALYSE
Naissance et mort de Dieu
Préface de JeanDaniel Causse
Études psychanalytiques
07/04/15 22:30
La question de Dieu en psychanalyse
Études Psychanalytiques Collection dirigée par Alain Brun et Joël Bernat La collectionEtudes Psychanalytiques veut proposer un pas de côté et non de plus, en invitant tous ceux que la praxis (théorie et pratique) pousse à écrire, ce, « hors chapelle », « hors école », dans la psychanalyse. Dernières parutions Claude-Raphaël SAMAMA,Le Spirituel et la psychanalyse, 2015. Jean GODEBSKI,Le tout dernier enseignement de Lacan. Un renouvellement de la clinique?, 2015. Daniel LYSEK (dir.),Les maux du corps sur le divan. Perspective psychosomatique,2015.J. GAVELLO,Freud, l’inavouable secret, 2015. Lucien TENENBAUM,D’autres psychotiques que moi. Images de la psychose ordinaire en thérapie (et ailleurs), 2015.Catherine BRONNIMANN,La robe de psyché. Essai de lien entre psychanalyse et vêtement, 2015. Henri MIALOCQ,La trajectoire du désir. De Jacques Lacan à Thérèse d’Avila, 2015. Éric CHAMP, Anne FRAISSE, Marc TOCQUET,L’analyse psycho-organique. Les voies corporelles d’une psychanalyse, 2015. Valérie BLANCO,L’effet divan, 2014. Frédérique F. BERGER,Symptôme de l’enfant, Enfant symptôme, 2014. Soti GRIVA,Crimes en Psychothérapie. A-Voros, 2014. Jacques PONNIER,Adler avec Freud. Repenser le sexuel, l’amour et le souci de soi, 2014.Laurence KAPLAN DREYFUS,Encore vivre : À l’écoute des récits de la Shoah. La psychanalyse face à l’effacement des noms, 2014. Stoïan STOÏANOFF-NENOFF,Freudaines,2014. Francine Hélène SAMAK,De Freud à Erickson.L’hypnose revisitée par la psychanalyse,2014. Christiane ANGLES MOUNOUD,Aimer = jouir, l’équation impossible ?, 2014.
Peggy Davain-Bergeot
La question de Dieu en psychanalyse
Naissance et mort de Dieu Préface de Jean-Daniel Causse
© L’Harmattan, 2015 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-05695-1 EAN : 9782343056951
Remerciements
Je remercie Jean-Daniel Causse pour sa participation au présent ouvrage et Michel Delage pour son soutien.
PRÉFACE
MORT DEDIEU
ET THÉORIE DE LINCONSCIENT
Dans les années 1960-1970, Lacan se moquait parfois de ceux qui faisaient profession d’athéisme en reprenant le motif nietzschéen de la mort de Dieu. Pour s’en démarquer, il avait soutenu à un moment donné que la formule véritable de l’athéisme n’est pas que Dieu est 1 mort, mais que Dieu est inconscient . C’est en réalité cette formule énigmatique que Peggy Davain-Bergeot se propose d’éclairer en reprenant le dossier complexe de la mort de Dieu. Elle le fait avec justesse, conduisant pédagogiquement le lecteur dans divers sentiers où, pas à pas, il comprend mieux les enjeux de la mort de Dieu. Elle situe le problème dans le champ de la psychanalyse, c’est-à-dire au regard d’une théorie de l’inconscient et de ce qui se réfère au lieu de l’Autre.
Pourquoi faut-il interroger le thème de la mort de Dieu quand il est devenu une sorte de lieu commun ? Pour trois raisons au moins. Il faut d’abord se poser la question de savoir de quel Dieu il s’agit quand on dit que « Dieu est 1  Cf. Jacques LACAN, Le Séminaire XI. Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse (1964), Paris, Seuil, 1973, p. 58.
mort ». Que met-on sous ce nom-là de Dieu ? Après tout, le christianisme s’est élaboré justement comme destitution d’une certaine figure du divin – une figure de la puissance – en confessant un Dieu capable d’éprouver la condition humaine jusqu’à la mort. La mort de Dieu n’est pas seulement le fait d’une critique de la religion ; elle est aussi un concept interne à la religion – chrétienne en tout cas – ce qui faisait dire à Derrida qu’une certaine « christianisation de notre monde » signifie la mort de 2 Dieu ou la mort en Dieu . C’est d’ailleurs dans la piété luthérienne qu’on trouve pour la première fois l’expression « mort de Dieu » à propos de la passion du Christ, et c’est ce motif, hérité de Luther, que Hegel reprendra. Il n’y a donc pas un seul destin de la notion de mort de Dieu. Nietzsche lui-même ne disait-il pas qu’en définitive « seul le Dieu moral est réfuté », c’est-à-dire ce divin qui n’est que le nom de notre ressentiment et de notre mauvaise conscience. La question restait ouverte de savoir s’il y a un nouveau « Dieu » « par-delà le bien et le mal », un autre nom possible du divin, qui serait autre chose que l’expression de notre propre impuissance et de notre haine de la contingence du monde.
Ensuite, il faut se demander ce que signifie « mourir », et ce qui meurt dans cette mort, car après tout nous avons reçu de Freud la leçon que le meurtre du Père primitif – dont il disait qu’il est à l’origine de la croyance et de 3 toutes les figures du divin – n’en finit pas de nous hanter . Paradoxalement, cette mort rend encore plus présent, plus 2 Jacques DERRIDA,Foi et savoirsuivi deLe siècle et le pardon, Paris, Seuil, 1996, p. 22. 3 On se réfère au mythe deTotem et tabou.
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puissant, celui dont on pense s’être débarrassé et qui est d’autant plus vivant qu’on ne peut plus le tuer. Après avoir tué le père de la horde primitive, l’Urvater– le père archaïque qui possédait tout, qui n’avait pas d’autre loi que celle de sa jouissance sans limite et arbitraire – les fils ne s’emparent pas du butin comme ils l’avaient d’abord programmé. Ils renoncent ensemble à la jouissance, ce qui faisait dire à Lacan que la mort de Dieu (comme la mort du père) n’ouvre pas à la jouissance, mais à sa restriction et l’interdit surgit justement avec cette mort. Mais au père mort, élevé au rang de symbole, succède aussi le père imaginaire puisque les fils, pris de remords et ne pouvant renoncer vraiment à la jouissance supposée du père de la horde, lui redonnent vie sous une forme totémique. Dès lors, plus rien ne peut abattre le père mort et il est plus redoutable qu’auparavant. Mort, il ne cesse de faire peser sa loi et de réclamer des fils une part de leur jouissance en sacrifice. En ce sens, la mort de Dieu n’est pas du tout la disparition de Dieu, ni son absence, mais une permanence spectrale, ou fantomatique, présente en chacun.
Enfin, Lacan a relevé – d’où une certaine ironie à l’égard des hérauts de la mort de Dieu – que ce rejet pouvait fort bien n’être qu’une dénégation, c’est-à-dire en réalité une façon de conserver ce qu’on suppose exclu, et cela d’autant plus qu’on ne veut rien en savoir. C’est pourquoi, Lacan peut affirmer par exemple que le mythe de la mort de Dieu n’est peut-être que « l’abri trouvé contre la menace de la castration », c’est-à-dire une façon de faire mine de consentir à une perte qu’en réalité on ne 4 peut pas accepter . La mort de Dieu comme dénégation
4 Jacques LACAN,Séminaire XI. Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, p. 29.
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