La scène artistique pékinoise, génération 60
73 pages
Français

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La scène artistique pékinoise, génération 60 , livre ebook

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Description

Qui sont les précurseurs de l'art contemporain chinois ? Quelles sont les logiques d'action qui ont conduit la génération 60 à épouser le monde de l'art contemporain ? L'auteure décrit de quelle manière reproduction de l'habitus familial et conservation de l'appareil étatique se jouent de la personne, mais profitent étonnamment à la construction d'une altérité conjuguée à une identité artiste qui produit ces désormais fameux professionnels de l'avant-garde pékinoise. La seule logique qui semble ici conduire à des professions artistiques est celle de la reproduction culturelle. Elle semble échapper dans l'histoire chinoise à toute pression et répression structurelles. Est-ce une des plus redoutables démonstrations du Soft Power ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 18 juillet 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782336877532
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Collection Logiques Sociales

Collection Logiques Sociales

Série Sociologie des Arts
Dirigée par Bruno Péquignot

Comme phénomène social, les arts se caractérisent par des processus de production et de diffusion qui leurs sont propres. Dans la diversité des démarches théoriques et empiriques, cette série publie des recherches et des études qui présentent les mondes des arts dans la multiplicité des agents sociaux, des institutions et des objets qui les définissent. Elle reprend à son compte le programme proposé par Jean-Claude Passeron : être à la fois pleinement sociologie et pleinement des arts.
De nombreux titres déjà publiés dans la Collection Logiques Sociales auraient pu trouver leur place dans cette série parmi lesquels on peut rappeler :
Déjà parus :
SEGRE Gabriel, Portrait sociologique de Hugo. Itinéraire musical d’un adolescent à l’ère numérique, 2017.
PEQUIGNOT Bruno et PREVOST-THOMAS Cécile, Arts, culture, mémoire , 2017.
DOUXAMI Christine, Le théâtre noir brésilien, un processus militant d’affirmation de l’identité afro-brésilienne , 2015
GAUDEZ Florent, Les frictions créatives art-polique. L’art, le politique et la création tome 3 , 2015.
GAUDEZ Florent, La création artistique subversive. L’art, le politique et la création tome 2 , 2015.
GAUDEZ Florent, La création politique dans les arts. L’art, le politique et la création tome 1 , 2015.
KIRCHBERG Irina et ROBERT Alexandre, Faire l’art. Analyser les processus de création artistiques , 2014.
Pita CASTRO Juan Carlos, Devenir artiste : une enquête biographique, 2013.
BARACCA Pierre, Arman, quand les objets ont remplacé la peinture (1954-1962), 2013.
GIREL Sylvia, La mort et le corps dans les arts aujourd’hui , 2013.
VILLAGORDO Eric, L’artiste en action. Vers une sociologie de la pratique artistique , 2012.
Titre

Kalliopi P APADOPOULOS





L A SCENE ARTISTIQUE PEKINOISE, GENERATION 60

Altérité Sociale, Transmission du Capital Culturel, Soft Power
Copyright

















© L’Harmattan, 2019
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.editions-harmattan.fr
EAN Epub : 978-2-336-87753-2
Dédicace

À mon cher ami Lars qui m’a soutenue infailliblement et totalement tout au long de ce travail.
À tous les acteurs de l’art contemporain chinois qui, alors que pour beaucoup d’entre eux sont désormais internationalement connus, ont bien voulu accepter de redevenir “anonymes” le temps et pour les besoins de cette recherche. Si j’écris à propos d’eux, c’est parce que comme disait Pierre Brasseur, « j’aime travailler avec les gens avec qui j’ai envie de boire un coup et j’aime boire un coup avec les gens avec qui j’ai envie de travailler ».
Exergue

“Artists are free spirits. They are free spirits, so it is different from a lot of other people in the Chinese society, which is a very much controlled society” (Interprète Sino-Allemande).
« Dans la culture chinoise, l’art est une chose spéciale. Les gens considèrent l’art comme une connaissance… très spéciale »
(Professeur d’histoire de l’art à l’Académie Centrale des Beaux-Arts de Pékin).
Ont-ils raison ? Ils ont (des) raison(s).
INTRODUCTION
Pour les occidentaux, les artistes chinois contemporains sont « envisagés » et investis, comme géniaux. Les sommes offertes au niveau international pour l’achat de leurs œuvres en attestent 1 . Notre question de départ était donc celle-ci : comment se fait-il qu’une société à dominante rurale 2 fabrique-t-elle soudainement des artistes parmi les plus prisés au niveau mondial ? Le présent travail y répond, de manière probablement partielle et sans doute provisoire, puisque notre première question s’attache à une actualité socioéconomique 3 . Cependant cette recherche nous a aussi conduit à des résultats plus généraux qui dépassent ce terrain singulier et/ou qui ne se relient pas juste à une actualité. Par exemple, à mieux saisir la séparation entre création artistique et consommation artistique ou culturelle. Par exemple, à mieux comprendre ce que l’on achète plus précisément quand on achète actuellement de l’art contemporain. L’ensemble de nos dires s’appuie sur un travail d’enquête sociologique mené lors d’un séjour d’environ trois ans, de 2009 à 2011, à Pékin 4 .
Pour les chinois, les artistes chinois contemporains sont « estimés » comme riches, originaux, ou savants. Les débuts timides d’un marché d’art national montrent un départ de « considération » et de capacité d’acquisition individuelles des œuvres modernes* 5 . Par contre, l’impact sur l’opinion publique de certains blogs d’artistes traitant des problèmes d’actualité, tel celui d’Ai WeiWei, par exemple, témoigne du poids de l’avis de ces « auteurs » sur la pensée de leurs concitoyens.
Mais, comme dans son ensemble la société chinoise continue d’être une société hiérarchique, agro-industrielle et à dominante masculine 6 dans ce début du XXI e siècle, les professionnels de l’art et surtout les artistes, sont traités comme des fantaisistes par les personnes ordinaires et par le parti communiste au pouvoir. Ceci dit, dans ce milieu persistent aussi hiérarchie sociale et prépondérance masculine 7 . Ainsi, le pouvoir symbolique, parole ou création pure (critiques d’art, artistes), revient très majoritairement aux hommes 8 . Alors que la « garde des maisons de l’art » (galeries) est beaucoup plus équitablement distribuée entre les deux sexes, voire entre Chinois* et non-Chinois, comme l’on peut aisément le constater sur place. Autrement dit, l’art et son interprétation sont yang (actifs), mâles, quand son encadrement est yin, (passif) et féminisé.
Aussi, beaucoup de métiers d’art ne sont pas reconnus administrativement. Par exemple, « un artiste est quelqu’un sans métier » 9 et une galerie ne peut « être enregistrée jusqu’alors que comme société d’information, comme entreprise technique ou comme société de conseil, mais pas comme entreprise dans le secteur des arts ; cela n’existe pas encore » 10 . Il en résulte que les reconnaissances juridique et intra-professionnelle des métiers artistiques sont confuses, inexistantes, ou plus récemment embryonnaires ou en évolution.
Certes il s’est établi petit à petit un consensus international sur le fait que les professions artistiques – et paraartistiques – sont entourées de flou (de Freidson à Heinich en passant par Dubar et Le Strat). D’abord en ce qui concerne l’entrée et la sortie de ces professions. Ensuite à propos de ce qui y amène (formation spécifique). Flou enfin au sujet de leur rémunération et de leur reconnaissance. Mais de plus complexes à définir de manière générale, il semblerait qu’elles le sont encore plus en Chine. Toutefois, ce manque de désignation officielle précise des métiers, la difficulté de les saisir, semble dépassé par une particularité : chaque génération ici a son histoire propre – qui délimite nettement ses activités, en est consciente, et agirait en conséquence. À chaque unité de travail – et à chaque moment donné dans le temps – ses propres victoires et déboires. C’est une première particularité de ce terrain. Une Histoire qui se déroule aux XX e et XXI e siècles en accéléré, impliquant chaque cohorte – tous les individus qui tombent dans le même groupe d’âge à un moment particulier – dans d’événements singuliers à caractère « dramatique », en serait une raison.
Parmi tous ces travailleurs, il y a les intellectuels. Qui sont-ils ? Historiquement – et en théorie – en Chine, toute personne en possession d’un titre universitaire. Ceci vient de nouveau obscurcir la définition de l’artiste. Car les artistes appartiennent, pour sûr, à la catégorie des intellectuels, sans toutefois posséder systématiquement de titre universitaire ou l’équivalent. Cela, même si la plupart de nos interlocuteurs ont en effet fréquenté une école des beaux-arts pendant environ quatre ans et se trouvent donc, de ce fait, être diplômés – d’une discipline artistique souvent ne correspondant pas à la discipline artistique dans laquelle ils travaillent par la suite d’ailleurs – et d’autre part plus diplômés que la moyenne nationale. Mais, en examinant de plus près leurs parcours, l’on découvre qu’ils ont acquis leur “qualification” autrement, par transmission hors institution, souvent dans le cadre du réseau familial. Nous pouvons dès à présent indiquer qu’il s’agit d’une singularité du moment et de ses catégories, qui se rallie toutefois avec de diff

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