Le dénouement d un secret de famille
150 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Le dénouement d'un secret de famille , livre ebook

-

150 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Au cours du quatrième épisode de sa cure analytique, Violaine Duchemin s'enfonce dans le gouffre abyssal de l'histoire de sa famille avec courage et ténacité. Avec elle le lecteur pénètre dans le labyrinthe d'une histoire à deux voix : celle de sa famille bourgeoise et antisémite et celle de la France puisque le contexte du secret de sa famille se situe à Vichy sous l'occupation.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2007
Nombre de lectures 67
EAN13 9782336276885
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© L’Harmattan, 2007
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296042261
EAN : 9782296042261
Le dénouement d'un secret de famille

Violaine Duchemin
Psychanalyse et Civilisations
Collection dirigée par Jean Nadal
L’histoire de la découverte de la psychanalyse témoigne que démarche clinique et théorie issues de champs voisins ont concouru, par étayage réciproque à élaborer le concept d’inconscient, à éclairer les rapports entre pathologie et société et à reconsidérer les liens entre le malaise du sujet singulier et celui de la civilisation.
Dans cette perspective, la collection Psychanalyse et Civilisations tend à promouvoir cette ouverture nécessaire pour maintenir en éveil la créativité que Freud y a trouvée pour étayer, repenser et élargir la théorie. Ouverture indispensable aussi pour éviter l’enfermement dans une attitude solipsiste, qui en voulant protéger un territoire et préserver une identité, coupe en réalité la recherche psychanalytique de ses racines les plus profondes.
Déjà parus
Kéramat MOVALLALI, Contribution à la clinique du rêve, 2007.
Riadh BEN REJEB (sous la direction de), La dette à l’origine du symptôme , 2007.
Pierre BALLANS, L’écriture blanche. Un effet du démenti pervers, 2007.
Alain LEFEVRE, La blessure mélancolique kanak. Une psychanalyse de l’ombre mélancolique en Nouvelle-calédonie , 2007.
Fabienne FRÉMEAUX, Comment se faire arnaquer par son psy, 2007.
Pascal HACHET, Les toxiconzanes et leurs secrets, 2007.
Telma Corrêa da Nóbrega Queiroz, Du sevrage au sujet, 2007.
Thierry DUBOIS, Effondrements psychiques et cognition onirique, 2007.
Jean Pierre RUMEN, Psisyphe , 2007.
Pascal HACHET, Un livre blanc pour la psychanalyse, 2006.
Djohar SI AHMED, Comment penser le paranormal. Psychanalyse des champs limites de la psyché, 2006.
Jean-Michel PORRET, Auto-érotismes, narcissismes et pulsions du moi, 2006.
Edith LECOURT, Le sonore et la figurabilité, 2006.
Charlotte HERFRAY, La psychanalyste hors les murs, 2006 (réédition).
Guy AMSELLEM, L’imaginaire polonais, 2006.
Yves BOCHER, Psychanalyse et promenade, 2006.
Jacques ATLAN, Essais sur les principes de la psychanalyse, 2006.
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Psychanalyse et Civilisations - Collection dirigée par Jean Nadal AVANT PROPOS Epigraphe Chapitre 1 - L’outrage des yeux bleus Chapitre 2 - Les atouts du travail thérapeutique Chapitre 3 - Le parchemin se déroule Chapitre 4 - La correspondance des deux protagonistes Chapitre 5 - La suite des révélations Chapitre 6 - Le parchemin se brouille par endroits Chapitre 7 - Le secret dans le secret Chapitre 8 - Renaître BIBLIOGRAPHIE Livres historiques
AVANT PROPOS
Cette histoire vraie est la mienne. Elle relate le dénouement d’un secret de famille. Tout commence et se trame des années avant ma naissance.

L’interprétation que je donne des événements qui ponctuent ce récit m’appartient. J’en revendique la maternité mais nullement l’exclusivité.
Violaine Duchemin
« Il vous naît un oiseau dans la force de l’âge En plein vol et cherchant votre histoire en son cœur Puisqu’il n’a que son cri d’oiseau pour vous la montrer »
Supervielle
« Sois sage, ô ma douleur, et tiens-toi plus tranquille… »
Baudelaire
Chapitre 1
L’outrage des yeux bleus
« Je suis dans un sous-sol obscur qui ressemble à un garage ; tout à coup, je suis prise de frayeur, car je vois foncer sur moi un énorme camion poubelle; il est muni, à l’arrière, d’un système d’aspiration. Le conducteur roule à très vive allure, dans ma direction, comme s’il ne me voyait pas ; j’ai la certitude que je suis sa cible et qu’il en veut à mes jours. De justesse, je parviens à l’éviter. Dans un coin, je vois une petite fille s’enrouler dans une couverture militaire : de toute évidence, elle cherche à se protéger. Elle se recroqueville et je la vois disparaître tant elle se fait petite. Quelque temps après, je vois une femme d’âge mûr, en compagnie de son mari ; elle appelle quelqu’un d’une cabine téléphonique. Encore sous le choc de l’émotion, elle est en train de dire à son époux, avec véhémence, que de toute façon, c’est fini, elle ne remettra plus jamais les pieds ici seule ».
À mon réveil, je me sens mal : toute la journée la violence de ces images me poursuit ; la terreur que m’a inspirée ce dix tonnes subsiste plusieurs heures. Si la cave représente l’utérus maternel et le camion une force mortifère dirigée contre moi, ce rêve dévoile le désir de mort de ma mère sur moi fœtus. Il y a quelques années déjà, j’ai exploré cet aspect de mon histoire personnelle, et j’ai découvert que mon père, bien que médecin, n’est lui non plus pas étranger à cette tentative meurtrière, sur le plan inconscient bien sûr. D’autres rêves viendront conforter cette abominable hypothèse.
Depuis toujours, je sais que je n’ai pas été désirée. Je suis renvoyée à de précédents rêves très explicites qui m’ont déjà acculée, non sans souffrance, à devoir admettre et intégrer mon triste sort de petite fille non désirée. Pourquoi ce thème pénible revient-il en ce moment avec une telle insistance ? En aucun cas je ne peux imaginer ni l’ampleur ni la profondeur de ma souffrance in utero ; la retrouver relève de l’exploit tant ces retours à ce stade archaïque constituent d’effroyables douleurs. Plusieurs épisodes me seront nécessaires pour en cerner l’étendue et parvenir à libérer toutes les énergies retenues et encryptées dans ce lieu psychique.
Les deux personnages de ce rêve me représentent: je suis en même temps la petite fille qui doit assumer cette contradiction, disparaître pour vivre, et l’adulte assez avisée pour demander de l’aide et décider de mettre en place une stratégie d’évitement efficace.
Je me cogne à la violence du refus de grossesse de ma mère, à sa colère de constater qu’elle est enceinte pour la quatrième fois. Est-elle dans « le déni de grossesse » dont parlent aujourd’hui les psychiatres? Comment savoir? Toutefois, ce rêve me permet de poser cette hypothèse.
La femme soumise qu’elle est ose à peine annoncer son état. Elle craint les foudres maritales, elle qui ne sait s’affirmer face à son époux. Se savoir enceinte génère sans doute en elle un tenace sentiment de honte qu’elle me transmet avec force. Ma mère, croyante et pratiquante, ne peut envisager l’avortement. Pourtant, son inconscient se charge de lui rappeler que cette hypothèse existe et lui fait miroiter la merveilleuse tranquillité dont elle aurait tant besoin. Et elle me le fait savoir par l’intermédiaire du liquide amniotique dans lequel je baigne ; il constitue, pour moi fœtus, un poison mortifère chargé de honte, car il draine l’envie absolue de ma mère de supprimer ce futur enfant que je suis. En effet, ce liquide est porteur de tous ses sentiments négatifs à mon égard : rage, rogne, exaspération, dépression, fatigue psychique, impuissance. Les neuf mois de ma gestation se dérouleront donc dans le désastre de ce funeste lieu de vie.
Ma mère a déjà mis au monde trois enfants espacés de douze mois, elle est fatiguée, voire épuisée physiquement. Bien que la fin de la guerre approche, les restrictions alimentaires rendent encore problématiques les repas de toute la famille. Elle « s’arrache les cheveux » pour trouver des chaussures pour les enfants qui grandissent. Toutes ces vraies complications matérielles de la vie quotidienne, dans ces années-là, pèsent sur elle et la renvoient à ses réelles difficultés d’ordre pratique.
A la naissance de ma deuxième sœur, soit son troisième enfant, n’avoue-t-elle pas être dépassée par cette vie de mère de famille lorsqu’elle s’exclame : « Vivement que je sois grand-mère ! ». Elle est alors âgée de vingt-sept ans. Lorsque son amie Colette me raconte cette anecdote, je reste sans voix tant cette déclaration me semble lourde de signification sur les difficultés de ma mère à assumer ses responsabilités. De plus, ces mots avalisent et confortent mes intuitions profondes.
Un matin d’octobre 2004, avant de me rendre à une de mes séances de travail holotropique 1 , je ne sais vraiment pas pourquoi j’ai l’impression que mon congélateur est en train de me lâcher. Je ne m’inquiète pas outre mesure et décide de reporter la gestion de ce problème, en apparence secondaire, à mon retour, le soir même. Ce séminaire va me permettre d’aller encore plus loin dans la traversée infernale de ma gestation. Des é

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents