Le don du rien
218 pages
Français

Le don du rien , livre ebook

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218 pages
Français

Description

Publié en 1977, jamais réédité depuis, Le don du rien méritait d'être remis à la disposition des chercheurs et étudiants, mais aussi du public en général, car il permet de jeter un regard étonnamment frais sur notre époque. En effet, les hypothèses qu'il présente " concernant les activités délirantes qui révèlent l'excès de dynamisme ou de vitalité par lequel l'homme se distingue de la bête : le symbolisme, le jeu, la transe, le rire - et surtout le don. Le don qui, dépouillé de nos idées de négoce, est bien le ''sacrifice inutile'', le don du rien - la meilleure part de l'homme " n'ont pas pris une ride.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2012
Nombre de lectures 79
EAN13 9782296485075
Langue Français
Poids de l'ouvrage 19 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’anthropologie au coin de la rue
Jean Duvignaud
Le don du rien
préface d’Alain Caillé avant-propos de David Le Breton
214 pages / 19 euros ISBN 978-2-912868-43-5
©
ISBN 978-2-912868-43-5
ISSN 1763-1742
 48 rue Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie 75004 Paris
Jean Duvignaud
Le don du rien essai d’anthropologie de la fête
préface d’Alain Caillé avantpropos de David Le Breton
SOMMAIRE
réface .....................................................................................................................................................................P
JeanDuvignauD,oulaPassionDelinutile .......................................................
chaPitre1 ........ ..................................................................................................................................................... la coupure
7
17
3
5
6
chaPitre2 .............................................................................................................................................................l’os et la chair
chaPitre3 .............................................................................................................................................................le dé
chaPitre4 .............................................................................................................................................................le rire
chaPitre5 ............................................................................................................................................................. la fête, même
Le don du rien
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121
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Préface
David Le Breton et Jean Ferreux, qui dirige les éditions Téraèdre, me demandent de rédiger une préface, ou une postface, je ne sais trop, à cette réédition duDon du riende Jean Duvignaud. Je le fais avec plaisir, inquiétude et étonnement. Plaisir, parce que c’est un livre qui m’a fortement marqué quand je l’ai lu, il y a une ving-taine d’années. Inquiétude et étonnement, parce que je m’aperçois que quoiqu’ayant beaucoup écrit sur le don en plaçant mes pas dans ceux de Marcel Mauss, et notamment le Mauss deL’Essai sur le don– jusqu’à animer une revue qui porte son nom,La Revue dumauss(Mouvement anti-utilitariste en science sociale) –, je n’ai pourtant fait aucun usage, au moins explicite, de ces réexions sur le don de Duvignaud, qui m’avaient semblé si importantes. Que s’est-il donc passé ?
Préface
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Qu’y a-t-il dans ce texte, ou, plutôt, peut-être, que n’y a-t-il pas, qui fait qu’on l’oublie à mesure même qu’on le découvre et y adhère ? À coup sûr, pour commencer, une théorie originale du don, irréductible à toutes celles qui s’affrontent sur le marché des idées et qu’il est possible de ranger dans quatre grands types. 1. Les théories économicistes, plus ou moins vulgaires ou plus ou moins distinguées, qui voient dans le don une forme déguisée de l’achat : achat de contreprestations futures plus importantes que la prestation initiale, contreprestations matérielles – version vulgaire – ou contreprestations en pouvoir ou en prestige – ver-sion distinguée développée par le George Bataille deLa notion de dépenseou par Pierre Bourdieu. 2. Les théories inexistentialistes, pour lesquelles le don n’existe pas, n’est qu’une illusion, qu’il se réduise au prêt, au partage, à l’échange social, ou bien, comme, chez Jacques Derrida ou Jean-Luc Marion, qu’il représente la gure de l’impossible par excellence. Il faudrait pour s’égaler à son concept qu’il soit tellement sans cause, sans intention et sans raison qu’il ne peut jamais être. 3. Les théories secondarisantes, pour lesquelles le don n’existe que comme réalité seconde, simple sous-ensemble de quelque chose de plus primordial et plus englobant : la culture, le symbo-lique, la religion, le sacrice. 4. Enn, les théories spécicistes qui voient dans le don une réalitésui generisirréductible à autre chose qu’elle-même, et qui ne s’explique que par elle-même, comme c’est le cas chez Marcel Mauss et bien d’autres dans son sillage. Le don « sert » bien à quelque chose, à faire la paix, à tisser le lien social, à partager des ressources, etc. mais il n’a cette utilité, absolument essentielle, que parce qu’il ne procède que de lui-même et apparaît comme l’acte instituant par excellence. L’interprétation de J. Duvignaud s’inscrit dans le l de l’œuvre de M. Mauss et, même s’il ne le dit pas, d’un certain Bataille, celui qui, dans certains passages deLa part maudite,met l’accent non
Le don du rien
sur la visée d’obtention du pouvoir ou du prestige, mais sur le plaisir, l’ardeur intrinsèque au gaspillage et à la dilapidation. C’est bien Bataille qu’on croit lire, en effet, lorsque J. Duvignaud écrit qu’il y a dans tout société quelque chose de plus que la société, « un excès de créativité sociale sans cesse contenu par un effort non moins puissant de stabilisation ». Il faut, nous dit-il, faire l’hypothèse « que la manière dont les sociétés se conservent ou se reproduisent est inversement proportionnelle à la force qui tend à les détruire ou à les remettre en question », et il ajoute : « Ce qui m’intéresse ici, et qui concerne éminemment la fête et son corré-latif individuel, le rire, c’est leux d’excès, de vitalité créatrice qui submerge à certains moments les groupes et les personnes », car « l’homme ne se réduit jamais à son activité pratique instituée ». Cette part de dilapidation qui est à l’œuvre dans le don l’appa-rente au sacrice. Mais il ne s’agit nullement, pour Duvignaud, du sacrice sanglant de la victime émissaire, matrice de la religion, selon René Girard, ni du sacrice utilitaire, celui qui accepte de perdre un peu pour gagner beaucoup, conception que Duvignaud 1 attribue à Mauss. En partie à juste titre. J’ai moi-même soutenu qu’il convenait d’interpréter l’Essai sur le sacriïce de Hubert et Mauss à la lumière de l’Essai sur le don, bien plus tardif, et de com-prendre le sacrice comme une modalité de l’échange-don (et non l’inverse comme le veulent les girardiens), un échange-don avec les dieux et les invisibles. Et bien sûr, dans le don, il y a attente d’un contre-don. Mais faut-il dire qu’on donne pour recevoir ou, plutôt, selon l’excellente formule de Claude Lefort, qu’on donne pour que l’autre, le dieu en l’occurrence, donne à son tour, ce qui n’est pas vraiment la même chose ? Sur la critique de la vision utilitariste et mercantiliste du don-sa-crice, J. Duvignaud est intarissable. S’appuyant sur sa description
1  Dans A. Caillé,Anthropologie du don, [2000], Paris, La Découverte/Poche, 2007. Sur la discussion des théories du don, cf. aussi A. Caillé,Don, intérêt et désintéressement. Bourdieu, Mauss, Platon et quelques autres, Paris, La Découverte/mauss,[1994] 2005.
Préface
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