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Description
Sujets
Informations
Publié par | L'Harmattan |
Date de parution | 11 décembre 2018 |
Nombre de lectures | 8 |
EAN13 | 9782336858418 |
Langue | Français |
Poids de l'ouvrage | 2 Mo |
Informations légales : prix de location à la page 0,1350€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
Logiques sociales
Logiques sociales
Collection dirigée par Bruno Péquignot
En réunissant des chercheurs, des praticiens et des essayistes, même si la dominante reste
universitaire, la collection « Logiques Sociales » entend favoriser les liens entre la recherche non
finalisée et l’action sociale.
En laissant toute liberté théorique aux auteurs, elle cherche à promouvoir les recherches qui partent
d’un terrain, d’une enquête ou d’une expérience qui augmentent la connaissance empirique des
phénomènes sociaux ou qui proposent une innovation méthodologique ou théorique, voire une
réévaluation de méthodes ou de systèmes conceptuels classiques.
Dernières parutions
Patrick GABORIAU, Le terrain anthropologique, Archéologie d’une pratique, 2018.
Gabriele PINNA, Travailler dans l’hôtellerie de luxe. Une enquête ethnographique à Paris, 2018.
Michèle BOKOBZA,M adame la comtesse de Gasparin. Protestantisme radical, genre et
epèlerinage au XIX siècle, 2018.
Claudine DARDY, Exister par écrit. Essai sur l’identification en culture de l’écrit, 2018.
Aurélien DJAKOUANE et Emmanuel NÉGRIER, Le hip-hop en scènes.
Mutations artistiques et innovations politiques, 2018.
Elodie BORDAT-CHAUVIN, Les politiques culturelles en Argentine et au Mexique, 2018.
Lionel CLARIANA,P rotection de l’enfance et familles étrangères, Un rapport socio-politique
institutionnalisé, 2018.
Paul NICOLAS,L a fabrique d’une communauté transnationale, les Jummas entre France et
Bangladesh, 2018.
Claire TAILLANDIER, Philippe CIBOIS, Adieu à l’Église.
Sociohistoire d’un départ, 2018.
Véronique MATEMNAGO TONLEC, onflits, coutume et deuil en Afrique subsaharienne,
Négociations, transactions sociales et compromis parmi les Bamiléké de l’Ouest Cameroun, 2018.
Clio CHAVENEAU, Les internationaux en Palestine, Portrait d’une migration singulière, 2018.
Sita DIALLO,L a grève des 68 travailleurs sans-papiers de Creil, L’histoire d’un nouveau
mouvement social, (12 octobre 2009 – 7 juillet 2013), 2018.
Jean CAUNE, Formes artistiques et pratiques culturelles, Enjeux théoriques et politiques, 2018.T i t r e
Bernard Hillau
Le livre de la compétence
Trajectoires d’acteurs et changement social
Copyright
Du même auteur
Un lexique raisonné de la compétence, Fragments de praxéologie, Action et savoirs, L’Harmattan,
2006.
e« Progrès technique et acteurs du changement dans la soierie lyonnaise au XVIII siècle », in
Formation – Emploi n° 64, Céreq, octobre – décembre 1998.
« De l’intelligence opératoire à l’historicité du sujet ». In : La compétence : mythe, construction ou
réalité ?, Francis Minet, Michel Parlier, Serge de Witte, Économie, L’Harmattan, 1994.
© L’Harmattan, 2018
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.editions-harmattan.fr
EAN Epub : 978-2-336-85841-8Introduction
La compétence, cette capacité de l’individu à agir sur les choses et au milieu des autres associe de
manière inséparable des « habiletés » innées et acquises, et une « habilitation », une légitimité à agir
en relation avec son entourage social. Si elle correspond aux talents de chacun, elle ne se sépare pas
des attentes d’autrui. Ainsi les enjeux de la compétence vont bien au-delà des questions d’analyse des
savoirs professionnels et d’optimisation des apprentissages auxquels cette notion reste souvent
cantonnée. Certes les cadres sociaux influencent fortement la constitution de l’individu au cours de
sa vie, mais l’individu lui-même n’est-il pas partie prenante de son devenir propre ? S’il participe, de
quelque façon que ce soit, du façonnage de ses qualités, l’individu offre en retour à la société la
ressource de ces qualités dans la constitution des groupes et des structures sociales auxquels il
appartient. Dans une conception équilibrée des échanges entre l’individu et la société il faut, depuis
la position classique de formation de l’individu dans un bain social, renverser le regard sur l’agir
individuel et en considérer les effets en retour sur les cadres de fonctionnement de la société. Et
l’équilibre de ces rapports tient à leur dimension identitaire : en se façonnant en des qualités
distinctives au sein du groupe social, avec le concours du milieu dans lequel il évolue, l’individu se
construit une place reconnue dans la société et il se voit doté d’une puissance sociale déléguée.
L’approche de ces effets retours, que nous présentons ici, est conduite en « trajectoires d’acteurs ».
Elle recouvre trois domaines d’études : les modes de constitution collective de ces activités sur la
base de qualités différenciées des membres au sein des groupes organisés, les faits d’innovation au
sein des organisations employeuses (faits silencieux qui se produisent dans les activités au jour le
jour des salariés), enfin, sur un plan historiographique, le « génie » que l’on prête aux personnages
qui, par leurs qualités propres et le soin qu’ils ont mis à leurs œuvres (en matière de création des
institutions notamment), y ont laissé la trace éponyme de leur passage.
L’antique tradition chrétienne a affecté d’une valeur spirituelle positive la confrontation active,
par une souffrance consentie, de l’individu à ses conditions d’existence et en particulier au «
fardeau » du travail. Le rapport quasi ascétique de l’individu à lui-même et au milieu environnant
subsiste de nos jours à travers la discipline de vie que chacun s’impose, mettant ainsi à distance le
rapport natif, familial, scolaire, professionnel et plus largement social qu’il entretient tout au long de
sa vie avec son entourage. La discipline de vie de chacun demeure à la base des conditions de vie en
société et c’est dans cette discipline personnelle que s’inscrit le façonnage de soi par chacun, en ses
qualités propres. Ce façonnage réflexif est à la source de l’apport original et originaire de l’individu
à la société, c’est-à-dire de sa fonction d’acteur social.
Dans l’équilibre de ces échanges entre individu et société, il faut compter aussi la façon dont les
structures sociales se donnent à appropriation par l’individu-sujet. Car l’étude de la compétence
comporte un volet collectif qui réside dans les dispositifs de médiation sociale que chacun active et
par lesquels les cadres de la société sont actualisés, se reproduisent et évoluent à travers le
renouvellement des générations. La notion de compétence se rattache donc au domaine d’étude des
conduites de l’individu en société et, le plus souvent, à l’activité de travail qui en fait partie. Elle
apparaît alors comme la condition de maîtrise individuelle du procès de travail. Pour comprendre
toute la complexité de ce domaine d’étude et ses principaux enjeux sociologiques, il faut repartir de
l’idée que la compétence est composée de manière indissociable :
– de différents paramètres d’action attachés à la personne. Ce sont en particulier les habiletés
innées ou acquises (acquises par les apprentissages juvéniles et par la formation initiale et, à
l’âge adulte, par la formation continue et par l’expérience professionnelle) ;
– de la nature de la tâche à accomplir ou de la situation à laquelle l’individu-sujet doit faire face à
un moment donné. Les qualités que la personne doit mobiliser sont indexées à la situation
d’action, ici et maintenant ;
– de l’identification par autrui des qualités de la personne, identification qui renvoie aux
paramètres de reconnaissance mutuelle des membres au sein du groupe social.
Certains auteurs considèrent qu’étudier la compétence c’est s’intéresser « aux structures
cognitives des acteurs ». Aussi large et séduisante que soit cette définition elle pointe une faiblesse
majeure des recherches en ce domaine car les structures cognitives sont le domaine privilégié de la1psychologie de la connaissance, tandis que l’étude de « l’acteur » relève, dans son principe , de la
sociologie. Issue de processus à la fois totalement subjectifs et totalement sociaux, la compétence
reste un objet d’étude difficile à caractériser et situé dans un entre-deux des sciences de l’homme et
de la société, mais aussi entre ceux qui voudraient la considé