Le mariage au Mali
188 pages
Français

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Le mariage au Mali , livre ebook

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Description

Au Mali, il y a le mariage religieux, le mariage civil et le mariage coutumier. Les mariés, quand ils passent à la mairie, signent pour la monogamie ou pour la polygamie. L'excision pour les filles demeure largement pratiquée, et chacun a son avis sur la question... Sont proposées ici les synthèses de cinquante neuf entretiens individuels sur leurs expériences du mariage.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2010
Nombre de lectures 135
EAN13 9782296932036
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le mariage au Mali. Témoignages
Etudes Africaines
Collection dirigée par Denis Pryen et François Manga Akoa
Dernières parutions
Gisèle FOTSO, L’enseignement de l’arabe au Cameroun, 2009.
Jean-Emet NODEM, Vente de médicaments à la sauvette à l’Ouest-Cameroun, 2009.
Alexei JONES, L’institutionnalisation de la participation de la société civile dans les politiques de développement, 2009.
Elie SADIGH, Afrique, le continent pillé. Atouts, handicaps, perspectives et propositions, 2009.
Dr GUIBLEHON Bony, Neveux et esclaves dans les rites funéraires chez les Wè et les Anyi-bona de Côte d’ivoire, 2009.
Stéphane SCRTVE, La crise de la démocratie en Afrique, 2009.
Henriette MANGA NDJIE BINDZI MBALLA, Les Pygmées face à l’école et à l’État, 2009.
Serge Armel ATTENOUKON, L’Afrique : poubelle de l’Occident ? La gestion des déchets dangereux, 2009.
Cédric ONDAYE, Comprendre les enjeux bancaires en Afrique Centrale, 2009.
Laurier Yvon NGOMBE, Le Droit d’auteur en Afrique, 2009.
Roger KAFFO FOKOU, Cameroun : liquider le passé pour bâtir l’avenir, 2009.
André YABA, Proverbes et idiotismes de sagesse des Bandzèbi. Gabon – Congo-Brazzaville, 2009.
Ferdinand BAKOUP, L’Afrique peut-elle gagner sa place dans la mondialisation ?, 2009.
Bernard TCHIMBAMBELELA, Le commerce mondial de la faim. Stratégie de rupture positive au Congo-Brazzaville, 2009.
Essè AMOUZOU, Pauvreté, chômage et émigration des jeunes Africains. Quelles alternatives ?, 2009.
Damien MEKPO, Pour une économie centrée sur l’Homme en Afrique, 2009.
Momar CISSÉ, Parole chantée et communication sociale chez les Wolof du Sénégal, 2009.
Mamadou Aliou BARRY, L’armée guinéenne. Comment et pour quoi faire ?, 2009.
Papa Ibrahima DIALLO, Les Guinéens de Dakar : migration et intégration en Afrique de l’Ouest, 2009.
Solène LARDOUX


Le mariage au Mali. Témoignages


L’Harmattan
© L’HARMATTAN, 2009
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-10858-5
EAN: 9782296108585

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Note de l’auteure
Le mariage en Afrique de l’Ouest est un sujet de grand intérêt non seulement pour les démographes, mais bien entendu plus encore pour les Ouest-africains puisqu’il représente une des étapes les plus importantes dans leur vie. Au Mali, la pratique du mariage est presqu’universelle et peut avoir lieu à un très jeune âge de la femme, surtout en milieu rural. Les résultats des enquêtes démographiques et de santé (EDS) rendent compte d’une relative stabilité de l’âge au premier mariage avec un âge médian de 15,7 ans en 1987 pour les femmes de 20-49 ans au moment de l’enquête, de 16 ans en 1995, de 16,5 ans en 2001 et 16,6 ans en 2006 pour les femmes de 25-49 ans. Pour les hommes de 30-59 ans, les âges médians au premier mariage étaient de 25,8 ans en 1995 et en 2006. L’écart d’âge entre conjoints a diminué entre 1987 et 2006 où il est passé de 9,8 ans à 7,4 ans.
Le mariage est l’union d’un homme et d’une femme, et de leurs familles, ayant été légitimée et reconnue par les parents et la communauté. L’entrée en premier mariage correspond à un processus au cours duquel ont lieu le paiement de la dot, les cérémonies : religieuse musulmane, coutumière et civile, le début de la corésidence des époux et l’arrivée du premier enfant. Selon les expériences individuelles, ces étapes ne sont pas toujours toutes observées et peuvent l’être à des intervalles plus ou moins rapprochés.
Le mariage est polygame (un homme ayant plusieurs femmes) ou monogame. La pratique de la polygamie est très importante au Mali et est plus répandue en milieu urbain qu’en milieu rural ; en 1987 45 % des femmes en union étaient en union polygame et en 2006 elles étaient 40 %. La proportion des femmes vivant en union polygame augmente avec l’âge et à 45-49 ans plus de la moitié des femmes en union sont en union polygame.
Traditionnellement les démographes ont considéré l’âge du mariage des femmes comme le moment du début de l’exposition au risque de grossesse et comme un facteur associé au nombre total d’enfants nés. Or, dans le cas présent, le faible recul de l’âge au mariage pourrait cacher des changements. Ainsi certaines mutations en cours s’observent dans la nature des cérémonies, les séquences dans lesquelles celles-ci ont lieu et les membres de la parenté qui sont impliqués.
Le Mali est l’un des pays du monde où le niveau de fécondité demeure le plus élevé. En 2006, l’indice synthétique de fécondité (ISF) des femmes entre 15 et 49 ans, était de 6,6 enfants par femme au niveau national soit de 4,8 enfants à Bamako et 7,2 en milieu rural ; le niveau de fécondité a peu changé depuis 1987 où il était de 6,9 enfants par femme (5,4 à Bamako et 7 en milieu rural), et même depuis 1960-61 où le niveau de fécondité, sans doute surestimé, était de 7,4.
En 2004, grâce à une bourse de l’université de Pennsylvanie à Philadelphie, j’ai pu réaliser, aidée par des chercheurs et enquêteurs locaux, une enquête qualitative sur les mariages au Mali. J’ai mené des entretiens semi-directifs dans plusieurs villes et villages répartis sur l’ensemble du territoire. Les répondants sont des femmes et des hommes de plus de 18 ans, qui ont même pour certains plus de 50 ans, mariés au moins une fois. Les habitants de Bamako interviewés ont été socialisés dans la capitale. Dans les villages les pratiques traditionnelles sont toujours largement répandues et les répondants ont été interrogés en plusieurs régions du Mali aux différentes ethnies. Assez de répondants ont été interrogés pour que l’on note des répétitions dans les descriptions. Dans chaque village ou quartier, en moyenne huit entretiens étaient conduits par l’auteure et des enquêteurs locaux, auprès de femmes mariées et d’hommes de générations distinctes ainsi que des personnes ressources telles qu’un imam, une présidente d’association de femmes et un enseignant.
Par respect de l’anonymat, il n’est mentionné ici aucun nom de personne, même les initiales sont fictives. Nous remercions toutes celles et ceux qui ont bien voulu nous aider dans nos recherches ainsi que l’État malien pour son accueil. « Aw ni ce » merci.
I. Bamako, Lafiabougou (Bambara)
Témoignage n° 1 de madame R. L., divorcée, un enfant
Mes parents m’ont promise à l’ami de mon père. Ils m’ont consultée et moi j’ai répondu que je ne m’opposais pas à leur volonté. Si j’ai agi ainsi c’est uniquement à cause des parents, et surtout à cause de ma maman, pour respecter sa volonté. Je connaissais cet homme car il venait de temps en temps chez nous.
Pour faire sa demande l’homme a apporté dix kolas {1} puis vingt kolas, trente kolas, ensuite le grand panier de kolas est venu avec la dot. Je n’ai été au courant de rien de précis, c’est mon père qui gérait tout, même ma mère n’avait pas le droit d’intervenir. Je sais qu’il y a eu aussi une valise avec des habits, des pagnes, des tissus. Je n’ai touché à rien parce que je n’avais pas le droit de le faire, là, c’est ma mère qui s’en est occupé. Après la troisième kola, le mariage religieux a eu lieu. Il s’est passé un mois environ entre la cérémonie religieuse et la cérémonie civile. C’était à mes treize ans.
Pour le mariage civil, vers 8 h 30, ils sont venus me chercher. Vers 9 h, il y a eu la cérémonie chez le maire. Les alliances ont été échangées. Le mari avait tout payé : la robe, la coiffure, les bijoux, les chaussures … Après la mairie on m’a ramenée directement chez mes parents. L’après-midi on m’a lavé la tête, les mains, les pieds, et la nuit les sœurs de mon mari et la magnomagan {2} sont venues me chercher pour m’emmener chez mon époux, il y avait là aussi sa marraine, la coépouse de sa mère et ma marraine. Ils ont tenu une réunion et ma marraine a rappelé mes droits à mon mari : ne pas m’insulter, ne pas me maltraiter (bissani nindia, ne pas me frapper avec un fouet), s’occuper de moi et m’entretenir en ha

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