Le nouvel esprit de Marseille
182 pages
Français

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Le nouvel esprit de Marseille , livre ebook

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182 pages
Français

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Description

Depuis quelques décennies, Marseille et son aire métropolitaine sont entrées dans un intense processus de changement. Mais l'heure est cependant venue pour elle d'envisager un autre mode de développement. Son paysage institutionnel est en pleine recomposition et elle connaît parallèlement un essor culturel sans précédent.Cet ouvrage dresse un état complet de ces transformations, il en évalue la portée et les limites, avec en filigrane, une interrogation sur les processus de métropolisation dans le contexte français.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2014
Nombre de lectures 36
EAN13 9782336360584
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Questions contemporaines
Collection dirigée par B. Péquignot, D. Rolland
et Jean-Paul Chagnollaud
Chômage, exclusion, globalisation… Jamais les « questions contemporaines » n’ont été aussi nombreuses et aussi complexes à appréhender. Le pari de la collection « Questions contemporaines » est d’offrir un espace de réflexion et de débat à tous ceux, chercheurs, militants ou praticiens, qui osent penser autrement, exprimer des idées neuves et ouvrir de nouvelles pistes à la réflexion collective.

Dernières parutions

Félicien BOREL, Renaître, ou disparaître , 2014.
Alain RENAUD, Lyon, un destin pour une autre France, 2014.
Blaise HENRION, Eurocopter savait, La vérité sur un crash mortel, 2014.
André PRONE, La fin du capital. Pour une société d’émancipation humaine , 2014.
Philippe QUÊME, Finance et éthique. Le prix de la vertu... , 2014.
Maurice BERTRAND, Machiavel ou l’Illusion réaliste , 2014.
Cyril MARÉ & Rémi RAHER, Géopolitique de l’Arctique , 2014.
Chantal PERRAS, La coopération policière globale contre le trafic de drogue transnational, 2014.
Gaby NAVENNEC, Les souffrances sociales. De l’acceptation aux alternatives , 2014.
Julien PINOL, Essais nucléaires : 1961, une apothéose ?, 2014.
François COUDERC, Chronique d’une aventure politique ordinaire , 2014.
Gérard DAHAN, La manipulation par les sondages. Techniques, impacts et instrumentalisations , 2014.
Nadine JASMIN, Les mairies au défi des politiques d’égalité, 2014.
Titre
André Donzel









LE NOUVEL ESPRIT DE MARSEILLE
Copyright

© L’HARMATTAN, 2014
5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

EAN Epub : 978-2-336-71069-3
Remerciements
L’auteur exprime sa gratitude à toutes les personnes qui ont contribué à l’élaboration de cet ouvrage, en particulier à Sylvie Chiousse qui en a assuré la mise en forme, à Mathieu Coulon qui en a réalisé la cartographie, ainsi qu’à Alain Moreau, Ariane Boisselet et François Donzel qui ont effectué une lecture très attentive du manuscrit. Les réflexions contenues dans cet ouvrage sont aussi redevables de nombreuses collaborations avec des chercheurs et des acteurs sociaux de la région d’Aix-Marseille. Leurs publications citées au fil des pages qui suivent en portent témoignage. Qu’ils en soient également remerciés.



Photo de couverture : André Donzel
Introduction Le nouvel esprit de Marseille
« Marseille est une énigme, une maison avec plusieurs portes et fenêtres toujours ouvertes. Quand un cheval entre dans la cour de cette maison, il tourne en rond jusqu’à la folie et la chute ».

Penser Marseille semble être un défi impossible, si l’on suit ce propos de Tahar Ben Jelloun 1 . Dans cette ville qui alimente en continu le flot des faits divers, l’histoire semble se dissoudre dans les histoires, et la tentation est forte de s’y perdre. Malgré les efforts des érudits locaux pour insérer cette ville dans le champ commun de l’histoire, celle-ci n’en finit pas d’être décrite comme un territoire hors norme où l’exception tend toujours à subvertir la règle. À l’encontre de la vision anomique de cette ville qu’entretient le filtre du fait divers, nous avons choisi de l’aborder non pas dans son exceptionnalité mais au contraire dans ses régularités, et plus précisément dans son caractère « modal » au sens qu’en donne Richard Sennett dans le cas de la ville de Chicago :

« Chicago est ce que les démographes appellent une ville "modale". Cela signifie que tout ce qui caractérise son mode de vie offre une représentation grossie du mode de vie des autres cités [...]. Chicago n’est pas une ville typique [...]. Cette agglomération reflète, dans leur globalité et à un point extrême, les forces de l’industrialisme urbain
dont certaines villes européennes ont aussi subi les effets 2 ».

Penser la ville dans ces conditions appelle un cadre théorique suffisamment ample, apte à rendre compte de sa réalité comme « phénomène social total », réfractant les rapports sociaux globaux. Plusieurs travaux de synthèse dans le champ de la pensée sociologique peuvent nous mettre sur cette voie.

Dans un ouvrage publié en 1999, prolongeant la réflexion de Max Weber sur les dimensions culturelles du capitalisme 3 , Luc Boltanski et Ève Chiapello ont évoqué l’émergence d’un « nouvel esprit du capitalisme 4 », produit d’un nouveau type d’organisation sociale, en rupture avec celui de l’âge industriel, qu’ils nomment « la cité par projet ». En résumant à grands traits cette approche basée sur l’analyse du discours sur le management des années 1990, on peut dégager trois lignes de force dans les transformations en cours du système capitaliste.
C’est tout d’abord un profond renouvellement des modes de direction de l’activité économique avec l’affaiblissement des dispositifs de planification centralisée hérités de la période fordienne, au profit d’une généralisation de la « logique de projet » dans le fonctionnement des entreprises. Alors que le plan fixait et organisait de façon centralisée et normative l’espace et le temps social, le projet fonctionne sur un principe incitatif de l’action collective autour de gratifications futures plus ou moins individualisées. Cette transition ne concerne pas seulement le monde de l’entreprise mais aussi celui de l’action publique, elle-même de plus en plus gagnée par les principes de la « gouvernance par projet 5 ». Elle traduit en fait la tendance à la financiarisation de l’économie qui positionne les dirigeants d’entreprises privées ou publiques dans des logiques non plus seulement « entrepreneuriales » mais « actionnariales ».
Cette évolution est congruente avec les tendances à la délocalisation et à la segmentation de l’activité productive au détriment des anciennes formes d’organisation industrielle fondées sur un principe de polarisation spatiale à partir de firmes ou de districts industriels à fort ancrage territorial. Cette décomposition ne concerne pas seulement la forme de l’entreprise mais l’ensemble des cadres spatio-temporels de la vie sociale et en particulier l’organisation urbaine. La métropolisation constitue la traduction spatiale de la cité par projet, bien que cette question soit peu explorée dans l’ouvrage évoqué. Celle-ci va de pair avec une parcellisation jamais atteinte de l’espace urbain et une extension sans limite de la « franchisation urbaine », c’est-à-dire d’une appropriation de plus en plus privative de cet espace 6 .
Dès lors, la cité par projet mobilise massivement le « langage des réseaux » et ses notions apparentées de « médiation », de « connexion », d’« information », etc., comme principes structurant les relations économiques et sociales, en opposition à l’organisation verticale et formelle des institutions publiques et des entreprises privées. Mais cette référence aux réseaux renvoie non pas à un principe de socialisation accrue, mais plutôt à ce que Mark Granovetter définit comme une logique de « liens faibles », la force d’un lien étant le produit combiné de plusieurs variables : la durée de la relation, son intensité émotionnelle, la confiance mutuelle qu’elle instaure et les services réciproques qu’elle engendre 7 . D’où le risque d’« anomie » pesant sur la cité par projet, ce mal insidieux identifié par Durkheim comme constitutif du capitalisme dans sa tendance à déconstruire les liens communautaires propres aux sociétés traditionnelles.
La culture, dans ses différentes manifestations, créatives ou consommatoires, devient dans ce contexte un ressort économique essentiel. Elle n’est plus seulement un moyen externe de légitimation de l’autorité politique ou de régulation sociale en offrant un exutoire aux tensions sociales. Elle devient intrinsèquement une condition de la performance économique par le fait que la créativité culturelle est désormais au cœur des processus productifs 8 . Elle permet en outre de conjurer les risques de « défection » des salariés à l’égard de leur travail, tout particulièrement de ceux qui ont en charge la reproduction du sy

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