Le raisonnement sociologique à l ouvrage
530 pages
Français

Le raisonnement sociologique à l'ouvrage , livre ebook

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530 pages
Français

Description

Cet ouvrage livre une collection de regards sociologiques qui témoigne d'une détermination à expliquer et comprendre toujours davantage l'activité du monde social. Si les dynamiques de transformation et les agencements du monde social sont complexes, ils n'en sont pas pour autant hasardeux. La série d'articles présentée fournit au lecteur, initié ou non à la discipline, des synthèses, des exposés et des démarches de recherche sur divers objets qui ont pour pont commun d'analyser le monde social sous l'angle de la domination.

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Date de parution 01 novembre 2010
Nombre de lectures 84
EAN13 9782296433908
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le raisonnement sociologique à l’ouvrage Théorie et pratiques autour de Christian de Montlibert
© L’Harmattan, 2010 57, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 9782296125384 EAN : 9782296125384
Ouvrage coordonné par Clément Bastien, Simon Borja, David Naegel Le raisonnement sociologique à l’ouvrage Théorie et pratiques autour de Christian de Montlibert L’Harmattan
Questions SociologiquesCollection dirigée par François Hainard et Franz Schultheis Questions sociologiquesdes écrits théoriques, rassemble méthodologiques et empiriques relevant de l’observation du changement social. Elle reprend à la fois des travaux élaborés dans le cadre de l’Institut de sociologie de l’Université de Neuchâtel et émanant du réseau de différentes institutions partenaires. Cette collection se veut délibérément ouverte à une grande diversité d’objets d’étude et de démarches méthodologiques. Déjà parus NEDELCU Mihaela,Le migrantonline, 2009. DELAY Christophe, FRAUENFELDER Arnaud, SCHULTHEIS Franz, PIGOT Nathalie,Les classes populaires aujourd’hui, 2009. BELLEAU Hélène et HENCHOZ Caroline,L’usage de l’argent dans le couple : pratiques et perceptions des comptes amoureux, 2008. HENCHOZ Caroline,Le couple, l’amour et l’argent. La construction conjugale des dimensions économiques de la relation amoureuse, 2008. DELAY Christophe, FRAUENFELDER Arnaud, SCHULTHEIS Franz, Maltraitance : contribution à une sociologie de l’intolérable, 2007. BURTONJEANGROS Claudine, WIDMER Eric, LAVILE d’EPINAY Christian (éditeurs),Interactions familiales et constructions de l’intimité, 2007. FRAUENFELDER Arnaud,Les paradoxes de la naturalisation, 2007. FELDER Dominique,Sociologues dans l’action. La pratique professionnelle de l’intervention, 2007. VUILLE Michel, SCHULTHEIS Franz (sous la direction),Entre flexibilité et précarité,2007. HAINARD François, NEDELCU Mihaela,Pour une écologie citoyenne. Risques environnementaux, médiations et politiques publiques, 2006. PLOMBFabrice,Faire entrer le travail dans sa vie,2005. NEDELCUMihaela,La mobilité internationale des compétences. Situations récentes, approches nouvelles, 2004. FLEURY, GROS, TSCHANNEN,Inégalités et consommation. Analyse sociologique de la consommation des ménages en Suisse, 2003. BARTH, GAZARETH, HENCHOZ et LIEB,Le chômage en perspective, 2001.
« L’individu a trop aisément tendance à se prendre pour la mesure de tout chose, comme si cela allait de soi. » Norbert Elias,La société de cour « La pensée du sens commun, celle des institutions du pouvoir, qui croit souvent posséder le monde alors qu’elle est dominée par lui, n’est pas poussée par la volonté de comprendre l’objet au sens de l’embrasser par l’intelligence et de l’incorporer à un complexe de causes et de conséquences, elle est simplement, pourraiton dire, prise par lui. » Christian de Montlibert, « Eloge de M. le Professeur Norbert Elias » « Si la sociologie, comme n’importe quelle autre science dont on tient compte des résultats, a fait de nombreusesdécouvertessi […], elle a suivi unelogique cumulative comme n’importe quelle autre discipline, si elle a énoncé deslois qui, pour être dépendantes des contextes, n’en ont pas moins une portée et une durée conséquentes, alors les résultats des analyses sociologiques devraient être pris plus au sérieux qu’ils ne le sont. » Christian de Montlibert,La violence du chômage« La révolution conservatrice se réclame du néolibéralisme, se donnant […] une allure scientifique, et la capacité d’agir en tant que théorie. Une erreur théorique et pratique de beaucoup de théories […] a été d’oublier de prendre en compte l’efficacité de la théorie. Nous ne devons plus commettre cette erreur. Nous avons affaire à des adversaires qui s’arment de théorie, et il s’agit, me sembletil, de leur opposer des armes intellectuelles et culturelles. […] A cette idéologie, qui habille de raison pure une pensée simplement conservatrice, il est important d’opposer des raisons, des arguments, des réfutations, des démonstrations, et donc de faire un travail scientifique. » Pierre Bourdieu, « Les chercheurs, la science économique et le mouvement social » (Contrefeux)
Ouverture
Le fonctionnement du champ intellectuel Sur le rapport entre le champ des sciences sociales et le champ de la 1 philosophie ou le champ littéraire
Pierre Bourdieu
Je vais essayer de décrire les lois de fonctionnement de ces champs telles qu’on peut les connaître à partir des travaux empiriques déjà réalisés et des observations en cours. La philosophie et la science sociale ne cessent pas de se définir l’une par rapport à l’autre sans que cette relation soit consciemment énoncée et explicitée. Du côté des philosophes, il est rare que le rapport aux sciences sociales soit explicitement constitué (mis à part une exception, le fameux cours de MerleauPonty qui portait le titre : « La philosophie et les sciences sociales ») et il reste comme une sorte de refoulé, une sorte de socle caché de la pensée philosophique. J’essayerai de montrer, par exemple, qu’il n’est pas excessif de penser que le cœur du projet heideggérien réside dans la confrontation de Heidegger avec ce que l’on a appelé l’historicisme, avec des gens comme Rickert, Weber et d’autres.
La notion de champ n’est pas un concept destiné à la contemplation analytique. Comme la plupart des concepts qu’utilisent les sociologues, c’est un instrument de construction d’objets qui est fait pour étudier la réalité sociale et non pas pour être considéré en luimême. Je vais essayer de faire devant vous un exercice de construction d’objets, de manière à vous donner une idée de ce que peut être le travail de mise en œuvre du concept de champ, et non un exposé analytique du concept, de sa genèse, des différences qui le séparent d’autres concepts, etc. Pour cela, je vous renvoie au chapitre central du livre intituléLes 2 Règles de l’artpages 253259, où j’évoque rapidement la genèse du aux concept. Ce concept n’est pas né d’une sorte de parthénogenèse théorique. Il s’est élaboré progressivement à partir d’une sorte d’intuition théorique soutenue
1  Conférences prononcées dans le cadre de l’Ecole Doctorale de l’Université des Sciences Humaines de Strasbourg les 8 et 9 Novembre 1995. [Cet article est originellement paru dans la revueRegards Sociologiques,Sur le fonctionnement du champ intellectuel – « 1. Le champ littéraire », n°1718, 1999, pp.527. Nous remercions vivement Jérôme Bourdieu, Patrick Champagne ainsi que Christian de Montlibert (directeur de la revue) des autorisations qu’ils nous ont aimablement fournies pour cette première parution dans un ouvrage, qui plus est, collectif.] 2  Bourdieu Pierre,Les Règles de l’art. Genèse et structure du champ littéraire, Paris, Seuil, 1992. [Pour l’édition de poche (coll. PointsEssais, 1998), pp.297303.]
10Pierre Bourdieuévidemment par une culture théorique, et en particulier par la référence à la pensée nonaristotélicienne, à la pensée relationnelle, qui est celle de la science moderne et que Cassirer a élaborée dans son livre traduit en français sous le titre 1 Substance et Fonction, cette intuition scientifique pouvant être manifestée d’une manière assez simple quand on étudie un objet social. J’ai travaillé, par exemple, sur les Grandes Ecoles en France ; on peut considérer chaque école en ellemême et pour ellemême, et il y a eu ainsi quantité de travaux, assez répé titifs d’ailleurs, sur l’École Normale ou l’École Polytechnique, des mono graphies historiques, des études sur l’origine sociale des élèves à différentes époques, etc., ou bien, on peut, à partir de l’idée de champ, se poser la question de savoir si on peut saisir telle ou telle institution particulière endehors de l’espace à l’intérieur duquel elle fonctionne et qu’il s’agit de déterminer. C’est un des gros problèmes de la recherche en sciences sociales que de savoir comment découper son objet, par exemple pour construire l’échantillon. Autre e exemple pris dans le champ littéraire : s’agissant d’étudier les écrivains au XVII siècle, on peut dire : « je vais prendre des listes d’écrivains, il y en a 3 ou 4 qui sont disponibles dans les archives, les cumuler et faire des statistiques ». Cette manière de procéder fait l’impasse sur une question préalable tout à fait e fondamentale qui est de savoir ce que c’est qu’un écrivain au XVII siècle, ce qui ne va pas de soi. Si on est pressé, ou positiviste, on se contentera de dire « un écrivain c’est ce que je vais définir comme tel » et, à partir de cette définition opératoire, je découperai la population sur laquelle je vais faire mon étude. En réalité, nous avons affaire, quand nous travaillons sur le monde social, à des e objets dans lesquels on lutte à propos de la définition de l’objet. Dès le XVII siècle, bien que le monde littéraire ne fonctionne pas encore véritablement comme un champ, mais soit en voie de constitution, les listes d’écrivains sont des instruments de lutte pour imposer la notion d’écrivain, chacun des auteurs de listes ayant pour ambition d’imposer la liste qui lui plaît. La définition même d’une population est un enjeu de lutte ; et définir, c’est un vieux topique qu’aiment les professeurs de philosophie, c’est délimiter, c’est définir les limites et définir les limites c’est constituer un groupe.Regio, dit Benveniste dans son 2 magnifique livre surLe vocabulaire des institutions indoeuropéennesje que vous invite à fréquenter, vient deregere fines, régir les frontières, définir les limites ; et définir les frontières, c’est la fonction duRex, celui qui, comme Romulus, trace la frontière définissant le « in » et le « out ». Donc, il y a dans le
1  Cassirer Ernst,Substance et fonction, Paris, Minuit (coll. Le sens commun), 1977. 2  Benveniste Emile,Le Vocabulaire des institutions indoeuropéennes, Paris, Minuit (coll. Le sens commun), 1969, 2 tomes.
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