Le Rétablissement des jeux publics en France
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Le Rétablissement des jeux publics en France , livre ebook

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Description

On a longtemps agité la question de savoir si la suppression des jeux en France a été un bienfait.Si la disparition de Frascati, du 113 du Palais-Royal, de la fameuse maison de la rue Grange-Batelière, a moralisé les masses.Enfin si la suppression des caprices du hasard a été un bienfait pour la société en général.Au moment où la France, obérée, obligée de payer une rançon à l’Allemagne, cherche à se créer des ressources, il est peut-être bon d’examiner s’il n’y a pas mieux à faire que l’établissement d’impôts dont la perception frappe les classes les plus nécessiteuses.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346082315
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Ernest Feydeau
Le Rétablissement des jeux publics en France
Nécessité du rétablissement des jeux
On a longtemps agité la question de savoir si la suppression des jeux en France a été un bienfait.
Si la disparition de Frascati, du 113 du Palais-Royal, de la fameuse maison de la rue Grange-Batelière, a moralisé les masses.
Enfin si la suppression des caprices du hasard a été un bienfait pour la société en général.
Au moment où la France, obérée, obligée de payer une rançon à l’Allemagne, cherche à se créer des ressources, il est peut-être bon d’examiner s’il n’y a pas mieux à faire que l’établissement d’impôts dont la perception frappe les classes les plus nécessiteuses.
Nous savons que les charges fiscales sont un héritage du passé qu’il nous faut subir.
Nous savons que l’actif de l’arriéré aboutit à un passif annuel de 500 millions environ.
On a imposé l’alcool, les allumettes, les assurances maritimes, les baux et locations verbales, la bière, les billards et les des le café, les cartes à jouer, les cercles, les chevaux et voitures, les places des chemins de fer, la chicorée, les circulaires et imprimés, le pétrole, les lettres, les papiers de toutes sortes, les permis de chasse, les poudres de chasse, les quittances, reçus et chèques, les sucres, les tabacs, les thés, les vanilles, les chocolats et autres denrées coloniales, les vins et cidres, et autres objets de consommation.
Et, à celte Allemagne, à laquelle il faut payer près de cinq milliards, on laisse encaisser tout l’argent que les joueurs vont porter à Bade, à Wiesbaden, à Hombourg, dans chacun des centres où se jouent la roulette et le trente et quarante.
Anecdotes relatives au jeu
Il existe dans l’histoire une circonstance où le jeu adoucit la douleur d’un peuple.
Nous voulons parler de la Lydie.
Sous le règne d’Atys, fils de Manès, la Lydie eut à souffrir une famine terrible.
Les Lydiens, pour se distraire, inventèrent les dés.
Ce qui, dit Hérodote, les consola pendant dix-huit ans.
On ne se doute peut-être pas à Bordeaux, où le kraps se joue avec furie, que les dés ont été trouvés par des affamés.
Ventre affamé n’a peut-être pas d’oreilles, mais il a des yeux.
Cela nous rappelle un fait plus récent.
Un joueur de kraps assistait à Paris à une représentation de Robert le Diable, qu’il voyait pour la première fois.
On connaît le premier acte.
Robert amène des points inférieurs aux dés.
Il est absolument nettoyé par les illustres chevaliers, l’honneur de la Neustrie.
Quand il amène 4 on lui amène 5, quand il produit 11, on lui sert 12.  — Qu’il est bête, dit notre joueur provincial, il ne secoue pas assez le cornet
Le jeu de hasard eut de nombreux partisans.
Le philosophe Héraclite, entres autres, ne disait il pas que le monde est un enfant qui joue, et qui jette des dés en courant ?
Bienfaits des jeux
Bien des fois on a songé à empêcher l’argent de France d’émigrer en Germanie.
Toujours une prudence excessive de nos gouvernants a empêché le rétablissement des jeux en France.
Devant les nécessites poignantes du moment.
En face des obligations prises vis à vis des Allemands, aura-t-on les mêmes scrupules ?
Laissera-t-on aux duchés allemands le monopole des jeux où se rendent nos compatriotes ?
Comme on laisse à Francfort le monopole des loteries avec lots d’argent et de valeurs immobilières ?
Il est permis d’en douter.
Et on se demande s’il ne serait pas possible, avec toutes les réglementations nécessaires pour n’en pas faire un danger public, de rétablir les jeux dans l’intérêt du trésor.
Nous avons à examiner ce qu’est le jeu, si le jeu de hasard prohibé est plus dangereux que le jeu de société autorisé par nos lois ;
Si une réglementation habile et prudente n’en rendrait pas l’établissement sans danger pour les classes pauvres ;
Enfin, si les sommes qui reviendraient à l’Etat ne seraient pas susceptibles de venir efficacement en aide aux charges du Trésor et aux nécessités du gouvernement.
En 1716, le gouvernement anglais eut à faire un armement considérable.
Les fonds manquaient.
On établit une loterie — où pour six pence on courait la chance de recevoir un million du dieu Hasard.
La loterie fut placée.
L’armement nécessaire à la sûreté des côtes britanniques fut établi,
Et il ne fut pas nécessaire d’établir le moindre impôt pour son entier achèvement.
Les défenseurs des jeux
Boileau, un satirique pourtant, un poète de méchante humeur, a dit :

Le jeu fut da tout temps permis pour s’amuser ; On ne peut pas toujours travailler, prier, lire ; Il vaut mieux s’occuper à jouer qu’à médire. Le plus grand jeu, joué dans cette intention, Peut même devenir une bonne action.
Mais le jeu eut d’autres défenseurs, plus anciens que l’auteur de l’ Art poétique.
La Mythologie et ses dieux en portent témoignage.
Plutarque raconte, d’après une fable indienne, que le Soleil, ayant découvert le commerce de Rhéa avec Saturne, lui souhaita de n’accoucher dans aucun mois, ni dans aucune année.
Mercure, qui aimait la même déesse, joua contre la Lune, et lui gagna chaque soixante-dixième partie du temps qu’elle éclaire l’horizon.
Ce dieu réunit ces parties, dont il fit cinq jours, qui furent ajoutés à l’année, laquelle était auparavant de 360 jours seulement.
Quand nous regardons aujourd’hui la Lune, calme, pâle, régulière en sa marche dans l’Empyrée..... nous ne soupçonnons pas qu’il fut un temps où elle faisait sa petite partie.
Mais Plutarque est un auteur grave et vous trouverez le fait incontesté..... tout au long dans son Traité d’Isis et d’Orisis.
Le jeu, occupation des nobles
Il est une vérité qui n’a été contredite par personne :
C’est que le jeu est une récréation de grand seigneur.
Nos rois, dit un historien, l’ont aimé de tout temps.
Le frère de saint Louis joue aux dés ; Duguesclin, prisonnier, joue dans sa prison, et perd tout ce qu’il possède.
Les magistrats, gens de haute noblesse, jouent également.
A ce point que le chancelier de L’Hospital disait, en 1564, en plein parlement de Bordeaux :  — Je sais, messieurs, qu’il y a des joueurs parmi vous.
Le jeu, chez les grands, avait une qualité, c’était le mépris de la richesse.
C’était une sorte de détachement des vanités humaines.
Comme ce maréchal de France, qui jetait son bâton au milieu des ennemis... pour l’aller reprendre au milieu des périls,
De même le grand seigneur jouait insouciamment son avoir à un lansquenet galant.
C’est cette noblesse de France, à laquelle il était imposé de n’être jamais trafiquante, qui fit de la dette de jeu une dette d’honneur.
Le gentilhomme qui possédait une épée, — un commandement à l’armée — le moyen de se faire tuer pour son pays, — ne calculait pas ses revenus.
Et il les livrait aux chances aléatoires avec une insouciance toute chevaleresque.
Nous ne voulons donc pas dire que le jeu soit une occupation permise à la classe ordinaire, à l’homme qui ne vit que de son travail.
Le poète Regnard tremblait au jeu, bien qu’il gagnât toujours.
Montaigne perdait, avec mauvaise humeur, tout son argent aux échecs.
Ponsard, Méry, ont été des joueurs malheureux, ils n’avaient pas ce que le jeu demande :
Le moyen de braver ses rigueurs par une suffisante fortune.
Les plaisirs du jeu
Ici une vérité encore, qui vient, nous le croyons, de Stendhal :
Il y a, dit-il, au jeu deux plaisirs :
Le premier, c’est d’y gagner ;
Le second, c’est d’y perdre.
Jamais vérité ne fut plus vraie.
Jamais observation physiologique ne fut plus exacte.
Le jeu est, avant tout, une suite d’émotions comme le duel.
Parmi les gentilshommes d’autrefois, à l’époque où les rencontres

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