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Description
Sujets
Informations
Publié par | L'Harmattan |
Date de parution | 01 avril 2008 |
Nombre de lectures | 150 |
EAN13 | 9782336275277 |
Langue | Français |
Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
Interfaces et Transdisciplinarités
Collection dirigée par Patrick Paul
Déjà parus
Gérard Gigand, Ingénierie du regard transdisciplinaire, 2007. Isabelle Hannequart, Science et conscience de la mondialisation, 2006.
Patrick Paul et Gaston Pineau (coord.), Transdisciplinarité et formation, 2005.
Le rôle de l'art dans les éducations en santé
Patrick Paul
Rémi Gagnayre
© L’HARMATTAN, 2008
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com harmattan 1 @wanadoo.fr diffusion.hannattan@wanadoo.fr
9782296051294
EAN : 9782296051294
Sommaire
Interfaces et Transdisciplinarités - Collection dirigée par Patrick Paul Page de titre Page de Copyright INTRODUCTION L’art comme outil pédagogique dans l’éducation thérapeutique du patient Une expérience en art-thérapie pour patients souffrant d’obésité Un espace pour se dire autrement : l’atelier d’art-thérapie Conversant au moyen de dessins : le processus de transformation de sans-logis dans la ville de São Paulo Danse-thérapie dans les soins Body worlds, ou le mariage posthume de l’art et de l’anatomie dans l’éducation à la santé L’éducation thérapeutique à l’épreuve de l’art Art et imagination dans les sciences humaines et médicales : leur importance dans la formation des soignants Remerciements
INTRODUCTION
Il est à noter une importance de plus en plus grande que l’on peut accorder au rôle de l’art dans le système médical et de soins, qu’il s’agisse d’expositions à l’hôpital, de présence affirmée dans les services de pédiatrie, de soins palliatifs ou encore de pratiques d’art-thérapie par exemple.
L’approche qui suit ne prétend à aucune exhaustivité en la matière. Elle s’envisage, plus modestement, comme une première tentative de formalisation supportée par le champ spécifique de l’éducation à la santé et de l’éducation thérapeutique. Mais les expériences qu’elle avance, les conclusions vers lesquelles elle nous conduit pourraient tout autant s’apprécier sur le mode plus général des pratiques de santé.
Huit expériences différentes vont dérouler notre lecture, rencontres qu’il faut considérer comme autant de témoignages de praticiens qui font part à la fois de leur expérience et de leurs réflexions émergentes, certaines plus axées sur la pratique, d’autres à contenu plus conceptuel et philosophique ou anthropologique. Elles proviennent, et c’est notable, d’univers géographiques différents, montrant que cette émergence est internationale : Brésil, Québec, Suisse, France. Elles sont reliées à des approches plurielles : dessin, peinture, écoute musicale, arts plastiques, mais aussi présentation d’œuvres et visite d’expositions ponctueront ainsi notre parcours. Diverses pathologies chroniques font aussi l’objet, indirectement, de cette étude : cancers, démences neuro-dégénératives, maladies métaboliques par exemple. Mais les soignants ne sont pas exclus de nos propos qui questionnent, au-delà des résultats de l’action thérapeutique permise par l’expression artistique, la relation qui se construit entre soignants et patients.
Ces divers constats ouvrent le cadre classique de la maladie en s’adressant aux sujets, soignants ou soignés, donc à des personnes porteuses d’une biographie. Ils suscitent une réflexion plus globale axée sur la qualité de vie. Ce qui est recherché est sans nul doute une nouvelle façon d’appréhender et d’organiser sa vie dans le sens d’une approche beaucoup plus active et participative, autant que cela soit possible. Il s’agit donc, ici comme dans d’autres démarches, de ne pas réduire une personne à sa maladie mais de la percevoir dans la continuité d’un processus de transformation toujours possible, de favoriser le lien social au-delà de la technicité des soins, d’ouvrir chacun à son désir propre. Car le respect de l’intégrité de chaque humain dans sa pluri dimensionnalité bio/psycho/socio/ spirituelle se trouve inscrite dans la plupart des pratiques artistiques, la verbalisation des expériences ouvrant aussi à la narrativité qui développe l’autonomie en saisissant le sens de sa souffrance dans le cri ou dans le silence dès lors qu’ils sont entendus.
Les expériences d’art-thérapie et de rencontre à l’art redonnent donc à la médecine soignante son pouvoir d’action immédiate non pas tant sur la maladie que sur un énoncé performatif comme acte de vie, promesse, engagement transformant le malade. Celui-là, à son tour, peut être susceptible d’une certaine action sur sa maladie et/ou sur sa qualité de vie en tant que personne humaine, au-delà de sa maladie. Car si la rencontre à l’art permet l’écoute et la sollicitude envers autrui, la rencontre des peurs ou des inquiétudes qui peuvent alors se modifier, elle est aussi confiance dans les ressources propres à chacun et aptitude à interagir en tant qu’acteur avec son environnement. Autant de directions qui n’épuiseront pas le sujet développé dans ces lignes mais qui initient la construction d’une problématique et de méthodes dans le champ de l’éducation à la santé et de l’éducation thérapeutique. Espérons que ces prémisses encourageront des vocations en ouvrant la médecine à une éthique de la pluralité des soins.
P. Paul & R. Gagnayre
L’art comme outil pédagogique dans l’éducation thérapeutique du patient
Alessandra Pellecchia Pédagogue de la santé a
Rémi Gagnayre Professeur en sciences de l’éducation b
Dans le cadre d’un programme d’éducation thérapeutique, les représentations du patient devraient être prises en compte conjointement à ses émotions afin de stimuler sa motivation à apprendre, dépasser ses résistances à l’apprentissage et finalement favoriser l’apprentissage de son autonomie (gestion de la maladie au quotidien, autosoins, autosurveillance).
Utilisé comme outil pédagogique dans un programme d’éducation thérapeutique, l’art permet ce double accès à la sphère des émotions et à la sphère des connaissances et des représentations du patient. L’expérience artistique interfère avec des processus psychoaffectifs propres au cancer et à la maladie chronique en général. Ainsi, il permet d’établir un terrain psychoaffectif propice à la mobilisation des compétences nécessaires à la gestion de la maladie, à l’autonomie du patient et à l’amélioration de sa qualité de vie.
Au Centre Hospitalier Régional Universitaire (CHRU) de Montpellier, quatre artistes proposent de rencontrer des personnes atteintes d’un cancer afin de présenter leurs œuvres, échanger, parler de soi et découvrir les correspondances entre l’expérience artistique et l’expérience de la maladie.
L’apprentissage des patients dans un programme d’éducation thérapeutique
L’éducation thérapeutique du patient à été définie par l’Organisation Mondiale de la Santé, en 1998, comme “l’ensemble d’activités d’information, de conseil et d’apprentissage permettant au patient de mobiliser des compétences et des attitudes pour lui permettre de vivre le mieux possible sa vie avec sa maladie et son traitement.” Il s’agit d’un champ au carrefour de la médecine, des sciences de l’éducation, de la psychologie, de la sociologie et aussi de la philosophie. Ce type d’intervention ne peut qu’être pluriprofessionnel. Pour la conception et la mise en œuvre d’un programme d’éducation thérapeutique plusieurs professionnels devraient être interpellés : bien évidemment les médecins et les autres soignants, mais aussi le pédagogue, le psychologue, l’assistant social.
Du point de vue des sciences de l’éducation, parmi les activités qui constituent l’éducation thérapeutique, nous allons focaliser notre attention sur l’apprentissage. Grâce à ce processus, des informations ou bien des expériences nouvelles sont intégrées dans le système des connaissances, des compétences ou des capacités antérieures. La personne en situation d’apprentissage cherche un lien logique entre les nouvelles informations, théoriques ou expérientielles, et son savoir antérieur. Cette intégration de connaissances, compétences ou capacités comporte pour l’apprenant un questionnement, une reconsidération ou un changement dans sa façon de penser, de se comporter ou d’être en relation avec les autres.
Plusieurs facteurs, génétiques ou environnementaux, influencent la façon d’apprendre : l’âge, l’état de santé, le contexte socioculturel, l’éducation reçue, la personnalité, l’histoire personnelle et familiale, etc. Chacun de ces facteurs interagit dans les deux composantes essentielles de l’être humain : la composante cognitive et la composante émotive. La composante cognitive correspond à ce que l’o