Le spectacle de la culture
289 pages
Français

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Le spectacle de la culture , livre ebook

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Description

Dans tout le Pacifique Sud, la réhabilitation actuelle des traditions, longtemps stigmatisées, s'exprime par des mises en spectacle ritualisées donnant à voir la culture en tant que symbole d'identité nationale. La sacralisation de la "Coutume" et la célébration nationaliste des cultures traditionnelles, loin de représenter des formes de résistance à la mondialisation, sont mises au service de la légitimation de rapports sociaux et politiques proprement modernes.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2009
Nombre de lectures 267
EAN13 9782336274300
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Connaissance des hommes
Collection dirigée par Olivier Leservoisier
Déjà parus
Marion FRESIA, Les Mauritaniens réfugiés au Sénégal , 2009.
Marie-Aude FOUERE, Les Relations à plaisanteries en Afrique , 2008.
Natacha GIAFFERI-DOMBRE, Une ethnologue à Port - au - Prince , 2007.
Véronique MARCHAND, Organisations et protestations des commerçantes en Bolivie , 2006.
Roger BASTIDE, Sociologie du folklore brésilien, études afro-brésiliennes , 2006.
Virginie VINEL, Des femmes et des lignages , 2005.
Elisabeth CUNIN, Métissage et multiculturalisme en Colombie (Carthagène) , 2004.
Philippe CHAUDAT, Les mondes du vin , 2004.
Serge TCHERKEZOFF, Faa-Samoa, 2003.
Pascale ABSI, Les ministres du diable, le travail et ses représentations dans les mines de Potosi, Bolivie , 2003.
Marc Kurt TABANI, Les pouvoirs de la coutume à Vanuatu , 2002.
Roger BASTIDE, Poètes et dieux , 2002.
Edith Kovats BEAUDOUX, Les Blancs créoles de la Martinique , 2002.
Maria TEIXEIRA, Rituels divinatoires et thérapeutiques chez les Manjak de Guinée-Bissau et du Sénégal , 2001.
Nathalie COFFRE-BANEUX, Le partage du pouvoir dans les Hébrides écossaises , 2001.
Virginie DE VERICOURT, Rituels et croyances chamaniques dans les Andes boliviennes , 2000.
Galina KABAKOVA, Anthropologie du corps féminin dans le monde slave , 2000.
Anne RAULIN , L’ethnique est quotidien , 2000.
Roger ADJEODA, Ordre politique et rituels thérapeutiques chez les Tem du Togo , 2000
Radu DRAGAN, La représentation de l’espace de la société traditionnelle , 1999.
Le spectacle de la culture
Globalisation et traditionalismes en Océanie

Alain Babadzan
© L’HARMATTAN, 2009
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296077607
EAN : 9782296077607
pour Marie-Odile
Sommaire
Connaissance des hommes Page de titre Page de Copyright Dedicace Introduction - OCÉANIE, DÉBUT DE SIÈCLE Chapitre 1 - KASTOM Chapitre 2 - LE DÉMON DE LA CONTINUITÉ Chapitre 3 - L’INVENTION DES TRADITIONS ET LE NATIONALISME Chapitre 4 - L’INDIGÉNISATION DE LA MODERNITÉ : la permanence culturelle selon Marshall Sahlins Chapitre 5 - LE SYNCRÉTISME OU LA DOUBLE NÉGATION Chapitre 6 - DE LA « RENAISSANCE MAORIE » AU « CAPITALISME NÉOTRIBAL » Chapitre 7 - LE CRÉPUSCULE DE LA COUTUME : culture et politique à l’heure du tournant néolibéral RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

Introduction
OCÉANIE, DÉBUT DE SIÈCLE
Il n’est sans doute pas besoin de rappeler l’intérêt que les cultures du Pacifique ont toujours représenté pour l’anthropologie, et généralement pour la curiosité occidentale, depuis Bougainville et Cook. Les anthropologues océanistes se plaisent d’ailleurs à affirmer — ils n’ont sans doute pas tort — que la plupart des grands débats théoriques de la discipline (de Mauss à Sahlins, de Malinowski à Godelier) se sont nourris de matériaux océaniens. Aujourd’hui, Océanie demeure en position de centralité dans plusieurs dossiers. La question du rapport entre culture et histoire est un des plus riches d’entre eux, qu’il s’agisse d’examiner les formes de permanence culturelle assurées au travers du changement, la syncrétisation du christianisme missionnaire, l’« indigénisation de la modernité » ou la question des usages de la « coutume » dans les contextes sociaux et politiques contemporains.
Mais l’anthropologie océaniste se trouve actuellement confrontée à de nouveaux défis, dont certains concernent l’anthropologie dans son ensemble, quand d’autres sont plus spécifiques à la position de ce champ disciplinaire. Pour un ensemble de motifs, qui sont loin d’être tous d’ordre scientifique, l’anthropologie a longtemps occupé une place dominante parmi les autres sciences sociales dans les universités australiennes et néo-zélandaises. Les recherches conduites sur l’Océanie depuis les États-Unis ou la France ont longtemps elles aussi privilégié une approche culturaliste des faits sociaux. Mais la place centrale de l’anthropologie dans l’étude des sociétés et des cultures du Pacifique lui est maintenant disputée par la nébuleuse des cultural studies et l’ensemble des approches transdisciplinaires saturées de la rhétorique d’un postmodernisme parvenu depuis les années 1990 en position d’hégémonie épistémologique et institutionnelle. À cette situation, qui caractérise bien des campus nord-américains, s’ajoute l’émergence de recherches consacrées à l’étude des populations, des langues et des cultures indigènes, conduites le plus souvent par des « indigènes » eux-mêmes, tel en Nouvelle-Zélande le champ des Maori studies dont le rapide développement est à comprendre dans le cadre de la mise en place des politiques biculturalistes officielles.
La transformation des relations au sein du champ universitaire et les luttes pour la redéfinition des frontières disciplinaires expliquent une bonne part de la virulence des attaques dont l’anthropologie a pu faire l’objet au début des années 1990. Leurs effets ne furent pas que négatifs, ne serait-ce qu’en la contraignant à une réflexion (une de plus) sur la manière dont elle envisage son rôle, sa pratique et la construction de ses objets de recherche. Mais le reflux de la vague postmoderniste et plus encore les changements sociaux et politiques qui se déroulent dans la région forcent aujourd’hui l’anthropologie océanienne à des évolutions significatives.
La discipline commence sans doute à perdre certaines de ses illusions romantiques. Quelque vingt ou trente ans après les (tardives) indépendances, il est devenu difficile de continuer à ne pas identifier, dans les discours culturalistes des dirigeants des micro-États du Pacifique et dans la célébration officielle de la « coutume », les accents d’un nationalisme ethnoculturel de facture très classiquement occidentale. Ce qu’un certain postmodernisme anthropologique a eu longtemps tendance à présenter comme l’affirmation « anti-hégémonique » d’une « différence » s’est avéré n’être le plus souvent que des variantes du Grand Récit identitaire du nationalisme, que l’on a pas songé à déconstruire alors que pouvaient pourtant s’y lire sans peine l’ensemble des figures que le postmodernisme pourchasse avec ardeur dans les écrits des anthropologues : essentialisation des identités collectives, croyance en l’éternité des groupes sociaux et de leurs traditions, culte de l’authenticité culturelle.
La « violence politique », depuis les coups d’État à Fiji jusqu’aux conflits sécessionnistes de Bougainville et aux émeutes des îles Salomon et de Tonga, a achevé de ruiner l’idée reçue d’une Océanie pacifique, mais surtout — pour ce qui concerne l’analyse anthropologique — d’univers sociaux repliés sur eux-mêmes, tout au plus absorbés dans de paisibles activités dialogiques de « négociation des identités ». Une des évolutions importantes de ces dernières années est la récente prise en compte par l’anthropologie de l’émergence de classes sociales et de rapports sociaux antagonistes au sein même de populations indigènes longtemps représentées comme des ensembles culturels homogènes. Le constat de l’urbanisation, de la prolétarisation et du chômage qui frappe les insulaires de Mélanésie ou de Polynésie ne peut plus désormais être évité, tout comme celui de l’apparition de classes moyennes et d’intelligentsias poursuivant des objectifs spécifiques. En ce sens, ce début de siècle marque le début d’un intérêt renouvelé de l’anthropologie pour des objets (classes, nations, économie) qu’elle avait abandonnés à d’autres disciplines. Certes, leur étude est encore encombrée des clichés du moment : l’appartenance de classe est trop souvent considérée – au même titre que d’autres paramètres (gender, place, age , etc.) — comme une dimension parmi d’autres d’un positionnement identitaire individuel . Certes, le nationalisme culturaliste est encore compris comme un « récit », sans que sa dimension proprement idéologique ni ses fonctions sociales et politiques ne soient le plus souvent prises en compte, ni mises en évidence les conditions précises de sa production et de sa réception dans les différentes catégories sociales. Pou

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