Le travail social sert-il la discrimination
96 pages
Français

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Le travail social sert-il la discrimination , livre ebook

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Description

Usés, les débats sur le travail social ? Fatigués, les travailleurs sociaux ? Eprouvés, certainement. Ils s'inquiètent et refusent l'évolution actuelle du travail social, qui remet en cause les fondements de leur pratique, leur éthique. Ils constatent les contradictions entre les intentions annoncées par les politiques et les réalités de leur mise en oeuvre sur le terrain. L'Association Némésis présente ici des témoignages de professionnels et d'usagers, collectés au quotidien dans leurs différents secteurs de travail : service social, éducation, protection de l'enfance, délinquance, soin...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2005
Nombre de lectures 111
EAN13 9782336251790
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le travail social sert-il la discrimination

Association Némésis
Sommaire
Page de titre Page de Copyright Avant-propos Discrimination Intégration Désintégration Dans les grilles de la loi de janvier 2002 Démantèlement du Service Public Contrôles Urgences Dis, Crimine ! TRAVAIL SOCIAL / ÉCONOMIE SOCIALE
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
© L’Harmattan, 2005
9782747593779
EAN : 9782747593779
Avant-propos
En juin 2004, nous créons Némésis (déesse grecque de la juste colère) association loi 1901. Nous sommes des travailleurs sociaux : éducateurs, assistants sociaux, psychologues, soignants du secteur psychiatrique et du privé, enseignants...
Les lois sécuritaires, la loi de finances, la décentralisation...remettent en cause les fondements, l’éthique de notre travail.
A l’Education Nationale, dans les UTS (services sociaux du Conseil Général) et les services sociaux municipaux, il nous faut maintenant donner les noms des adultes, jeunes et enfants en difficulté aux instances politiques. Dans le secteur privé, ces mêmes instances exigent des associations d’alphabétisation, d’insertion ... toujours des noms contre des subventions.
Ailleurs, nous n’avons plus les moyens financiers de faire face à la demande croissante de soins. Nos services doivent élaborer des indicateurs (de performance), des critères d’évaluation.
Dans les hôpitaux, maisons de retraites, les centres pour personnes handicapées, on nous demande de rentabiliser les soins en étalonnant nos pratiques sur celles de la fabrication de produits industriels. Cela s’appelle « le service qualité. »
Le contrôle des populations et des professionnels s’installe partout.
Nous sommes de plus en plus instrumentalisés, au service d’une logique de rentabilité, d’une réduction des coûts. La dimension humaine de nos professions passe à la trappe.

Ces mutations se conduisent sans bruit. Des choix de société s’opèrent à l’insu du public, sans débat. Les discours politiques sont rassurants : la sécurité des citoyens. Dans les hôpitaux, les maisons de retraites, dans tous les centres de soins, est placardée la charte des usagers. La loi de janvier 2002 proclame le droit des usagers et de leur famille, la place centrale des usagers dans les dispositifs institutionnels.

La réalité vécue par les travailleurs sociaux fait mentir ces beaux discours. Les mots officiels ne représentent pas ce qui se passe sur le terrain et nous réduisent au silence : la sécurité nous fait peur, l’usager est «au centre »... d’une cible. La qualité de notre travail est travestie en « service qualité ». L’Unité Territoriale de l’Action Sociale (UTAS) est devenue l’Unité Territoriale de la Solidarité (UTS). Où est passée l’action sociale ? ( Du côté des associations caritatives ? Une action sociale de bénévoles qui ne coûte pas cher .) De quelle solidarité parle-t-on ? Celle pour les exclus que notre société pousse de plus en plus à la marge ?
A l’Education Nationale, le maître mot est l’intégration. Dans les faits, des enfants et adolescents « à problèmes » sont exclus, déscolarisés. Ils restent chez eux, hors école. Les moyens financiers ne sont pas à la hauteur de la politique affichée.
Dans le service public, la peur s’installe : peur de dire ce qui se passe réellement ? Pourquoi avons-nous peur ? De quoi avons-nous peur ?

A Némésis, nous avons décidé de parler, de passer outre le silence et la peur, de comprendre ce qui se passe et de le faire savoir. Mettre des mots sur la réalité, décoder le mensonge officiel sont les premiers pas pour résister et rester debout. Le livre blanc recueille les témoignages de professionnels et d’usagers. Etat des lieux qui nous amène à la question :

« Le travail social sert-il la discrimination ? »
Dans le contexte actuel, pour protéger les auteurs, tous les écrits du livre blanc sont anonymes. Némésis, personne morale à part entière, en prend la responsabilité .
Discrimination

Que veut dire pour vous “Discrimination” ?
- Virginie: Rejet de soi-même par les autres, c’est à dire le fait de ne pas être comme l’autre, ça amène la critique, les insultes... L’intolérance, tout simplement, provoquée par la peur de l’autre... J’en suis persuadée.

- Christelle : Pour moi, c’est le regard des autres et le jugement... Ce que les autres pensent de toi dès l’instant que tu sors de la norme (sexe, poids, âge, couleur de la peau...) T’es jugée comme moins que rien, tu es mise de côté.

- Sophie : Pour moi, c’est surtout la couleur de peau... Ils ne jugent pas sur ta capacité (employeur) mais sur la couleur de ta peau.

Est-ce que vous avez été victime de discrimination ?
- Sophie : Pour moi, une fois, j’étais en stage dans un magasin et j’ai demandé à une cliente : « Madame que voulez-vous ? » - « Je ne veux pas être servie par vous car vous êtes noire... »

- Christelle : Quelqu’un de l’ANPE a refusé de me payer une formation, car j’étais à l’âge de la retraite... Je ne peux pas changer mes papiers et ma date de naissance. On me convoque sans arrêt (à l’ANPE) mais pour rien, et je suis obligée d’y aller. Il voudrait que je prenne la même activité qu’avant, canditionneuse... Mais je ne veux pas, j’ai cinquante ans et les patrons ne veulent pas de moi. Même que je me suis proposée à participer à une formation de chef de ligne... L’ANPE n’a pas voulu. Que veulent-ils de moi ? Mais est-ce qu’ils le savent eux-mêmes ?

Cinquante ans L’âge d’être Mamie Mais pas encore fanée
Virginie : Le fait d’être une grande famille, j’ai fait beaucoup d’enfants avec quelqu’un d’handicapé... Et les gens sont surpris et ils disent : « Tu fais ça pour les allocs. » Et je vous dis pas quand j’attendais mes jumeaux : « Vous êtes encore enceinte et c’est votre mari d’handicapé qui vous fait ça ? »

Est-ce que la précarité est une forme de discrimination ?
Oui, à l’unanimité... Beaucoup de contrôles de moralité ! Nous devons nous justifier sur tout. Notre dignité en prend un coup... Pourtant, il faut comprendre que ce n’est pas facile pour nous tous les jours.
Ils (administrations, associations...) nous demandent tout le temps : « Est-ce que vous cherchez du boulot ? » Ils sont sûrs que nous sommes dans l’assistanat, alors que ce n’est pas vrai. On n’a pas le choix !
L’autre fois, quand j’ai dit que j’attendais mon deuxième enfant, on m’a répondu : « La pilule, ça existe ! ». Je n’ai pas le droit d’avoir un deuxième enfant parce que je suis pauvre.
Et moi, mon mari est étranger et ne travaille pas, alors on m’a dit : « Donne-lui du porc à ton mari, comme ça il s’en ira. »
On est “Des moins que rien.” Heureusement, on a de l’humour.
On nous manque de respect, et de toute façon, c’est eux qui savent puisque nous on est pauvres. Alors, on la ferme. »
Intégration Désintégration


Un droit fondamental de l’enfant : celui d’aller à l’école
« Tout doit être fait pour encourager les enfants à aller à l’école. »
extrait de la “Convention des Droits de l’Enfant”

Il n’y a pas que dans les pays pauvres que les enfants sont menacés de ne pas pouvoir aller à l’école.
Dans notre société, ce droit élémentaire peut se voir remis en cause par des processus d’exclusion.
Dans les secteurs de pédopsychiatrie, nous sommes de plus en plus sollicités par des écoles en ces termes : « Cet enfant n’a pas sa place à l’école, il relève du soin. »
Un enfant qui souffre de troubles psychiques inquiète son environnement scolaire par ses bizarreries de comportement. Il peut se retrouver hors école faute d’avoir été soutenu dans son investissement scolaire chaotique et désordonné.
Il est nécessaire qu’une articulation entre l’équipe pédagogique et l’équipe soignante se mette en place, permettant à chacun de se rassurer sur son intervention et de se situer dans sa fonction.

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