Le violon des autres
379 pages
Français

Le violon des autres , livre ebook

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379 pages
Français

Description

Ainsi a commencé l'histoire : celle de ce gamin qui voulait obstinément apprendre la musique, quoi que sa paysanne de mère en pense, celle de cette société rurale, à l'écart de la modernité, celle de l'Ecole, et de l'ouverture des futurs possibles..., celle d'une volonté d'apprendre la musique et de la faire partager. Anne Verdet, sociologue spécialiste de l'éducation, a élaboré cette évocation d'un village qui lui est familier en mêlant patiemment entretiens, recherche documentaire et bibliographique.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2010
Nombre de lectures 126
EAN13 9782296446557
Langue Français
Poids de l'ouvrage 33 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1300€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait












Le violon des autresAnne VERDET







Le violon des autres

Un village et la musique, des années 30 aux années 70
















L’Harmattan



























© L'HARMATTAN, 2010
5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-12907-8
EAN : 9782296129078 Préambule
L’étude d’Anne Verdet portant particulièrement sur la pratique de la musique
dans un village du Lot m’a, tour à tour, intéressé, ému ou amusé. Ce livre a
ravivé, chez moi, tant et tant de souvenirs. Toutes ces danses, ces titres de
chansons, ou d’opérettes dont il est question, ces instruments tels l’accordéon
ou la batterie - jazz - , ces objets magiques comme la radio Pathé Marconi, ont
fonctionné à la manière des « Je me souviens... » de Georges Perec.
A la lecture de ces pages, combien de mélodies, succès des années trente que
je connais par cœur pour les avoir joué dans des bals populaires, après la guerre,
me sont revenues, tout autant que ces danses traditionnelles ou nouvelles qui se
succédaient ou rivalisaient entre elles.
J’ai passé mon enfance et mon adolescence au pays basque, à Bayonne et
accompagnais mes parents dans les nombreuses fêtes profanes ou religieuses en
ville comme à la campagne. J’ai été étonné de découvrir tant de similitudes
entre les débuts de la vie musicale que j’ai connus et ce qui s’est passé dans ce
village. Il s’agit pourtant de régions de traditions différentes, mais je constate
que ces pays du Sud Ouest avaient en commun un sens de la fête dans lequel je
me suis reconnu.
Lorsque j’étais enfant, quelle excitation en l’attente de la fête. Quelle joie de
participer à sa préparation, de rêver à tout ce qui allait s’y passer : courses
cyclistes, défilés, tirs, tombolas, pétards, confettis ou fleurs jetées dans les
processions et fêtes religieuses avec surtout l’omniprésence de la musique et de
la danse et quelle appréhension aussi, après le feu d’artifice lorsque l’on sentait
que la fête était finie !
Ces événements étaient un peu, pour moi, l’occasion de découvrir certains
aspects de la musique, de voir de près et même de toucher divers instruments,
de monter sur l’estrade et très vite d’y jouer. J’ai, en effet, participé, très jeune,
à l’harmonie bayonnaise, aux bals populaires où j’ai rencontré ces musiciens
amateurs de tous âges et de toutes professions - mais, à l’époque, tous masculins
- qui dans un joyeux brassage social, jouaient avec le même enthousiasme que
les habitants de ce village du Lot.

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D’autres rencontres me donnaient l’occasion de jouer de la musique de chambre
avec des amateurs, passionnés de musique classique ; elles étaient empreintes
d’un esprit plus bourgeois. Il faut remarquer que le violon, ainsi que le
piano, étaient considérés comme des instruments plus « nobles » que la
clarinette ou les cuivres. Ces derniers sont très présents dans les formations
populaires, il est vrai qu’ils supportent mieux les aléas climatiques auxquels est
soumis le jeu à l’extérieur.
Dans les harmonies on jouait toutes sortes d’arrangements : de musique
classique, d’opéra, de jazz ou de variétés ; sans doute, cet éclectisme m’a -t-il
marqué et ai-je trouvé tout naturel ensuite, de ne pas choisir entre la musique
classique et le jazz. De même dans ces types de formation d’amateurs au
répertoire très varié, il était courant - nécessité faisant loi - de trouver des gens
qui jouaient plusieurs instruments, je me rends compte, au fond que j’ai
poursuivi, au cours de ma carrière, cette pratique venue de l’adolescence,.
Je n’ai pas le souvenir d’avoir feuilleté le catalogue de Manufrance,
indispensable pour qui n’habitait pas à la ville. Je le regrette car l’énumération
des divers objets, instruments et méthodes de musique avec tous ces détails et
ces libellés pittoresques, ces rapprochements surréalistes m’ont évoqué de
drôles d’histoires de musiques et de musiciens et reflètent bien la succession
des modes musicales.
Les années suivant la Libération comme le montre bien cette étude,
correspondent à la multiplication des fêtes et bals populaires et surtout, à
l’arrivée en force du jazz qui a impulsé un dynamisme excitant et un
renouvellement des rythmes et des thèmes qui m’ont profondément marqué.
Devenu musicien professionnel, à Paris, j’ai senti les métamorphoses de la
pratique musicale, avec la disparition progressive des formations d’ « artisans
de la musique » dans les bals populaires, puis les studios d’enregistrement
supplantés progressivement par les multiples et diverses innovations
technologiques. La pratique de la musique a pris alors d’autres formes, plus
institutionnelles, mais il me semble qu’elle n’a pas tout à fait réinventé ce sens
de la fête et du collectif si caractéristiques de la vie passée de ce village du Lot.
Michel PORTAL
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A ma grand-mère Eugénie,
la femme du maçon,
pour ses framboises
et sa maison.














































Avant-propos

« Le violon des autres » est une chronique, celle d’un village, ou, plus
précisément, celle de la pratique musicale dans ce village. De différentes
pratiques, de différents moments d’appropriation de la musique par les
habitants de ce village : celui des années folles - décalées, Paris est loin -
celui de l’après-Libération et celui du renouveau des harmonies dans les
années 70. La mise en contact avec un nouveau répertoire et de
nouveaux instruments provoqua le premier de ces moments ; les
circonstances historiques le second, renouant avec le premier. La
généralisation d’une scolarité tendant à se prolonger, combinée à la
sensation d’un dépérissement de la sociabilité, tribut de l’entrée dans la
modernité, favorisa le troisième. Un rapport à la musique préexistait à
ces temps forts, celui que l’on résume approximativement par le mot
tradition. Une certitude, sa longévité ; il apparaîtra en toile de fond du
premier.
Ces moments ont existé pour ce village comme pour tant d’autres. Ce
village, il faut le situer, du point de vue de la géographie, de l’histoire,
de l’économie et de la démographie. Village du nord du sud-ouest, dans
une vallée, celle de la Dordogne, entre causse et piémont du Massif
central. La splendeur de son monastère est effacée ; village tout agricole,
pauvre, à quelques vergers près, et se dépeuplant inexorablement depuis
ele milieu du XIX siècle. Le voilà défini, mais est-ce la peine de le
nommer ? Ce sera « le Village ».
Pourquoi celui-là ? Parce que, dirait un enfant boudeur. Ce n’était pas
mon village, le vrai, celui où l’on va à l’école, mais un peu tout de
même ; en pointillés faits de vacances et de souvenirs des miens. Je n’en
suis pas, mais j’y suis « la petite-fille, ou la fille, de… », selon la
génération. Ni trop ni trop peu d’implication ; position favorable pour le
chercheur.
Le récit commence dans les années 30. 1937, pour l’anecdote, mais bien
au cœur de ces années folles de danse. Premier personnage : la Fête.
Deuxième, un gamin, douze ans cette année-là : il découvre la musique, à
la fête du Village. Elle deviendra une partie de sa

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