Lecture psychanalytique de Pierre Janet
315 pages
Français

Lecture psychanalytique de Pierre Janet , livre ebook

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315 pages
Français

Description

Pierre Janet a joué un rôle fondamental dans le déclenchement de la coupure épistémologique entre la doctrine classique du psychisme et la nouvelle théorie qui revendique le droit du psychisme inconscient à l'existence. Le même type d'examen s'impose pour distinguer le rétrécissement du champ de la conscience officielle de son homologue, le refoulement après coup.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2011
Nombre de lectures 41
EAN13 9782296474314
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1350€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Lecture psychanalytique de Pierre Janet
Abdelmajid Mansouri
Lecture psychanalytique de Pierre Janet
.
© LÈHarmattan, 2011 5-7, rue de lÈEcole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-55595-2 EAN : 9782296555952
En tant que pur produit intellectuel de l’universitéParis VII, je ne puis assurément que dédier cet ouvrage à tous les enseignants qui m’ont sincèrement aidédans ma longue progression intellectuelle. Paris VII, qui m’a intellectuellement nourri des années durant, m’a pourtant totalement abandonnéau moment le plus crucial de mes recherches ; une attitude que ma vraie mère n’a jamais adoptée malgrétoutes les déceptions qui ont naturellement jalonnémon long parcours, pour ne pas dire parcours du combattant. Je la remercie – ainsi que toute ma famille – pour cette importance indéfectible qu’elle a toujours accordée au savoir dans le sens le plus noble du concept.
Introduction
Cette lecture psychanalytique de Pierre Janet ne consiste pas en une comparaison de la psychanalyse avec la psychologie de la conduite, ni à plus forte raison en une analyse sauvage de Janet. Elle vise principalement une lecture des deux œuvres majeures L’automatisme psychologique(1889) etLétat mental des hystériques(1894) en tant que deux ouvragesécrits avant toute théorisation freudienne du refoulement et de l’inconscient — dans lesquelles Janet s’attaque, moyennant uneétude psycho-expérimentale des facultés mentales de quelques malades hystériques sous hypnose, au problème crucial de l’origine psychique de la maladie hystérique et par conséquent de leurs apports théoriques par rapport à celui de la psychanalyse. De ce fait l’intituléde cette thèse consacrée à Pierre Janet m'incite justement à me concentrer sur deux objectifs bien précis dont le premier consiste notamment àéviter tout plaidoyer pour Freud, tandis que le second m’amènera forcément à procéder à la fois à un démarquage et à un recentrage de cette lecture par rapport aux deux courants théoriques extrémistes, dont l’un prêche un rapprochement extrême des deux auteurs allant parfois jusqu’à leur fusion quasi totale, puisqu’il considère par exemple qu’il n’y a aucune différence entre le refoulement et le rétrécissement du champ de la conscience. Cependant que l’autre courant diamétralement opposéau premier croit qu’il n’y a aucune ressemblance, mais assurément une divergence totale, et ce depuis le début, entre Janet et Freud comme s’ils n’étaient jamais partis des mêmes bases théoriques. Ainsi les travaux de Freud n’ont de ce point de vue absolument rien à voir avec ceux réalisés par son rival français. Tout aétépourtant dit et redit sur la célèbre controverse Janet-Freud, le meilleur a vraiment alternéavec le pire, or tout ce que nous savons aujourd’hui se résume en ceci que beaucoup trop d’auteurs les ont si radicalement opposés, alors que d’autres beaucoup moins nombreux les ont presque fait complètement fondre, mais seulement quelques-uns somme toute beaucoup plus réalistes ont vainement tentéde les rapprocher. Or aucun auteur, à mon humble connaissance, n’a réellement accompli la tâche qui m’aétéfinalement proposée, à savoir lire Janet (tout en laissant totalement de côtéla polémique stérile qui l’a longuement opposéà Freud par partisans interposés) afin de pouvoir minutieusement examiner ce qui a bien pu justifier (dans les deux œuvres prépsychanalytiques de Janet) l’hommage que Freud n’a pas manquéà maintes reprises de lui rendre. Janet n’a pasété seulement saluécomme un précurseur incontestable, car il aététout aussi bien regardépar Freud comme le seul rival parfaitement capable de projeter une nouvelle lumière sur l’origine psychique de l’hystérie. Freud a toujours craint, (1) ainsi que la correspondance avec Fliess en téque Janet ne le devance,moigne ,
n’arrive avant lui à fournir une explication psychique satisfaisante de l’étiologie des névroses. Lorsque nous savons l’influence intellectuelle qu’une foule d’auteurs a bel et bien exercée sur Freud, nous sommes obligés de reconnaître à la suite de Freud lui-même que les travaux de Janet, jalonnant toute la période durant laquelle s’est progressivement achevée l’élaboration de la première théorie psychanalytique de l’appareil psychique, ne pourraient sans nul doute manquer de l’intéresser et de l’influencer tout au long de son laborieux cheminement intellectuel vers la mise en place définitive d’une théorie générale du refoulement et de l’inconscient. Il s’agit donc d’examiner, à la lumière de cette lecture psychanalytique, si nous pouvons enfin déceler dans l’élaboration de la théorie du refoulement, sinon une ressemblance, à tout le moins une dissemblance totale de ce processus psychique avec le processus de rétrécissement du champ de la conscience ; ou bien encore si ce dernier n’aététout bien considéréqu’un simple précurseur au processus de refoulement, rôle certes non négligeable que le rétrécissement aurait pu vraisemblablement remplir. Une question se pose d’emblée, à savoir pourquoi donc ai-je délibérément choisi une période bien déterminée (1889-1915) dans l’évolution de la pensée janetienne concernant la psychopathologie de l’hystérie ? Je m’arrête sciemment à l’examen de ces deux ouvragesprincepsparce que la lecture desécrits ultérieurs nous force bienévidemment à constater chez Freud une netteévolution théorique, une réelle avancée théorique (constamment soutenue et exigée par la clinique psychanalytique) vers la découverte de véritables solutions aux problèmes déjà posés, alors que nous observons bien au contraire unstatu quothéorique chez Janet (qui plus est entretenu par l’auteur lui-même) qui proclame, et même maintient fermement, que les hypothèses formulées dans ses principaux ouvrages sur le subconscient et le rétrécissement du champ de la conscience demeurent toujours valables. Il ajoute même, nonobstant la réelle progression clinico-théorique accomplie par la psychanalyse, qu’aucune nouvelle expérience n’est encore venue bousculer cetédifice (2) théorique. De surcroît, en changeant de cap dès 1910, Janet ne s’est plus du tout intéressé au-delà de cette période (pendant laquelle ses hypothèses sont donc demeurées totalement inchangées) à la psychopathologie de l’hystérie, même si son intérêt pour la psychanalyse a quelque peu persistéà travers son gendre Edouard (3) Pichon . D’ailleurs une lecture psychanalytique des ouvrages janetiens postérieurs à cette date n’a plus aucun intérêt, compte tenu de l’évolution future des idées janetiennes vers une psychologie dite de la conduite (pour ainsi mieux la distinguer de la psychologie comportementale de Watson), si bien qu’il nous paraît parfaitement justifiéde nous demander comment il a pu à un certain moment être plus ou moins d’accord avec Freud sur l’interprétation théorique de certains faits cliniquement ou bien expérimentalement observés et, d’autre part, s’il est concrètement parti de ces mêmes bases, à savoir les suggestions
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