Les chinois aujourd hui
137 pages
Français

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Les chinois aujourd'hui , livre ebook

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Description

Mathieu Baratier nous livre le témoignage de trois ans passés au cœur des bouillonnements de la société chinoise. Par des chroniques brèves sur des scènes de la vie quotidienne, on croise tous les acteurs de ce pays hors norme qui rêve de grandeur et mange la poussière d'un développement mené à marche forcée. Les personnage de cette Chine lancée à pleine vitesse dans le XXIe siècle sont à la démesure de leur pays, à la fois attachants et inquiétants.

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2010
Nombre de lectures 335
EAN13 9782336276922
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Points sur l’Asie
Collection dirigée par Philippe Delalande
Dernières parutions
Carla DI MARTINO, Le Pakistan, islam et modernité. Le projet de Benazir Bhutto , 2010.
Vincent GREBY, Le nouveau Népal. Le pari d’une utopie , 2010.
Raoul Marc JENNAR, Trente ans depuis Pol Pot. Le Cambodge de 1979 à 2009 , 2010.
Thierry GUTHMANN, Shintô et politique dans le Japon contemporain , 2010.
Raphaël GUTMANN, Entre castes et classes. Les communistes indiens face à la politisation des basses castes , 2010.
Changxing ZHAO, L’enseignement non gouvernemental en Chine , 2009.
Lionel BAIXAS, Lucie DEJOUHANET, Pierre-Yves TROUILLET, Conflit et rapports sociaux en Asie du Sud , 2009.
Maja A. NAZARUK, La prostitution en Asie du Sud-Est , 2009.
Anne BUISSON, Alphabétisation et éducation en Inde , 2009.
Jean-Pierre CABESTAN et Tanguy LE PESANT, L’esprit de défense de Taiwan face à la Chine , 2009.
Chloé SZULZINGER, Les Femmes dans l’immigration vietnamienne en France de 1950 à nos jours , 2009.
Marc DELPLANQUE, Le Japon résigné , 2009.
Alain LAMBALLE, L’eau en Asie du Sud : confrontation ou coopération ? , 2009.
Stephen DUSO-BAUDUIN, Sociostratégie de la Chine : dragon, panda ou qilin ? , 2009.
Michel POUSSE, L’Inde et le monde contemporain, histoire des relations internationales de 1947 à nos jours , 2009.
Claude HELPER, Corée : réunification, mission impossible ? Quid de l’après Kim-Jong-il ?, 2008.
Chi-Fan LIN, Le Tourisme des Chinois taiwanais en France , 2008.
Jacques DUPOUEY, Passeport pour le Japon des Affaires , 2008.
Agnès ANDRESY, Le Président chinois HU Jintao, sa politique et ses réseaux. Who’s Hu ? , 2008.
Christine LE BONTE, Le Cambodge contemporain. Quelles perspectives de développement compte tenu de la situation politique et économique actuelle ? , 2007.
Les chinois aujourd'hui

Mathieu Baratier
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1 @wanadoo.fr
9782296135994
EAN : 9782296135994
Pour Yi, ma plus belle histoire chinoise…
Sommaire
Points sur l’Asie - Collection dirigée par Philippe Delalande Page de titre Page de Copyright Dedicace AVANT-PROPOS CHAPITRE 1 - Décors CHAPITRE 2 - Reportages CHAPITRE 3 - Voyages CHAPITRE 4 - Pouvoirs CHAPITRE 5 - Changements CHAPITRE 6 - Culture CHAPITRE 7 - Orient / Occident BIBLIOGRAPHIE SELECTIVE
AVANT-PROPOS
Automne 2004, je quitte la France pour continuer mon activité de journaliste en Chine. Installé à Pékin pendant trois ans, j’ai arpenté les rues, les routes et les chemins de ce vaste pays. J’ai rencontré des personnages et vécu des situations qui sont autant de pièces d’un grand puzzle où se dessine le visage de la Chine du XXI e siècle. Un univers traversé par des bouleversements prodigieux, mais aussi marqué par des pesanteurs apparemment immuables. Parcourant l’échelle sociale depuis sa base jusqu’à certaines de ses hauteurs, j’ai, au fil de mes reportages, accumulé une collection d’instantanés ayant pour protagonistes des gens souvent ordinaires, mais toujours confrontés à des situations extraordinaires. Car, dans la Chine des réformes et du développement frénétique, l’époque agit comme un révélateur sur les individus. D’où l’importance du contexte pour saisir les ressorts des acteurs et comprendre l’intensité des situations qu’ils vivent.

De ces trois années au cœur du grand kaléidoscope chinois, j’ai voulu faire un livre. Souvent, les barrières bizarres de la langue, de la tradition, de la culture, érigées en montagnes infranchissables, ont confiné la Chine et ses histoires au rayon spécialisé de la sinologie. Quand elle échappe à la coupe des doctrinaires, c’est bien souvent pour tomber dans le bain réducteur de l’exotisme. Caché derrière l’apparence du bizarre, du mystérieux, j’ai toujours vu apparaître le visage familier de l’humain et, encore plus loin, surpris un nouveau mystère, intime à chacun. C’est celui-là que j’ai traqué dans les anecdotes, les rencontres et les expériences qui fournissent la matière de ces pages. L’histoire a lieu en Chine, elle pourrait se dérouler ailleurs. Bien sûr, le gigantisme du pays oblige à une stratégie de contournement. Elle se résume à la technique de la mosaïque, une approche fragmentaire, pour saisir une réalité trop complexe à embrasser d’un seul regard. Ici, toute tentative de synthèse est un défi à l’entendement. Les adjectifs eux-mêmes ne semblent pas avoir été taillés pour un pachyderme de cette envergure. Nous manquons cruellement d’étalon pour toiser la bête étrange et fantastique. C’est pourquoi je m’en tiens à ce que je connais : le bout de mon nez.

Voici donc les pages tirées d’un carnet de bord écrit sur la chair parfois à vif, souvent sur la peau tendue d’un ventre bien rempli, celle, tannée par le soleil des plateaux, ou encore sur la paume des mains desséchées par le vent chargé de poussières. Pas d’ouvrage savant, ceci est le contraire même d’un livre objectif. Mais, après tout, la Chine n’existe que dans l’œil de celui qui la voit. Il faut donc la chercher dans ce miroir vivant et changeant.

Le résultat est une sorte d’autoportrait en Chine, avec un arrière-plan qui crève l’écran. C’est bien le décor qui est le personnage principal de ces aventures, tribulations, en pays chinois. Pour mettre en scène ces histoires, le journaliste se confond avec le chasseur qui pose un pied sur la tête d’un lion hagard et encore fumant. J’ai mis les orteils sur un dragon qui n’en finit pas de m’avaler, me gober, et finalement la proie n’est plus celle que l’on croit. Les saynètes qui sont consignées plus loin sont donc moins des tableaux de genre que des tableaux de chasse, avec, je l’espère, quelques belles prises. Enfin, malgré cette métaphore cynégétique, il s’agit de fournir un spectacle bien vivant - en action - car la bête n’a jamais été aussi animée et refuse obstinément de se laisser découper en chapitres pour reposer sous une couverture. Pour que la photo soit bonne, il faut donc que le sujet bouge, c’est même le seul moyen d’éviter les clichés, qui sont mortels pour tout le monde.
CHAPITRE 1
Décors
SCENES DE LA VIE PEKINOISE

« Le fromage de soja chinois est délicieux, c’est la meilleure chose à manger au monde. » Qu Qiubai, dirigeant du Parti communiste capturé par les Japonais, le 22 mai 1935, peu avant son exécution.

Mon hutong
Dans mon hutong, il y a des gens en pyjama, au milieu de la rue, tellement ils sont chez eux, même à l’extérieur. En réalité, il n’y a plus d’intérieur et d’extérieur dans les ruelles de la capitale. À partir du moment où il faut sortir pour aller aux toilettes, prendre une douche, l’espace intime ne se limite plus aux quatre murs de son chez soi. Les habitants du hutong ont des petites maisons, alors la vie déborde sur la rue. Une théorie de petits vieux passe la journée sur des canapés et des sofas rangés le long des immeubles, ils regardent la rue qui passe. Des oiseaux alignés sur un fil. Le matin, surtout, la rue offre le spectacle des vies intimes et simples, des somnambules se dirigent en pantoufles vers les toilettes, le dormeur a juste eu le temps d’enfiler un manteau pour sortir. Derrière les murs en briques, rapiécés de morceaux de tôle et de papier journal, on imagine toute une vie économe, des objets usés jusqu’à la corde, de la poussière partout ; la poussière c’est la peau de Pékin, elle se dépose partout, elle enveloppe la moindre parcelle de matière. Une vie comme au XIX e siècle sans doute, noyée dans le gris. Les minuscules logements prennent des airs de placards à ciel ouvert, de musées à l’abandon.

La ville, elle-même, peut se transformer en grenier poussiéreux quand les particules plongent Pékin dans le flou et arrêtent le temps. Il y a des jours avec et des jours sans. Les jours à particules, la ville est plongée dans un bain de poussière. Il paraît que ce n’est plus de pire en pire, pas encore moins pire, seulement très grave. Le nez gratte (ne pas gratter), la peau des mains se fend (appliquer de la crème), le visage est un masque terne, ce qui donne aux cyclistes dès le matin des allures d’automates échappés d’un musée de cire. Le hutong est un bidonville, d’une pauvreté esthétique avec ces vieillards qui collectionnent sur les rebords de fenêtre les objets abandonnés par les Pékinois plus riches et plus jeunes qu’eux. Ce charmant tiers-monde est sans doute invivable l’hiver, chauffé par les seules petites briquettes de charbon, ouvert à tous les vents glacés, les portes ne ferment pas, les fenêtres sont cassées, le toit laisse passer la pluie noircie par les particules de charbon. Pourtant, tôt le matin, ém

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