Les Montagnards du Tonkin
119 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

119 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Le peuple annamite habitait il y a cinq mille ans les contrées méridionales de la Chine, le Quang Tong, le Quang Si, le Yunnam et la région tonkinoise de Cao Bang. Depuis lors il est descendu graduellement vers le Sud et, abandonnant les régions montagneuses à d’autres peuplades, il a couvert de ses villages et de ses citadelles le delta du Tonkin, a conquis ce que nous appelons maintenant l’Annam Central sur le royaume du Ciampa, puis le pays qui est devenu la Cochinchine française sur le Cambodge.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9782346123292
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Édouard Diguet
Les Montagnards du Tonkin
PRÉFACE
Lorsqu’en 1894, j’ai connu l’auteur du présent livre, il dirigeait à la grande satisfaction de l’autorité supérieure et des habitants, cette vaste région de la Rivière Noire, dite des « Sipsong chau thaïs » (douze fiefs thaïs), dans l’ouest du Tonkin, et dont l’étude géographique, la pacification et l’organisation, avaient été un des buts captivants de ma vie de mission.
 
Depuis, nos relations n’ont fait que se resserrer, assurées par la considération croissante que m’a donnée pour lui, en dehors des qualités professionnelles qui lui ont valu d’être un des plus jeunes colonels de notre armée d’outre-mer, son infatigable persévérance à étudier et à faire connaître les parties de l’Indo-Chine où sa carrière l’a conduit, et les populations avec lesquelles il a été en contact.
 
Aussi son désir de me voir faire précéder de quelques pages, un travail né pour ainsi dire dans ces pays que j’aime passionnément, m’a-t-il trouvé charmé d’y donner suite.
 
En me procurant l’avantage de présenter une œuvre méritoire, et le plaisir de parler d’un ami, il ramenait un instant ma pensée vers un passé lointain, vécu dans des conditions souvent dures dans cette contrée de la Rivière Noire, la plus pittoresque de l’Indo-Chine ; il me faisait revivre au milieu de populations douces et intéressantes, chez qui j’avais eu le bonheur de ramener la paix après vingt-cinq ans de troubles et de misères, et parmi lesquelles j’avais distingué des hommes de mérite, trouvé des collaborateurs enthousiastes et dévoués avec l’assistance de qui, sans autre escorte, mes compagnons et moi, avions maintes fois parcouru, en des époques troublées, toute l’étendue de nos confins avec la Chine, du Fleuve Rouge jusqu’au delà même du Mékong.
 
Il me permettait surtout de saluer du témoignage de toute ma gratitude, les successeurs immédiats que j’y avais eus, depuis le Général de division Pennequin, jusqu’au Colonel Diguet, pour le contentement que me causèrent les services qu’ils rendirent à la France en maintenant, dans ce pays, la tradition de l’organisation simple du début, et qui eurent pour résultat la possibilité, il y a treize ans, du retrait complet de nos troupes d’un territoire dont la superficie égale celle du Tonkin proprement dit.
 
C’est de 1893 à 1895 que le capitaine Diguet après le colonel Pennequin et sous son commandement a dirigé, non seulement cette région, mais aussi celle de Nghia-Lo, comprenant un vaste plateau dans les montagnes au nord.
 
Il me semble à propos de saisir cette occasion pour faire ressortir ici le rôle bienfaisant qu’a eu la France, servie par ces officiers de mérite, dans une contrée rendue par sa nature difficilement praticable, et dont les sentiments de reconnaissance des populations, à qui nous avons donné le bien-être, doivent être notre meilleur gage de sécurité,
 
Pour cela, il suffira de jeter un peu de lumière sur le passé contemporain, encore presqu’inconnu, de la fraction fixée dans cette région, de la plus importante des races dont le colonel Diguet a, dans ce livre, envisagé l’étude.
 
Ainsi que l’auteur l’expose, cette fraction est subdivisée en Thaïs blancs, Thaïs noirs et Thaïs rouges, dont le costume blanc, indigo foncé ou rocou, marque la classification. Les premiers fixés sur la haute Rivière Noire, ont Muong Lai pour centre. Les deuxièmes habitent la région moyenne des bords du même cours d’eau, Muong La ou Sonia est leur chef-lieu. Les troisièmes sont répandus dans le bassin du Nam Ma.
 
Le territoire des deux premiers groupes a constitué les « Sipsong chau thaïs » (douze fiefs thaïs) dont nous avons fait : le 4e territoire extérieur au delta.
 
Voici, brièvement résumée, une chronique recueillie au cours de ma mission, qui sera publiée d’autre part 1 , et qui fait connaître quelle était la situation du pays et par quelles péripéties il a passé, depuis l’époque de l’entrée en scène de la France en Indo-Chine, jusqu’au moment où la parole nous y appartint définitivement.
 
En 1861, le Phu de Hung-Hoa, représentant du Gouvernement annamite, ordonne aux chefs des « Sipsong chau thaïs » d’envoyer chacun cent hommes pour combattre les Français.
 
Déovanseng, chef de Muong Laï, charge Doï Nam de conduire sa troupe. Effrayé de la mission, celui-ci s’enfuit chez les Lues. Hors la loi, il songe à se venger. Il guide des Birmans et des Lues qui envahissent les « Sipsong chau thais » et pendant six ans les dévastent, malgré les efforts de l’Annam.
 
En 1867, le Quan, chef des soldats annamites, succombe à la fièvre à Sonla. Pressé par le Phu de Hung-Hoa de le suppléer et de faire un effort décisif, Déovanseng confie sa troupe à son fils Déovantri, âgé de 18 ans. Le succès suit. Déovantri chasse l’ennemi, s’empare des trois chefs Birmans et les envoie à Hung-Hoa.
 
La tranquillité ainsi rétablie se maintient jusqu’en 1871.
 
A cette époque Doï Nam ramène d’autres bandes. C’est alors que les Pavillons Noirs entrent en scène. Lu Vinh Phuoc, leur chef, envoyé par le Gouvernement annamite, termine la guerre, secondé par Déovantri. Doï Nam se sauve. Six ans plus tard il se soumettra.
 
En 1872, 10.000 Pavillons Jaunes envahissent les vallées du Fleuve Rouge et de la Rivière Noire. Les Pavillons Noirs et les chefs Thaïs leur résistent, mais ce n’est qu’en 1879 qu’ils parviennent à les soumettre et que Lu Vinh Phuoc les reconduit à Laokay.
 
Entre temps, en 1864, 1875, 1876 et 1878, de successives invasions de Méos, de Khas Moucks, de Khas Choeungs et de Chinois du Moka, avaient augmenté le trouble et la misère.
 
Le Gouvernement annamite nomma Déovanseng, Phu de Muong Theng, et Déovantri, chef de Muong Laï.
 
Sur ces entrefaites les Pavillons Rouges, formés de débris des Pavillons Jaunes réfugiés chez les Thaïs Rouges et au Tran Ninh, grossis de renforts constants, recommencent à piller le pays et viennent menacer Muong Theng.
 
Pour diriger ce centre, Déovanseng s’était adjoint un Chinois de Canton, nommé Vong Mane, qui depuis 1875 avait gagné sa confiance. Trahissant son bienfaiteur, il s’unit aux Pavillons Rouges, entraîne le chef de Muong Khoaï et attaque Muong Laï. Déovantri est repoussé aux frontières du Yunnan. Déovanseng appelle l’Annam au secours ; et bientôt Vong Mane, chassé, se réfugie au Laos (1884).
 
Sur la plainte de Déovanseng, le roi du Luang-Prabang le fait arrêter. Mais l’année suivante (1885), les Siamois se disposant à envahir les « Sipsong chau thaïs » le remettent en liberté et le réinstallent à Muong Theng avec le titre siamois de Pra sa Houa.
 
En même temps le général siamois ordonne à tous les chefs thaïs de se soumettre à son autorité.
 
Seul Déovanseng ne se rend pas à son appel. Il prétexte l’absence de son fils Déovantri retenu par la guerre contre les Français au siège de Tuyen Quan où il commande les trois compagnies thaïes dans l’armée de Lu Vinh Phuoc.
 
Cependant la bataille de Houa Moc disperse les Pavillons Noirs. La majeure partie revient s’installer dans les Sipsong chau thaïs à Muong La, Muong Wat, Muong Mouei et Van Yen.
 
Déovantri se retire à Muong Laï.
 
C’est là qu’en 1886, Thuyet, oncle de l’empereur Ham Nghi, en fuite depuis l

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents