Les plus grands cannibales
127 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

127 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Cet ouvrage lève le voile sur les terribles forces qui hantent les profondeurs de l’esprit humain.

Le cannibalisme ! Un terme dont la simple évocation entraîne, chez nous, un frisson de dégoût, un sentiment d’écœurement, tant cette notion nous semble horrible, tant elle nous paraît abjecte… en même temps qu’elle nous fascine.
Sans aucune censure, cependant, ce livre déconcertant traite, avec un luxe inouï de détails et d’anecdotes, mais aussi avec le plus grand sérieux, d’un sujet qui s’intéresse à l’un des interdits les plus fondamentaux pour l’espèce humaine : celui de manger son semblable.

L’auteur étudie le phénomène sous une multitude de facettes. Il examine le cannibalisme culturel et religieux, considéré comme normal, nécessaire, et faisant partie de la vie de certaines sociétés traditionnelles. Il évoque le cannibalisme lié à des conditions exceptionnelles, lorsque des malheureux furent obligés de manger leurs compagnons parce qu’ils n’avaient d’autre espoir de survivre. Il nous entraîne encore dans des affaires criminelles tristement célèbres et tellement perturbantes pour notre entendement. Car, comment admettre, en effet, que, dans nos sociétés contemporaines, d’incroyables pulsions animales puissent pousser certains à consommer de la chair humaine.

Cet ouvrage nous présente une série de situations et de récits qui bouleverseront à jamais notre perception de l’Homme.
Un livre d’Histoire et d’histoires vraies à vous donner froid dans le dos…


EXTRAIT : 
Nourrir les dieux et pratiquer la magie
Lorsque Cortés et son armée atteignirent Mexico au début du XVIe siècle, ils découvrirent une culture basée sur le cannibalisme et le sacrifice humain à grande échelle. Les fondateurs aztèques de cette culture n’étaient installés que depuis quelques siècles et leur religion remarquablement élaborée s’était créée petit à petit durant cette période. Ils empruntèrent des dieux aux autres tribus, les ajoutant à leur propre panthéon, et en créèrent de nouveau pour combler certains manques évidents. Au moment où Cortès arriva, ils avaient « tellement de dieux que même les peuples voisins n’étaient pas capables de les énumérer ». (cf. Tannahill)

Les Aztèques voulaient garder les dieux de leur côté, et ce à n’importe quel prix. Cela devait finir par poser problème. Les Aztèques étaient déjà à leur cinquième monde et étaient déterminés à ce qu’il ne finisse pas comme les quatre précédents. Ils se battraient de toutes leurs forces pour que le soleil continue sa course et que les monstres de l’aube restent à distance. Le soleil avait été créé par le sacrifice d’un dieu (il s’était jeté dans un brasier) et mis en mouvement par le sang et les cœurs d’autres dieux. Il semblait donc juste, pour ne pas dire logique, que les humains pratiquent leurs propres sacrifices pour que le monde continue à fonctionner. Et puisque les hommes peuvent devenir nerveux quand leurs chefs commencent à les tuer en grand nombre, les cœurs et le sang devaient en grande partie provenir d’étrangers. Pour permettre cela, les Aztèques entretenaient un état plus ou moins permanent de guerre, durant lequel il était mieux vu de faire des prisonniers que de tuer les ennemis. Pendant 200 ans, les armées aztèques ont parcouru l’Amérique centrale à la recherche de victimes étrangères.

Informations

Publié par
Date de parution 20 novembre 2014
Nombre de lectures 1
EAN13 9782390090007
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0040€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

I NTRODUCTION
À première vue, le cannibalisme semble facile à définir : « comportement qui consiste à manger les individus de sa propre espèce ». Cette définition semble assez claire, mais élude de nombreuses questions et passe sous silence les divers aspects du cannibalisme.
Mâcher un foie humain est clairement un acte de cannibalisme, mais est-on anthropophage lorsque l’on se ronge les ongles ? Quelle est, principalement, la différence ?
Si difficile à épingler et si souvent une question de contexte ou de circonstances, le cannibalisme a différents degrés d’acceptabilité. De l’ongle rongé au meurtre sadique, à la mutilation et à la chair rôtie, il existe une multitude de possibilités. Du point de vue éthique, il est très important de savoir si la source de la viande est vivante ou morte. Dans le premier cas, il faut évidemment savoir si le donneur est volontaire ou pas, et dans le second, si le futur consommateur sera aussi la cause du décès.
De nos jours, nous avons tendance à penser en termes manichéens. Tout est bien ou mal, et le cannibalisme appartient clairement à la seconde catégorie. Quand quelques pauvres malheureux se retrouvent coincés au milieu de nulle part sans aucune nourriture et finissent par manger leurs compagnons, la plupart d’entre nous s’accordent sur le fait qu’ils n’avaient pas le choix, et pardonnent généreusement leurs écarts, parce que nous pensons toujours que c’était vraiment ce que ça avait l’air d’être : une horrible nécessité. Mais dans nos esprits, cet acte reste négatif : le cannibalisme est simplement et naturellement inacceptable.
Dès lors, pourquoi le pratiquer ? Pourquoi existe-t-il, alors que nous sommes généralement incapables d’imaginer un monde vraiment différent du nôtre ? Il y a trois raisons essentielles : le devoir, le désespoir ou l’envie. Ou, autrement dit, certains individus ont recours au cannibalisme parce qu’ils le doivent, parce qu’ils en ont besoin ou parce qu’ils le veulent. Ce livre traite de ces trois catégories, même s’il y a visiblement des éléments qui se recoupent : il y avait souvent plus d’une raison pour que des hommes mangent leurs semblables. Le peuple maori, par exemple, considère le cannibalisme comme socialement acceptable mais aussi comme nécessaire. De plus, ils semblent l’apprécier. Et quand il s’agit de comportement psychopathe, la limite entre besoins et désirs devient très floue.
Désespoir et désir
Le cannibalisme désespéré est assez facile à comprendre. Les famines se sont succédé tout au long de l’histoire, sur chaque continent, et ce à des échelles différentes, des immenses steppes russes aux étroites embarcations de fortune au milieu de l’océan. Certaines de ces famines ont eu des causes naturelles, d’autres furent le résultat direct d’activités humaines. Quelle que fût la raison, leur conséquence était en général identique : des personnes désespérées font des choses désespérées, et qui a faim mange ce qu’il peut, même s’il s’agit d’un autre homme.
Le cannibalisme par envie est beaucoup plus difficile à comprendre, même si des pères incestueux, des mères trop autoritaires, la torture d’animaux et des dysfonctionnements sexuels extrêmes semblent souvent revenir pour l’expliquer. L’histoire de l’humanité connaît des groupements humains traditionnellement cannibales, mais le désir de cannibalisme dans le monde moderne est principalement le fait d’individus isolés, tout au plus des affaires familles. Puisque le monde considère d’emblée que le cannibalisme est extrêmement immoral et que sa pratique devrait pouvoir être abandonnée, il s’en suit que ceux qui n’y parviennent pas sont extrêmement marginaux. Peu d’assassins cannibales ont été jugés fous, pour la seule raison que la plupart des jurés étaient trop choqués par leurs actes pour ne pas les faire exécuter.
Dans le passé
Penchons-nous d’abord sur le cannibalisme par devoir, ou cannibalisme culturel. Nous ne voulons pas ici faire référence à un comportement qui veut que chacun mange autant de chair humaine que possible parce que c’est la bonne chose à faire. Le cannibalisme par devoir résulte d’une croyance partagée par de nombreuses sociétés selon laquelle manger d’autres personnes aide le monde à tourner et permet à leur culture d’être cohérente.
Comment, pourrait-on se demander, croire en quelque chose de si bizarre, de si immoral, de si « mal » ? En réalité, ceux qui rejettent de telles croyances devraient reconsidérer les leurs. La création du monde en six jours ? Ce même monde sauvé par un seul bateau plein d’animaux ? Toutes les cultures (comme tous les individus) ont leur propre manière de donner du sens à ce qu’elles ne comprennent pas. Cela dépend des cultures, de leurs croyances et de leurs mœurs.
Dès lors, en quoi le cannibalisme peut-il être bénéfique ? Qu’espèrent obtenir ceux qui le pratiquent ? S’ils le font pour les dieux, ceux-ci seront obligatoirement reconnaissants : ils continueront à faire tourner le monde, à faire briller le soleil, à faire pousser les cultures. Et puis, il y a la magie de la chair et du sang, et la croyance au transfert. Il ne faut pas beaucoup d’imagination pour croire que consommer la chair d’un ennemi redoutable vous rendra plus fort, ou que boire le sang de personnes en pleine santé vous guérira. Ainsi, les Ashanti forçaient les lâches à manger les cœurs des braves et les pharaons se baignaient dans du sang de jeunes enfants pour guérir de la lèpre. De tels transferts de qualités corporelles offraient d’innombrables possibilités fantastiques.

Saturne mangeant ses enfants de Goya illustre une histoire de la mythologie grecque et montre que les Européens ont toujours été fascinés par la notion de cannibalisme.
« Des notions simples pour des sociétés simples », pourrait-on penser. La France du XVI e siècle était bien plus sophistiquée. « Ligotez un homme roux catholique entièrement nu à un banc » commence une recette médicinale, sans doute anglicane, « confiezle aux soins de nombreux animaux venimeux. Une fois qu’il aura succombé aux morsures et aux piqûres, pendez-le la tête en bas et mettez un bol sous lui afin de récolter les gouttes. Mélangez-les aux cadavres des animaux venimeux qui ont causé sa mort, à la graisse d’un homme qui fut pendu et à des entrailles d’enfants. Utilisez quand le besoin s’en fait sentir » (cf. Askenasy, dans la bibliographie).
Ce n’était pas juste une question de transfert. Manger un ennemi était un bon moyen de le punir, une forme de revanche très satisfaisante, une remarquable méthode de dissuasion. Et ce n’était pas réservé aux ennemis. En mangeant des parents décédés, on pouvait leur épargner la solitude de l’enterrement et limiter la durée de deuil des vivants.
Des facteurs diététiques et économiques entraient aussi en jeu. Dans certains endroits, la chair humaine était la seule source de protéines disponible. Dans d’autres, elle constituait la principale source de revenus de la communauté. Si tel était le cas, il y avait beaucoup de chances pour que la pratique soit considérée comme moralement acceptable. Combien de fois n’avons-nous pas entendu les politiciens dire que la suppression du commerce d’armes mettrait à mal trop d’emplois ?
Autant de raisons qui font que bien d’autres cultures ont fait du cannibalisme une pratique quotidienne.
Et pourquoi pas ?
Une dernière réflexion. C’est très bien de se demander « Pourquoi le cannibalisme ? » Mais, tout au long de l’histoire, il a surtout été pertinent de se demander « Pourquoi pas ? »
Au tout début du XX e siècle, J.H.P Murray était lieutenant gouverneur et officier judiciaire en chef de la Papouasie-Nouvelle-Guinée anglo-australienne. Dans ses mémoires, il évoque la description terre-à-terre, effectuée par un témoin lors d’un procès, des pratiques cannibales de sa tribu : « On fait bouillir les corps. On les coupe et on les fait bouillir dans un récipient. On fait aussi bouillir des bébés. On les coupe comme des cochons. On les mange chauds ou froids. On mange d’abord les jambes. On les mange parce qu’ils sont comme des poissons. On a des poissons dans les criques, et des kangourous aussi. Mais notre vraie nourriture, ce sont les hommes. » (cf. Hogg)
Il est évident que Murray a pensé à ce témoignage, et à d’autres déclarations entendues pendant son séjour en Papouasie-Nouvelle-Guinée. L’idée le r

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents