Les prostituées à la Salpêtrière et dans le discours médical (1850-1914)
222 pages
Français

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Les prostituées à la Salpêtrière et dans le discours médical (1850-1914) , livre ebook

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Description

La prostitution occupe une place importante dans les questionnements moraux et politiques de la société parisienne aux XIXe et XXe siècles. Le discours médico-psychiatrique est représentatif de cette époque où l'avènement du positivisme place les sciences expérimentales au premier rang de la connaissance. Le cadre judiciaire de cette étude témoigne des aspirations de la société française moderne et de la gestion politique du corps des individus en général, et de la sexualité, de la reproduction, de la maladie et de l'altérité physique en particulier.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2010
Nombre de lectures 247
EAN13 9782296704916
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les prostituées à la Salpêtrière
et dans le discours médical
1850-1914


Une folle débauche
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-12582-7
EAN : 9782296125827

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Tiphaine Besnard


Les prostituées à la Salpêtrière
et dans le discours médical
1850-1914


Une folle débauche


Préface de Lilian Mathieu


L’Harmattan
Historiques
dirigée par Bruno Péquignot et Denis Rolland


La collection "Historiques" a pour vocation de présenter les recherches les plus récentes en sciences historiques. La collection est ouverte à la diversité des thèmes d’étude et des périodes historiques.
Elle comprend deux séries : la première s’intitulant "Travaux" est ouverte aux études respectant une démarche scientifique (l’accent est particulièrement mis sur la recherche universitaire) tandis que la seconde, intitulée "Sources", a pour objectif d’éditer des témoignages de contemporains relatifs à des événements d’ampleur historique ou de publier tout texte dont la diffusion enrichira le corpus documentaire de l’historien.


Série Travaux

Daniel PERRON, Histoire du repos dominical. Un jour pour faire société , 2010.
Nadège COMPARD, Immigrés et romans noirs (1950-2000) , 2010.
Arnauld CAPPEAU, Conflits et relations de voisinage dans les campagnes du Rhône au XIX e siècle, 2010.
John WARD, Placement et adoption des orphelins au Royaume-Uni (1870-1926). L’orphelin et ses anges gardiens , 2010.
Jean-Pierre HIRSCH, Vie de bistrot en Alsace. Lieux de loisirs et de sociabilité. 1844-1914 , 2010.
Michaël CULOMA, La religion civile de Rousseau à Robespierre , 2010.
Robert CHAPUIS, Bourgogne/Franche-Comté : les relations ambi-guës entre deux régions sœurs et rivales, 2009.
Pascale PELLERIN, Les philosophes des Lumières dans la France des années noires : Voltaire, Montesquieu, Rousseau et Diderot, 1940-1944 , 2009.
Didier CHAUVET, Georg Elsner et l’attentat du 8 novembre 1939 contre Hitler, 2009.
À durtal. Ce livre est pour toi, puisse-t-il être une pierre contre l’édifice.
« Je déteste la psychiatrie parce qu’elle nourrit la soif de pouvoir de
l’individu ; et parce que […] elle porte en elle une multitude d’abus
potentiels ».
Thomas Szasz, L’Âge de la folie, l’histoire de l’hospitalisation
involontaire psychiatrique à travers un choix de textes, Paris, PUF,
1978, p. 121.
Préface
C’est dans une double filiation historique prestigieuse que s’inscrit le travail de Tiphaine Besnard. Celle-ci retrouve d’une part les terrains et les enjeux des Filles de noce , l’ouvrage magistral qu’Alain Corbin a consacré à la prostitution du XIX ème siècle, mais également les questionnements de La volonté de savoir , ce livre par lequel Michel Foucault opérait la transition entre ses recherches antérieures sur l’enfermement et les dispositifs disciplinaires, et L’histoire de la sexualité à laquelle il allait se consacrer jusqu’à la fin de sa vie. Du premier, elle rejoint l’attention portée au réglementarisme, ce dispositif d’enregistrement et de contrôle à la fois policier et médical auquel les prostituées étaient tenues de se soumettre sous peine d’emprisonnement. Du second, elle retient le rôle majeur de la science médicale (ici tout spécialement psychiatrique) dans l’élaboration et la légitimation de discours stigmatisants, de traitements coercitifs et de pratiques carcérales à l’égard des jeunes femmes, dans leur écrasante majorité issues des classes populaires, qui gagnaient leur vie en se prostituant.
En s’intéressant au traitement psychiatrique des prostituées de la seconde moitié du XIX ème siècle, Tiphaine Besnard s’inscrit pleinement dans la continuité de la réflexion foucaldienne sur l’articulation savoir/pouvoir. La connaissance à prétention scientifique que les aliénistes de l’époque prétendent détenir sur les prostituées, sur l’étiologie de leur conduite comme sur ses effets pathogènes, apparaît clairement indissociable des rapports de pouvoir qu’elle fonde et légitime. Rapports de classe, bien sûr, tant la médecine de l’époque peine à envisager les classes laborieuses autrement que comme des classes vicieuses, comme telles à surveiller et à sanctionner lorsqu’elles se révèlent rétives à tout redressement moral. Mais rapports de genre également, puisque c’est à une soumission du corps des femmes au contrôle masculin que visent tant l’institution psychiatrique que le système réglementariste. Ce contrôle est avant tout physique : qu’elles soient cloîtrées dans les maisons closes, enfermées dans les hôpitaux-prisons ou internées à l’asile, les prostituées doivent en permanence rester accessibles au regard et à l’auscultation des hommes, qu’ils soient policiers ou médecins. Mais il est aussi cognitif : le corps féminin est décrit, mesuré, enregistré, photographié, catégorisé, interprété, qualifié… dans l’objectif de se le rendre intelligible et, ce faisant, de le « domestiquer », i.e. de le rendre docile aux inquisitions et aux exigences sexuelles masculines. Sur ce plan, Tiphaine Besnard rejoint Elsa Dorlin lorsque celle-ci montre, dans La matrice de la race , comment l’opposition sain/malsain a été de longue date mobilisée par le savoir médical pour étudier et comprendre le corps des femmes. Elle la rejoint également dans son ambition de rendre compte de l’entrecroisement des logiques de domination, fondées concomitamment sur la classe, le genre et la « race » (appréhendée non seulement au travers du prisme colonial, mais également de la racialisation des couches populaires).
Contrairement aux apparences, ce n’est pas de la prostitution de la seconde moitié du XIX ème siècle que traite principalement ce livre. Ou, plus exactement, celui-ci ne traite – mais c’est là que réside l’essentiel de son apport historique – que de la manière dont les hommes de l’époque dotés d’une autorité politique ou scientifique se représentaient et encadraient cette activité. En revanche, de la représentation que les prostituées du temps se faisaient de leur activité, de l’expérience qu’elles en avaient, des satisfactions ou des souffrances qu’elles en retiraient, l’historienne ne peut guère recueillir que des traces éparses et fragmentaires, toujours suspectes d’être biaisées par le regard masculin de celui qui les a mis en mots sous forme de rapport policier, de dossier médical ou de publication scientifique. C’est donc une appréhension de la prostitution du seul côté de ceux qui entendent la contrôler et la dominer, par la force de la coercition ou par celle du savoir, que livre cet ouvrage. Ce faisant, c’est la représentation que les dominants du monde social se font de celles et ceux qu’ils se pensent légitimes à se soumettre qui se révèle dans les écrits des aliénistes, hommes politiques et autres préfets qui constituent le matériau empirique que Tiphaine Besnard a étudié. Le résultat est, bien sûr, consternant, tant s’y étalent la bêtise satisfaite, l’arrogance imbécile, la cruauté sans complexe ou l’aveuglement idéologique – que l’on pense simplement à l’absurdité des descriptions et interprétations médicales de l’anatomie des prostituées (abordées dans la 2 e partie) ou à la brutalité des « traitements » hydrothérapiques infligés aux aliénés au risque de les faire mourir (3 e partie).
Il n’est pas certain non plus que l’intérêt de cet ouvrage soit purement documentaire, à même d’enseigner sur les aveuglements et les erreurs d’un passé que l’on souhaiterait définitivement révolu. Le détour historique qui nous est ici proposé produit en effet des échos très contemporains. Même si elle sait désormais euphémiser ses jugements de valeur, l’ambition de faire de la prostitution une pathologie mentale n’a pas pour autant disparu, de même que ne s’est pas émoussée, quand bien même elle saurait se faire plus compassionnelle, la prétention des classes dominantes à contrôler et à normaliser la sexualité (nécessairement) déviante qu’elles prêtent aux nouvelles classes populaires. N’ont pas disparu non plus – elles tendent au contraire à se renforcer – les pratiques policières coercitives, spécialement lorsqu’elles visent à l’expulsion des prostituées d’un espace public de plus en plus privatisé pour son seul usage par une bourgeoisie au puritanisme renouvelé. Les pages que Tiphaine Besn

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