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Description
Sujets
Informations
Publié par | L'Harmattan |
Date de parution | 01 juillet 2012 |
Nombre de lectures | 32 |
EAN13 | 9782296499706 |
Langue | Français |
Poids de l'ouvrage | 1 Mo |
Informations légales : prix de location à la page 0,1350€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
Couverture
4e de couverture
Collection
Collection Pratiques en Formation dirigée par
Daniel BERTAUX, Véronique BEDIN
Catherine DELCROIX et Michel FOURNET
La collection Pratiques en Formation regroupe des ouvrages qui traitent de l’évolution des différents types de pratiques sociales, des contextes dans lesquels elles s’inscrivent et de leurs méthodes d’observation. Les travaux retenus répondent à trois objectifs majeurs : construire des cadres de référence appropriés à l’analyse de pratiques contextualisées, étudier les interactions entre pratiques individuelles et organisationnelles dans des systèmes d’activités différenciés : formation, travail social, professionnalisation, développement local ; enfin, enrichir les savoirs et pratiques en formation tout au long de la vie selon une approche pluridisciplinaire.
Dernières parutions
Sous la direction de Michel FOURNET et Jean-Louis MARTIN, La crise : risque ou chance pour la communication ? , 1999.
Ahmed CHABCHOUB, Ecole et modernité - En Tunisie et dans les pays arabes , 2000.
Sous la direction de Jean-François SOULET et Eric CASTEX, L’informatique dans l’enseignement de l’histoire et de la formation des historiens , 2001.
Sous la direction de Daniel GUY, Dopage et protection des jeunes sportifs. Eléments pour une prévention de proximité , 2002.
Patrick SARAMON, Panser ou repenser les Z.E.P. ? De la « discrimination positive » au recul institutionnel , 2003.
Sous la direction de Bernard FRAYSSE, Les Sciences de l’Education dans les champs de la formation. Quelles mobilisation et légitimation ? , 2011.
Titre
Pratiques en Formation
LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA DOULEUR CHEZ LES PERSONNES SOIGNÉES
Contribution à la modélisation de la pensée sociale
Nadia PEOC’H
L’Harmattan
Copyright
© L’Harmattan, 2013
5-7, rue de l’École polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-296-97792-1
Dédicace
À Christine CEAUX,
À Michel FOURNET,
Rien d’autre que la singularité d’une rencontre ne peut apprendre la richesse d’une relation
À Jean et Alice,
toujours
Liminaire Avec ou sans douleur, les maux en héritage
Notre intérêt pour l’homme et sa douleur est issu de préoccupations anciennes, professionnelles et personnelles, mais également de questionnement voire d’incompréhensions. Dans une sphère professionnelle (connue de l’intérieur) qui est l’accompagnement méthodologique et pédagogique des équipes soignantes à la compréhension des situations de soins, à l’explicitation de leurs pratiques professionnelles en prenant appui sur la recherche en soins, nous avons conduit une recherche-action sur l’étude des représentations professionnelles des praticiens du soin (toute filière confondue) à propos de la prise en charge de la douleur des personnes soignées. S’inscrivant dans une chaîne interrogative, rompant avec les fausses évidences et les prénotions, cette étude, loin d’apporter des réponses, a au contraire soulevé des pans d’ombre et suscité de nouvelles interrogations.
Les Sciences Humaines se donnent pour objet d’étude « l’homme » lui-même, avec dans cette spécificité de l’homme, ce qui est fondamentalement humain. Située dans le champ des Sciences de l’Éducation, s’appuyant sur le modèle théorique de « La pensée sociale » (Rouquette, 1973), la recherche présentée dans cet ouvrage privilégie l’étude des relations entre attitudes, représentations sociales, idéologie et thêmata en interaction avec un contexte spécifique lié à l’hospitalisation, la douleur, la relation de soin soignants/soignés. Mais également, la santé, la maladie, la mort, le corps, le traitement, le diagnostic, la relation thérapeutique, autant d’objets constitutifs d’une cartographie conceptuelle au sein de laquelle la douleur est impliquée.
Dire que la douleur est un phénomène commun et complexe relève d’une équation réductrice, nous en convenons. Le phénomène commun s’entendrait dans la mesure où il s’agit d’une expérience que nous avons tous eu l’occasion de vivre durant notre vie. Le phénomène complexe s’entendrait dans le fait que la douleur se manifeste de manière très hétérogène et qu’elle obéit à des déterminismes multiples et variables selon l’individu. A contrario , dire que la douleur est humaine, c’est affirmer qu’elle est rationnellement construite, voire plus précisément, qu’elle serait le résultat d’une modélisation de la pensée rationnelle dont l’homme serait capable. Pour Guyard (2003, p. 139), « la douleur, chez l’homme, s’acculture du fait qu’il n’y accède pas immédiatement, mais qu’il la médiatise sous plusieurs formes : 1) une conceptualisation logique ; 2) une production technique ; 3) une reconnaissance sociale et 4) une retenue morale. » 1
Une douleur logiquement conceptualisée. La douleur est sensoriellement saisie et gnosiquement 2 perçue. Sur le plan de la représentation, l’homme perçoit sa douleur, mais il la conceptualise, il la verbalise, il la décrit. Cette douleur dite dans une formulation langagière suppose la « médiation des mots ». « J’ai mal à la tête ; ça m’étouffe ; ça ne serre pas, mais ça me lance. » Des expressions comme autant d’étiquettes posées qui introduisent une distance entre la douleur perçue et la douleur dite. Dans la relation de soin, cette douleur ne se conçoit pas aisément, et les mots pour la décrire n’arrivent pas facilement. Or, c’est en la disant que la personne soignée, peut se la représenter avec plus ou moins d’exactitude et de finesse dans sa formulation. Quelles seraient alors les caractéristiques de cette relation de soin soignants/soignés favorisant la mise en mots de la douleur ?
Une douleur techniquement produite. Sur le plan de l’activité, du mouvement et du geste, la douleur se décline en raidissements, ankyloses, contractions, tensions diverses. Là aussi, l’homme introduit dans les activités dont il est capable une nouvelle médiation, la « médiation des dispositifs techniques ». En agissant sur la partie douloureuse de son organisme, il la technicise en la transformant par des substances (les médicaments) ou par des gestes techniques non médicamenteux (massage, technique douce, sophrologie.). Cette médiation technique et médicamenteuse, aux influences modernes et/ou traditionnelles transforme la douleur en une sorte d’atelier, où la personne soignée, devient à la fois expérimentateur et sujet d’expérience. Il ne s’agit plus de douleur déduite, mais bien d’une douleur techniquement produite. Par ajustements successifs, de manière le plus souvent empirique, la personne soignée devient potentiellement capable d’expérimenter les traitements, et de surcroit, de guider les professionnels de santé, vers des prescriptions et des prises en charge de plus en plus efficientes. Quelles seraient alors les caractéristiques de cette relation de soin soignants/soignés favorisant l’autonomie et l’indépendance de la personne soignée vis-à-vis de sa douleur ?
Une douleur socialement reconnue. La douleur s’éprouve, sur le plan de l’existence dans une relation du corps à l’environnement. La vie de la personne soignée se contextualise dans ce rapport au temps, à l’espace et à l’environnement. Si elle est incorporée, dans un corporellement située (le mal au dos, le mal à la tête, le mal de hanche..), elle peut varier également selon le sexe, l’âge, la culture, la géographie humaine. Le temps, se raconte en histoire de la douleur. L’espace, se découpe en pays de la douleur, et l’environnement se clive en classes sociales. La douleur est soumise à cette acculturation sociale. Avant l’avènement du premier plan de lutte contre la douleur, de l’algologie, de la création des sociétés savantes 3 , la douleur n’était pas spécifiquement reconnue par les milieux de la santé. Certaines douleurs, comme la migraine par exemple, étaient socialement moins reconnues. Aujourd’hui, des pharmaciens, des anesthésistes, des neurologues, des algologues, mais aussi des professionnels de santé autres (psychologues, kinésithérapeutes, infirmiers) instituent des domaines de compétences orientés sur la prise en charge de la douleur, par l̵