Les Territoires de l'espace public

Alain Bussière

Description

À la suite du travail fondateur de Jürgen Habermas, le concept d'espace public occupe une place de choix dans les débats sur les pratiques de communication délibérative en contexte démocratique. L'auteur nous en propose une reformulation théorique alimentée par un travail de terrain ainsi que par une expérience de l'exercice de la communication politique à l'échelle régionale.

Sujets

• Politique
• Communication
• Science politique
• Medias
• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 02 septembre 2019
• Nombre de lectures: 4
• EAN13: 9782336879833
• Langue: Français

Extrait

Couverture
4e de couverture
Dernières parutions

Communication et Civilisation
Collection dirigée par Nicolas Pélissier

La collection Communication et Civilisation , créée en septembre 1996, s’est donné un double objectif. D’une part, promouvoir des recherches originales menées sur l’information et la communication en France, en publiant notamment les travaux de jeunes chercheurs dont les découvertes gagnent à connaître une diffusion plus large. D’autre part, valoriser les études portant sur l’internationalisation de la communication et ses interactions avec les cultures locales.
Information et communication sont ici envisagées dans leur acception la plus large, celle qui motive le statut d’interdiscipline des sciences qui les étudient. Que l’on se réfère à l’anthropologie, aux technosciences, à la philosophie ou à l’histoire, il s’agit de révéler la très grande diversité de l’approche communicationnelle des phénomènes humains.
Cependant, ni l’information, ni la communication ne doivent être envisagées comme des objets autonomes et autosuffisants.

Dernières parutions

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Etienne DAMOME, Noble AKAM, Alain KIYINDOU (dir.), Systèmes connectés, données et économie numérique dans l’espace francophone , 2019.
Nicolas OLIVERI, Morgane TUILLIER et Estelle MESROBIAN, L’internaute reprend le pouvoir , Les nouveaux défis de la communication digitale, 2019.
Alain KIYINDOU, Intelligence Artificielle. Pratiques et enjeux pour le développement , 2019.
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Titre

Alain BUSSIERE









L ES TERRITOIRES DE L’ESPACE PUBLIC

Enjeux communicationnels pour une pratique démocratique


Préface d’Éric Dacheux
Copyright



























© L’Harmattan, 2019 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.editions-harmattan.fr
EAN Epub : 978-2-336-87983-3
Remerciements

Remerciements

à Éric Dacheux

à Elham, Rémy et Nicolas.
Préface
Cet ouvrage est un livre important. Il porte sur un sujet au combien d’actualité : penser autrement la démocratie. Plus précisément Alain Bussière propose ici une nouvelle théorie des rapports entre territoire et espace public. Dès lors, cet ouvrage présente trois intérêts majeurs. Tout d’abord, il s’éloigne des impasses du déterminisme technologique. Défendre, aujourd’hui, une proposition théorique en Sciences de l’Information et de la Communication qui ne parte pas de l’observation des usages technologiques est devenu suffisamment rare pour ne pas être souligné. C’est bien en effet ici le concept d’espace public qui est soumis à l’examen et confronté à la pratique et non une énième recherche sur l’impact du numérique sur la vie politique. La volonté explicite développée tout au long de l’ouvrage est de prolonger le débat critique autour des conceptions de Jürgen Habermas en prenant soin de ne pas s’en tenir aux formulations initiales de l’auteur, mais en tentant au contraire de prolonger le débat. Il y a certes des écarts entre l’idéal normatif du philosophe et les pratiques concrètes de la communication politique, elles sont évoquées. Alain Bussière n’en tire cependant pas argument pour réfuter l’intérêt du concept. Il nous propose au contraire une autre piste qui serait celle de son enrichissement par la prise en compte de pratiques multiples qui tendraient certes à mettre en tension l’idéal délibératif, mais sans pour autant en abolir la force normative attachée à l’idéal démocratique. Une invitation salutaire à un renouveau du débat académique et politique.
Un deuxième intérêt de cet ouvrage est de revendiquer l’introduction des questions économiques dans les réflexions sur l’espace public. Plus exactement, par référence faite à Karl Polanyi, on comprend que la volonté d’exclusion de la sphère économique du champ de la délibération démocratique constitue paradoxalement une menace pour la légitimité des régimes démocratiques. En écho, l’attention portée aux pratiques de l’économie sociale et solidaire marque la volonté de prendre en compte le point de vue d’acteurs qui au quotidien tentent de concilier la production de biens, de services, tout en étant soucieux d’un lien social construit à partir d’un cadre démocratique. En ce sens, cet ouvrage trouve ses racines dans les problématiques du laboratoire « communication et solidarité » que j’ai eu le plaisir de créer et de diriger à l’Université de Clermont-Ferrand.
Mais l’apport le plus original mis en avant dans cet ouvrage est la prise en compte des dimensions territoriales associées à l’espace public. Ce rapprochement ne va en effet pas de soi. Tout d’abord parce que rapprocher l’espace abstrait du philosophe au sein duquel s’échangent des arguments raisonnables et la notion de territoire fruit de processus historiques complexes d’institutionnalisation, croisant dimensions matérielles et symboliques, n’est pas forcément chose aisée. Ensuite, parce que les processus historiques concrets ayant le plus souvent mêlé émergence d’espaces publics et cadres spatiaux du politique ont conduit à faire de la dimension territoriale une dimension implicite. Le grand mérite de cet ouvrage est de remettre la question territoriale sous les projecteurs. Fort de son expérience de vice-président de région et d’une recherche doctorale combinant entretiens et observations multiples, Alain Bussière nous propose de donner une place déterminante à cette dimension territoriale.
Il le fait avec un regard décapant qui nous éloigne des idées reçues. Premièrement, après une analyse serrée, il écarte l’hypothèse selon laquelle le territoire aurait cédé sa place aux réseaux. Deuxièmement, il procède à une analyse très fine de nouveaux « territoires de la démocratie », étayée ici essentiellement par l’analyse des espaces publics locaux français, mais également par l’espace européen. Il illustre ainsi la capacité des espaces publics à alimenter des débats ayant pour conséquence une reconfiguration territoriale des espaces du politique. La conséquence en est la nécessité de reconstituer sans cesse, à ces échelles nouvelles, des espaces publics conformes à l’idéal démocratique. Défi inatteignable ? En tout cas objectif largement compliqué par le caractère fluctuant de ces nouvelles échelles, mais également par des stratégies de communication souvent inadaptées. Mais il s’agit, de manière réflexive, de prendre également en compte le fait que le vécu territorial peut à son tour alimenter les débats de l’espace public, rendant ainsi le processus fondamentalement instable. Faut-il s’en inquiéter ? Ne doit-on pas au contraire accepter que cette instabilité soit une composante de la démocratie ? Enfin, troisièmement, l’intérêt de l’introduction de ces dimensions territoriales est de prendre en compte leur pluralité. Est ainsi identifié un nouvel enjeu contemporain qui est de faire vivre un débat public à des échelles multiples interdépendantes : les nouveaux défis communicationnels de l’« interterritorialité ». Ce concept d’interterritorialité est central : non seulement il invite, sur le plan scientifique, à penser les dynamiques d’emboîtement, de recoupements partiels et de conflits larvés entre les différentes dimensions territoriales de l’espace public (local, régional, national, européen), mais surtout, sur le plan politique, il invite à prendre en compte également la dimension internationale de toute action publique. C’est la vieille question, chère à la social-démocratie, de l’internationalisme qui se trouve alors posée à nouveau frais, dans un cadre théorique stimulant. Ainsi, le grand mérite de cet ouvrage est d’inciter au débat public en proposant de nouvelles pistes théoriques scientifiquement fondées sur un sujet