"Mauvais ménages"
137 pages
Français

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"Mauvais ménages" , livre ebook

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Description

Qui, de l'homme ou de la femme, dirige réellement la vie conjugale et la famille aux XVIIe et XVIIIe siècles ? Partant de cette interrogation, l'auteur a consulté les archives de près d'un millier de procès en séparations de biens ou de corps ou de divorce, d'où surgissent les émotions, les souffrances et les bonheurs, l'impuissance, les rumeurs, les menaces, les défaillances ou les duperies qui émaillent les vies conjugales brisées. C'est une plongée au coeur du quotidien des Françaises et des Français « ordinaires », depuis le début du règne de Louis XIII jusqu'aux conséquences de la loi révolutionnaire de 1792 autorisant le divorce, qui est proposée ici par l'auteur, documents à l'appui.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 25 septembre 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782336881942
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1100€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Chemins de la Mémoire
Fondée par Alain Forest, cette collection est consacrée à la publication de travaux de recherche, essentiellement universitaires, dans le domaine de l’histoire en général.
Relancée en 2011, elle se décline désormais par séries (chronologiques, thématiques en fonction d’approches disciplinaires spécifiques). Depuis 2013, cette collection centrée sur l’espace européen s’ouvre à d’autres aires géographiques.

Derniers titres parus

Markovic (Momcilo), Paris brûle !, L’incendie des barrières de l’octroi en juillet 1789, 2019.
Sarindar-Fontaine (François), Charles V le sage, dauphin, duc et régent (1338-1358), 2019.
Foutakis (Patrice), De La Dame a la licorne et de « son » désir, 2019.
Leroux (Charles-Édouard), La question mémorielle au XXI e siècle, Jouer éternellement le passé , 2019.
Maury (Serge), Une secte janséniste convulsionnaire sous la Révolution française, Les Fareinistes (1783-1805), 2019.
Laporte (Samy), La vie quotidienne des Juifs de Pologne au XIX e siècle (1795-1914), 2018.
Giacchetti (Claudine Anne), Les déplacés. La diaspora juive est-européenne dans la France occupée. Témoignages et combats , 2018.
Lafage (Franck), Louis III, dernier roi de Bavière, (1913-1918 ) , Un souverain dans la tourmente de la Première Guerre mondiale, 2018.
Louis (Abel A.), Le livre et ses lecteurs en Martinique de la fin du Directoire à la Monarchie de Juillet (1799-1848). Essai d’histoire sociale et matérielle , 2018.
Lagardère (Vincent), Commerce fluvial et batellerie sur l’Adour du XVII e au XVIII e siècle. Les ports de Dax, Saubusse, Port-de-Lanne, La Marquèze , 2018.

Ces dix derniers titres de la collection sont classés par ordre chronologique en commençant par le plus récent.
La liste complète des parutions, avec une courte présentation du contenu des ouvrages, peut être consultée sur le site www.editions-harmattan.fr
Titre
Gwénael MURPHY





« M AUVAIS MENAGES »

Histoire des désordres conjugaux en France

XVII e – XVIII e siècles
Copyright
DU MÊME AUTEUR

Rose Lauray, religieuse poitevine (1752-1835) , La Crèche, Geste éditions, 2002.
Les possédées de Loudun , La Crèche, Geste éditions, 2003.
Les religieuses dans la Révolution française , Paris, Bayard, 2005.
Le peuple des couvents (Poitou, XVII e -XVIII e siècles) , La Crèche, Geste éditions, 2007.
Femmes de Dieu et Révolution française dans le diocèse de Poitiers , Sarrebrück, Editions universitaires européennes, 2011.
Histoire de Châtellerault , La Crèche, Geste éditions, 2017.
Vengeances toxiques. Une histoire sociale des empoisonnements au XIX e siècle , Düsseldorf, Editions universitaires européennes, 2018.
Archives de la Nouvelle-Calédonie , Paris, Archives & Culture, 2019.
Sous le ciel de l’exil. Autobiographie poétique de Marius Julien (1859-1929), forçat de Nouvelle-Calédonie , Nouméa, Presses universitaires de la Nouvelle-Calédonie, 2019 (avec L. Lagarde, E. Banaré et A. Rabah Ben Aïssa).





© L’Harmattan, 2019
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.editions-harmattan.fr
EAN Epub : 978-2-336-88194-2
INTRODUCTION
Au XVII e siècle, en France, défendre le droit au divorce revenait à avouer soit un penchant pour la religion réformée, soit son athéisme. Les désordres conjugaux, d’une manière générale, constituent l’un des thèmes majeurs qui font débat dans la société d’Ancien régime : il s’agit de déterminer qui dirige le couple, tout en réaffirmant avec constance la prépondérance « naturelle » de l’homme. Ils constituent le thème de nombreuses lithographies (« la dispute pour la culotte »), dans lesquelles le mari et la femme se querellent pour porter le vêtement symbolique de la domination sexuelle. Si la femme l’emporte, les rôles sont inversés, le monde change de maître. En revanche, si l’homme l’emporte, l’ordre social et la raison sont présentés comme saufs. Certaines images expliquent que, après avoir raisonné l’esprit « obtus et querelleur » de son épouse, s’il ne constate aucun progrès dans son attitude, il lui faudrait légitimement la corriger à coups de bâtons 1 . Par la suite, le siècle des Lumières offre des débats nombreux sur le sujet, les Encyclopédistes défendant des opinions dites « natalistes » (l’interdiction du divorce provoque la chute du nombre de naissances selon Diderot) ou « utilitaristes » (le mariage indissoluble est une complication inutile de la vie sociale selon Voltaire). Cependant, la connotation religieuse reste forte, et cette controverse poursuit la lutte multiséculaire entre le droit romain, favorable au divorcium , et le droit ecclésiastique, qui transforme le contrat conjugal en un sacrement inviolable et irréversible 2 .
Cette étude propose de comprendre les désordres conjugaux en France aux XVII e et XVIII e siècles à travers l’analyse des archives de justice. Les travaux consacrés à ce thème ont, généralement, utilisé des sources imprimées, la littérature ou des procès isolés qui font l’objet d’études micro-historiques. A la croisée de champs historiographiques féconds, dans les domaines des violences, du corps, du genre, du mariage et des relations familiales, l’histoire des désordres conjugaux reste toutefois en retrait, en particulier pour l’époque moderne. Les demandes de séparations constituent la source majeure qui permet leur étude. Etudiées par l’équipe d’Alain Lottin autour du thème de la « désunion », elles sont connues essentiellement à travers les tragédies de couples aristocrates ou célèbres qui ont narré leurs mésaventures 3 . Par ailleurs, le terme de « désordres conjugaux » sera entendu au sens large et contemporain, incluant, outre les atteintes au corps, les injures, la négligence matérielle, l’abandon, la mésentente, les privations et la diffamation 4 .
Nous souhaitons compléter les approches antérieures par un travail fondé sur les sources judiciaires de l’Ancien régime, plus particulièrement les demandes de séparations de biens et/ou de corps. Celles-ci sont multiples, et les documents existants dans les dépôts d’archives départementales forment un ensemble colossal sur le plan quantitatif. Il a donc été procédé à deux restrictions : d’une part géographique, de l’autre méthodologique. La recherche sera centrée sur la région historique du Poitou, qui recouvre les actuels départements de la Vienne, des Deux-Sèvres et de la Vendée. Toutes les juridictions des XVII e et XVIII e siècles ont fait l’objet de sondages, pour une proportion de 25% des 1800 cotes d’archives concernées dépouillées 5 . Au total, ce sont 825 procédures de séparations qui forment notre corpus et sur lesquelles les résultats statistiques seront basés, dont les exemples et les parcours concrets qui illustrent cet ouvrage seront extraits 6 .
Sur le plan chronologique, les premiers documents conséquents datent des années 1615/1620, et ne concernent qu’une juridiction précise, celle de Châtellerault, l’un des fiefs protestants de la région. Après une période très silencieuse dans le domaine des séparations, au cours de la première moitié du XVII e siècle, les demandes connaissent un regain à partir de la décennie 1660. La croissance sera continue au cours du siècle suivant, jusqu’à une certaine « banalisation » de ces procédures à partir des années 1760. Cette dernière époque rassemble, à elle seule, la moitié des dossiers identifiés en archive. La chronologie s’accorde avec l’évolution bien connue de la natalité française, l’augmentation des écarts inter-génésiques, la relative « libéralisation » des mœurs dans les classes populaires par rapport au mariage qui caractérisent la seconde moitié du XVIII e siècle, au cours de laquelle le concubinage s’avère plus souvent toléré avant de contracter un mariage afin de voir si les époux sont « accordés » 7 . Nous avons prolongé l’étude jusqu’à l’époque révolutionnaire à travers le recensement exhaustif, pour le département de la Vienne, des divorces prononcés entre 1792 et 1802. Leurs motifs et la présence de ce nouvel acte d’état-civil en milieu rural permet de compl

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