Parents à louer pour enfants fous
257 pages
Français

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Parents à louer pour enfants fous , livre ebook

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Description

Les Familles-Thérapeutiques (association aujourd'hui fermée)proposait un modèle de traitement pour des enfants en souffrances psychiques sur la base d'un mode de prise en charge de type familial. Cette association regroupait une dizaine de maisons dans la banlieue est de Paris, qui abritaient en moyenne cinq enfants et trois parents-thérapeutiques à plein temps. Les Familles-Thérapeutiques se distinguaient non pas en proposant de nouvelles spécialisations contre la maladie mentale mais en opposant de façon affirmée le "normal" au "professionnel".

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2010
Nombre de lectures 175
EAN13 9782296714199
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

PARENTS À LOUER POUR ENFANTS FOUS Récit des « Familles-Thérapeutiques »
Psycho - logiques Collection fondée par Philippe Brenot et dirigée par Alain Brun  Sans exclusives ni frontières, les logiques président au fonctionnement psychique comme à la vie relationnelle. Toutes les pratiques, toutes les écoles ont leur place dans Psycho -logiques. Déjà parus Patrick PIPET,Sauter une classe, Entre mythe social et faille narcissique, 2010. Jean CASSANAS,Les descriptions du processus thérapeutique, 2010. Michel LEMONNIER,Le Psychologue du travail. Un agent du changement dans la société, 2010. Samuel GONZALES-PUELL,L'Approche thérapeutique des déficiences intellectuelles sévères et profondes. Perspectives institutionnelles, 2010. Huguette CAGLAR,Les familles monoparentales, 2010. Frédéric BRISSAUD,Pour un renouveau de la psychothérapie. Mutations, 2010. Ahmed CHANNOUF,Les freins invisibles à l’égalité des chances, 2010. Pascal COULON,Les groupes d’entraide. Une thérapie contemporaine, 2009. Samuel GONZALES PUELL,Comprendre les déficiences intellectuelles sévères et profondes. Approche diagnostique et évolutive à l’âge adulte, 2009. Claire METZ,Absence du père et séparations, 2009. Charlotte MARCILHACY,Productions graphiques et clinique infantile, 2009. Lucien TENENBAUM,La dépression, une épreuve moderne, 2009. Luc VANDEN DRIESSCHE,L’enfant parallèle, 2009. Serge BAUMGARTEN,L’enfant porte-symptôme, 2008. Pierre MANNONI,Psychopathologie de la vie collective, 2008.
Jean-Max Ferey PARENTS À LOUER POUR ENFANTS FOUSRécit des « Familles-Thérapeutiques » Préface de Martine Lechevallier
Du même auteurPratique du coaching d’équipe, Chronique Sociale, 2008. PNL et relation d’aide, les outils de la PNL pour les professionnels de l’accompagnement, Chronique Sociale, 2009. © L’Harmattan, 2010 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-13619-9 EAN : 9782296136199
PRÉFACE DE MARTINE LECHEVALLIER (médecin psychiatre) À Isis… Mon expérience au sein des Familles-Thérapeutiques a été un point d’ancrage dans mon parcours professionnel. Pour la première fois de ma carrière, j’ai été psychiatre 24 heures sur 24. J’y étais à la fois psychiatre et en même temps, le médecin de famille, le docteur dont les enfants n’ont pas peur… Le sentiment qui me reste de ce passage, c’est l’apprentissage, la mise en pratique de ce qui est bien et bon. En vivant avec les Familles-Thérapeutiques, j’ai acquis des savoirs et les liens qui nous ont tant unis, et je les pose toujours aujourd’hui dans mon activité actuelle de médecin d’institution, auprès des enfants, travaillant avec eux dans le vrai, avec les services éducatifs, lors des transferts ou encore avec les familles, les accompagnant par exemple lors de consultations spécialisées. Toute famille doit s’agrandir – les membres des Familles-Thérapeutiques sont aujourd’hui dispersés. Elles ne se sont pas développées, aussi ont-elles involué et se sont éteintes… Grâce à toi Jean-Max, il existe une trace de cette histoire (MERCI) qui, tout en étant la tienne, est aussi celle d’un parent-thérapeutique. Mickaël (un des enfants que nous avons pris en charge et que je revois de temps en temps) me disait récemment « Pourquoi les parents-thérapeutiques que j’ai connus ne prennent pas de mes nouvelles ? Ils m’ont abandonné AUSSI » ? Pour certains, les Familles-Thérapeutiques ont été leur unique famille : Ancrage ?
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INTRODUCTION Le jour où je commence ces lignes, j’ai 36 ans, celui où je place un point final au bas du texte, j’en ai alors 46. Il m’aura fallu dix années pour tracer ces lignes afin de rendre ce que j’avais appris à travers mon expérience, aux Familles-Thérapeutiques. Aujourd’hui je suis psychothérapeute et j’interviens également comme conseil dans les organisations sur les thèmes des relations humaines, de la gestion des conflits, de la coopération au changement, du management et d’autres choses qui seraient en lien avec les compétences que je pourrais avoir. Mon boulot marche bien. Avant de traiter des activités que je mène actuellement, j’étais responsable d’un lieu de vie, la Demeure-Saint-André, que j’avais fondé en 1990 avec Fabienne, ma compagne de ce temps-là, à Dreux en Eure-et-Loir. La Demeure-Saint-André était une structure minuscule qui accueillait huit gosses (essentiellement des adolescents) avec l’accompagnement de trois adultes à plein temps, c’est-à-dire 24 heures sur 24. Des gosses un peu baladeurs, un peu fugueurs, un peu agressifs… Quelques-uns se sont posés… Certains ont entamé et parfois réussi des études… D’autres se sont un peu calmés et ont appris la joie de vivre… Notre accueil thérapeutique n’a pas fonctionné avec tous, plusieurs jeunes n’ont fait que passer… Un lieu de vie n’est pas un lieu à vie (comme l’oublient souvent certains des fondateurs de lieux de vie qui continuent à faire de l’accueil, parce qu’ils ne savent pas ou qu’ils ne savent plus faire autre chose…). J’ai vécu de ce « bouillon de culture » qu’était la Demeure-Saint-André durant dix années. 24 heures sur 24. Cela fait beaucoup de bonheur (et quelques hectolitres de franches galères, il faut bien en convenir). J’étais au bout du voyage communautaire après dix-huit années de vie avec des enfants de toutes sortes. À Saint-André, nous n’avions pas trouvé de
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relève satisfaisante, on ne change pas le groupe fondateur d’une expérience unique comme on peut pourvoir à un poste dans n’importe quelle institution au sens classique du terme. Notre association, après de longues réflexions, a donc décidé de fermer le programme lieu de vie. Fermer un Lieu-de-Vie, une maison dans laquelle des gens ont vécu, étaient heureux, ont connu des colères et des rancœurs, mais aussi de la tendresse, de la tristesse et de la joie, est une expérience pénible, même quand cette fermeture a été réfléchie, mûrie, préparée longuement et dans tous les détails. Toutes les familles qui ont quitté un lieu investi et aimé le savent bien. En ce qui nous concerne, ce choix était volontaire, nous l’avions organisé durant huit mois. Les enfants d’alors étaient avec nous depuis pas mal de temps déjà, ils avaient avancé, une fin de génération en quelque sorte, ils ont tous été replacés dans de bonnes conditions dans d’autres structures connues. Ils avaient pour la plupart suffisamment entamé leur travail de changement chez nous ; la machine était lancée, ils pouvaient le continuer ailleurs. Les plus grands, les majeurs, se sont installés avec l’aide de l’association. Ces quelques lignes me font sourire rétrospectivement, car même en ayant pris du temps, cette fermeture a été un boulot monstrueux, durant lequel le doute et la culpabilité ont cohabité constamment, avec en même temps, le ras-le-bol, le désir de faire autre chose, l’envie de ne pas être là, le besoin d’être ailleurs. Avant cette expérience que je me suis promis de raconter un jour à travers un autre livre, je travaillais dans une association nommée « les Familles-Thérapeutiques ». C’est là que j’ai tout appris de ce que je crois savoir. Aux Familles-Thérapeutiques, nous étions en situation de constante création d’une famille à partir d’un modèle expérimental conduit par un médecin psychiatre de talent, le docteur Pierre TUFFET. Je suis convaincu que les activités que je pratique actuellement sur le changement, qu’il soit individuel
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ou au niveau d’une entreprise, prennent racines dans cette merveilleuse expérience auprès des enfants des maisons des Familles-Thérapeutiques. Dans cette association, j’ai été tour à tour « parent-thérapeutique » de base, « chef-de-famille », responsable de plusieurs unités familiales et aussi formateur. Plus que toute autre institution (et j’en connais maintenant beaucoup), les Familles-Thérapeutiques ont « travaillé » la notion de technologie du savoir. Cette manière de modéliser la réussite, que je conduis régulièrement pour des entreprises du secteur privé, est bien connue depuis toujours aux Familles-Thérapeutiques. Le savoir des Familles-Thérapeutiques est enraciné dans celui de la famille naturelle, il constitue pour beaucoup un savoir « qui ne se sait pas », mais qui fonctionne et qui repose sur un long passé d’évolution qui a conduit la famille d’hier jusqu’à celle d’aujourd’hui. L’idée relativement simple de ce modèle est que si la plus grande majorité des familles réussit effectivement à élever leurs enfants en leur évitant la maladie mentale, c’est qu’elles doivent posséder, dans leur fond, des connaissances implicites, des pratiques, des techniques de prévention, voire de traitement de la maladie mentale. La famille est l’une des plus anciennes institutions connues toujours en vie. Merveilleusement adaptable aux évolutions de la société et incubatrice jamais égalée pour élever des enfants en bonne santé physique et psychique. C’est-à-dire pour les faire passer de l’état d’enfants dépendants à celui d’adultes responsables, mission et transmission. Sans doute y a-t-il parfois des ratés, il y a certaines familles qui sont (ou seraient) au moins partiellement « pathogènes » mais je prétends qu’on n’a, à ce jour, jamais rien trouvé de mieux pour élever des gosses que la famille. Après tout, si les pathologies mentales touchent 1 % de la population, c’est tout de même que dans 99 % des cas, elles assument correctement leur mission, qui est d’élever des enfants qui deviendront des adultes en bonne santé, physique, mentale et sociale.
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L’association Les Familles-Thérapeutiques a refermé les portes de ses maisons en septembre 2000. Un dépôt de bilan. Beaucoup de problèmes statutaires (les 35 heures entre autres), des difficultés à trouver des parents-thérapeutiques impliqués, la fatigue, le manque de recul, la saturation sans doute, des conneries aussi. Les Familles ne se sont pas adaptées cette fois-ci au changement, la crise a été trop forte. C’est comme ça. Les choses sont ce qu’elles sont. Pour ceux qui ont connu cette structure, pour les enfants, pour les parents des enfants et pour les parents-thérapeutiques, cette fermeture laisse un vide béant. Quelque chose à vivre comme le deuil d’une famille disparue, il y a la perte du savoir, des savoir-faire et des savoir-être que les permanents de cette institution non traditionnelle ont acquis à travers trente et une années d’existence et de recherche. Perdre du savoir de soin est intolérable. En particulier à une époque, la nôtre, qui manifeste de plus en plus, à travers un système de soin et les établissements, en particulier psychiatriques, la folie de la quantité (l’acte) au détriment de la qualité de l’approche thérapeutique. J’espère donc que d’autres que moi, d’autres mamans et papas-thérapeutiques, s’échineront à noircir quelques pages pour raconter, décrire, expliquer et pour promouvoir ce fantastique mode de prise en charge de certains enfants en grande difficulté. Mode de prise en charge dont j’ai souvent parlé dans des institutions pédopsychiatriques ou dans des institutions médico-éducatives avec internat, ou encore dans des foyers. Assez régulièrement, on me renvoyait l’idée que mes propos étaient finalement un peu saugrenus et que je ne faisais que raconter ce que ces institutions-là pratiquaient déjà il y a une dizaines d’années, quand ce n’était pas carrément ce qu’elles faisaient toujours… Mon œil ! Les institutions classiques n’ont jamais rien su faire d’autre que de l’institutionnel, c’est-à-dire des modes de prise en charge qui soient si possible efficaces – je ne le nie pas – tout en garantissant leur propre pérennité. Pérennité dans l’existence, pérennité dans les financements,
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