Penser et gérer la diversité en société : regards sur l Afrique
182 pages
Français

Penser et gérer la diversité en société : regards sur l'Afrique , livre ebook

182 pages
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Description

Dans nos sociétés postmodernes, la diversité est devenue la principale grille de lecture sociologique, en même temps qu'un enjeu politique de premier plan. La diversité en société peut être pensée à travers différentes catégories. Ce livre concentre l'analyse sur l'Afrique, tout en conservant un contrepoint européen afin de mettre en évidence les variations géographiques du concept.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2013
Nombre de lectures 32
EAN13 9782296530560
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

PeNSer et Gérer LA DiverSité eN SOciété : reGArDS SUr L’AfriqUe
Dans nos soCIÉTÉs posTmodERnEs, la dIVERsITÉ EsT dEVEnuE la pRInCIpalE gRIllE dE lECTuRE soCIologIQuE, En mêmE TEmps Qu’un EnjEu polITIQuE dE pREmIER plan. La dIVERsITÉ En soCIÉTÉ pEuT êTRE pEnsÉE à TRaVERs dIFFÉREnTEs CaTÉgoRIEs : la polITIQuE, la RElIgIon, lE gEnRE, l’oRIEnTaTIon sExuEllE, l’âgE, lE handICap physIQuE ou psyChIQuE, ETC. LE pRÉsEnT ouVRagE pRoposE dE ConCEnTRER l’analysE suR l’AFRIQuE, TouT En ConsERVanT un ConTREpoInT EuRopÉEn aîn dE mETTRE En ÉVIdEnCE lEs VaRIaTIons gÉogRaphIQuEs du ConCEpT. LEs ChERChEuRs QuI onT ConTRIbuÉ à CET ouVRagE appoRTEnT dEs ClEFs dE lECTuRE ET dE CompRÉhEnsIon du ConCEpT mêmE dE dIVERsITÉ EThnIQuE (dans la pREmIèRE paRTIE InTITulÉE « PEnsER la dIVERsITÉ : RÉExIons CRITIQuEs »), s’InTERRogEnT suR lEs polITIQuEs VIsanT la dIVERsITÉ mIsE En plaCE dans dIVERs pays anglophonEs d’AFRIQuE (au NIgERIa, au KEnya, En Ouganda ET En AFRIQuE du Sud, dans unE dEuxIèmE paRTIE, « DIVERsITÉs aFRICaInEs ») ET donnEnT un ÉClaIRagE ToujouRs lIÉ au mondE anglophonE, maIs EuRopÉEn CETTE FoIs-CI, En ÉTudIanT la dIVERsITÉ dEs CaRTEs d’IdEnTITÉ En GRandE-BRETagnE (dans la TRoIsIèmE ET dERnIèRE paRTIE « Un ConTREpoInT EuRopÉEn »). La dIVERsITÉ dEs aIREs gÉogRaphIQuEs ET objETs d’ÉTudEs dE CEs ConTRIbuTIons plaIdE En FaVEuR d’unE « appRoChE dIVERsE dE la dIVERsITÉ ».
Les directeurs de la publication :Bernard Cros, Marie-Annick MattiolietMichel Prumsont enseignants-chercheurs dans trois universités parisiennes.Thierry Vircoulonest chercheur associé à l’Institut français des relations internationales.
18 € ISBN: 978-2-343-00187-6
Sous la dIRECTIon dE BERnaRd cRos, MaRIE-AnnICk MaTTIolI, MIChEl PRum ET thIERRy vIRCoulon
PeNSer et Gérer M. PRum ET t. vIRCoulon (dIR.) B. cRos, M.-A. MaTTIolI,LA DiverSité eN SOciété : reGArDS SUr L’AfriqUe
reGArDS SUr L’AfriqUe
PeNSer et Gérer LA DiverSité eN SOciété :
Racisme et eugénisme
Penser et gérer la diversité en société : regards sur l’Afrique
Collection Racisme et eugénisme Dirigée par Michel Prum  La collection « Racisme et eugénisme » se propose d’éditer des textes étudiant les discours et les pratiques d’exclusion, de ségrégation et de domination dont le corps humain est le point d’ancrage. Cette problématique du corps fédère les travaux sur le racisme et l’eugénisme mais aussi sur les enjeux bioéthiques de la génétique. Elle s’intéresse à toutes les tentatives qui visent à biologiser les rapports humains à des fins de hiérarchisation et d’oppression. La collection entend aussi comparer ces phénomènes et ces rhétoriques biologisantes dans diverses aires culturelles, en particulier l’aire anglophone et l’aire francophone. Tout en mettant l’accent sur le contemporain, elle n’exclut pas de remonter aux sources de la pensée raciste ou de l’eugénisme. Déjà parus Michel PRUM (dir.),Racialisations dans l’aire anglophone, 2012. Sophie GEOFFROY et Michel PRUM (dir.),Darwin dans la bataille des idées, 2012. Marie-Claude MOSIMANN-BARBIER,Un Béarnais en Afrique australe ou l’extraordinaire destin d’Eugène Casalis, 2012. Sous la direction de Claude CARPENTIER,La rencontre des cultures : un défi pour l’école,2012. Michel PRUM,Sexe, race et mixité dans l’aire anglophone, 2011. Marius TURDA,Modernisme et eugénisme, 2011.Michel PRUM,Métissages,2011. Amélie ROBITAILLE-FROIDURE,La liberté d’expression face au racisme. Etude de droit comparé franco-américain, 2011. John WARD,Le mouvement américain pour l’hygiène mentale (1900-1930) ou Comment améliorer la race humaine, 2010. Catherine UKELO,Les prémices du génocide rwandais. Crise sociétale et baisse de la cohésion sociale, 2010. Claude CARPENTIER et Emile-Henri RIARD,Vivre ensemble et éducation dans les sociétés multiculturelles, 2010. Dominique CADINOT, Michel PRUM et Gilles TEULIE (dir.), Guerre et race dans l’aire anglophone, 2009. Michel PRUM (dir.),Ethnicité et Eugénisme, 2009.
Sous la direction de Bernard Cros, Marie-Annick Mattioli, Michel Prum et Thierry VircoulonPenser et gérer la diversité en société : regards sur l’Afrique
Ouvrage publié avec le soutien de l’UFR EILA de l’université Paris Diderot, du CREA de l’université ParisOuest Nanterre La Défense et de l’IUT de l’université Paris Descartes. © L’Harmattan, 2013 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-00187-6 EAN : 9782343001876
Introduction
Bernard Cros, Marie-Annick Mattioli, Michel Prum et Thierry Vircoulon
Peut-on aborder la diversité autrement que par la diversité ? Le présent volume par la diversité de ses contributions prouve que non, et dans le texte qui l’ouvre,Michel Prumoffre une nous première approche linguistique, fondamentale pour éclairer le débat. Le terme même indiquait originellement l’opposition, avant de prendre le sens de différence. Les champs d’expression de la diversité sont eux-mêmes pluriels opinions (pouvant aller jusqu’à l’excentricité prônée par John Stuart Mill), handicap physique ou mental, orientation sexuelle, genreelle se niche dans tous les recoins de la vie sociale. Cependant, à la e fin du XX siècle, c’est avant tout appliquée à la notion de « race » que la diversité a fait irruption dans les sociétés, occidentales tout d’abord. Ce terme, explique Michel Prum, est lui-même diversement compris selon les latitudes. En France, il a été « évacué du vocabulaire courant » après l’occupation allemande, sans doute du fait de l’emploi qui en avait été fait par le régime nazi. Quiconque évoque en français la « race » d’un autre habitant de la planète semble nier les avancées scientifiques ayant démontré qu’il n’y avait qu’une seule race humaineet passe pour un indécrottable raciste. De l’autre côté de la Manche, en revanche, on continue à employer le terme et son adjectif, « racial », de façon décomplexée, et c’est dans le sens anglo-saxon du critère de classification humaine fondée sur les signes physiques, pratiques culturelles ou composition génétique par exemple, qu’on entendra les expressions « relations raciales » ou « diversité raciale » dans les pages qui suivront. Une seule race,several races? De la diversité naissent le syncrétisme et l’hybriditéle chicken tikka massala, plat préféré des Britanniques selon les sondages, est le symbole de l’intégration indienne en Grande-Bretagne, mélangeant avec bonheur ses origines indiennes et anglaises. Paradoxalement, diversité implique aussi unité. Comme l’explique Michel Prum, toute une tradition, portée
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entre autres par les Lumières défend le polygénisme, théorie qui veut que tous les êtres humains ne descendent pas d’Adam et Eve, remettant donc en cause l’unicité du genre humain. Naturellement, la diversité implique plus qu’une équation à deux termes, contrairement peut-être aux perceptions qui dominent au sein de la société américaine, par exemple, où on pense les relations « en noir et blanc, oubliant au passage toutes les autres teintes du spectre chromatique ». Michel Prum nous met en garde : « La diversité n’est pas aujourd’hui un idéal qui va sans dire ». Affirmation inquiétante ! Le monde n’est-il pas par définition divers et ne sommes-nous donc pas contraints de l’accepter en tant que tel ? L’auteur nous rappelle que bien souvent les discours prônant la diversité servent surtout à masquer les inégalités économiques et sociales, beaucoup plus difficiles à traiter finalement, qui traversent les nations et la planète, quand la diversité ne sert pas, d’ailleurs, à les justifier. Michel Prum considère en conclusion que le concept d’intersectionnalité, qui désigne la diversité des obstacles auxquels certains individus sont confrontés ainsi une jeune femme noire pauvre homosexuelle et atteinte du SIDA peut théoriquement cumuler les handicaps liés à son sexe, à sa couleur de peau, à son âge, à sa classe sociale et à ses pratiques sexuelles et à son accès aux soinspourrait permettre de réconcilier diversité et classe. Et de résoudre la quadrature du cercle qui gêne les progressistes depuis si longtemps.
L’ethnosociologueDanielle De Lameguide ensuite nous dans une réflexion critique sur certains outils théoriques permettant de « penser la diversité » partant notamment du constat que leur élaboration par les chercheurs en sciences sociales manque parfois de rigueur. En se penchant sur la diversité, on se rend compte que les sociétés se sont toutes éloignées de l’idéal unificateur et e centripète de l’État-nation, qui régna duXIXsiècle jusqu’à la e fin duXX. Danielle De Lame remet ainsi dans leur contexte les enseignements du père de la sociologie, Émile Durkheim, vivant au temps des grands empires occidentaux où l’on privilégia une définition simplifiée de l’Autre vivant dans une société figée et fermée sur elle-même afin d’atteindre les objectifs politiques et économiques impériaux, encourageant une perception stéréotypique des hommes et de leurs 8
environnements. L’auteur les compare avec les conceptions plus modernes de la diversité comme « outil de lien social », qui expliquent que ces traditions millénaires étaient en fait des phénomènes sociaux construits. Pourtant, si le modèle dominant actuel, celui du « monde comme village global », accepte la diversité, il est tout aussi réducteur. La diversité en effet doit être considérée comme le résultat de flux dynamiques remontant presque aux origines des civilisations. Danielle De Lame s’intéresse alors aux modes de représentation actuels du monde globalisé et de « son corrélat […] la diversité », critiquant notamment les concepts de « mondialisation » et de « globalisation » censément créés, ou en tout cas, accélérés par internet, en faisant naître des sentiments d’appartenance à de « nouvelles tribus », dénonçant avec Frederick Cooper leur « prétention universaliste et une périodisation présentiste ». La diversité prend tout son sens quand on la rapproche de la notion d’identité, qui pourtant « fait partie de ces mots utilisés sans qu’on en ait jamais vraiment bien cerné l’utilité analytique ». En effet, l’identité dans son sens le plus commun est associée à la solidarité de groupe et à l’homogénéité, plus qu’à la diversité, au point d’entraîner l’apparition de concepts secondaires comme “identification”, “self-understanding” ou commonality”, sans pour autant toujours contribuer à éclairer le réel. L’auteur en appelle alors à la lucidité des chercheurs qui sont les mieux placés « pour déconstruire les termes de faible utilité analytique ». Danielle De Lame explique que la globalisation, qui signifie dérégulation planétaire et perte d’influence des États, est nécessairement absorbée au niveau local où elle crée des « normes de substitution qui favorisent des sentiments d’appartenance et la constitution de nouvelles “tribus” dont les représentations ne sont pas si éloignées des stéréotypes que l’on peut trouver dans les descriptions des communautés imaginées de l’aube de la colonisation ». La diversité s’exprime alors dans un désir d’appartenance, peut-être jamais aussi élevé, mais qui s’adapte aux normes nouvelles (fragmentation, virtualité) engendrées par la globalisation. La « cohésion sociale » durkheimienne conserve ainsi toute sa légitimité dans ce monde en mutation, à condition que les chercheurs sachent eux aussi l’adapter.
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