Perspectives historiques sur le genre en Afrique
287 pages
Français

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Perspectives historiques sur le genre en Afrique , livre ebook

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Description

Ce volume souhaite décentrer le regard des femmes vers le genre pour questionner, sous l'angle des rapports sociaux de sexe, la mobilisation politique, les processus de construction des identités masculines et féminines, la relation au corps... Les onze contributions, portant sur des périodes et des espaces divers, sont organisées selon trois thématiques : "Morale sexuelle et politique coloniale", "Rapport au corps et représentations" et "Politique, mutations des rôles et identités".

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Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2007
Nombre de lectures 112
EAN13 9782336263250
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Perspectives historiques sur le genre en Afrique
Cahiers Afrique n°23

Odile Goerg
© L’Harmattan, 2007 5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296037755
EAN : 978229603775-5
Sommaire
Page de titre Page de Copyright Perspectives historiques sur le genre en Afrique Morale sexuelle et politique coloniale
Anxiété, critique et offensives contre les ménagères et le concubinage interracial en situation coloniale : l’exemple du Congo Belge (1908-1918) Le commandant, ses compagnes, son épouse Marier les « demoiselles frigidaires » et les « mangeurs de craies » : l’idéal du ménage lettré et l’administration coloniale en Afrique Occidentale Française (AOF) Les femmes métisses dans les Hautes Terres centrales de Madagascar pendant la période coloniale
Rapport au corps et représentations
Genre et société dans la cour royale du Yaadtenga Naaba : corps, identité et territorialité (milieu du XVI e -fin du XIX e siècle) Médias visuels et construction des identités féminines. Le cas des étudiantes nigérianes Être jeune, masculin et sportif : Représentations urbaines de la masculinité au Sénégal
Politique, mutations des rôles et identités
Ethnicité joola et genre. Femmes et constructions identitaires en Casamance au XX e siècle (Sénégal) Tous derrière, les femmes devant ! Femmes, représentations sociales et mobilisation politique en Guinée (1945-2006) Associations et ONG féminines au Cameroun : des partenaires pour le développement ? Les Cendrillons Africaines. Fillettes exploitées, fillettes exclues
Perspectives historiques sur le genre en Afrique
Odile GOERG 1

Il y a deux décennies paraissait « L’histoire des femmes en Afrique », un numéro des Cahiers Afrique noire . Il rendait compte d’un séminaire 2 de Catherine Coquery-Vidrovitch, professeure à l’université de Paris 7, et proposait un bilan des recherches en cours. En puisant dans une bibliographie alors essentiellement anglophone, la publication abordait tour à tour la famille, l’organisation politique précoloniale, le droit foncier, les révoltes pendant la période coloniale en prenant comme point de vue celui des femmes dans diverses sociétés africaines. L’approche adoptée était celle de la longue durée, mais l’accent était mis sur les changements induits par la situation coloniale 3 .
Depuis, les études historiques se sont multipliées, surtout dans le milieu anglophone, plus tardivement en France 4 , et les paradigmes ont changé. L’approche générale est passée de l’histoire des femmes à une perspective de genre, même si la frontière reste ténue entre les deux et les passerelles nombreuses : écrire l’histoire des femmes implique généralement un questionnement en termes de genre, qui explicite la sexuation des sujets. La nécessité d’approfondir les connaissances spécifiques concernant les femmes s’impose encore dans maints domaines et justifie le parti pris de certains auteurs de se situer dans une perspective qui relève autant de « l’histoire des femmes » que de celle de genre. L’optique globale de ce volume relève de la volonté de décentrer le regard des femmes vers le genre pour questionner, sous l’angle des rapports sociaux de sexe, la mobilisation politique, les processus de construction des identités masculines et féminines, les phénomènes sociaux, la relation au corps...

Passé le temps où les études historiques s’évertuaient à montrer le rôle particulier et fondamental des femmes dans les sociétés africaines à travers les décennies aussi bien sur le plan économique, social que politique ou culturel 5 . Passé le temps, académique tout au moins, où il était nécessaire de leur faire une place au soleil. Ce mouvement s’inscrit bien sûr dans une réflexion élargie sur l’histoire, allant des grands hommes aux populations dans leur diversité, de faits érigés en événements aux gestes du quotidien, de la soumission des vaincus à leur marge de manœuvre ( via le concept opérant d‘ agency ) . Ce changement épistémologique implique également de repenser les raisonnements dichotomiques qui marquent l’approche heuristique entre privé et public, politique et social mais aussi entre dominants et dominés, colonisateurs et colonisés ou hommes et femmes 6 . Aux études précisant la place et l’action des femmes dans leur diversité succède l’analyse des constructions idéologiques assignant aux individus, aussi bien femmes que hommes, des rôles précis et encadrant de manière contraignante leur champ d’action. Ce processus de déconstruction met en évidence l’impact différencié des politiques ou des situations selon le statut des individus et les diverses facettes de leur identité : le genre mais aussi l’âge, la classe ou la catégorie socio-professionnelle, leur qualité d’urbain(e) ou de rural(e), de lettré(e) ou non.
Les onze contributions qui constituent cet ouvrage se placent dans cette perspective, appliquée au continent africain à travers des thématiques variées. Les contributions sont inégalement réparties dans le temps : une seule débute explicitement l’analyse à l’époque antérieure à la colonisation, ce qui reflète en partie l’historiographie contemporaine concentrée sur les XIX e et XIX e siècles ; quatre situent l’analyse principalement pendant la colonisation, quatre se situent résolument après les indépendances tandis que deux autres traversent les périodes. Cette présentation semble supposer que la phase de la colonisation serait prise comme une rupture ; il n’en est rien, même si les repères chronologiques restent utiles. Les questionnements enjambent en effet les décennies et les phases politiques. D’une part, la sphère des représentations marque un décalage par rapport à d’autres domaines ; les modes de contrôle des groupes dominants (étatiques, religieux, économiques) ont tendance à se perpétuer tout en s’adaptant aux changements de contexte politique global. Par ailleurs, les sociétés procèdent par accumulation ou juxtaposition d’images et de stratégies sociales plutôt que par rupture.
Les contributions portent essentiellement sur l’Afrique occidentale et centrale, tout en s’étendent jusqu’à Madagascar. Si l’accent est mis sur les anciennes zones de domination française, ceci n’est pas exclusif: le Nigeria et le Congo belge sont l’objet de deux articles. Ces Cahiers regroupent un ensemble varié de perspectives, montrant la richesse et le renouvellement des approches en histoire de l’Afrique. Les interrogations, qui courent à travers les contributions, ont été organisées en trois thématiques.

Comme l’ont montré maintes études abordant la colonisation au prisme du genre et insistant sur la sexuation de la domination 7 , le corps et la morale sexuelle sont au cœur du rapport colonial. C’est cet aspect qu’investigue le premier groupe d’articles sous le titre de Morale sexuelle et politique coloniale. S’attachant au couple comme lieu où se jouent les rapports de pouvoir et de genre, ils l’envisagent par le biais du concubinage ou des mariages coloniaux. Ils analysent les représentations qui les sous-tendent et expliquent leurs mutations, allant de l’acceptation, voire la justification, au rejet et à l’opprobre. Les représentations reposent sur une conception européo-centrée du mariage, modèle idéologique qui inclut la monogamie, l’amour conjugal, la fidélité (des femmes en tout cas), la procréation et la parentalité. Ce modèle, qui s’affirme dans l’entre-deux-guerres, est toutefois transmis différemment à l’élite masculine et féminine et connaît bien des entorses, pour les hommes en tout cas.

Amandine Lauro analyse les discours qui entourent les pratiques de concubinage inter-racial au Congo belge à une période charnière, celle de la reprise en main de l’Etat Indépendant du Congo en 1908 par la Belgique. La moralisation des comportements masculins fait partie d’un ensemble de mesures de refonte de la politique impériale. Cette reprise en main dépasse les questions de genre, mais le concubinage en est une expression concrète, rendu visible par les métis, issus des relations entre Africaines et coloniaux. Leur existence pose la question des catégories intermédiaires dont la mise à l’écart accompagne irrémédiablement l’imposition de la colonisation, à l’instar d’autres groupes auparavant

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