Politiques de la nuit
164 pages
Français

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Description

Ce numéro invite à une sociologie politique de la nuit, en la considérant comme un temps social qui conditionne certains rapports sociaux et dont la régulation constitue un enjeu d'affrontements politiques. A partir d'analyses portant sur différents contextes politiques et sociaux (France, Russie, Sénégal, États-Unis) et sur différentes façons de vivre la nuit, ce numéro montre comment la nuit, bien qu'objet d'interventions publiques spécifiques et temps de transgressions, est avant tout un révélateur de l'ordre social et politique.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2017
Nombre de lectures 9
EAN13 9782336799124
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les textes récents de la revue sont accessibles sur : www.cairn.info/revue-cultures-et-conflits.htm Actualité de la revue, colloques, séminaires, résum és des articles (français/anglais) et tous les anciens articles pub liés sur : www.conflits.org Résumés en anglais également disponibles sur : www.ciaonet.org Indexé dans Cambridge Sociological Abstracts, International Political Science Abstracts, PAIS, Political Sciences Abstrac ts, Linguistics & Language Behavior Abstracts.
Cultures & Conflits n° 105/106 - printemps/été 2017 POLITIQUES DE LA NUIT Ce numéro a bénéficié des soutiens du Centre Nation al du Livre, du Centre National de la Recherche Scientifique, du Ministère de la Défen se et de TELECOM École de management.
Cultures & Conflits n° 105/106 - printemps/été 2017 Directeur de publication :Daniel Hermant Rédacteurs en chef : Didier Bigo (Sciences Po Paris & King’s College ondon, aurent Bonelli (Université Paris Ouest Nanterre Numéro sous la responsabilité scientifique de :Candela Secrétariat de rédaction :Antonia Garcia Castro, Karel Yon Ont participé à ce numéro :Bouadjadja, Monique J. Beerli, Colombe Camus, Jawad Mathilde Darley, Stephan Davidshofer, Elwis Potier, Gregory Salle, Amandine Scherrer, Jérôme Tournadre, Anastassia Tsoukala Comité de rédaction : Rita Abrahamsen (Université d’Ottawa, David Ambrosetti (Centre français des études éthiopiennes – CFEE, Anthony Amicelle (Université de Montréal, Tugba Basaran (Kent University, Bruxelles, Marc Bernardot (Université du Havre, Yves Buchet de Neuilly (Université de ille, Pierre-Antoine Chardel (Université Paris Descartes, Antonin Cohen (Université Rennes 1, Karine Côté-Boucher (Université de Montréal, Anne-Marie d’Aoust (Université du Québec à Montréal, Mathilde Darley (CESDIP, Stephan Davishofer (Université de Genève, Marielle Debos (Université Paris Ouest Nanterre, Barbara Delcourt (Université ibre de Bruxelles, Mathias Delori (Université de Bordeaux, Yves Dezalay (EHESS, Gülçin Erdi elandais (Université de Tours, Gilles Favarel-Garrigues (CERI, Sciences Po Paris, Michel Galy, Didier Georgakakis (Université Paris 1, David Grondin (Université d’Ottawa, Elspeth Guild (Queen Mary University of ondon, Virginie Guiraudon (CEE, Sciences Po Paris, Emmanuel-Pierre Guittet (Université Catholique de ouvain, Abdellali Hajjat (Université Paris Ouest Nanterre, Jean-Paul Hanon (École de Coëtquidan, Fabienne Hara (Sciences Po Paris, Daniel Hermant, Jef Huysmans (Queen Mary University of ondon, Julien Jeandesboz (Université ibre de Bruxelles, Bernard acroix (Université Paris Ouest Nanterre, Frédéric ebaron (Université Versailles Saint Quentin, Thomas indemann (Université Versailles Saint Quentin, Chowra Makarémi (EHESS, Antoine Mégie (Université de Rouen, Valsamis Mitsilegas (Queen Mary University of ondon, Jacqueline Montain-Domenach (Université Paris Ouest Nanterre, Angelina Peralva (EHESS, Gabriel Périès (Télécom École de Management, Pierre Piazza (Université de Cergy-Pontoise, Nora El Qadim (Université Paris 8, Francesco Ragazzi (Université de eiden, Grégory Salle (CERSÉ, Amandine Scherrer (CCS, Samuel Tanner (Université de Montréal, Jérôme Tournadre (Université Paris Ouest Nanterre, Anastassia Tsoukala, Nader Vahabi (EHESS, Jérôme Valluy (Université Paris 1, Chloé Vlassopoulou (Université d’Amiens, Christophe Wasinski (Université ibre de Bruxelles, R.B.J. Walker (Université de Victoria, Michael C. Williams (Université d’Ottawa Equipe éditoriale :J. Beerli, Jawad Bouadjadja, Colombe Camus, Romane Camus Monique Cherruau, Konstantinos (Costa Delimitsos, Rémi Guittet, Magali de ambert, Médéric Martin-Mazé, Elwis Potier, Johanna Probst es biographies complètes de chacun des membres de la revue sont disponibles sur notre site internet :www.conflits.org
Webmaster :Karel Yon Manuscrits à envoyer à :Cultures & Conflits - bureau F515, UFR DSP, Université de Paris-Ouest-Nanterre, 92001 Nanterre cedex -redactionagc@gmail.com Les opinions exprimées dans les articles publiés n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs. Illustration de couverture :Henri de Toulouse-autrec, Nuit blanche, lithographie au pinceau et au crachis, 1893 [The Metropolitan Museum of Art, New York, http://www.metmuseum.org/art/collection/search/334118? pos=132&pg=7&rpp=20&offset=0&ft=night] © Cultures & Conflits / ’Harmattan, juin 2017 EAN Epub : 978-2-336-79912-4
Couverture
4e de couverture
Titre
Copyright
Sommaire
Sommaire
Dossier CANDELA Pour une sociologie politique de la nuit
Murray MELBIN Night as frontier
Thibaut MENOUX La face cachée d’un groupe professionnel
Tomas FOUQUET La nuit urbaine, un « espace potentiel » ? Hypothèses dakaroises
Anna ZAYTSEVA « Être comme chez soi »
Étienne WALKER De la discipline au travail électoral ? Gouverner l’espace-temps récréatif nocturne à Rennes
Patrick BRUNETEAUX La prise en charge nocturne des sous-prolétaires à la rue
Hors thème Sara CASELLA COLOMBEAU Des « faux touristes » aux « filières » : la reformulation de la cible des contrôles par la police aux frontières (1953-2004)
REGARDS SUR L’ENTRE-DEUX
Imprésentable LEMEBEL
Les traces de Pedro LEMEBEL
Sur Arder, de Pedro Lemebe
RÉSUMÉS / ABSTRACTS Résumés / Abstracts
Dossier
1 Pour une sociologie politique de la nuit
Introduction
CANDELA CANDELA est le nom d’un collectif impliquant une qu inzaine de chercheur-e-s lillois-es de différents laboratoires (CERAPS, CLERSE, LATTS, TVES) : Thomas Alam, Rafaël Cos, Guillaume Courty, Antonio Delfini, Anne-Cécile Douillet, Camille Guenebeaud, David Guéranger, Nicolas Kaciaf, Paul Le Derff, Rém i Lefebvre, Aurore Le Mat, Mélissa Leroy, Julien O’Miel, Aymeric Mongy, Robinson Prat, Manuel Schotté, Sidonie Verhaeghe. Le collectif s’est constitué autour du p rojet d’étudier comment se composent ordre public, ordre sanitaire et ordre so cial dans la ville nocturne. Pour une présentation de l’histoire et du fonctionnement du collectif, voir l’article paru dans ethnographiques.org :http://www.ethnographiques.org/2016/Candela. ans les représentations communes, la politique est implicitement associée au U jour. Aussi les spécificités du temps social noctur ne, ses appropriations et sa régulation sont-elles rarement prises en compte dan s l’étude des activités politiques, du moins dans le cadre des sociétés éta tiques. Comme le souligne Thomas Fouquet dans un dossier consacré aux « paysages noc turnes de la ville » en Afrique de l’Ouest, la question des temporalités est « rare ment envisagée sous l’angle du rythme nycthéméral (l’alternance jour/nuit), au pro fit des usages sociaux et politiques 2 du temps sur des durées plus longues ». En science politique, les réflexions sur les 3 4 « temporalités du politique » ou de l’action puQlique conçoivent le temps au regard de son écoulement et de son séquençage (constructio n des carrières politiques, changements en matière d’action puQlique…), plus qu ’au regard de sa structuration au quotidien. Ces travaux prêtent ainsi surtout attent ion aux logiques de cycles (électoraux par exemple) ou Qien aux mécanismes d’i mQrication entre les rythmes propres à la compétition politique, aux activités m édiatiques et à la faQrique de l’action puQlique, cette dernière pouvant être prise dans de s logiques d’urgence ou, au contraire, de planification. uant aux recherches r écentes sur les emplois du temps 5 6 d’élus ou sur le rapport au temps (genré) des hauts fonct ionnaires , elles examinent effectivement les usages sociaux du temps quotidien mais n’accordent pas d’attention particulière à la nuit, insistant plutôt sur la sat uration des agendas des édiles locaux ou sur les arQitrages, socialement différenciés, entre « consommation ostentatoire » et 7 « gestion Qourgeoise » du temps . Cet impensé relatif explique sans doute l’étonnemen t des initiateurs de CANUELA lorsque, au milieu d’une nuit de juillet 2012, ils croisent lamarcha negramineurs des des Asturies alors qu’ils se trouvent à Madrid à l’ occasion d’un congrès international de science politique. Les mineurs protestent contre la fermeture des mines et leur arrivée 8 dans la capitale espagnole donne lieu à un grand ra ssemQlement . Si l’intrusion d’un mouvement social et l’expression de revendications dans la nuit ont pu surprendre, c’est que la politique est arrivée quand on ne l’at tendait pas vraiment, l’heure étant 9 plutôt au sommeil, aux sorties festives ou à l’inti mité domestique .
Pourtant, l’activité politique est loin d’être étra ngère à la nuit. Celle-ci peut ainsi être l’occasion d’événements politiques, qu’ils soient e xceptionnels ou qu’ils relèvent de 10 pratiques routinisées. La célèQre « Nuit du 4 août » de la Révolution française , de 11 12 même que les Qarricades du printemps des peuples ou de mai 1968 témoignent de l’existence de « nuits historiques ». u’elles f assent date ou non, les grandes négociations sociales et internationales se prolong ent souvent tard et la capacité « à tenir la nuit » y est importante. Uans un registre plus institutionnel et conventionnel, les sessions parlementaires peuvent empiéter sur la nui t, par exemple lors des interminaQles déQats sur la loi de finances. La nuit semQle même avoir été investie d’une dimens ion politique renouvelée ces dernières années. Ainsi, la moQilisation des « veil leurs » de la « Manif pour tous » en 2013 ou les manifestations nocturnes des policiers français en octoQre 2016 soulignent comQien l’affichage d’une capacité à rester moQilis é, y compris la nuit, fait partie du répertoire de l’action collective contemporaine. Ua ns un cadre très différent, le mouvement « Nuit UeQout » du printemps 2016 – après le15 Mle espagnol, m ouvem entOccupy et la longue occupation de la place Tahrir au Cair e – démontre très directement, jusque dans sa dénomination, en q uoi l’appropriation citoyenne de l’espace puQlic nocturne participe de l’invention d e nouvelles manières de faire de la politique. La moQilisation politique nocturne est i ci défendue comme permettant un Qrassage social significatif, par opposition à la « journée de travail » qui tend à segmenter et hiérarchiser les groupes sociaux. Les enquêtes menées lors du mouvement « Nuit UeQout » n’en révèlent pas moins d es variations dans le profil des participants selon les heures, rappelant notamment l’importance des disponiQilités 13 Qiographiques et familiales, aussi saillantes la nu it que le jour . La nuit n’est pas seulement un espace-temps de moQi lisation, elle peut aussi être un enjeu de moQilisation. C’est ce qu’illustrent par e xemple les manifestations féministes Take back the nightrd, à partirse sont développées, d’aQord en Amérique du No  qui des années 1970 : dénonçant les formes de dominatio n vécues par les femmes dans l’espace puQlic nocturne, elles visent à une réappropriation de la nuit. L’organisation de marches nocturnes est alors en lien direct avec l’o Qjet de la moQilisation. Enfin, la nuit est un oQjet d’action puQlique relat ivement institutionnalisé, à l’échelle municipale ou métropolitaine en particulier. En tém oignent ces Qureaux des temps qui fleurissent depuis les années 2000 dans l’espoir de mieux concilier horaires de travail, 14 transports et services, notamment la nuit . Les « politiques de la nuit » apparaissent 15 16 en tension entre impératifs d’ordre puQlic et logiques de marketing territorial , dans un contexte de développement des activités récréati ves nocturnes. Espaces festifs et a u tre sentertainment zonesfiée participent de la construction plus ou moins plani 17 d’urban nightscapesintégrés aux projets de régénération urQaine qui r emodèlent les 18 centres urQains post-industriels ou post-fordistes . Les collectivités territoriales voient dans le développement de ce secteur économique un m oyen de renforcer l’attractivité 19 des villes auprès des touristes, des investisseurs, des « classes créatives » et autres 20 «city breakers.», et de créer ainsi de la richesse et de l’emploi Si la nuit demeure un oQjet encore peu exploré par la science politique, elle n’est
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