Rêves et rêveries
203 pages
Français

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Rêves et rêveries , livre ebook

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Description

Les rêves éveillent la curiosité ; ils constituent notre jardin secret. Evidemment, on n'a pas toujours le choix de l'oubli. Le rêve est-il point de départ d'une rêverie solitaire, ou plutôt point de départ d'un dialogue avec un psychanalyste ? Dans ce cas ce sont les associations du rêveur qui comptent, son monde intime qui se dessine. Ou encore le rêve comme point de départ d'un itinéraire biblique ou littéraire ? Grâce aussi aux recherches récentes, ce livre ouvre de larges perspectives.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2011
Nombre de lectures 103
EAN13 9782296717497
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

RÊVES ET RÊVERIES
Notre jardin secret
Psychanalyse et Civilisations
Collection dirigée par Jean Nadal
L’histoire de la découverte de la psychanalyse témoigne que démarche clinique et théorie issues de champs voisins ont concouru, par étayage réciproque à élaborer le concept d’inconscient, à éclairer les rapports entre pathologie et société et à reconsidérer les liens entre le malaise du sujet singulier et celui de la civilisation. Dans cette perspective, la collection Psychanalyse et Civilisations tend à promouvoir cette ouverture nécessaire pour maintenir en éveil la créativité que Freud y a trouvée pour étayer, repenser et élargir la théorie. Ouverture indispensable aussi pour éviter l’enfermement dans une attitude solipsiste, qui en voulant protéger un territoire et préserver une identité, coupe en réalité la recherche psychanalytique de ses racines les plus profondes.
Dernières parutions
Prado de OLIVEIRA, Les meilleurs amis de la psychanalyse, 2010.
J.-L. SUDRES (dir.), Exclusions et art-thérapie , 2010.
Albert LE DORZE, Humanisme et psy : la rupture ?, 2010.
Édouard de PERROT, Cent milliards de neurones en quête d’auteur. Aux origines de la pensée , 2010.
Jean-Paul DESCOMBEY, Robert Schumann. Quand la musique œuvre contre la douleur. Une approche psychanalytique , 2010.
Serafino MALAGUERNA, L’Anorexie face au miroir. Le déclin de la fonction paternelle , 2010.
Larissa SOARES ORNELLAS FARIAS, La mélancolie au féminin . Les rapports mère-fille en lumière , 2009.
Alain LEFEVRE, Les lesbiennes, une bande de femmes. Réalité ou mythe ? , 2009.
Richard ABIBON, Les Toiles des rêves. Art, mythes et inconscient , 2009.
Jacy ARDITI-ALAZRAKI, Un certain savoir sur la psychose . Virginie Woolf, Herman Melville, Vincent van Gogh , 2009.
Harry Stroeken
RÊVES ET RÊVERIES
Notre jardin secret
L’Harmattan
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-13993-0
EAN : 9782296139930
Introduction
Les rêves éveillent la curiosité. Ils se situent à la périphérie de notre esprit et semblent parfois permettre le contact entre l’homme et un monde inconnu. Le fait qu’on n’ait pas tout à fait prise sur ces phénomènes les rend à la fois inquiétants et fascinants. Toute personne rêve chaque nuit, bien que beaucoup s’en souviennent à peine. Nous n’étalons pas nos rêves, ils appartiennent à notre monde le plus intime, ils constituent notre jardin secret. Le rêve est tout d’abord un message adressé au rêveur lui-même. Personne d’autre n’y a accès, sauf si nous racontons nos songes. Ce faisant, nous pouvons dévoiler des informations essentielles sur nous-mêmes. Qui parle de rêves parle d’une aventure personnelle, subjective. Dans un monde « technique » où la subjectivité n’a guère d’importance – il est, en effet, impossible de la mesurer –, le rêve s’avère un phénomène étrange. Cette constatation signifie-t-elle que nous nous éloignons de nous-mêmes dans notre culture ? Peut-être. D’autres cultures abordaient/abordent les rêves en tout cas différemment. Les rêves évoquent chez bon nombre de personnes des événements angoissants ou des exploits qu’on voit à la télévision, lorsque les gens réalisent les actions les plus folles sans en être conscients.
J’entends par le concept de rêve l’activité psychique se déroulant durant le sommeil. Ou selon les termes vagues d’un auteur spécialiste en la matière : « Le rêve est un acte mental défini par certaines caractéristiques, qui dépend d’une organisation particulière des processus psychiques. » (Foulkes 1985 : 1) Cette définition de travail s’avère une approche davantage prosaïque que cette description beaucoup plus ancienne et plus poétique, souvent mentionnée dans la littérature consacrée aux rêves :
« Moi, TchouangTseu, j’ai un jour rêvé que j’étais un papillon, voletant çà et là, et entièrement un papillon. Je savais seulement que, papillon, je suivais mes humeurs et n’avais point conscience de ma condition humaine. Soudain, je m’éveillai ; et là, j’étais à nouveau “moi-même”. En fait, je ne sais pas : étais-je un homme en train de rêver qu’il est un papillon, ou, au contraire, un papillon en train de rêver qu’il est un homme ? » (TchouangTseu, 300 av. J.C.)
Ce livre tente de rassembler les connaissances accumulées jusqu’en 2007 sur cette activité psychique se passant lors du sommeil.
Depuis la nuit des temps, les rêves ont préoccupé, fasciné, mais également soulevé des questions insolubles. Dans les années cinquante du siècle dernier, l’enregistrement de l’activité cérébrale effectué lors des différentes phases du sommeil, et surtout la découverte du sommeil REM, de même que son lien avec les rêves, ont marqué un tournant dans l’étude du phénomène. (Aserinsky & Kleitman, 1953) 1
L’ouvrage n’aborde pas les rêves au sens d’imagination d’un avenir meilleur. Il ne traite donc pas du célèbre discours de Martin Luther King « I have a dream » (je fais un rêve) car ses propos ne concernent pas un processus en cours lors du sommeil, mais un idéal d’avenir, lequel demande une approche méthodique et une organisation ciblée afin de pouvoir un jour être réalisé. De même, les rêves tels que Jan van Nijlen 2 les décrit dans Communication au voyageur « Ne montez jamais dans le train / sans votre valise chargée de rêves » ne sont pas des rêves en ce sens du terme.
Le rêve dirigé ne constitue pas non plus le sujet du livre, bien que cette activité mentale puisse s’apparenter aux rêves, comme l’illustre l’exemple suivant :
« Le paysage commença à tanguer et s’estomper. Je m’imaginai dedans, dans cet infini blanc, dans cette époque lointaine. L’espace d’un instant, je pus me trouver parmi les hommes au bonnet de fourrure qui, plus loin, dépeçaient à coups de hache l’ours abattu et me permirent d’apporter mon aide. Je me frictionnai les mains pour les réchauffer, brandis ma hache, ris d’une remarque formulée par un des hommes. La lumière m’aveuglait. Des ours polaires, quoique dépourvus d’ailes, planaient à travers le paysage. La neige me fouettait les joues. Je perçus clairement une bourrasque. Je sortis de mon rêve, réveillé en sursaut par un autre visiteur [du musée] qui me heurta. » (Komrij, 2002 : 12)
Le rêve diurne sera évoqué, même si cela semble contraire à notre définition du rêve. Le rêve diurne s’apparente en effet au rêve nocturne et peut se comprendre de façon analogue. Prenons l’exemple d’un étudiant de vingtcinq ans qui passe chaque jour des heures à rêver d’un royaume et de ses villes. Il est fils de roi. Une bombe explose et tous les enfants royaux trouvent la mort, sauf lui : il a le royaume pour lui seul. Et cetera, et cetera. Dans la famille nombreuse dont il est issu, il devait sans cesse partager l’attention de ses parents avec ses frères et sœurs. Le thème central de cette rêverie est l’agression : tous les autres meurent. Mais ce rêve comprend également l’accomplissement d’un désir : être finalement le seul objet de l’attention. Son royaume onirique s’avère, du reste, beaucoup plus intéressant que sa morne vie d’étudiant et ses examens partiels. Toutefois, les rêves diurnes sont loin de toujours former une échappatoire, ils peuvent également revêtir une fonction positive dans le sens de projet d’avenir.
Que serait un adolescent sans rêves diurnes ?
Nous rencontrons les états oniriques, caractérisés par le relâchement de toute prise exercée de manière consciente, dans des diverses situations de la vie courante. Lorsque par exemple quel qu’un lit, écrit, peint ou fait de la musique, tout en paraissant en transe, il est dans son propre monde. Les fruits de cette activité sont aussi le résultat d’une conscience relâchée et ressemblent aux rêves. Ces états surviennent également à maintes reprises lors d’une situation psychothérapeutique. Un interlocuteur qui s’investit à fond et qui revit en quelque sorte un événement de son enfance est lui aussi proche du rêve. Une citation extraite du journal d’une patiente en guise d’illustration :
« Je relatais la scène du litcage [petite, elle dormait dans un tel lit ; il s’agit d’un souvenir associé à une otite, tandis que sa mère partait à une fête vêtue d’une robe de cocktail. H. S.] et soudain, je me suis sentie sur le divan dans le même état que dans ce lit : des barreaux au-dessus de la tête, comme si j’étais enfermée, comme dans une boîte. Et à ce moment, je me suis sentie momifiée, le corps crispé. Je pleurais

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