Revue gabonaise d'anthropologie n° 2

Description

Comment définir la mondialisation en Afrique ? S'agit-il d'un processus "d'ouverture au monde" du continent ? Comment alors observer la mondialisation en Afrique ? Ce numéro éclaire la situation de l'Afrique dans la mondialisation et tranche une bonne fois pour toutes que l'anthropologie de la mondialisation est bien possible. Pour les auteurs, la mondialisation, loin d'être un mal ou une forme de nouvelle colonisation, se présente comme une meilleure opportunité pour l'Afrique.

Sujets

• Colonisation
• Civilisation
• Ethnologie
• Anthropologie

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 décembre 2017
• Nombre de lectures: 10
• EAN13: 9782140053627
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Revue Gabonaise d’Anthropologie Revue scientifique du LUTO DC N° 2

Revue Gabonaise d’Anthropologie Revue scientifique du LUTO-DC N° 2

Revue Gabonaise d’Anthropologie 1 Revue scientifique du Luto-DC Comité de gestion Directeur scientifique: Pr Bernardin Minko Mvé Membres: Pr Jean-Émile Mbot, Pr Paul Achille Mavoungou, MR Henri Paul Bourobou Bourobou Comité de rédaction Pr Alfred Mbuyi Mizéka, Pr Nicolas Monteillet, Pr Blandine Akendengué, Dr Florence Bikoma Comité scientifique Allemagne: Jean-Marie M.-H. Soulet Essono (UF) Cameroun: Bertille Djoupée (UCY) France: DR Suzanne Fürniss (CNRS), Pr Sylvie Le Bomin (Muséum), Pr Jean-Marie Betsch (Muséum) +, Pr Franck Alvarez-Péreyre (CNRS, Paris 5), Pr Jean Dominique Wahiche (Muséum) Gabon: Pr Albert Ondo Ossa (UOB), Pr Fidèle Mengue M’Egouang (UOB), Pr Charles Mba Owono (UOB), Pr Fidèle-Pierre Nzé Nguéma (UOB), Pr Marc-Louis Ropivia (UOB), Pr Pierre Nzinzi Maliali (UOB), Pr Hugues Moukaga (UOB), Pr Gabriel Zomo Yebe (UOB), Pr Daniel Franck Idiata (UOB), DR Ludovic Obaiang (UOB), Pr Joseph Tonda (UOB), Pr Nicolas Ngou Mvé (UOB), Pr Pierre Ondo Mebiame (UOB), Pr Pamphile Mebiame Akono (UOB) Critères de publication Les articles ne sont publiés qu’après évaluation en double aveugle et accord du comité de rédaction.

1  LUTO-DC : Laboratoire universitaire de la tradition orale et des dynamiques contemporaines.

Nous demandons aux auteurs de se conformer aux usages suivants : Les contributions ne dépasseront pas plus de vingt pages (interlignage simple, police de caractères 12, Times New Roman. Elles sont envoyées par mail à , [e-mail] accompagnées d'un résumé (cinq à dix lignes). Le texte doit être rédigé dans un français correct et clair. Il sera structuré comme suit : I pour les grands points 1. Pour les subdivisions des grands points 1.1 Pour les nouvelles subdivisions 1.1.1 Pour les sous-subdivisions Les références bibliographiques Les renvois à la bibliographie se font en bas de pages également réservés aux commentaires. La bibliographie finale devra se présenter en fin d’article, par ordre alphabétique d’auteurs. Les noms des auteurs seront écrits en lettres minuscules. Toute bibliographie incomplète sera renvoyée à l’auteur. La pagination sera mentionnée pour les citations textuelles. L’emploi de l’italique est réservé aux mots étrangers (anglais, latin…) ainsi qu’aux ouvrages. N.B. Les épreuves ne sont pas envoyées aux auteurs pour corrections. Ceux-ci sont donc tenus de faire parvenir un texte définitif. Nous attirons l’attention des auteurs sur le fait que le non- respect de ces règles entraîne le refus de l’article. Les articles doivent être inédits. Ils ne peuvent être soumis à une autre revue en même temps qu’à la nôtre. Les manuscrits non insérés ne sont pas renvoyés à leurs auteurs.

© L’Harmattan, 2017 5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-12333-2 EAN : 9782343123332

LA MONDIALISATION COMME PROCESSUS D’OUVERTURE AU MONDE POUR L’AFRIQUE Bernardin MINKO MVE Enseignant-chercheur (UOB) [e-mail] Résumé: La présente réflexion, du point de vue de la socioethnologie, voudrait dissiper quelques idées reçues. Face à la mondialisation, l’Afrique doit orienter son impulsion vers la capacité à mener une réforme administrative destinée à redonner dynamisme à son appareil étatique lourd et paralysant d'une part, et d'autre part entreprendre les réformes - mêmes impopulaires – qui lui permettent de retrouver une vitalité économique. Mots clés: Mondialisation, Afrique, anthropologie, culture. Abstract: This reflexion, from the point of view of the socioethnology, would like to dissipate some generally accepted ideas. Face to globalization, Africa must direct its impulse towards the capacity to carry out an administrative reform intended to give again dynamism with its heavy and paralysing official apparatus on the one hand, and on the other hand to undertake the reforms - same unpopular - which enable him to find an economic vitality. Key words: Globalisation, Africa, anthropology, culture.

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Comment définir la mondialisation en Afrique ? S’agit-il d’un processus « d’ouverture au monde » du continent qui fait suite à la fin du monopartisme ? Et donc de quelle ouverture et pour quel monde ? Le monde dans sa totalité ou bien le monde à travers le prisme des modèles asiatiques, modèles américains ou européens ? La mondialisation ne concerne pas seulement la sphère de l’économie, mais s’étend plus largement à l’éducation et à la culture. Comment alors observer la mondialisation en Afrique ? Quels sont les critères pertinents qui peuvent fonder l’observation ? Les développements contemporains de l’architecture urbaine ? L’apparition de campagnes publicitaires ? Les pratiques alimentaires ? Les tenues vestimentaires ? L’importation de technologies nouvelles ? Les récentes transformations linguistiques ? Les pratiques du tourisme ? Toutes les interrogations qui précèdent ramènent à dire que la mondialisation est un phénomène omniprésent de nos jours, elle est souvent envisagée sous un angle strictement économique alors que c’est un processus social global à la fois historique, géographique, sociologique et même politique. L’anthropologie, science de l’homme en général, s’appliquerait ici à la saisie de toutes les diversités culturelles et sociales, en mettant en cause les idées de progrès continu de l’humanité, de suprématie d’une civilisation sur d’autres, puis des relations interculturelles avec l’avènement d’une échelle supplémentaire d’appartenance, placée au-dessus des sociétés nationales. Autrement dit, l’anthropologie s’intéressera à une véritable « construction » du monde. L’idée fondamentale que nous avançons dans la présente réflexion se résume à partir d’un constat : le développement du processus de la mondialisation semble aller de pair avec des interprétations souvent négatives, mais que je considère d’erronées. Il est coutume

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d’entendre certains propos accusateurs de la mondialisation : c’est un mal pour l’Afrique ; c’est une forme nouvelle de la colonisation ; et même pire, la mondialisation renforce la dépendance africaine. Face à toutes ces idées reçues, je voudrais déconstruire lesdites prénotions et en défendant une thèse selon laquelle, la mondialisation n’est pas coupable des malheurs que connaît l’Afrique. A partir du cas du Gabon (spectateur de la mondialisation et non acteur), je voudrais démontrer que la mondialisation ne marginalise pas l’Afrique, elle n’est pas une nouvelle ère de la colonisation africaine, mais surtout elle n’est pas le mal de l’Afrique. La présente réflexion apporte trois réponses majeures. La première réponse est une déconstruction des idées reçues. Elle se donne pour ambition d’éclairer la situation de l’Afrique dans la mondialisation. La seconde réponse est liée à l’anthropologie. Elle tranche une bonne fois pour toute qu’une anthropologie de la mondialisation est bien possible. C’est l’occasion de dire ici que l’anthropologie, d’un point de vue strictement méthodologique, a largement les moyens de passer de l’étude du local au global. Enfin la troisième réponse repose sur une conviction personnelle, c’est que la mondialisation se présente désormais comme une meilleure opportunité pour l’Afrique. En trois parties, on voudrait présenter les résultats de nos enquêtes (d’où l’état des lieux, ce sera la première partie), ensuite il sera question de présenter les exigences de la mondialisation (deuxième partie) et enfin il s’agira de dire en quoi la mondialisation est un processus d’ouverture au monde pour l’Afrique (troisième partie).

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I. Etat des lieux Afin de mieux comprendre comment nous avons réalisé l’état des lieux, question de méthodologie, il faut mentionner trois niveaux de travail. Le premier niveau concerne une revue de littérature sur la situation réelle de l’Afrique et particulièrement du Gabon. De cette expertise documentaire, il ressort que les pays africains au sud du Sahara sont malades. A la suite de l’exploration documentaire, on s’est intéressé au cas spécifique du Gabon pour se rendre compte que les deux Rapports sur la pauvreté ne rendent nullement responsable la mondialisation. De plus, suite aux enquêtes ethnographiques, le Gabon est de moins en moins intégré au niveau de la Sous-région (CEMAC), puis qu’il souffre de plus en plus d’un déficit de démocratie et surtout qu’il est un pays miné par la corruption. Autant de maux donc qui asphyxient son économie et pénalisent l’intégration de cette dernière à l’économie mondiale. 1.1 L’Afrique est malade La première maladie qu’a l’Afrique est l'économie de rente. En effet, l’économie de rente qui se développe en Afrique repose sur la création, la protection et l'exploitation de privilèges, de faveurs ou d'opportunités d'affaires à l'abri de la concurrence et de l'efficience économique. C’est un système historiquement basé sur un contrat implicite ou explicite par lequel la rente est accordée par le pouvoir politique à un groupe d'intérêts en échange de son obédience et son soutien politique. La terminologie et l'emballage des mécanismes de la rente ont évolué et se sont sophistiqués dans le temps. Toutefois, leur finalité et leurs effets restent les mêmes.

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