Socio-anthropologie des marins pêcheurs
299 pages
Français

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Socio-anthropologie des marins pêcheurs , livre ebook

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Description

Baisse des effectifs, crise écologique, redéfinition des techniques de travail... Le monde des marins pêcheurs est en pleine mutation. L'arrivée d'une population touristique et "rurbaine" dans les villages portuaires transforme l'organisation spatiale et la façon "d'être ensemble" des communautés traditionnelles. Quel est l'état d'esprit des professionnels et des membres de la communauté dans ce contexte ? Quelles résistances opposent-ils à cette vague qui semble devoir les submerger ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2011
Nombre de lectures 21
EAN13 9782296469266
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Socio-anthropologie des marins pêcheurs
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-55282-1
EAN : 9782296552821
Rudy Amand
Socio-anthropologie des marins pêcheurs
L’Harmattan
Collection Sociologies et environnement
dirigée par Salvador JUAN
Le « progrès » est aussi progrès d’une menace de plus en plus exportée vers les pays les plus dépendants. Trop peu de travaux sociologiques émergent pour rendre intelligibles les tendances profondes d’une société à la fois plus inhumaine, plus dangereuse pour les équilibres du milieu et plus riche. La collection Sociologies et environnement est née de ce constat. Certes, selon le mot du poète Hölderlin, avec la menace croît ce qui sauve , mais seule une conscience informée des risques et de ce qui provoque la dégradation tant de la qualité que des conditions de vie est susceptible de se concrétiser en réformes humainement supportables et socialement admissibles… Dans une perspective socio-anthropologique et critique, tant des questions d’environnement global que d’écologie urbaine et de vie quotidienne, en articulant les interprétations théoriques et les résultats empiriques, la collection Sociologies et environnement entend participer à l’émergence de cette conscience sociale. Elle présente aussi les alternatives portées par les mouvements sociaux et les pratiques de résistance contestant le productivisme ou la domination des appareils technocratiques.
Ouvrages parus dans la collection :
La société inhumaine (Salvador JUAN), 2001
La vie contaminée (Frédérick LEMARCHAND), 2002
L’écologie au quotidien (Michelle DOBRE), 2002
Conditions et genres de vie (dirs. S. JUAN e& D. LE GALL), 2002
La vie associative à Saint-Lô (Stéphane CORBIN), 2003
CPNT entre écologisme et poujadisme (Céline VIVENT), 2005
Genres de vie et intimités (dir. Didier LE GALL), 2005
Ecologisme et travail (Gérard BOUDESSEUL ), 2005
L’eau comme fait social (C. BERGER & J.-L. ROQUES), 2005
Critique de la déraison évolutionniste (Salvador JUAN), 2006
Socio-anthropologie de la haute montagne (Viviane SEIGNEUR), 2006
Pourquoi tardons-nous tant à devenir écologistes (dir. D. DUCLOS), 2006
L’usine à la campagne (Maxime PREVEL), 2007
Actions et enjeux spatiaux en matière d’environnement (dir. S. JUAN), 2007
La terre comme objet de convoitise (C. BERGER & J.-L. ROQUES), 2008
Risques et environnement (dirs. S. BECERRA & A. PELTIER), 2009
Disposer de la nature (Igor BABOU), 2009
Consommer autrement (dirs. M. DOBRE & S. JUAN), 2009
Chroniques d’une autre France : La Réunion (dirs. D. LE GALL & N. ROINSARD), 2010
L’action publique agri-environnementale (Didier BUSCA), 2010
Remerciements
Je tiens à adresser mes remerciements à Michelle Dobré, Salvador Juan et Alain Léger qui ont accompagné l’élaboration de ce travail.
L’ensemble des personnes du secteur qui m’ont accordé de leur précieux temps doivent être saluées elles aussi.
Les appuis familiaux ont été précieux : mes parents, Katia, Christian, Juliette, Sandrine, Davy, Nathan et Lily.
Quant à Arnaud Cottebrune, Murielle Gouault, Michaël Groult, Antoine Letessier et Ludovic Roullier : leur participation est toute aussi importante que l’amitié que je leur porte. Enfin, il y a Bérangère…
Introduction
« Est-ce ainsi que les professions meurent ? » se demandent Charles Gadéa et André Grelon dans un article sur la disparition des « officiers de santé » et autres « herboristes » (2009) 1 . Nous 2 n’aurions pu trouver de meilleures entrées en matière concernant les marins pêcheurs, tant ce questionnement nous a hanté dès le début de notre recherche. Ainsi, intéressons-nous à cet extrait, revenant sur une mise à l’eau d’un bateau de pêche et par lequel débute notre journal d’enquête :
« La joie d’une communauté se réunissant pour saluer l’arrivée d’un nouveau membre : les pêcheurs, leur famille, les ouvriers du chantier, les voisins, le banquier, les journalistes… Mais le sentiment d’assister à un événement qui ne se reproduirait plus l’emportait largement sur la joie que j’avais à me confronter au terrain. Les petits fours, servis après la mise à l’eau, me retournaient l’estomac : aucune autre commande de navire ne suivait et je me demandais pendant combien de temps encore la sciure de bois garnirait le sol sur lequel reposaient mes chaussures. » (Journal de terrain, 14 septembre 2006)
Les marins pêcheurs sont-ils réellement condamnés ? Des trois explications repérées par les deux auteurs pour expliquer que certaines professions puissent disparaître − le changement technique, le marché, l’écologie 3 , développée par Tripier (1991), voire la prédation qu’ils associent à la dernière catégorie − aucune ne nous semble convaincante dans le cas qui nous préoccupe car chacune fait appel à des explications endogènes au champ des professions. Le cas des marins pêcheurs semble différer car leur disparition, pour peu qu’elle puisse être avérée, est le fait d’une explication exogène : l’extinction progressive des espèces halieutiques dont la capture concerne l’essence de leur activité. L’éradication de 90% des grands poissons du monde (thonidés, espadons, morues, etc.) en moins de 50 ans (Myers, Worm, 15 mai 2003, 280-283) n’est-elle pas la meilleure illustration de la pression exercée à l’encontre des ressources naturelles par une activité humaine trop pressante ? Ne sommes-nous pas arrivés au point de non-retour, si bien illustré par Jared Diamond lorsqu’il se demande quel pouvait être « l’état d’esprit du Pascuan qui abattit le dernier palmier au moment précis où il l’abattait » (Diamond, 2006, 132) ? Ainsi, ne serait-il pas légitime de s’interroger sur l’état d’esprit des marins pêcheurs en position de pêcher le dernier poisson ? Se disent-ils « du travail, pas de poissons » ? Plutôt : « la technologie nous aidera à résoudre le problème de la disparition des ressources » ? Ou bien encore : « peut-être existe-t-il des ressources halieutiques inexplorées ? » (Diamond, op. cit. , 132) Difficile de nous mettre dans cette position : le dernier poisson n’est pas encore pêché ! Toutefois ces questions en introduisent une autre : comment les hommes s’organisent-ils face à une dégradation durable de leur environnement ?
Dans le cas de la pêche, ils ont adapté leur modèle productif conduisant ainsi, en même temps que les navires disparaissaient, à une diminution des effectifs de marins pêcheurs. Ces derniers, en France, ont vu leur nombre décroître jusqu’à atteindre 17088 individus en 2006 soit une diminution de 33,6% en seize années. Ainsi, à la crise écologique aiguë qui nécessitait une réaction des instances politiques mondiales quant au devenir des océans, s’est ajoutée une crise sociale puisque la diminution des effectifs professionnels n’a pu se faire sans transformer durablement le visage des littoraux et des communautés y trouvant refuge. Pourtant, rares sont les mouvements militant pour la sauvegarde de l’emploi dans le secteur qui nous préoccupe, plus communs sont ceux appelant à la régulation étatique des crises temporaires rencontrées par la pêche (les mouvements liés aux fluctuations des prix du carburant en sont les meilleurs exemples). Ces derniers marquent l’inconscient collectif tendant à faire des marins pêcheurs une résurgence archaïque d’un univers incompatible avec la modernité, ou du moins telle que les occidentaux peuvent se la représenter.
Le plus étonnant dans ces présupposés introductifs, c’est que malgré le réflexe pavlovien qu’un secteur dit « en crise » peut habituellement provoquer chez les sociologues, et chez tous les autres chercheurs en sciences humaines, se portant au chevet de ce type de situation, y voyant l’occasion rêvée de poser un diagnostic sur ses causes et ses conséquences, les pêches maritimes, et leurs acteurs, sont restés en marge de leurs recherches.
Viennent d’être décrits les trois arguments qui ont motivé le choix d’un tel terrain d’enquêtes : d’un côté, un secteur dont les restructurations et les crises traversées n’ont pas été sans conséquences dans la vie des personnes directement dépendantes de cette activité, d’un autre une inscription en

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